dans I-MEP2 (Ingénierie- Matériaux Mécanique Energétique
CHAPITRE 1: ÉTAT DE L’ART DES DEEE ET DES PROPRIETES
1.1. Modèle des fluides ioniques [1]
La structure d’un système peut souvent être comprise par la compréhension du mécanisme par
lequel elle est apparue. Dans le cas d’un électrolyte liquide pur, on peut légitimement se poser
la question de l’origine de l’état liquide. On conçoit aisément que la formation d’un fluide
ionique provienne de la fusion d’un réseau solide ionique, ou bien de la condensation de
vapeur d’ions. Ainsi, deux types de modèles ont été développés : le modèle des lacunes
(type Schottky) et le modèle du gaz orienté. La détermination de ces modèles se doit d’être en
adéquation avec les spécificités de la structure liquide. En premier lieu, on peut s’attendre à ce
que la structure cristaline du solide (réseau, distance interatomique,…) soit distincte de la
structure liquide obtenue après la fusion. Pour autant, les ions ont presque les mêmes
distances interatomiques et contrairement à ce que l’on pourrait penser, la distance se réduit
légèrement dans le cas où le sel est fondu (ex : la distance interatomique du sel KCl est
de 3,26 Å sous la forme d’un cristal et 3,10 Å sous la forme fondue).
Parallèlement, le volume de ces sels (KCl, NaCl, NaF,…) augmente de 10 à 25%.
Ainsi, une apparente contradiction entre la diminution de la distance interatomique et
l’augmentation du volume nécessite d’être prise en considération dans le modèle.
Ce phénomène est expliqué par la mobilité des ions qui est environ 1000 fois plus importante
dans le cas d’un électrolyte liquide. Ce mouvement est symbolisé par une multitude d’étapes
élémentaires où un ion se déplace dans un emplacement laissé vacant. Il peut être conclu
qu’une haute mobilité sera la résultante d’un nombre important de volume libre. Comme il a
été précédemment mentionné, plusieurs modèles ont été élaborés et leurs différences résident
dans la conceptualisation de la formation de ces vides. En d’autres termes, les différents
modèles de sels fondus impliquent différents mécanismes de formation des espaces vides qui
sont décrits comme des lacunes, des trous ou des volumes libres.
Ces trois distinctions donnent lieu à trois modèles différents :
- le modèle des lacunes,
- le modèle des trous,
- le modèle du gaz-orienté.
1.1.1. Le modèle des lacunes
Ce modèle imaginé par Frenkel et développé par Stillinger représente un réseau ionique dans
lequel réside un grand nombre de lacunes. On peut imager ce modèle comme un réseau
ionique dans lequel sont injectées des lacunes connues sous le nom de défaut de Schottky.
Ces défauts sont produits par le déplacement des ions du réseau de l’intérieur à l’extérieur du
cristal (cf. Figure 4.1a).
Ainsi, des lacunes sont produites dans le système et simultanément il y a expansion du
système avec l’avancée de la surface. Dans ce modèle, les lacunes se produisent dans les sites
du réseau et leurs tailles sont similaires à la taille des ions les plus volumineux qui sont
constitutifs du réseau (cf. Figure 4.1b).
Figure 4.1 : Modèle des lacunes au sein d’un fluide ionique A : représentation de la création
d’espaces vides ou défauts Schottky lorsque les ions du réseau se déplacent à la surface et
B : représentation des ions avec création de lacunes au sein du réseau.
1.1.2. Le modèle des trous
Ce modèle se distingue par la localisation et la taille des trous. Dans le modèle des lacunes de
type Schottky, la taille des ions et le réseau influencent fortement la localisation et la taille des
lacunes dans l’électrolyte liquide. Dans le modèle proposé par Fürth, la taille et la localisation
des tous sont aléatoires et ce modèle se libère du concept de réseau (cf. Figure 4.2a).
Ceci implique de définir le processus par lequel les trous sont produits. Dans le modèle
précédent, un ion se déplace d’une lacune à l’autre. Dans ce modèle, on considère que les ions
constituant un cluster se déplacent (d’une petite quantité) les uns par rapport aux autres,
entrainant l’apparition de trous entre eux (cf. Figure 4.2b).
Figure 4.2 : le modèle des trous au sein d’un fluide ionique A : représentation de la taille et de la
localisation aléatoire des trous et B : représentation de la formation d’un trou par les
déplacements des ions en contact i) avant déplacement et ii) après déplacement des ions.
Trou
i) ii)
B
A
Nouvelle surface Ancienne surface
B
Ainsi, la taille des trous dépendra de l’importance du déplacement, dont l’origine est l’énergie
thermique. Celle-ci provoque un mouvement brownien induisant une taille et une localisation
de trous aléatoires. Donc, les trous peuvent apparaître ou disparaître n’importe où dans
l’électrolyte liquide.
1.1.3. Le modèle du gaz-orienté
Une particule dans un gaz dilué a la possibilité de se mouvoir dans le volume occupé par le
gaz. Lorsque la pression est augmentée, le domaine spatial accessible pour chaque particule
est diminué. Pour autant, tant que le système reste à l’état gazeux, chaque particule a la
possibilité de se déplacer dans chaque recoin du volume disponible. Lorsque survient une
transition de phase de l’état gazeux à l’état liquide, la liberté de mouvement d’une particule
est fortement réduite par la présence des particules voisines. Ainsi, chaque particule possède
un volume libre. Ce volume libre est le même pour tous les ions. Il correspond au volume
moyen disponible pour chaque particule soustrait du volume incompressible de la particule.
Ainsi, chaque particule peut se déplacer au sein de son volume (cf. Figure 4.3a).
Figure 4.3 : le modèle du gaz-orienté au sein d’un fluide ionique A : représentation du volume
libre disponible pour un ion et B : représentation du mouvement d’un ion vers un autre corrélé
au phénomène d’expansion et de contraction du volume de déplacement.
Néanmoins, ce modèle comporte certains problèmes. Tout d’abord, les propriétés de transport
des ions nécessitent que les particules soient capables de migrer d’un volume à l’autre.
De plus, la particule reste confinée dans un volume donné et le désordre
(phénomène aléatoire) accompagnant l’échange des particules entre les volumes est éliminé.
Enfin plus important, l’expansion du volume se traduit par une augmentation de la distance
intermoléculaire, ce qui est en contradiction avec les données expérimentales.
La problématique du déplacement des particules a été surmontée par Cohen et Turnbull.
Déplacement
+ - + ++
-
+
-
-
-
-
+ -
-
-
Volume de déplacement
Volume de l’ion
B
A
+
+
+
Le mouvement provient de la contraction du volume de déplacement d’un ion au profit de
l’expansion de ce même volume pour l’ion voisin (cf. Figure 4.3b).
1.2. Relations théoriques et empiriques des propriétés de transport en
Dans le document
Application des liquides ioniques à la valorisation des métaux précieux par une voie de chimie verte
(Page 171-175)