• Aucun résultat trouvé

Le moyen terme et les cycles d’expansion et de récession

connu des effondrements plus fréquents et plus intenses de leur croissance

C. Le moyen terme et les cycles d’expansion et de récession

Les PMA se distinguent des autres

Tableau 2.1

Incidence et rapidité des accélérations/décélérations de la croissance par groupe de pays

1971-2019 1971-1994 1995-2019

Accélération Décélération Accélération Décélération Accélération Décélération Incidence des épisodes (nombre d’années d’accélération/de décélération divisé par le nombre total d’observations)

Total mondial 27 % 9 % 23 % 13 % 30 % 6 %

PMA 25 % 16 % 15 % 23 % 34 % 9 %

Autres pays en développement 27 % 11 % 24 % 13 % 29 % 7 %

Pays développés 29 % 3 % 28 % 3 % 29 % 2 %

Croissance moyenne pendant chaque épisode (en pourcentage)

Total mondial 5,42 -4,11 4,01 -4,28 5,66 -3,95

PMA 4,22 -4,60 1,52 -4,22 4,84 -3,79

Autres pays en développement 6,05 -4,19 4,90 -4,59 6,06 -4,28

Pays développés 5,10 -2,49 4,08 -2,39 5,56 -2,58

Source : Calculs du secrétariat de la CNUCED, d’après des données provenant de la base de données Penn World Table 10.0.

Note : Étant donné que les séries de données sur le PIB de 43 pays commencent en 1970 (si bien qu’on ne peut observer d’accélération ou de décélération qu’après 1973), cette date est retenue pour tous les pays à des fins de cohérence ; dans le groupe des PMA, les données relatives au Yémen commencent en 1989. Dans un souci de simplicité, le tableau a été établi en se fondant sur le code M49, contrairement aux autres tableaux présentés dans le reste du Rapport. Afin de garantir la comparabilité dans le temps, la classification des groupes de pays tient compte de la composition actuelle (soit 46 PMA) pendant la période considérée.

Si plusieurs approches ont été proposées dans différentes études pour définir les accélérations et les décélérations, c’est la méthode avancée par Arbache et Page (Arbache and Page, 2007, 2008) qui a été choisie dans la présente section. Ainsi, selon la définition de l’accélération retenue, les quatre conditions ci-après doivent être remplies : 1. La croissance moyenne glissante prospective sur quatre ans, déduction faite de la croissance moyenne glissante

rétrospective sur quatre ans, doit être supérieure à 0 pour une année donnée ;

2. La croissance moyenne glissante prospective sur quatre ans doit être supérieure à la croissance moyenne à long terme du pays ;

3. Le PIB par habitant moyen glissant prospectif sur quatre ans doit être supérieur à la moyenne glissante rétrospective sur quatre ans (ce qui permet de s’assurer qu’une reprise consécutive à un choc temporaire n’est pas considérée comme une accélération) ;

4. Les conditions 1 à 3 doivent être satisfaites pendant au moins trois années consécutives pour correspondre à un épisode d’accélération de la croissance.

De manière symétrique, les quatre conditions ci-après doivent être remplies selon la définition de la décélération : 1. La croissance moyenne glissante prospective sur quatre ans, déduction faite de la croissance moyenne glissante

rétrospective sur quatre, ans doit être inférieure à 0 pour une année donnée ;

2. La croissance moyenne glissante prospective sur quatre ans doit être inférieure à la croissance moyenne à long terme du pays ;

3. Le PIB par habitant moyen glissant prospectif sur quatre ans doit être inférieur à la moyenne glissante rétrospective sur quatre ans ;

4. Les conditions 1 à 3 doivent être satisfaites pendant au moins trois années consécutives pour correspondre à un épisode de décélération de la croissance.

Encadré 2.2 Comment définir les accélérations et les décélérations de la croissance ?

l’inverse, celui des décélérations était relativement élevé pendant les deux précédentes décennies, avant de diminuer à partir du milieu des années 1990 (malgré la hausse due à la crise de 1997 en Asie de l’Est), de remonter après la crise financière mondiale de 2008/09 et de baisser à nouveau en 2015-2016.

Deuxièmement, les PMA se distinguent dans la mesure où ils ont enregistré beaucoup plus d’effondrements de leur croissance que les autres pays  : ces phénomènes représentent 16  % des observations totales par pays et par an dans le

cas des PMA, contre 10  % dans les autres pays en développement et à peine 2  % dans les pays développés. En outre, même si ce résultat s’explique en grande partie par les fluctuations de la croissance pendant la période 1971-1994, les effondrements sont restés plus prédominants que dans les autres groupes de pays, en particulier les pays développés, après cette période.

Troisièmement, par rapport aux autres groupes de pays, les PMA ont, en moyenne, généralement enregistré des accélérations moins fortes et des

Figure 2.7

Nombre d’accélérations/de décélérations par année et par groupe de pays

Source : Calculs du secrétariat de la CNUCED, d’après des données provenant de la base de données Penn World Table 10.0.

Note : Voir le tableau 2.1.

