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Le rôle des facteurs financiers sur le plan de la persévérance ou de l’abandon des études a commencé à émerger au début des années quatre-vingt (Bennett, 2003; Cabrera, et al., 1992; Iwai & Churchill, 1982; Jensen, 1981; Manski, 1989; Manski & Wise, 1983; Paulsen & St. John, 1997; Stampen & Cabrera, 1988; St. John, 1990, St. John, Paulsen & Starkey, 1996). Plusieurs études ont mis l’accent sur la situation financière de l’étudiant comme facteur empêchant ou favorisant

35 l’obtention de son diplôme. Elles soutiennent que demeurer ou abandonner les études est une décision économique où l'étudiant évalue les bénéfices et les coûts liés à la poursuite des études.

Dans une étude menée auprès de 12 619 étudiants inscrits au premier cycle au Québec, les raisons financières figurent parmi les motifs liés à l’abandon. Selon les résultats de l’étude, les étudiants ont avancé des motifs financiers d’abandon et dans une proportion de 38% des cas (FÉUQ, 2010). Malgré ces résultats, il est important de préciser que les facteurs financiers ont été relativement peu analysés, même si les modèles d’impact financier (Paulsen & St. John, 1997; St. John et al., 1990) ainsi que le modèle intégratif de Cabrera et ses collègues (Cabrera et al,. 1992, 1993) ont mis l’accent sur le rôle de l’aide financière pour l’étudiant et sa satisfaction envers celle- ci (bourses, prêts, soutien financier de la famille, emploi) pour expliquer sa persévérance.

La situation financière est associée à la poursuite des études universitaires (Cabrera et al., 1992; Leslie & Brinkman, 1987; St. John, 1990; Mallette & Cabrera,1991). Le fait qu’un étudiant dispose de fonds suffisants pendant ses études est lié positivement à sa persévérance aux études, car il peut se consacrer davantage à ses études au lieu de consacrer du temps à un travail rémunéré qui lui permettra de subvenir à ses besoins. L’étude de Hemingway et McMullen (2004) a permis de déceler un désavantage lié au travail des étudiants comme le fait d’inscrire moins de crédits à son horaire, ce qui allonge la durée des études. Aussi, au lieu de travailler, l’étudiant peut s’engager dans ses cours et participer à des activités au sein de l’université, ce qui favorisera son intégration académique et sociale (St. John et al., 2000). Autrement dit, le manque de ressources financières affecte la qualité de son intégration puisque dans ce cas l’étudiant sera obligé de trouver un emploi pour subvenir à ses besoins (St. John et al., 1994; St. John, 1999) ce qui l’éloigne inévitablement de l’environnement universitaire (Cabrera, Nora & Castaneda,1993). Par ailleurs, les étudiants qui travaillent pendant leurs études ont plus de probabilités de s’absenter des cours et de se sentir surchargés et, par conséquent, ils sont plus à risque d’échouer et d’abandonner (McInnis & James, 2004).

L’aide financière octroyée à l’étudiant constitue une source de soutien financier qui favorise son accès aux études universitaires et sa persévérance aux études (Wilcox, 1991). Toute aide financière permet de diminuer les coûts associés à la poursuite des études universitaires (les frais de scolarité, les achats de livres, les coûts liés à l’hébergement, les frais de transport, etc.) et donc maintenir l’équilibre entre les coûts et les bénéfices associés à l’obtention du diplôme (emploi bien rémunéré et satisfaisant). L’abandon survient quand l’étudiant perçoit que les coûts financiers liés

à la poursuite de ses études sont plus élevés que les bénéfices escomptés (Braxton et al., 2004). Au moment de l’inscription aux études universitaires, l’étudiant est en mesure de faire une évaluation du rapport coûts-bénéfices lié à la poursuite de ses études (Chenard, 2005). Plus ce ratio est faible (les bénéfices excèdent les coûts), plus l’étudiant persévère (Braxton et al., 2004).

La décision de s’inscrire aux études universitaires dépend de l’aide financière reçue (St. John & Noell, 1989) quel que soit le type de cette aide (subventions, prêts, bourses, emploi-étude, etc.). Une étude a démontré que le fait d’offrir une bourse de 100 $ est deux fois plus important pour la poursuite des études pour les étudiants issus de familles à faibles revenus qu’une baisse de 100 $ de leurs frais de scolarité (St. John, 1990). Généralement, les bourses les plus importantes offertes par les universités sont destinées aux étudiants des cycles supérieurs. Au premier cycle, elles visent souvent à attirer les finissants du Cégep et sont octroyées à l’admission. À tous les cycles, les bourses diffèrent grandement d’une faculté à l’autre et même d’un département à l’autre. Quant à l’Université Laval, elle offre des bourses d’admission destinées aux nouveaux étudiants de premier cycle dans presque tous les programmes d’études. Elles sont remises à tous les finissants du collégial pourvu que leur cote R2 soit égale ou supérieure à 31.

Plus précisément, pour une cote R qui varie entre 31 et 32,99 un montant de 2000 $ est remis, et à partir d’une cote R de 33 ce montant passe à 2500 $. Il s’agit de bourses basées uniquement sur l’excellence du dossier scolaire au collège et en partie au secondaire (FÉUQ, 2007).

L’effet de l’aide financière sur la persévérance varie en fonction du type d’aide (les bourses, les prêts, les emplois, etc.). Par exemple pour les prêts, plus le niveau d’endettement de l’étudiant augmente et plus les chances qu’il abandonne ses études sont grandes (Allen & Vaillancourt, 2004;Berger et al., 2006; McElroy, 2005). Les étudiants qui ont recours à l’emprunt pour financer leurs études perçoivent des contraintes financières à poursuivre leur formation et au fur et à mesure que l’endettement s’accumule, la perception de ces contraintes s’intensifie (Tomkowicz, Shipley & Ouellette, 2003).

Dans le cadre de la présente recherche doctorale, tout ce qui se rattache au côté financier (les bourses, les prêts, emplois, etc.) a été évalué afin de déterminer le lien entre ces facteurs et la persévérance aux études. Plus précisément, nous avons recensé toutes les données utiles permettant d’avoir une idée sur : 1) les différents types d’aides financières reçues par l’étudiant au moment de ses études universitaires, 2) les différentes dépenses encourues au cours des études,

37 ce qui nous permettra d’avoir une estimation globale des coûts liés aux études universitaires et 3) la perception subjective de l’étudiant de sa situation financière au cours de ses études.