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Interventions de soutien aux aidants naturels

6.2 Recommandations

8.1.3 Interventions de soutien aux aidants naturels

Depuis quelques années, de nombreuses interventions visant à prévenir l’épuisement et à améliorer la santé mentale des aidants naturels ont été développées et expérimentées.

Ces interventions sont de nature variée : assistance concrète, éducation, groupe de soutien, gestion du stress, formation, thérapie individuelle ou de groupe375. Selon leur finalité, elles se divisent en deux groupes : 1) celles visant à réduire le fardeau des aidants376; 2) celles visant à améliorer le bien-être de l’aidant et à augmenter ses capacités d’adaptation à sa situation377.

Pertinence

Les recherches montrent que les aidants naturels qui prennent soin des personnes âgées ou malades ont des risques accrus de souffrir de problèmes de santé physique ou mentale, d’isolement, d’impuissance et de problèmes financiers378. De plus, le stress vécu par les aidants naturels peut faire en sorte qu’ils sont plus

susceptibles de chercher à institutionnaliser la personne qui est à leur charge379. Les aidants qui prennent soin des personnes atteintes de démence vivent plus de détresse psychologique que les autres aidants ou adultes en général380. Aussi, le fardeau de même que les menaces pour la santé mentale de ceux qui prennent soin des personnes schizophrènes sont particulièrement élevées381. Bien que certains aidants retirent des bénéfices d’être soignants, plusieurs ressentent le besoin d’être soutenus psychologiquement et concrètement382.

375. Brodaty et coll., 2003; Stoltz et coll., 2004.

376. Cuijpers 1999 définit le fardeau objectivement par les bouleversements de la routine, la diminution du temps de loisirs, les perturbations dans le fonctionnement familial, la diminution du soutien social, les perturbations au travail. Le fardeau subjectif se définit par l’altération de la santé mentale.

377. Sörensen et coll., 2002.

378. World Health Organization, 2004a.

379. Brodaty et coll., 2003.

380. Pinquart et Sörensen, 2006.

381. Cuijpers, 1999.

382. Sörensen et coll., 2002.

Politiques publiques

Milieux favorables

Actions commun.

Aptitudes individuelles

Services de santé

Avis scientifique sur les interventions efficaces en promotion de la santé mentale et en prévention des troubles mentaux

98 Institut national de santé publique du Québec

Niveau de preuve :

1

Niveau d’efficacité :

&'

Efficacité du soutien pour les aidants naturels engagés auprès des personnes âgées Les quelques revues systématiques ou méta-analyses sur les interventions visant à

améliorer la santé mentale des personnes qui procurent des soins aux personnes âgées révèlent des résultats contradictoires.

Stoltz et coll. (2004), dans leur revue systématique sur le soutien offert aux aidants, soutiennent que la preuve des bénéfices est incertaine, probablement en raison de la faible qualité des études disponibles.

La même conclusion est rapportée dans la revue systématique de Lee et Cameron (2004) sur l’efficacité du répit offert aux aidants des personnes atteintes de démence. Selon eux, le répit ne permet pas d’obtenir des effets positifs ou négatifs ni chez l’aidant ni chez la personne atteinte. Le petit nombre d’études, de qualité, limite également la portée des conclusions. Finalement, Yin et coll. (2002) dans leur méta-analyse portant sur les interventions de soutien individuel et en groupe concluent que, bien que les interventions peuvent avoir un effet positif chez les aidants, les preuves demeurent incertaines quant à la perception du fardeau de la maladie383.

