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3.2 Mod´elisation de la turbulence

3.2.4 Mod´elisation hybride : DES et ses variantes

˜ Si,j dS˜i,jd3/2  ˜ Si,jS˜i,j5/2 + ˜ Si,j dS˜i,jd5/4 (3.46) avec ˜Si,j d

qui est la partie sym´etrique du tenseur g2

ij = gikgkj, o`u gik = ∂ ˜υi ∂xj . Ce qui donne : ˜ Si,j d = 1 2 g 2 ij + gji2 − 1 3δijg 2 kk (3.47)

La d´efinition de la largeur du filtre ∆ est la mˆeme que celle du mod`ele Smago-rinsky (formule 3.39). Dans [101], la constante CW est fix´ee `a 0.5.

3.2.4 Mod´elisation hybride : DES et ses variantes

3.2.4.1 Detached Eddy Simulation (DES)

La version originale du mod`ele DES a ´et´e ´enonc´ee, pour la premi`ere fois par P. R. Spalart et al. [148] en 1997, elle avait pour but de se d´ebarasser des principales limitations de la simulation des grandes ´echelles. Par la suite, Travin et al. [160] ont d´evelopp´e et impl´ement´e une formulation g´en´erale de la m´ethode DES, en s’inspirant du mod`ele SST de Menter [92].

C’est un mod`ele hybride qui applique l’approche RANS ou le mod`ele LES selon la r´esolution du maillage. Le point fort du mod`ele DES est qu’il fait entrer en jeu un seul mod`ele de turbulence : il fonctionne comme un mod`ele de sous-maille dans les r´egions o`u la densit´e du maillage est assez fine pour la LES, et comme approche RANS en dehors de ces zones. Plus pr´ecis´ement, les r´egions de proche paroi sont trait´ees par un mod`ele RANS (celui que l’utilisateur choisi) et les zones de l’´ecoulement de cisaillement libre sont r´esolues en LES. Sa formulation est assez simple, elle s’appuie, dans le mod`ele original, sur celle de Spalart-Allmaras qui, on le rappelle, r´esout une ´equation de transport pour une quantit´e eν ´equivalente `a la viscosit´e cin´ematique turbulente loin des parois. Bien qu’elle soit plutˆot empirique, la DES est l’une des approches hybrides la plus utilis´ee `a ce jour, en particulier dans les secteurs de l’ing´enierie.

Le mod`ele DES de Travin et al. se fonde sur la formulation Spalart-Allmaras (d´ecrite dans la partie 3.2.1.1) mais utilise, `a la place de la distance `a la paroi d, une nouvelle ´echelle de longueur ed qui s’exprime en fonction de la taille de maille ∆ :

e

o`u CDES est une constante empirique qui vaut 0.65 et qui a ´et´e calibr´ee sur un calcul de Turbulence Homog`ene Isotrope. La quantit´e ∆ correspond, pour les maillages structur´es, `a la plus grande dimension de la cellule :

∆ = max(∆x, ∆y, ∆z) ou alors ∆ =p

(∆x2, ∆y2, ∆z2) (3.49) Pour les maillages non structur´es, la longueur ∆ est ´egale au diam`etre de la cellule multipli´e par la param`etre 312.

Ce choix de l’´echelle ˜d assure que le traitement RANS soit retenu dans les couches limites, i.e. dans les r´egions de proche paroi du solide o`u d << ∆ alors que les zones de m´elange et de sillage, situ´ees `a d >> ∆, sont directement r´esolues par l’approche LES.

Cette m´ethode pr´esente toutefois plusieurs limites. En effet, les r´egions de tran-sition de RANS `a LES (lorsque d ' ∆) cr´eent des zones grises (appel´ees grey regions en anglais) d´ependantes de la taille du maillage et dans lesquelles le com-portement du mod`ele n’est pas tr`es clair, ce qui r´eduit sa pr´edictibilit´e. De plus, la LES peut ˆetre activ´ee dans la couche limite attach´ee dans le cas d’un maillage raffin´e peu ´etir´e, ce qui affecte le mode RANS en r´eduisant le terme de viscosit´e turbulente et peut conduire `a un ph´enom`ene dit de Grid-Induced separation : la transition entre les deux modes LES et RANS est essentiellement gouvern´ee par des consid´erations g´eom´etriques (d´ependance `a la distance `a la paroi), la couche limite peut ainsi se s´eparer pr´ematur´ement en certains points arbitraires en raison d’un traitement LES dans ces zones. Ce comportement a ´et´e r´ev´el´e par Menter et al. en 2003. Afin de rem´edier `a ce probl`eme, le mod`ele Delayed- DES (DDES) a ´et´e propos´e par Spalart et al. en 2006 [147].

3.2.4.2 Delayed-Detached Eddy Simulation (DDES)

L’approche DDES, inspir´ee des travaux de Menter et Kuntz [94], permet de retarder (delay) une transition pr´ecoce de RANS `a LES dans la couche limite en modifiant l’´echelle de longueur ˜d (formule 3.48) du mod`ele DES.

Une fonction fd est introduite : fd= 1− tanh[8rd]3 o`u rd= q νt+ ν ∂ui ∂xj ∂ui ∂xjκ2d2 (3.50)

La constante κ dite de Von K´arm´an vaut 0.41.

