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Les mycotoxines émergentes

CHAPITRE I : ETUDE DE LA FLORE FONGIQUE POTENTIELLEMENT TOXINOGENE DU MILLET

II. DISCUSSION.…

1. Occurrence des mycotoxines dans le millet perlé

1.2. Les mycotoxines émergentes

Nos résultats ont révélé la présence de mycotoxines émergentes à savoir les mycotoxines d’Alternaria, et certaines mycotoxines de Fusarium et d’Aspergillus (Tableau 14).

Dans notre enquête, les taux de MAS et de DAS ont été enregistrés dans 11,4 et 10,5 % des échantillons avec des concentrations moyennes des échantillons positifs de 126 µg/kg (339 µg/kg maximum) et de 61,5 µg/kg (168 µg/kg maximum), respectivement. Les analyses statistiques relatives à la provenance des échantillons, ont révélé que les concentrations moyennes les plus élevées ont été détectées dans les échantillons provenant des agriculteurs (20,8 et 9,64 µg/kg, respectivement) (p <0,01).

Par ailleurs, au cours de notre étude, la beauvericine (BEA) et l’équisétine (EQUS) se sont révélées être les mycotoxines les plus fréquentes dans le millet tunisien avec une fréquence de contamination de 43,2% chacune. La beauvericine a été généralement détectée à l’état de trace avec une teneur moyenne des échantillons positifs de 0,87 µg/kg et un maximum de 13 µg/kg. En ce qui concerne les échantillons issus du commerce, la BEA a été présente à des concentrations équivalentes à celles des échantillons provenant des agriculteurs (p> 0,05) avec une moyenne de 1 µg/kg (5 µg/kg au maximum). Tandis que l'équisétine a été produite à des teneurs plus élevées avec une concentration moyenne des échantillons positifs de 142 µg/kg et allant jusqu'à 1909 µg/kg. Les données statistiques ont montré que la contamination en équisétine des échantillons issus des points de commerce (moyenne de 34 µg/kg et maximum de 588 µg/kg) était significativement inférieure à celle des grains provenant des agriculteurs (75,9 µg/kg en moyenne). De plus, une différence significative selon les années d’échantillonnage a été observée (p<0,01). En effet, sur le total des échantillons provenant des agriculteurs, les grains collectés en 2015 présentaient des quantités d’équisétine et de beauvericine nettement supérieures à celles de la récolte de 2014, avec des concentrations moyennes de 124 et 0,52 µg/kg, respectivement (p <0,01).

Nos résultats ont également révélé la présence d’enniatines (ENNs) à l'état de traces dans 2,72% des échantillons atteignant le maximum pour l’enniatine B (1,8% ; 4,38 µg/kg) avec une moyenne des échantillons positifs de 1,58 µg/kg. En outre, seuls 0,5% des échantillons positifs ont été contaminés en enniatine B1 et Al avec de très faibles quantités de l’ordre de quelques µg/kg (0,71 et 0,78 µg/kg, respectivement). Cependant, aucune enniatine A n'a été détectée. De plus, aucune différence significative n’a été enregistrée entre les concentrations moyennes des échantillons selon leur provenance (p> 0,05).

En outre, ce travail a également révélé la présence de fusapyrone et déoxyfusapyrone avec des concentrations moyennes des échantillons positifs de 113 µg/kg (376 µg/kg maximum) et de 34,3 µg/kg (83,5 µg/kg maximum), respectivement. L’étude statistique a montré une différence significative pour la contamination en fusapyrone et désoxyfusapyrone entre les échantillons issus des agriculteurs et du points de commerce (p <0,0001). En effet, ils étaient essentiellement détectés dans des échantillons issus des commerces.

Les métabolites d’Alternaria étaient observés avec une incidence de 13,8% du nombre total d’analytes détectés. Les fréquences de contamination par l'alternariol (AOH), l'alternariolméthyléther (AME), la tentoxine (TEN), l'acide ténuazonique (TA) et la macrosporine (MAC) étaient de 12,7, 50,9, 53,2, 14,1 et 47,3% du nombre total des échantillons de millet, respectivement. La contamination en AOH des échantillons positifs était de 52,1 µg/kg en moyenne et de 26,9 µg/kg en médiane. En ce qui concerne les échantillons négatifs, la teneur de contamination moyenne était d'environ 6,6 µg/kg. Selon la provenance des échantillons, aucune différence significative n’a été identifiée pour la contamination en AOH (p>0,05), avec des concentrations moyennes de 7 µg/kg (194 µg/kg) et de 5,9 µg/kg (130 µg/kg) pour le millet provenant des agriculteurs et des points de commerce, respectivement.

