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Le modèle conceptuel adopté (figure 1) combine les éléments de prévention du modèle d’Albee et de promotion de MacDonald et O’Hara. Il vise à rejoindre l’ensemble de la population, tout en accordant une attention particulière aux individus considérés plus à risque de développer des troubles mentaux. Il repose donc sur une approche de promotion de la santé mentale qui intègre des éléments de prévention. En ce sens, tout comme MacDonald et O’Hara, nous croyons que l’amélioration de la santé mentale pour l’ensemble de la population passe, d’une part, par l’action sur un ensemble de déterminants sociaux mais également par l’augmentation des facteurs de protection et par la réduction de l’impact négatif des facteurs de risque associés aux troubles mentaux.

Ce modèle comprend dix catégories de facteurs sur lesquels il faut agir pour promouvoir la santé mentale et prévenir les troubles mentaux de l’ensemble de la population.

Figure 3 Nouvelle formule adoptée Ressources

Le modèle stipule que pour promouvoir la santé mentale tout en prévenant les troubles mentaux, il faut, d’une part, augmenter l’effet des catégories de facteurs positifs que sont les ressources personnelles de base, l’estime de soi et le soutien social et, d’autre part, diminuer l’effet des catégories de facteurs négatifs que sont les facteurs biologiques négatifs, le stress et les inégalités socio-économiques. Il met également l’accent sur l’importance d’agir sur les quatre autres catégories de facteurs liées plus spécifiquement à la promotion de la santé mentale. Il s’agit de renforcer l’influence positive des environnements favorables et de l’inclusion sociale tout en diminuant l’influence négative des environnements défavorables et de l’exclusion sociale.

La figure suivante permet d’illustrer, d’une autre manière, les éléments du modèle de prévention des troubles mentaux et de promotion de la santé mentale adopté par l’INSPQ.

Prévention

Promotion

Figure 4 Modèle conceptuel51 Le modèle s’illustre comme suit :

Tout comme le modèle développé par MacDonald et O’Hara, celui adopté dans le présent avis s’inscrit dans une perspective écologique et rappelle que la santé mentale et l’action pour la promouvoir ou en prévenir les troubles dépendent non seulement de facteurs individuels et environnementaux mais également de leur l’interaction52. Il souligne aussi l’importance d’agir aux différents niveaux systémiques, soit ceux de l’individu, de son milieu de vie immédiat ou de son environnement global. Enfin, il repose sur une approche développementale, c’est-à-dire qu’il reconnaît que la maturation et le développement résultent de l’interaction entre l’ensemble des facteurs individuels et l’environnement53. En ce sens, il reconnaît que les expériences vécues lors de périodes critiques du développement, tout comme lors des périodes de transition, peuvent avoir des effets sur la santé mentale d’un individu plus tard au cours de sa vie.

51. Adaptation des modèles d’Albee ainsi que de McDonald et O’Hara.

52. Orford, 1992.

53. Weissberg et Greenberg, 1998; Coie et coll., 1993.

Avis scientifique sur les interventions efficaces en promotion de la santé mentale et en prévention des troubles mentaux

24 Institut national de santé publique du Québec

Le tableau 5 présente les définitions de chacune des catégories de facteurs du modèle conceptuel. Celles-ci permettent de préciser les cibles d’action à privilégier en promotion et en prévention. Il faut cependant reconnaître qu’il existe une forte interdépendance entre les facteurs. Par exemple, il est facile de concevoir que les inégalités socio-économiques occasionnées par la pauvreté peuvent constituer une source importante de stress pour les individus, tout comme elles peuvent également contribuer à l’exclusion sociale de certains groupes. L’exemple de l’impact de la pauvreté sur la santé mentale nous rappelle que nos actions de prévention doivent porter à la fois sur les inégalités socio-économiques, sur la réduction du stress occasionnée par la pauvreté et sur la lutte à l’exclusion sociale des groupes socio-économiquement appauvris.

