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Interventions auprès des jeunes à risque de dépression et d’anxiété

6.2 Recommandations

7.1.7 Interventions auprès des jeunes à risque de dépression et d’anxiété

La mesure vise à identifier les jeunes présentant des signes avant-coureurs de dépression et d’anxiété et à leur offrir une intervention psychologique ou éducative. Ces interventions sont généralement de type sélectif bien que certaines interventions universelles aient aussi été développées.

Pertinence

La dépression chez les jeunes est associée à une pauvre performance scolaire, une dysfonction sociale, à la toxicomanie et au suicide274. Une intervention rapide au tout début d’un trouble peut en interrompre le cours et, dans

certains cas, diminuer les incapacités qui peuvent lui être associées à long terme. Les interventions de groupe destinées aux jeunes à haut risque de dépression et d’anxiété sont généralement centrées sur des approches cognitives-comportementales et permettent d’agir sur les ressources personnelles de base et sur l’estime de soi.

D’autres interventions misent sur des stratégies d’éducation à la santé pour prévenir les troubles de dépression et d’anxiété275. Des recherches récentes sur le fonctionnement du cerveau suggèrent que le dépistage et l’intervention précoce peuvent, d’une part, diminuer les effets iatrogènes cumulatifs entraînés par

de longues périodes de pensées et de comportements anormalement négatifs et inadaptés, et d’autre part, entraîner des résultats positifs à court terme276.

La peur d’être stigmatisé est l’un des facteurs qui limite le plus l’utilisation des services en santé mentale. Dans le cas des jeunes atteints de problèmes de santé mentale, leurs parents sont souvent craintifs face aux services en raison de la peur d’être blâmés pour les difficultés de leur enfant. Les jeunes quant à eux, craignent la stigmatisation de la part de leurs pairs et amis277.

274. Merry et coll., 2004.

275. Merry et coll., 2004.

276. New Freedom Commission on Mental Health, 2003.

277. Gonzalez, 2005.

Politiques publiques

Milieux favorables

Actions commun.

Aptitudes individuelles

Services de santé

Avis scientifique sur les interventions efficaces en promotion de la santé mentale et en prévention des troubles mentaux

72 Institut national de santé publique du Québec

Niveau de preuve :

1

Niveau d’efficacité :

,

Efficacité

L’efficacité des interventions précoces qui incluent une procédure d’identification de cas auprès des jeunes à risque de dépression est limitée mais prometteuse. À ce titre, malgré le nombre restreint et la qualité limitée d'études identifiées, les résultats de la méta-analyse de Cuijpers et coll. (2006) permettent de conclure qu’une intervention précoce en milieu scolaire est efficace pour réduire les conséquences de la dépression chez les jeunes et les adolescents.

L'efficacité, à long terme, de ces mesures n'a toutefois pu être démontrée.

Merry et coll. (2004), dans leur revue systématique sur l’efficacité des approches psychologiques et éducatives en prévention de la dépression (universelles et sélectives), parviennent à des conclusions similaires. Selon eux, une approche psychologique permet de réduire significativement les symptômes de dépression. Les études de Clarke et coll. (1995) et de Clarke (2001) sur une intervention sélective utilisant une approche cognitive-comportementale de groupe auprès d’adolescents à haut risque de dépression, révèlent qu’une telle approche permet de prévenir la dépression à court terme. Cette intervention permettrait même de réduire la prévalence de la dépression après six et douze mois suivant l’intervention. Les résultats montrent en effet que la prévalence de nouveaux cas pour le groupe d’intervention était de 14,5 % alors que celle pour le groupe témoin était de 25,7 % dans le cadre de suivis effectués six et douze mois après l’intervention278. Les approches éducatives tout comme les approches universelles ne sont toutefois pas parvenues à produire des effets significatifs sur la réduction de l’état dépressif des jeunes.

Bien que les résultats de ces études soient encourageants, Cuijpers et coll. (2006) ainsi que Merry et coll. (2004) invitent à la prudence, car certains problèmes méthodologiques sont à considérer. Ils soutiennent, à cet effet, que les études qui ont porté sur l’efficacité des programmes de prévention de la dépression selon une approche sélective, n’avaient pas de groupe de comparaison (groupe témoin)279. Selon Shapiro et Shapiro (1997), l’effet placebo est particulièrement élevé dans les études sur les psychothérapies, surtout dans les études sur la dépression280. Il est donc important de considérer cet effet dans l’analyse des résultats, ce qui n’a pas été fait dans les études revues par Merry et coll. (2004).

Cuijpers et coll. (2006) suggèrent également d'évaluer l'impact de ces mesures sur la stigmatisation des jeunes avant de les systématiser dans toutes les écoles.

278. Clarke et coll., 1995.

279. Cuijpers et coll., 2006; Merry et coll., 2004.

280. Merry et coll., 2004.

Par ailleurs, il faut souligner que le dépistage systématique ne serait pas recommandé dans les services de première ligne pour les jeunes. En effet, le Groupe d'étude canadien sur les soins de santé préventifs281 ne recommande pas le dépistage de la dépression chez les jeunes et chez les adolescents au cours des examens de santé périodiques.

Cette recommandation repose sur les résultats de la méta-analyse de Pignonne et coll. (2002) qui concluent que les données actuelles ne nous permettent pas de statuer sur l'efficacité du dépistage systématique de la dépression chez les jeunes ou les adolescents en contexte de soins primaires.

En ce qui a trait à la prévention des troubles d’anxiété, une stratégie ayant fait ses preuves consiste à augmenter la résilience émotionnelle et les habiletés cognitives282, par exemple le programme Friends. Il existe toutefois moins de preuves quant à l’efficacité des programmes visant la prévention de l’anxiété que pour ceux visant la prévention de la dépression.

281. MacMillan et coll., 2005b.

282. James et coll., 2005; World Health Organization, 2004a.

Niveau de preuve :

2

Niveau d’efficacité :

&