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II - La didactique d’écrit et le processus rédactionnel

1. Des approches cognitivistes de la production écrite « LE PROCESSUS RÉDACTIONNEL » :

1.6. Les modèles de Hayes et Flower :

1) La présentation

Inspiré à partir de recherches effectuées sur des protocoles verbaux concomitants, le modèle voit le jour en 1980 avec J.R. Hayes et L.S. Flower. Il est le premier modèle récursif et ne cesse depuis d’être le point de référence et l’origine de nombreux travaux sur le processus rédactionnel. L’objectif escompté par les deux auteurs est l’identification de processus de rédaction et des origines des difficultés qui y sont liés dans le but d’en améliorer le résultat. L’écriture est ainsi perçue comme une résolution de problèmes.

Leur modèle se compose, comme le schématise la figure suivante, de trois constituants : « l’environnement ou contexte de la tâche », « la mémoire à long terme », et « le processus d’écriture ».

Figure n°1 : Schéma du processus rédactionnel

l de HAYES et FLOWER

L’environnement de la tâche est défini comme étant l’ensemble de caractéristiques de la

tâche, à savoir les thématiques abordées, le destinataire, la motivation suscitée chez le scripteur. L’environnement dans lequel est effectuée la tâche ou « contexte », peut comporter autant d’éléments (matériels entre autres) qui définissent la tâche et sa progression. Les écrits tels que les livres, les notes ou garde-fous, le plan … etc. ne constituent pas l’écrit final mais les éléments sur lesquels le rédacteur va embrayer son propre écrit, de même, le texte déjà écrit, dès qu’il est créé, n’est plus dans le processus.

La mémoire à long terme est définie comme étant l’ensemble de connaissances

déclaratives et procédurales du sujet (le lexique, les règles de grammaire et d’orthographe … etc.), les métaconnaissances procédurales ainsi que tous les souvenirs relatifs aux expériences précédentes et réutilisables dans le cas actuel.

Le processus d’écriture comprend la planification, la mise en mots, la révision et le

L’étude du modèle ou du schéma du processus rédactionnel de J.R. Hayes et L.S. Flower amène plusieurs constatations dont ce qui suit :

Le début de l’activité rédactionnelle n’est pas marqué par le premier contact de la pointe du stylo avec le papier.

Écrire est un « processus cognitif » qui présente des traces visibles (le produit écrit.) et d’autres non (qui amènent justement les premières).

« Mettre en mot » n’est qu’un résultat, ou encore, une étape.

Selon HAYES et FLOWER, il n'y a pas à proprement parler de hiérarchisation des opérations ou des processus. Ces derniers peuvent à tout moment passer au "premier plan" cognitif ou être imbriqués les uns dans les autres. Nous traitons de ces aspects dans la partie consacrée à la gestion de la charge cognitive lors du travail d'écriture car il semble que cette dimension joue un rôle fondamental dans la réussite d'une activité écrite.

Ce modèle a le mérite de mettre clairement en lumière les processus cognitifs qui interviennent dans la production écrite, il a cependant été critiqué par plusieurs auteurs qui reprochaient à HAYES et FLOWER de ne pas tenir assez en compte des dimensions affectives et sociales de la rédaction de textes (BRAND, 1989;NYSTRAND, 1989). Ces remarques ont été intégrées dans les travaux plus récents de HAYES (1996).

Les points aveugles du modèle de HAYES et FLOWER13

S'il a permis des avancées notables pour l'apprentissage de la rédaction de textes, le modèle de Hayes et Flower présente également des points aveugles, dont les deux principaux sont les suivants.

La dimension linguistique dans l'élaboration textuelle Dans le modèle de Hayes et Flower, si les opérations de planification et de révision sont largement développées, il n'en est pas de même pour les opérations de mise en texte, qui restent floues. Comme

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DES MODÈLES PSYCHOLINGUISTIQUES DU PROCESSUS RÉDACTIONNEL POUR UNE DIDACTIQUE DE LA PRODUCTION ÉCRITE Quelles collaborations entre psycholinguistes et didacticiens ? Claudine GARCIA-DEBANC - Sciences du langage et didactique du français - IUFM Midi-Pyrénées (GRIDIFE) et Laboratoire Jacques Lordat Université Toulouse-Le Mirail - Chercheuse associée à l'INRP

nous l'avons vu plus haut, le modèle de Levelt est plus satisfaisant mais s'applique davantage aux situations de production orale que de production écrite.

L'effet de la tâche sur les processus rédactionnels mobilisés

Hayes et Flower s'intéressent principalement à des tâches de rédaction d'essais ou de textes argumentatifs, sans prendre en compte la spécificité des tâches d'écriture. II est probable que ce ne sont pas exactement les mêmes opérations qui soient requises pour la rédaction d'une justification écrite et pour l'écriture d'un texte poétique utilisant un matériau verbal contraint. II faut vérifier que le poids et l'ordre des opérations en jeu dans chacun de ces deux cas sont identiques pour de mêmes sujets. Diverses études2 sont actuellement conduites auprès d'enfants de 6 et de 11 ans au Laboratoire Jacques Lordat. De tels travaux devraient permettre de cerner plus finement les processus rédactionnels mobilisés, dans leur dimension linguistique.

Conclusion :

En accordant aux différents modèles de l’écrit l’intérêt qu’ils méritent, nous entendons sans doute reconnaître l’influence qu’entraîne de départ le matériau linguistique et littéraire pour le processus d’écriture. Ainsi, l’influence dirigée simultanément par le matériau linguistique et littéraire collecté au moment de la préparation et le contexte de la tâche, débouche sur la définition du processus d’écriture comme nécessairement, l’interprétation de quelque chose à faire et non pas forcément comme quelque chose à dire. Ceci explique parfois, que se sont bien les mots et les structures qui écrivent le texte et non pas les écrivants eux-mêmes.

III - Des concepts inhérents à la notion de l’écrit en pratique de classe