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la motivation principale des chefs d’entreprises dans leur adhésion au réseau entre :

PROXIMITE DE VALEURS ET ECONOMIE DES GRANDEURS

III. Eléments méthodologiques

1. la motivation principale des chefs d’entreprises dans leur adhésion au réseau entre :

- l’aspect relationnel où le réseau est perçu comme un outil pour lutter contre l’isolement et accroître son carnet de relations amicales et professionnelles

- l’aspect économique où le réseau est vu comme un moyen de développer commercialement l’entreprise grâce au partage de compétences et à la mutualisation des moyens

- l’aspect financement public où le réseau représente un levier de levée de fonds publics pour développer des produits ou se déplacer à l’étranger

Ces trois motivations sont issues des propos des chefs d’entreprises. Elles sont intéressantes à prendre à compte dans le sens où elles apportent des éléments de compréhension sur la personnalité du chef d’entreprise.

2. le « monde » principal des chefs d’entreprises entre le monde inspiré, domestique, civique, marchand, industriel, de l’opinion et connexionniste (Boltanski et Thévenot, 1991 ; Boltanski et Chiapello, 1999) par le repérage des modes de fonctionnement des acteurs, de leurs valeurs, habitudes de travail et des raisons de l’échec ou de la réussite de coopérations.

Proximité géographique

Permanente

Temporaire : fréquence des rencontres et des échanges

Ce barème d’évaluation des proximités est ensuite mis en parallèle avec un barème de coopérations dans le but de les croiser avec les proximités.

Echelle de coopérations non marchandes :

• Aucune coopération : 0

• Echange d’informations et/ou mise en relation et/ou mutualisation de moyens occasionnels (moins de trois fois par an) : 1

• Echange d’informations et/ou mise en relation et/ou mutualisation de moyens de façon régulière (de quatre à onze fois par an) : 2

• Echange d’informations et/ou mise en relation et/ou mutualisation de moyens au minimum mensuel : 3

• Echange d’informations et/ou mise en relation et/ou mutualisation de moyens hebdomadaire : 4

Echelle de coopérations marchandes

• Aucune coopération : 0

• Sous traitance occasionnelle: 1

• Co-construction de projet occasionnelle : 2 • Sous traitance régulière : 3

• Co-construction de projet régulière : 4

• Co-construction de projet permanent dont l’entreprise n’est pas dépendante : 5 • Sous traitance permanente dont l’entreprise est dépendante : 6

120 Ces barèmes permettent de codifier les informations recueillies lors des entretiens et de remplir les tableaux suivants :

Proximité

cognitive Proximité sociale

Proximité organisationnelle Proximité de norme Proximité de valeur Ent. A B C D E .. A B C D E … A B C D E … A B C D E … A B C D E … A B C D E …

Une application de cette méthodologie est présentée dans le chapitre III. Echelle de collaboration non marchande A B C D E … A B C D E … Echelle de collaboration marchande A B C D E … A B C D E …

Résumé du chapitre II

L’économie de la proximité est au courant de recherche dont l’objet est d’analyser les processus de coordination entre des acteurs multiples et plus particulièrement la façon dont ils mobilisent les proximités pour se coordonner. Pour répondre à leurs questionnements, les chercheurs ont été amenés à définir la proximité en la segmentant en deux types : une proximité géographique et une proximité organisée.

La proximité géographique est une affaire de distance. Elle se définit par rapport à une certaine distance physique avec l’hypothèse que les contacts seront plus fréquents lorsque la distance est faible. Elle peut être permanente dans le cas d’une co-localisation des acteurs ou temporaire lorsqu’ils se rencontrent de manière épisodique.

La proximité organisée analyse les liens de nature relationnelle (Rallet, 2002). Elle traduit les différentes façons qu’ont les acteurs d’être proches en dehors de la relation géographique. La littérature sur la proximité organisée propose plusieurs segmentations et constitue un sujet de recherche actif en économie. Le concept de proximité n’est pas encore stabilisé. Les typologies proposées se veulent être des étapes dans le long processus de stabilisation d’un cadre théorique. La typologie proposée par Boschma (2005) nous semble intéressante pour étudier les combinaisons et les effets de seuils des proximités. Elle propose 4 types de proximités organisées :

- la proximité cognitive (niveau de partage des mêmes bases de connaissances et de compétences)

- la proximité sociale (niveau de partage des relations socialement encastrées entre les agents)

- la proximité organisationnelle (niveau de partage des relations dans un arrangement organisationnel : marché, réseau, hiérarchie)

- la proximité institutionnelle (niveau d’influence du cadre institutionnel composé de règles formelles, de lois sur l’activité des entités et niveau de partage des valeurs, représentations et routines).