La fonction fd est d´efinie de telle mani`ere `a ce qu’elle soit approximativement ´egale `a 0 dans la couche limite et `a 1 en dehors de la couche limite o`u rd<< 1. De plus, l’´echelle de longueur du mod`ele Spalart-Allmaras est red´efinie alors de la fa¸con suivante :

˜

Avec cette red´efinition de l’´echelle de longueur, lorsque fdtend vers 0, la longueur d’´echelle ˜d est ´egale `a d, une mod´elisation RANS est donc activ´ee. Alors que pour fd→ 1, ˜d est donn´ee par :

˜

d = d− fd max[0; (d− CDES∆)] = min(d; CDES∆) ce qui correspond au crit`ere de choix de la DES.

Ce mod`ele est moins d´ependant du maillage que la DES grˆace `a cette nouvelle d´efinition de l’´echelle de longueur qui permet de forcer le mode RANS dans la couche limite et qui garantit la transition vers la LES `a l’ext´erieur de cette couche.

Pour certains types d’´ecoulements, lors du passage du mode RANS `a la LES dans la couche limite, les zones grises donnent lieu `a un ph´enom`ene que l’on connaˆıt sous le nom de log-layer mismatch. Si l’on consid`ere les profils de vi-tesse, cela signifie que celui pr´edit par la LES ne correspond pas `a celui obtenu avec l’approche RANS en raison du d´ecalage entre les tenseurs turbulents cal-cul´es de par et d’autre de l’interface RANS-LES. Ce d´ecalage est provoqu´e par la r´eduction rapide de la viscosit´e de turbulence `a travers l’interface RANS-LES et par la sous-estimation des tenseurs r´esolus du cˆot´e LES de l’interface. Une cons´equence de ce ph´enom`ene est en principe la sous-estimation de la force de frottement.

Diff´erentes strat´egies ont ´et´e mises en place pour rem´edier `a ces probl`emes de zones grises et de log-layer mismatch : des fluctuations turbulentes peuvent ˆetre ajout´ees `a l’entr´ee/sur l’interface RANS-LES normale `a la paroi pour compenser le manque de turbulence dans les r´egions RANS. Des m´ethodes visant `a r´eduire la viscosit´e de turbulence du cˆot´e LES de l’interface peuvent aussi ˆetre appli-qu´ees, parfois en compl´ement de la premi`ere strat´egie.

Le mod`ele IDDES (Improved delayed-detached eddy simulation) a ´et´e propos´e par Shur et al. en solution `a ces probl`emes.

3.2.4.3 Improved Detached Eddy Simulation (IDDES)

Le mod`ele IDDES (Improved Delayed Detached Eddy Simulation) [141] vise `a construire un seul ensemble d’´equations permettant de combiner la DDES (ou la DES) et la WMLES (Wall Modeled Large Eddy Simulation) [114]. En com-paraison `a la DDES, le mod`ele IDDES poss`ede donc une capacit´e de loi de paroi suppl´ementaire, celle prodigu´ee par la WMLES, et assure une transition conti-nue et progressive du mode RANS au mode LES. Un nouvel ´el´ement essentiel dans le fomulation de ce sch´ema est la d´efinition d’une ´echelle de sous-maille qui d´epend non seulement de la taille des mailles mais aussi de la distance `a la paroi. Lorsque des conditions d’entr´ee instationnnaires sont suffisamment pr´esentes, le mode WMLES est activ´e, dans le cas contraire l’approche IDDES agit comme

la DDES, i.e. elle donne une solution RANS pour l’´ecoulement attach´e et une solution de type DES pour les zones de s´eparation.

En IDDES, l’´echelle de longueur de sous-maille est d´efinie en faisant intervenir la distance `a la paroi comme suit :

∆ = min

max[Cwdw, Cwhmax, hwn], hmax 

(3.52) o`u dw est la distance `a la paroi, Cw est une constante empirique fix´ee `a 0.15, hwn est la taille de maille dans la direction normale `a la paroi et hmax est la valeur maximale de ∆ obtenue lorsque dw est infinie, c’est-`a-dire dans les r´egions tr`es ´eloign´ees des parois, et se trouve exprim´ee par la longueur maximale des mailles dans les trois directions :

hmax= max(∆x, ∆y, ∆z)

Cette approche se base sur un ensemble de fonctions qui vise `a donner des per-formances correctes pour les deux mod´elisations utilis´ees : DDES et WMLES, et de leur couplage. Les deux mod`eles sont combin´es par le biais d’une longueur caract´eristique lIDDES du mod`ele hybride d´efinie de fa¸con `a avoir un choix au-tomatique de l’un ou l’autre des mod`eles DDES ou WMLES selon le type de l’´ecoulement et du maillage utilis´e. La longueur lIDDES est donn´ee par l’expres-sion suivante :

lIDDES = ˜fd(1 + fe)lRAN S + (1− ˜fd)lLES (3.53) o`u lRAN S d´esigne la distance `a la paroi, lRAN S = dw et lLES est la longueur caract´eristique du mod`ele LES, lLES = CDES∆ avec ∆ l’´echelle de sous-maille (´equation (3.52)). Le terme ˜fd est la fonction de couplage d´efinie par :

˜

fd = max

(1− fdt, fB 

(3.54) o`u fdt= 1− tanh[(rdt)3] avec rdt l’analogue turbulent de rdde la m´ethode DDES (formule 3.50) : rdt = q νt ∂ui ∂xj ∂ui ∂xjk2d2 w (3.55) et o`u fB est la fonction de couplage utilis´ee dans la mod´elisation WMLES qui d´epend du rapport dw hmax : fB = min 2exp(−9α2), 1 , α = 0.25− hdw max (3.56) Lorsque rdt << 1, fdt sera proche de 1 d’o`u ˜fd = fB, ainsi le mod`ele fonctionne en mode WMLES. Dans le cas contraire, le mod`ele s’approche du mode DDES.