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Partie 2 : Le cancer colorectal et sa prise en charge à l'officine

4. Traitements du cancer colorectal

4.7. Les molécules de chimiothérapie orale utilisées dans le cancer colorectal

4.7.1. Capécitabine - Xeloda

®

4.7.1.1. Indications [114]

- Traitement du cancer colorectal métastatique en première ligne, - Traitement adjuvant du cancer du colon stade III, après résection, - Traitement du cancer du sein, cancer gastrique.

4.7.1.2. Mécanisme d’action

Il s’agit d’une prodrogue orale du 5-FU, c’est à dire d’une molécule pharmacologiquement inactives et rendues actives in vivo, par l’action d’enzyme(s) au niveau du foie. [113]

4.7.1.3. Effets indésirables

Ce sont ceux du 5-FU administrés en intraveineuse, principalement la toxicité cardiaque et le syndrome mains pieds.

4.7.1.4. Contre-indications

Grossesse, allaitement, neutropénie, thrombopénie, insuffisants rénaux et hépatiques sévères, allergies aux fluoropyrimidines, déficit en dihydropyrimidine déshydrogénasse (enzyme dégradant le 5-FU). [113]

4.7.1.5. Posologies [117], [118]

En monothérapie ou en association, le traitement doit être pris tout les jours pendant 14 jours suivi d’une période de repos de 7 jours. Un cycle fait donc 21 jours (J1 – J22).

Associé à la radiothérapie, dans le cancer du rectum, le traitement est pris les jours d’irradiation, soit 5 jours par semaine pendant 5 semaines.

Il existe 2 dosages différents : des comprimés à 500 mg, boites de 120 et des comprimés à 150 mg, boite de 60.

169 La posologie est dépendante de la surface corporelle : 1250 milligrammes par mètre carré (mg/m²) matin et soir, et 800-1000 mg/m² matin et soir si association.

La prise est de 2 fois par jour, avec de l’eau, toutes les 12 heures, dans les 30 minutes suivant le repas ; soit par exemple :

- le matin, à 8 h, dans les 30 minutes après le petit déjeuner, - le soir, à 20 h, dans les 30 minutes après le dîner,

Un carnet de liaison éditée par le laboratoire fabricant, est remis au patient en début de traitement par le médecin oncologue. Il y trouvera tous les renseignements nécessaires sur le produit et y notera le déroulement de son traitement au jour le jour pour améliorer son suivi. Pour que ce carnet soit un véritable outil optimisant le traitement, le patient y notera les oublis et les éventuels effets secondaires et l’apportera à chaque consultation.

4.7.1.6. Conditions de prescription et de dispensation [114] - médicament en ville depuis Octobre 2005,

- liste I, remboursé à 100 %,

- médicament à prescription hospitalière,

- médicament à prescription réservée aux spécialistes en oncologie ou en hématologie ou aux médecins compétents en cancérologie,

- médicament nécessitant une surveillance particulière pendant le traitement : examen clinique et Numération Formule Sanguine (NFS) au début de chaque cycle, bilans hépatique et rénal réguliers…

Il faut donc vérifier la qualité du prescripteur (médecin hospitalier et spécialité) et noter sur l’ordonnancier l’établissement, le nom et la spécialité du prescripteur.

4.7.1.7. Interactions médicamenteuses

Ce sont les mêmes que celles du 5-FU. [114]

- allopurinol car diminution de l’efficacité de la capécitabine : déconseillé - phénytoïne car risques de surdosage : surveillance du taux de phénytoïne - anticoagulants coumariniques car risques hémorragiques : surveillance INR

- vaccins antiamariles et vaccins vivants atténués (BCG, ROR, Varicelle…) : contre-indiqués

4.7.2. Tégafur-Uracile - UFT

®

4.7.2.1. Indications [114]

Traitement du cancer colorectal métastatique en première ligne, en association avec l’acide folinique.

4.7.2.2. Mécanisme d’action

Il s’agit de l’association du tégafur, prodrogue orale du 5-FU, et de l’uracile, inhibiteur compétitif de l’enzyme de dégradation du 5-FU (dihydropyrimidine déshydrogénasse).

Le tégafur est métabolisé en 5-FU au niveau du foie par le CYP2A6 et l’uracile permet de limiter sa dégradation et d’augmenter sa concentration par inhibition de sa dégradation enzymatique. [113]

4.7.2.3. Effets indésirables

170

4.7.2.4. Contre-indications

Grossesse, allaitement, nourrissons, enfants, adolescents, insuffisance hépatique sévère, myélosuppression, déficit en CYP2A6 hépatique. [114]

4.7.2.5. Posologies [117], [118]

Le traitement doit être pris tout les jours pendant 28 jours suivi d’une période de repos de 7 jours. Un cycle fait donc 5 semaines.

Il existe des gélules à 100 mg de tégafur et 224 mg d’uracile, boites de 21, 28, 35 et 42.

La posologie est dépendante de la surface corporelle : 300 mg/m²/jour de tégafur, 672 mg/m²/jour d’uracile et 90 mg/jour d’acide folinique soit 3 à 6 gélules/jour (chaque prise est associée à 30 mg d’acide folinique).