En ce qui concerne la contamination du millet en TEN et TA, les teneurs moyennes des échantillons positifs étaient de 14,5 et 98,1 µg/kg, respectivement. Compte tenu des échantillons négatifs, la différence statistique n'a été observée que pour la TEN contaminant le millet provenant des agriculteurs et des points de commerce (p <0,0001) avec des teneurs moyennes de 9,3 et 4,6 µg/kg, respectivement. De plus, l'analyse statistique des données relatives aux mycotoxines émergentes d’Alternaria a révélé qu’uniquement la contamination en TEN et TA présentait une différence significative selon l’année ainsi que la période d'échantillonnage (p <0,05). En effet, le millet issu de la campagne 2014 a été plus contaminé en TEN et TA avec des teneurs moyennes de 15,1 µg/kg (111 µg/kg maximum) et de 39,5 µg/kg (505 µg/kg maximum), respectivement. Tandis qu’en 2015, des teneurs plus faibles ont été observées pour la contamination des grains de millet en TEN (moyenne de 4,42 µg/kg) et qu’aucune contamination n’a été détectée pour le TA. En outre, les échantillons issus du post-stockage ont été significativement plus infectés en TEN (12,6 µg/kg en moyenne et 111 µg/kg au maximum), tandis que les teneurs en TA ont été statistiquement plus élevées dans le millet perlé issu de la post-récolte (28,6 µg/kg en moyenne et 505 µg/kg au maximum).

L’AME et la MAC étaient également omniprésents dans notre étude (50,9 et 47,3%), avec des concentrations maximales atteignant 1351 et 2302 µg/kg, respectivement. Sur 112 échantillons contaminés en AME, une teneur moyenne de 94,2 µg/kg a été enregistrée. En outre, les analyses statistiques ont révélé que les échantillons issus du commerce (moyenne de 71,5 µg/kg) étaient significativement (p<0,05) plus contaminés que les échantillons provenant des agriculteurs (moyenne de 35,5 µg/kg). Pour la contamination des grains de millet en MAC, les échantillons provenant du commerce étaient moins contaminés que ceux issus des agriculteurs avec une moyenne de 31,2 µg/kg et un maximum de 438 µg/kg.

Parmi les mycotoxines d’Alternaria, nos résultats ont démontré la présence de l’altersetine et de l’infectopyrone qui ont été uniquement observées dans les échantillons

provenant des agriculteurs avec des concentrations moyennes de 32,9 et 318 µg/kg, respectivement.

Outre ces analytes, un large profil de métabolites d'Aspergillus a été détecté dans le millet perlé à savoir, l'acide 3-nitropropionique, les malformines A et C, l'agroclavine et l'acide kojique (KA). Ce dernier contaminait 7,7% des grains avec une moyenne des échantillons positifs de 7992 µg kg (41649 µg/kg maximum) alors que compte tenu des échantillons négatifs, la concentration moyenne était de 617 µg/kg. En outre, cinq précurseurs d'aflatoxines ont également été détectés, à savoir la stérigmatocystine, l’averantine, l’averufine et les versicolorines (VER A et VER C). Certains métabolites de Penicillium ont été observés, tels que la curvularine et la dihydrocitrinone, à des concentrations atteignant 200 et 2851 µg/kg, respectivement. De plus, la citrinine (CIT) n’a été rencontrée que dans les échantillons de commerce (6,6%), avec une teneur moyenne de 6921 µg/kg et allant jusqu’à 25663 µg/kg. Parmi les neuf métabolites de sources non spécifiées détectés dans le millet, la monocérine était la plus fréquente (47,3%) avec une concentration moyenne de 259 µg/kg et 2142 µg/kg au maximum. Des différences statistiques ont été observées selon la provenance des échantillons (p<0,05) avec des concentrations plus élevées dans les échantillons commerciaux (moyenne de 218 µg/kg). L’asperglaucide a également été trouvé chez 37,3% des graines, à des concentrations moyennes de 77,6 µg/kg et de 1275 µg/kg au maximum. La xanthotoxine, une toxine d'origine végétale, a été observée dans 4,5% des échantillons totaux de millet perlé. En outre, le cyclo (L-Pro-L-Tyr), la néoéchinuline A, l'émodine, l'asperphénamate, l'acide usnique et la lotaustraline ont été également détectés. Les métabolites bactériens tels que le chloramphénicol, l'ascochlorine et l'antibiotic PF 1052 ont été également découverts dans notre étude. Par ailleurs, la nigragiline a été aussi observée dans le millet perlé, mais en raison d'un manque de standards, la quantification n'a pas été possible.