Cette typologie présente l’inconvénient de mélanger au sein de la proximité institutionnelle des éléments objectivés comme les règles, les lois et règlements et des éléments subjectifs tels que les valeurs et les croyances des agents. Ce mélange représente pour nous une difficulté dans le travail de mesure des différentes proximités entre les

122 membres d’un cluster. Pour contourner cet inconvénient, nous proposons de distinguer ce qui relève des règles formelles des valeurs subjectives en définissant une proximité de normes et une proximité de valeurs.

La proximité de normes se définit comme le niveau d’influence du cadre institutionnel composé de règles, de codes de conduites qui s’imposent aux acteurs et qui influencent les activités des entreprises. La norme est considérée comme une recommandation à suivre. Elle guide les choix de comportements par son injonction à faire ou ne pas faire et constitue un outil de régulation de la vie sociale. Elle rend compte d’un comportement à adopter dans telle ou telle situation. Cette proximité de normes facilite donc les interactions et la coordination entre les agents dans le sens où elle évite aux individus de toujours choisir.

La proximité de valeurs est moins facilement identifiable que la proximité de normes. Elle concerne les similarités dans les convictions, les idéaux des individus, les manières de travailler. Les valeurs sont également moins opérationnelles que les normes, elles ne dictent pas de comportements à adopter mais plus des principes généraux à respecter. Cette spécificité de la valeur rend son évaluation difficile.

Pour faciliter son repérage et l’évaluer auprès des membres d’un cluster, nous proposons d’associer le concept de la proximité de valeurs avec les théories des économies de la grandeur (Boltanski ; Thévenot, 1991, Boltanski, Chiapello, 1999).

Les économies de la grandeur apportent un regard original en termes d’analyse organisationnelle. Cette théorie nous apprend les principes qui régissent « les opérations au moyen desquelles (les acteurs) parviennent à construire, à manifester et à sceller des accords plus ou moins durables » (Boltanski ; Thévenot, 1991, p.39). Les économies de la grandeur sont fondées sur quelques éléments clés : des cités, des mondes, des principes supérieurs communs et des épreuves. Les cités sont liées à une conception philosophique (pour les six cités originaires : inspirée, domestique, civique, d’opinion, industriel, marchande) et à un mouvement social pour la dernière cité (la cité par projets). Ces cités sont traduites en mondes grâce à des objets et des sujets qui permettent aux individus de s’y référer lors de leurs actions. Chaque cité est accompagnée d’une conception de ce qui est juste ou légitime à travers un principe supérieur ainsi que d’une évaluation qui permet de déterminer la

« grandeur » d’un individu. Une personne accède à l’état de « grand » lorsqu’elle agit en cohérence avec les principes d’un monde.

- Dans le monde domestique, le principe supérieur commun est la tradition comme on la retrouve dans la famille, la maison, l’entreprise familiale. Ce qui est grand est familier, habituel, traditionnel et inspire confiance.

- Le monde civique pose comme principe supérieur la volonté collective, l’intérêt général qui prime sur l’intérêt privé ou communautaire.

- Le monde industriel recherche l’efficacité, la performance, le fonctionnel où les tests et les contrôles permettent de résoudre un conflit.

- Le monde inspiré prône la créativité, l’imagination, ce qui est grand est ce qui a trait au génie créateur.

- Dans le monde de l’opinion, c’est le renom et le jugement positif du plus grand nombre qui constitue la grandeur d’un agent.

- Le monde marchand élève la concurrence, le gagnant, l’individualisme à l’état de grand.

- Enfin, dans le monde connexionniste, la grandeur est liée au réseau et à la capacité à s’insérer dans de multiples projets.

Ces mondes co-existent en permanence. Lors d’un conflit, il s’agit d’aboutir à des accords grâce à des arrangements ou des compromis. Quand les divergences de valeurs sont trop grandes, un projet peut ne pas trouver d’issue et s’arrêter en cours.

L’approche développée par les économies de la grandeur nous paraît particulièrement pertinente pour mesurer le niveau de la proximité de valeurs entre les individus. Grâce au repérage des mondes principaux d’appartenance des individus, nous apportons un élément de mesure de la proximité de valeurs.

Les autres proximités s’évaluent à partir de critères plus tangibles que nous avons regroupés dans un barème d’évaluation et opérationnalisés auprès des entreprises membres du cluster Atlangames. Nous en présentons les résultats dans le chapitre suivant.

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CHAPITRE III