La prise est 3 fois par jour, avec de l’eau, toutes les 8 heures, 1 heure avant ou après le

repas car absorption modifiée par les aliments.

4.7.2.6. Conditions de prescription et de dispensation [114] - médicament en ville depuis août 2006,

- liste I, remboursé à 100 %,

- médicament à prescription hospitalière,

- médicament à prescription réservée aux spécialistes en oncologie ou en hématologie ou aux médecins compétents en cancérologie,

- médicament nécessitant une surveillance particulière : surveillance des effets cliniques, biochimiques et hématologiques pendant et après administration de la chimiothérapie (Numération Formule Sanguine et bilan hépatique réguliers, INR (International Normalized Ratio) plus fréquent si traitement par anticoagulants coumariniques…).

Il faut donc vérifier la qualité du prescripteur (médecin hospitalier et spécialité) et noter sur l’ordonnancier l’établissement, le nom et la spécialité du prescripteur.

4.7.2.7. Interactions médicamenteuses [114]

- phénytoïne car risques de surdosage : surveillance du taux de phénytoïne

- substrats ou inhibiteurs du CYP2A6 tels que les dérivés coumariniques (anticoagulants, kétoconazole, miconazole…) : surveillance

- vaccins antiamariles et vaccins vivants atténués (BCG, ROR, Varicelle…) : contre-indiqués

4.7.3. Intérêts et limites de la chimiothérapie orale

4.7.3.1. Intérêts d’une chimiothérapie orale [80], [117], [118]

L’efficacité des médicaments anticancéreux oraux est la même que lors de leur administration intraveineuse : on observe une imprégnation prolongée de l’organisme en 5-FU semblable à une perfusion intraveineuse longue.

Tégafur-uracile per os pendant 28 jours : J1 à J28, Associé à l’acide folinique

171 Un des avantages de la voie orale est la diminution de la prise en charge hospitalière du patient en faveur de sa prise en charge ambulatoire donc de son confort.

De plus, dans le cas où le patient ne reçoit pas d’autre molécule, lui prescrire une forme orale permet d’éviter la mise en place d’une voie d’abord centrale (cathéter ou chambre implantable).

4.7.3.2. Limites de la chimiothérapie orale [80], [117], [118]

Ces traitements oraux demandent un grand respect de l’observance et des modalités de prise ; ce qui nécessitent une forte implication et une forte motivation de la part du patient (nécessité d’une éducation thérapeutique du patient).

Par ailleurs, les médicaments par voie orale peuvent être associés à d’autres molécules administrées par voie intraveineuse ; ce qui nécessite quand même une prise en charge hospitalière.

Enfin, la tolérance n’est pas améliorée par rapport à une administration IV et les patients doivent gérer leurs effets secondaires à domicile et savoir les diagnostiquer.

L’évaluation de la dangerosité et de la toxicité des médicaments oraux est généralement sous estimée par le patient par rapport à un médicament injectable.

4.7.4. Conseils pratiques concernant la chimiothérapie orale

[117], [118]

4.7.4.1. Divers conseils au patient par le pharmacien d’officine

- Ne pas mâcher, ni croquer les comprimés ou les gélules ; - Ne jamais couper les comprimés ou ouvrir les gélules ;

- En cas d’oubli d’une prise, ne jamais la rattraper, ni doubler les doses ;

- Les comprimés peuvent être touchés avec les doigts, même mouillés (la molécule ne pénètre pas dans la peau), se laver les mains ensuite ;

- Appeler le médecin en cas d’effets secondaires ; ne pas les négliger ;

- En cas de surdosage, contacter immédiatement le médecin ou aller aux urgences ; - Ne pas laisser à portée des enfants ou de quiconque non autorisé ;

- Prévenir son médecin et son pharmacien de la prise de ce médicament et des autres médicaments, même ceux d’automédication ;

- Rapporter les comprimés ou gélules non utilisées à la pharmacie.

4.7.4.2. Questions diverses

- Que faire en cas de vomissements après la prise ? Téléphoner à son médecin oncologue qui jugera de la nécessité de reprendre le comprimé, en fonction du temps écoulé depuis la prise.

- Doit-on adapter son alimentation ? Non, bien que les aliments irritants pour le système digestif ou modifiant le transit soient à consommer avec modération. Il faut aussi limiter sa consommation de pamplemousse qui est un inhibiteur enzymatique et qui risque d’augmenter l’effet du médicament.

- Peut-on boire de l’alcool ? Il n’y a pas de contre-indication mais sa consommation est à limiter.

- Y a t-il des interférences avec la pilule contraceptive ? Non elle n’interfère pas sur le traitement anticancéreux et reste efficace mais il faut le signaler à son médecin. La

contraception est obligatoire pour les 2 sexes pendant le traitement et jusqu’à 3 mois

172 - Comment conserver ces médicaments ? Il faut les conserver dans leur blister à

température ambiante

- Peut-on s’exposer au soleil sans risques ? Non, il existe un risque de photosensibilisation ; il faut donc éviter de s’exposer au soleil ou se protéger avec un écran total.