1.6 Flux de masse
1.6.2 Modèle de diffusion à l’équilibre - Règle des segments inverses
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F
IGURE1.26 – Schématisation de la croissance dendritique au cours du temps et volumes élémentaires
associés
considérer une diffusion limitée dans le solide (modèle de segmentation inverse, une simplification du
modèle de Brody-Flemings) ?
La microségrégation s’attache particulièrement à modéliser ce phénomène. Nous allons faire en sorte
de détailler ces différents modèles car même s’il s’agit de transfert de masse, donc hors limite de la
thèse, ces modèles seront importants pour la partie 4 expérimentale, relative à la fraction solide. La
microségrégation se déroule à l’échelle dendritique, nous définissons alors un volume élémentaire sur le
bord d’une dendrite et suivrons son évolution au cours du temps (états 1, 2 et 3) (Figure 1.26). Chacun
des trois volumes élémentaires décrit un instant dans la croissance de la dendrite et ils nous permettront
de tracer le profil de concentration en Si, ainsi que le profil thermique.
1.6.2 Modèle de diffusion à l’équilibre - Règle des segments inverses
A partir du diagramme de phase (Figure 1.15b), nous savons qu’à la température de 590°C, le
concentration en soluté Si dans la phase solide est deC
s=1,1% et dans la phase liquideC
l=9,9%, nous
connaissons la concentration initialeC
0=7%. Sur cette base, nous recherchons la fraction solidef
set
li-quidef
lprésente dans le milieu. Nous avons toutefois une indication relative aux fractions :f
l+f
s=1.
Il nous faut donc résoudre le système (Equation 1.24) dont les inconnues sontf
setf
l.
C
0=C
sf
s+C
lf
lUne rapide substitution amènera à l’expression de la fraction solide à 590°C (Equation 1.25).
f
s= C
0−C
lC
s−C
l(1.25)
En terme graphique, il s’agit de la mesure des segments (Figure 1.15b) :f
s=
GHCH.
L’appellation segments ”inverses” vient du fait qu’il faille prendre le segment opposé à la phase
recherchée. Si la phase recherchée était la phase liquide, alors nous aurions pris au numérateur le segment
GC (qui est du coté solide par rapport à la concentration initiale).
La démonstration de cet outil sera détaillé plus loin après les hypothèses ci-après, lorsque le transfert
de masse sera traité.
Le diagramme de phase est issu d’une pluralité de courbes de refroidissement pour différentes
com-positions d’alliages, toutes réalisées à l’équilibre. L’équilibre peut être défini par un temps de
refroi-dissement infini, ainsi entre chaque instant la différence d’entropie de l’alliage est nulle, il y a donc
réversibilité. Nous pouvons comprendre que ceci n’est pas possible dans la réalité, mais nous pouvons
nous en approcher en maintenant les isolants thermiques autour de l’expérience afin de limiter la perte
calorifique et ainsi augmenter le temps de refroidissement. C’est donc sous cette hypothèse que sont
réalisées les courbes de refroidissements et donc le diagramme d’équilibres (de phases).
Reprenons les trois volumes élémentaires et observons de quelle manière ils évoluent dans le temps.
Dans notre but d’évaluer la fraction solide en fonction de la température, nous avons évoqué
pré-cédemment la méthode des segments inverses (lever rule en anglais). Il s’agit à présent d’en faire la
démonstration sur la base de la représentation des différents coefficients de partitions (Figure 1.22).
Nous allons démontrer l’expression qui permet d’exprimerf
s, la fraction solide, en fonction de variables
connues (T,T
f,T
liqetk) selon respectivement la méthode des segments inverses (Lever Rule), avec T
la température, T
fla température de fusion de l’aluminium pur, T
liqla température du liquidus à une
concentration donnée,f
sla fraction solide et k le rapport des pentes liquidus sur solidus tel quek=
mlms
,
m
lavec etm
sla valeur des pentes respectivement du liquidus et du solidus.
Cette méthode exige de prendre en compte plusieurs hypothèses simplificatrices que nous
détaille-rons.
Hypothèse complémentaire pour la méthode des segments inverses :
1. Le refroidissement au cours du temps est infiniment lent pour permettre une diffusion complète
à la fois dans la phase liquide mais également solide. (état d’équilibre, réversibilité). La première
hypothèse est similaire à celle sous-jacente à la création du diagramme de phase. C’est à dire que
le refroidissement doit être à l’équilibre à chaque instant pour permettre une parfaite diffusion
du soluté dans la phase liquide et dans la phase solide. Ceci implique deux possibilités, soit la
vitesse de solidification tend vers 0, soit la vitesse de diffusion dans le liquide et le solide tend
vers l’infini. Ces conditions sont loin de celles rencontrées dans la pratique [Stefanescu, 2008].
Ceci implique également que les deux phases soient à la même température et que la solidification
soit réversible [Durand-Charre, 2012].
