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Mortalité et morbidité liées aux drogues illicites

Partie 2. Drogues et addictions : ampleur du fléau

1. Etat des lieux

1.3. Dommages liés à l’usage de drogues

1.3.2. Mortalité et morbidité liées aux drogues illicites

Même si la mortalité attribuable aux drogues illicites touche une population bien plus limitée en comparaison à l’alcool et au tabac, la consommation de ces substances occasionne tout de même des dommages sanitaires et sociaux importants. Ces dommages concernent en particulier les jeunes consommateurs, qui ont un taux de mortalité sept fois plus élevé que la population du même âge. La mortalité est principalement liée aux intoxications aiguës, souvent fatales et aux opioïdes, présents dans 8 overdoses sur 10 [Figure 48]. En 2017, 432 décès par surdose ont été enregistrés en France49 et les opioïdes sont à l’origine de la grande majorité des

cas [118].

Dans ce groupe, les médicaments de substitution aux opiacés sont les principales substances en cause, avec 36% des cas attribués à la méthadone, devant l’héroïne référencée dans 26% des décès. D’autres substances psychoactives participent à cette mortalité par surdose, notamment la cocaïne, les amphétamines et les Nouveaux Produits de Synthèse. Auparavant peu impliqué dans les overdoses, le cannabis est à l’origine d’une trentaine de décès par intoxication aiguë chaque année depuis 2013. Concernant le GHB, les expérimentations par des consommateurs néophytes qui ont une faible connaissance des risques liés à ce produit, ont provoqué une recrudescence des intoxications depuis 2017, donnant lieu à des comas et parfois à des décès. La France recense en moyenne une trentaine de comas et un à deux décès tous les ans, directement attribués au GHB ou au GBL. Depuis plusieurs années, les services d’addictovigilance font également état d’une trentaine de méthémoglobinémies graves liées à l’utilisation de poppers, aboutissant en moyenne à deux ou trois décès chaque année, ainsi que d’un décès lié au protoxyde d’azote en 2016. La surdose est la principale cause de décès chez les usagers de stupéfiants. Toutefois, d’autres pathologies liées à l’utilisation de ces produits provoquent aussi des décès, des accidents, des comportements violents, y compris des homicides et des suicides, généralement causés par la conduite automobile sous l’emprise de la drogue ou par des troubles psychiatriques. Les affections pulmonaires, hépatiques et cardiovasculaires, ainsi que les infections, constituent également d’importantes causes de mortalité chez ces consommateurs.

49 Le registre spécifique des décès en relation avec l’abus de médicaments et de substances (DRAMES),

exclusivement basé sur des résultats d’analyses toxicologiques dans le cadre d’investigations médico-légales, renseigne sur les substances en cause dans ces décès. Les chiffres sous-estiment toutefois le nombre réel de surdoses mortelles en raison de l’absence d’analyses toxicologiques systématiques.

Figure 48 : Substances impliquées dans les décès par overdose en 2017. Les opioïdes ont une forte responsabilité dans les décès par surdose de stupéfiants, avec une implication dans 81% des cas. Les traitements de substitutions aux opiacés sont les premiers produits en cause depuis plusieurs années avec 35% des cas pour la méthadone, devançant ainsi l’héroïne avec 25% des décès. Parallèlement, d’autres substances opioïdes sont également mentionnées dans les décès : la buprénorphine (10% des cas), les opioïdes synthétiques comme le fentanyl (6% des cas) et la morphine (5% des cas) [118]. Habituellement utilisés comme médicaments, les opioïdes jouent un rôle de plus en plus important dans le problème de drogues. Parmi les patients sous médicament de substitution, une personne sur cinq déclare que son traitement lui pose plus de problèmes que l’héroïne elle-même.

La morbidité infectieuse est particulièrement inquiétante en ce qui concerne les drogues illicites, notamment par les pratiques d’injection. Même si les risques liés aux usages de drogues sont loin d’être limités à l’utilisation de la voie intraveineuse, ce mode d’administration reste le plus risqué, principalement en matière de complications infectieuses. En effet, l’injection peut entrainer des pathologies infectieuses lourdes telles que les septicémies, les endocardites, les arthrites, les hépatites B et C et l’infection par le VIH. L’hépatite virale, et plus particulièrement l’infection causée par le virus de l’hépatite C (VHC), est extrêmement répandue chez les usagers de drogues par injection. Le partage des seringues et du matériel de préparation (cuillères, coton, filtres, eau de rinçage) constitue le principal mode de transmission de ce virus qui infecte 64% des usagers injecteurs. Les infections par le virus de l’hépatite B (VHB) et le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) sont moins fréquentes, mais tout de même plus courantes qu’en population générale. En 2016, 66 nouveaux diagnostics d’infections au VIH ont été attribués à l’injection de drogues. Néanmoins, même si l’injection représente la voie d’usage la plus délétère du fait des détériorations locorégionales (abcès, nécroses cutanées,

13% 2% 4% 35% 25% 10% 6% 5% Opioïdes 81%

Décès par overdose

Cocaïne Cannabis Drogues de synthèse Méthadone Héroïne BHD Opioïdes synthétiques Morphine

épuisement du capital veineux, lymphœdème…), les autres voies ne sont pas dénuées de risques et les transmissions virales et bactériennes sont également possibles par le partage des pailles pour le sniff ou des pipes pour l’inhalation. Chaque voie expose en outre à des risques qui lui sont propres tels que les ulcérations des parois nasales en cas de sniff répété ou les emphysèmes pulmonaires en cas d’inhalation régulière.

Les usagers de drogues qui souffrent d’une maladie liée à leur consommation sont à l’origine de dépenses (notamment de soins et de prévention) pour la collectivité, ressources qui auraient pu être utilisées autrement si ces personnes ne se droguaient pas. A ces dépenses, s’ajoutent les années de vie perdues et la détérioration de leur qualité de vie, qui sont également considérées comme des pertes pour la société. Aussi, prenant en compte ces éléments, le coût social de la consommation des substances psychoactives a été estimé en 2010 à 122 milliards d’euros pour le tabac, 118 milliards pour l’alcool et 9 milliards pour les drogues illicites [119].