0 25 50 75 100 125

1974 19751976 1977 19781979 1980 19811982 1983 19841985 19861987 1988 19891990 1991 19921993 19941995 1996 19971998 1999 20002001 2002 20032004 20052006 2007 20082009 2010 20112012 20132014 2015 2016

Panel A : accélérations de la croissance

PMA Autres pays en développement Pays développés

0 5 10 15 20 25 30 35

Panel B : décélérations de la croissance

1974 19751976 1977 19781979 1980 19811982 1983 19841985 19861987 1988 19891990 1991 19921993 19941995 1996 19971998 1999 20002001 2002 20032004 20052006 2007 20082009 2010 20112012 20132014 2015 2016

La figure 2.8 illustre l’ampleur des accélérations et des décélérations dans chacun des PMA pendant la période 1971-2019. Si tous les PMA pour lesquels des données sont disponibles avaient enregistré un épisode au moins d’accélération de la croissance (qui, par construction, a duré au moins trois ans), ceux qui ont affiché les meilleurs résultats ont connu de nombreuses années d’accélération (le maximum étant de dix-neuf ans dans le cas du Cambodge).

Comme on s’y attendait, nombre d’entre eux se retrouvent dans la catégorie des pays qui ont gagné du terrain dans la figure 2.4 : c’est le cas du Bhoutan, décélérations un peu plus intenses. Pendant les

phases d’accélération, la croissance moyenne a tout juste atteint 4 % dans les PMA, contre 6 % dans les autres pays en développement et 5 % dans les pays développés. Même si ces écarts ont eu tendance à se resserrer pendant la sous-période 1995-2019, ils sont néanmoins restés notables. Pour ce qui est des décélérations, c’est entre les pays développés et les pays en développement (qu’il s’agisse des PMA ou des autres pays en développement) que l’asymétrie est frappante, les premiers enregistrant des effondrements moins fréquents et moins graves.

Figure 2.8

Fréquence des accélérations/décélérations de la croissance dans les PMA

(Nombre d’années dans un pays donné, pendant la période 1971-2019)

0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 Angola

Bangladesh Bénin Bhoutan Burkina Faso Burundi Cambodge Rép. centrafricaine Tchad Comores Rép. dém. du Congo Djibouti Éthiopie Gambie Guinée Guinée-Bissau Haïti Rép. dém. populaire lao Lesotho Libéria Madagascar Malawi Mali Mauritanie Mozambique Myanmar Népal Niger Rwanda Sao Tomé-et-Principe Sénégal Sierra Leone Soudan Togo Rép.-Unie de Tanzanie Ouganda Yémen Zambie

Accélération Décélération Source : Calculs du secrétariat de la CNUCED, d’après des données

provenant de la base de données Penn World 10.0.

Note : Les données provenant de la base de données Penn World 10.0 ne portent que sur la partie continentale de la République-Unie de Tanzanie.

du Cambodge, du Lesotho et du Mali. Il convient toutefois de noter que la survenue d’épisodes d’accélération n’explique qu’un aspect du processus de rattrapage  : d’autres pays considérés comme ayant gagné du terrain, par exemple le Bangladesh ou le Myanmar, n’ont pas profité de longues périodes de croissance accélérée, mais ont enregistré une croissance à long terme globalement plus élevée.

Les épisodes de décélération sont également largement répandus dans les PMA  : seuls trois pays asiatiques (Bhoutan, Népal et République démocratique populaire lao) n’ont jamais vu leur croissance s’effondrer. À l’autre extrême, plusieurs des PMA qui, d’après la figure 2.4, sont « à la traîne » se distinguent par la fréquence disproportionnée des épisodes d’effondrement de leur croissance  : c’est le cas de Haïti, de la République centrafricaine et du Tchad. De manière plus générale, de nombreux PMA (principalement ceux qui sont tributaires des produits de base) ont connu des accélérations et des décélérations fréquentes, ce qui concorde avec le point de vue selon lequel leur dépendance à l’égard des produits de base les rend sujets aux cycles d’expansion et de récession. Des PMA comme l’Angola, le Libéria, le Malawi, la République démocratique du Congo et la Zambie ont connu une croissance en dents de scie.

Globalement, l’analyse ci-dessus fait ressortir les facteurs de vulnérabilité propres aux PMA et en particulier leur plus grande sensibilité aux cycles d’expansion et de récession, qui est due à des facteurs endogènes et exogènes. Pour qu’un rattrapage ait lieu, il est important non seulement de jeter les bases d’une croissance durable et d’avoir la capacité de tirer parti des accélérations de la croissance, mais également de pouvoir éviter des effondrements préjudiciables de la croissance.

L’expérience de quatre PMA reclassés pour lesquels des données sont disponibles (Botswana, Cabo Verde, Guinée équatoriale et Maldives) semble en attester. Sur ces quatre pays, seuls deux ont souffert de décélérations au cours des cinquante dernières années : la Guinée équatoriale (deux fois, pendant les périodes 1977-1979 et 1990-1992) et Cabo Verde (en 1973-1975, au moment où le pays s’apprêtait à obtenir son indépendance du Portugal).

Il est particulièrement important de renforcer la résilience et de jeter les bases d’une croissance durable dans la période actuelle où la communauté internationale s’efforce d’atténuer autant que possible les conséquences à long terme de la crise de la COVID-19. S’il y a un enseignement qui peut être tiré de l’expérience des cinquante dernières années, c’est qu’il est nécessaire de resserrer la coopération internationale pour empêcher qu’une récession mondiale fasse dérailler la croissance à moyen terme des PMA, tout en redoublant d’efforts pour accroître la résilience.

D. Modèles de croissance : dynamique