D’autres auteurs, comme Sörensen et coll. (2002), indiquent dans leur méta-analyse que les différentes formes de soutien aux aidants entraînent, à court terme, une amélioration faible ou modérée des dimensions telles que : la dépression, le bien-être subjectif, la satisfaction perçue, les connaissances et les habiletés ainsi que les symptômes chez la personne âgée384. À moyen terme (environ sept mois après l’intervention), les effets demeurent positifs au niveau des mesures sur le fardeau, la dépression, le bien-être subjectif, les habiletés et connaissances385. Les effets des interventions varient toutefois selon les caractéristiques de l’intervention, la situation de l’aidant ainsi que sa perception du fardeau. Selon Sörensen et coll. (2002), ce sont les interventions psychothérapeutiques ou psychoéducatives ou celles qui utilisent des interventions multiples qui montrent des résultats sur le plus grand nombre de dimensions. De plus, les programmes offrant plus de neuf sessions auraient un meilleur impact sur la dépression386. Les interventions individuelles semblent plus efficaces pour moduler le bien-être subjectif alors que les interventions de groupe diminuent davantage les symptômes chez la personne âgée387. Plusieurs auteurs concluent que les interventions auprès de ces aidants sont plus susceptibles de produire des effets lorsqu’elles sont structurées (ex. : enseignement des habiletés de résolution de problèmes)388, mettent activement à contribution la personne malade dans l’intervention389, et offrent un soutien à long terme390 adapté aux besoins des aidants et des aidés391.

383. Yin et coll., 2002.

384. Pinquart et Sörensen, 2006; Sörensen et coll., 2002.

384. Sörensen et coll., 2002.

385. Sörensen et coll., 2002.

386. Sörensen et coll., 2002.

387. Sörensen et coll., 2002.

388. Brodaty et coll., 2003.

389. Brodaty et coll., 2003; Pinquart et Sörensen, 2006.

390. Brodaty et coll., 2003; Pinquart et Sörensen, 2006.

391. Brodaty et coll., 2003.

Niveau de preuve :

1

Niveau d’efficacité :

&

S’ajoute la récente méta-analyse de Pinquart et Sörensen (2006) sur les aidants auprès de personnes atteintes de démence qui confirme les conclusions de Sörensen et coll. (2002).

Elle présente néanmoins des résultats plus convaincants sur le fardeau. De plus, cette méta-analyse montre des effets à long terme (onze mois après la fin de l’intervention) sur le fardeau, la dépression ainsi que sur les connaissances et les habiletés. Ce sont les interventions comprenant des composantes multiples (répit, support et éducation) qui permettent d’agir sur les risques d’institutionnalisation de la personne atteinte392.

Finalement, les résultats de la méta-analyse de Brodaty et coll. (2003), portant sur les interventions psychosociales chez les aidants naturels engagés auprès des personnes atteintes de démence, vont dans le même sens. Les auteurs révèlent des effets modestes sur la dépression, la connaissance, le soutien social et les habiletés d’adaptation, mais aucun effet sur le fardeau.

Tous les auteurs s’entendent sur le fait que des études additionnelles de qualité (méthodologie, variables à l’étude, indicateurs, outils de mesure) et bénéficiant d’un suivi à long terme s’avèrent nécessaires pour conclure à l’efficacité à long terme des interventions visant à favoriser la santé mentale des aidants naturels auprès des personnes âgées393.

Efficacité du soutien pour les aidants naturels engagés auprès des personnes ayant un trouble mental

Les résultats de la méta-analyse de Cuijpers (1999) sur les interventions familiales (ex. : éducation, échange, counseling, thérapie familiale) auprès des aidants de personnes schizophrènes montrent des effets modérés au moment du post-test sur la détresse psychologique de l’aidant, la relation entre l’aidant et la personne atteinte et le fonctionnement familial394. Les effets seraient toutefois faibles au moment du suivi. Barbato et D’Avanzo (2000) concluent, pour leur part, que les interventions familiales auprès des familles ayant un membre schizophrène présentent peu d’effets. Les interventions offrant moins de dix sessions n’entraîneraient aucun effet sur le fardeau395. Les interventions les plus prometteuses seraient celles de longue durée et offrant de l’information aux familles à propos de la maladie, et ce, dans un contexte soutenant396. D’autres études sur l’efficacité et les types d’interventions à privilégier en fonction des besoins des aidants sont requises.

392. Pinquart et Sörensen, 2006.

393. Yin et coll., 2002; Stoltz et coll., 2004; Lee et Cameron, 2004.

394. Cuijpers, 1999.

395. Cuijpers, 1999.

396. Barbato et D'Avanzo, 2000.