Tableau 5 Définition des catégories de facteurs

Connaissances, compétences et attitudes permettant à un individu de faire face aux demandes et aux défis de la vie54. Elles s’acquièrent tout au long de la vie et sont généralement amenées à se moduler selon son développement.

Estime de soi Perception d’un individu de sa valeur, de son identité distincte et de ses compétences dans les différents domaines de sa vie55.

Soutien social

Réponse de l’environnement à la demande d’aide et de soutien émotif, informatif ou matériel d’un individu. Perception que se fait l’individu du réconfort, des soins, de l’appréciation et de l’aide reçus de son entourage56. Enfin, il s’agit de l’étendue des liens établis par un individu avec des personnes significatives de son environnement mesurée en termes de liens sociaux, de participation à des organisations, de richesse et de complexité du réseau et de l’accessibilité et de l’adéquation de ce soutien.

Inclusion sociale

Processus d’engagement des individus ou des groupes soutenant la contribution active de tous et chacun à la société, que celle-ci soit de nature économique, sociale, culturelle ou politique57.

Environnements favorables

Environnements socio-économique, physique, politique et communautaire contribuant positivement à la santé mentale des individus58. Ils incluent notamment les infrastructures et les services, de même que l’accès à des milieux sains, stimulants et sécuritaires.

Facteurs biologiques négatifs

Facteurs entravant le développement et le fonctionnement normal du cerveau59. Ces facteurs incluent notamment les toxines de même que les privations alimentaires, cognitives et sociales.

Stress

Situations ou événements contribuant à créer un déséquilibre entre les demandes de l’environnement et les ressources d’un individu pour y répondre60. Les stresseurs peuvent être quotidiens (ex. : conciliation travail-famille), chroniques (ex. : maladies), majeurs (ex. : déménagement) ou transitoires (ex. : changement d’emploi).

Inégalités

socio-économiques

Écarts socio-économiques (écart de revenu, d’éducation, de connaissance, …) entre les groupes et où la pauvreté se trouve au premier plan61.

Exclusion sociale

Situations entraînant la stigmatisation et l’exclusion sociale de certains individus sur la base de la race, du genre, de la classe sociale, de la santé mentale ou d’autres raisons discriminatoires. L’exclusion sociale se réfère aux facteurs qui réduisent l’accès de certains individus aux ressources sociales, économiques et politiques62. Environnements

défavorables

Environnements socio-économique, physique, politique et communautaire ayant un effet négatif sur la santé mentale des individus. Les environnements défavorables incluent notamment les éléments liés aux conditions de vie.

54. Hamel et coll., 2001.

55. MacDonald et O'Hara, 1998.

56. Sarafino, 1994 cité dans MacDonald et O'Hara, 1998.

57. MacDonald et O'Hara, 1998.

58. MacDonald et O'Hara, 1998.

59. Albee et Ryan Finn, 1993.

60. Lazarus et Folkman, 1984.

61. www.beta.centrelearoback.org/fr/coup_d_oeil.

62. Agence de santé publique du Canada, 2005.

6 MESURES ET RECOMMANDATIONS POUR LES ENFANTS ÂGÉS ENTRE 0 ET 5 ANS ET LEUR FAMILLE

Tous reconnaissent qu’un bon départ dans la vie contribue au développement ultérieur de l’enfant, durant l’enfance, l’adolescence et l’âge adulte63. La phase prénatale de même que les premières années de vie de l’enfant constituent des périodes cruciales pour l’établissement des fondements de la santé mentale d’un individu. Les facteurs de protection ou de risque auxquels l’enfant est exposé, même s’ils peuvent éventuellement être modulés par d’autres facteurs, contribuent à le rendre plus robuste ou plus vulnérable à court, moyen et long termes. Par conséquent, ces périodes sont particulièrement favorables tant pour la promotion de la santé mentale que pour la prévention des troubles mentaux.