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Le Modèle à Activation Interactive Bi-modal (Grainger et al., 2003 ; Grainger & Ferrand, 1994 ; Jacobs, Rey, Ziegler, & Grainger, 1998 ; McClelland & Rumelhart, 1981)

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du Modèle à Activation Interactive Bi-modal décrit un système hiérarchique qui distingue différents niveaux de traitement tels que les traits, les unités sous-lexicales et les unités lexicales pour chacune des voies orthographique et phonologique. Les connexions entre orthographe et phonologie sont établies à différents niveaux, sous-lexical et lexical, entre les deux voies (voir Figure 5).

Figure 5 : Architecture du Modèle à Activation Interactive Bi-modal de reconnaissance de mots (Grainger et al., 2003 ; Grainger & Ferrand, 1994 ; Jacobs et al., 1998 ;

McClelland & Rumelhart, 1981).

Dans ce modèle, la présentation visuelle d’un mot va entraîner l’activation d’un ensemble de traits visuels qui va, à son tour, contacter le code orthographique sous-lexical (unités-O) puis lexical (mots-O). Le code orthographique envoie de l’activation à l’interface entre l’orthographe et la phonologie (O  P), permettant d’activer les représentations phonologiques correspondantes. Les représentations phonologiques sous- lexicales rapidement activées peuvent influencer la reconnaissance des mots via les représentations orthographiques lexicales (mots-O) ou les représentations phonologiques

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représentations orthographiques lexicales ou recevoir de l’activation de la part des représentations orthographiques lexicales. L’architecture du Modèle à Activation Interactive Bi-modal maintient une distinction entre les représentations phonémiques impliquées dans la translation graphème-phonème (O  P) et les représentations sous- lexicales phonologiques impliquées dans la reconnaissance des mots parlés (unités-P ; Grainger & Holcomb, 2009). Ce modèle rend bien compte des effets d’amorçage masqué orthographique mais aussi phonologique et de leur décours temporel respectif.

Le Modèle à Activation Interactive Bi-modal (Grainger et al., 2003 ; Grainger & Ferrand, 1994 ; Jacobs et al., 1998 ; McClelland & Rumelhart, 1981) est le seul modèle qui intègre le traitement de la parole et explique les influences orthographiques dans la perception de la parole. C’est un modèle qui explique également les effets en amorçage inter-modal dans le sens visuel - auditif ou dans le sens auditif - visuel. Les études en amorçage inter-modal mesurant les potentiels électriques évoqués ont montré une forte asymétrie dans la taille des effets inter-modaux en fonction du sens de l’amorçage inter- modal (Anderson & Holcomb, 1995 ; Holcomb, Anderson, & Grainger, 2005). Les effets étaient plus forts dans le sens visuel-auditif que dans le sens auditif-visuel. Selon les auteurs, cette asymétrie dans la taille des effets reflète une asymétrie dans la force des connexions dans le sens orthographe-phonologie, d’une part et phonologie-orthographe, d’autre part. Le processus d’apprentissage de la lecture requière une association explicite entre les lettres et les phonèmes et génère de fortes connexions dans le sens orthographe- phonologie. Les connexions dans le sens phonologie-orthographe sont construites dans le but de produire du langage écrit et ne doivent pas directement influencer la reconnaissance des mots (Grainger & Holcomb, 2009). Holcomb et Anderson (1993) suggèrent que

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Colavita, 1974 ; Posner, Nissen, & Klein, 1976 ; Sinnett, Spence, & Soto-Faraco, 2007). Par la suite, les processus de la voie orthographique ont été détaillés (Grainger & Holcomb, 2009). La Figure 6 nous indique que lorsque le mot est présenté, les lettres du mot sont traitées en parallèle par les détecteurs de lettres de la matrice alphabétique (1). Deux processus vont alors se développer. Un processus purement orthographique nommé « coarse-grained » et un processus orthographique faisant intervenir le code phonologique nommé « fine-grained ». Le processus « coarse-grained » va consister en une activation des bigrammes ouverts (2), l’ensemble de ces bigrammes ouverts constituant la carte des positions relatives des lettres. L’activation va ensuite se propager au lexique orthographique (5). La représentation orthographique ayant reçu le plus d’activation sera sélectionnée. De manière concomitante, le processus « fine-grained » va se mettre en place. Les représentations graphémiques activées (3) vont activer, de manière ordonnée, les phonèmes correspondant par un système de recodage phonologique rapide et automatique (4) qui pourrait se faire en partie de manière séquentielle pour les mots polysyllabiques (Carreiras, Ferrand, Grainger, & Perea, 2005). L’activation va ensuite se propager jusqu’au lexique phonologique (6) qui va interagir avec le lexique orthographique.

Figure 6 : Détail des processus des voies orthographique et phonologique du Modèle à Activation Interactive Bi-modal de reconnaissance de mots (Grainger & Holcomb,

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Modèle Multi-Route de la Compréhension en lecture silencieuse

Très récemment, Grainger et Ziegler (2011) ont proposé une nouvelle version du modèle dit Modèle Multi-Route de la Compréhension en lecture silencieuse, dans lequel le processus orthographique « fine-grained » est enrichi d’une connexion directe avec le lexique orthographique. De plus, ce modèle incorpore un niveau sémantique (voir Figure 7).

Figure 7 : Modèle Multi-Route de la Compréhension des mots en lecture silencieuse de mots (Grainger & Ziegler, 2011).

Ce modèle explique bien le décours temporel des codes orthographiques et phonologiques. Le processus « coarse-grained » nécessite moins d’étapes que le processus « fine-grained » pour activer la représentation lexicale. Ceci explique la précocité des effets orthographiques par rapport aux effets phonologiques (Ferrand & Grainger, 1993). Les deux processus orthographiques, « coarse-grained » et « fine-grained », vont conjointement activer de manière rapide et automatique la sémantique.

La mise en place un tel système permettant d’accéder au sens des mots de manière rapide et automatique, demande un long apprentissage. Le chapitre suivant aborde la

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1.2.

CHAPITRE 2

L’APPRENTISSAGE DE LA LECTURE CHEZ