2. La deuxième hypothèse repose sur la première car s’il y a un équilibre entre la phase liquide et
so-lide, elle précise que les liquidus et solidus peuvent être approximés par des droites [Rappaz et al., 1998].
Ceci dépend beaucoup des alliages considérés. Dans notre cas, faiblement allié en Si, cette hypothèse est
assez acceptable. Nous observons que pour la partie du diagramme (Figure 1.14) fortement alliée en Si,
cette hypothèse n’est pas pertinente. Dans notre cas, nous nous plaçons pour un alliage AlSi7Mg.
Si nous observons un barreau en cours de solidification (Figure 1.27), à différents instants, nous
obtiendrons une évolution similaire à l’illustration suivante :
Nous sommes dans un diagramme binaire, par conséquent seuls deux phases (Liquide et Solide)
peuvent co-exister (Equation 1.26) :
L
S
[Si]
C0 kC0 CS*= C0 CL*= CL CS*= kCL* CL*= CL CS=C0F
IGURE1.27 – Evolution de la solidification pour un refroidissement à l’équilibre dans un volume
élé-mentaire (Source : [Stefanescu, 2008])
La règle des segments inverses permet pour une température donnée et pour un alliage connu de
déterminer le pourcentage de phase solide en présence.
La concentration initialeC
oen soluté Si est constante dans l’alliage à tout instant au point de vue
global. Cependant, la solubilité du Si dans l’Al varie en fonction de la température. Ce ne sera donc pas
la même concentration dans la phase solideC
set dans la phase liquideC
l.
Sur la base des équations (Equations 1.24 et 1.25), nous pouvons dire que nous avonsf
s=
Cl−Co Cl−Cset
f
l=
Co−Cs Cl−Cs.
Par ailleurs, nous pouvons exprimer le rapport (k
o) (Equation 1.27) des droites solidus et liquidus
comme suit :
C
sk
o=C
l(1.27)
Rappelons que cette hypothèse est forte si nous remplaçons (Equation 1.27) dans (Equation 1.25) nous
obtenonsf
s=
Cl−CoCl−koCl
soit :
f
s= C
l−C
oC
l(1−k
o) (1.28)
A partir de l’expression de la fraction solide (Equation 1.28), exprimons C
l(Equation 1.29) en
fonction def
s:f
s(C
l−k
oC
l) −C
l= −C
osoitC
l[1− (1−k
o)f
s] =C
o.
C
l= C
o1− (1−k
o)f
s(1.29)
L’illustration du coefficient de partition (Figure 1.22) nous permet de déterminer les équations de
l’ensemble des points appartenant au solidus et au liquidus (Equation 1.30). Attention, à partir de ce
point nous allons considérer les liquidus et solidus comme des droites. Ceci est une forte restriction
simplificatrice. Avec un logiciel de calcul, il serait possible de développer un code qui prendrait en
compte la non linéarité des liquidus et solidus.
L’hypothèse de linéarité des liquidus et solidus nous donne que :
T
sur le solidus=T
f+m
sC
T
sur le liquidus=T
f+m
lC
T
solidus de l0alliage=T
f+m
lC
oT
liquidus de l0alliage=T
f+m
lC
o(1.30)
L
S
[Si]
C0 kC0 CL*=C0 CS* CL*=CL CMAX CEF
IGURE1.28 – Evolution de la solidification pour un refroidissement suivant un modèle de
Scheil-Gulliver à l’équilibre dans un volume élémentaire (Source : [Stefanescu, 2008])
Si nous remplaçons C
lde l’équation 1.29 dans T
liquidus= T
f+m
lC de l’équation 1.30 nous
obtenons :
T =T
f+m
lC
o1− (1−k
o)f
s(1.31)
Si nous cherchons à exprimerf
sen fonction de la température, cela donne
mlCoT−Tf
=1− (1−k
o)f
s,
soitf
s=
1−1k o[1−
mlCo T−Tf]soitf
s=
1−1k o[
T−(Tf+mlCo) T−Tf]or
(T
f+m
lC
o) =T
liquidusdel0alliage=T
liqsoit
f
s= 1
1−k
o[
T−T
liqT−T
f] (1.32)
A noter également que nous pouvons déterminer la valeur de la concentration à l’interface, coté
solide comme [Dantzig and Rappaz, 2009] :
c
∗s= kC
01+f
s(k−1) (1.33)
Ainsi, nous pouvons exprimer la fraction solide de manière analytique pour cette approximation
d’équilibre. Nous comprenons néanmoins que cette hypothèse d’équilibre est peu fréquente dans la
réa-lité. Nous nous tournons alors vers une hypothèse de solidification rapide où la diffusion dans la partie
solide est négligée, il s’agit de la méthode de Scheil-Gulliver. Cette approche fut suggérée par Gulliver
en 1913, c’est Scheil qui en 1942 reprit ces travaux et les mit en pratique. [Eskin, 2008, Gulliver, 1913,
Scheil, 1942]
Dans le document
Simulation numérique de la solidification avec réduction de modèle PGD appliquée à la fonderie
(Page 50-53)