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Nous proposons une version révisée du modèle développemental multi-route de la lecture silencieuse qui tient compte des résultats obtenus au cours de ce travail de thèse. Un premier apport concerne le développement des processus orthographiques « fine-grained » et « coarse- grained ». Selon les résultats de l’Etude 4 et de l’Etude 5, le développement de la procédure « fine-grained » est précoce au cours du développement alors que la procédure « coarse- grained » semble achever son développement plus tardivement. Le second apport est relatif au développement des représentations orthographiques lexicales. Il tient compte des résultats de l’Etude 3 qui indiquent que la contribution phonologique à la reconnaissance des mots est plus importante lorsque les représentations orthographiques lexicales ne sont pas encore bien spécifiées. Le modèle à été décomposé en trois stades d’acquisition de la lecture (Voir Figure 12). Chaque sous-partie du modèle révisé est détaillée plus bas.

190 Figure 12-1: Etape du recodage phonologique Figure 12-2a 3a : Reconnaissance des mots pour les explicite mots dont la représentation orthographique lexicale

n’est pas encore bien spécifiée

Figure 12-2b : Processus de reconnaissance des Figure 12-3b : Processus de reconnaissance des mots pour les mots dont la représentation mots pour les mots dont la représentation orthographique lexicale est bien spécifiée orthographique lexicale est bien spécifiée chez le lecteur intermédiaire chez le lecteur avancé

Figure 12 : Modèle révisé du Modèle Développemental Multi-Route de la lecture silencieuse de Grainger et Ziegler (2011).

Le stade 1 est le stade du lecteur débutant. La Figure 12-1 correspond à la première étape de l’apprentissage de la lecture c'est-à-dire celle du recodage phonologique explicite. Le stade 2 est le stade du lecteur intermédiaire. La Figure 12-2b décrit les processus de la reconnaissance des mots familiers chez le lecteur intermédiaire. Le stade 3 est le stade du

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lecteur avancé. La Figure 12-3b décrit les processus de la reconnaissance des mots familiers chez le lecteur avancé. La Figure 12-2a3a décrit le processus de reconnaissance des mots lorsque la représentation orthographique lexicale n’est pas encore bien spécifiée que ce soit chez le lecteur intermédiaire ou le lecteur avancé.

Figure 12-1 : Etape du recodage phonologique explicite

La Figure 12-1 décrit l’étape du recodage phonologique explicite. La conversion sérielle des lettres en phonèmes se fait de manière lente et consciente. Chaque recodage phonologique donne l’occasion de mettre en place la représentation orthographique lexicale du mot recodé (Share, 1995). Conjointement, le système de codage de la position absolue des lettres commence à se développer en élaborant la matrice alphabétique. La question de la mise en place de la matrice alphabétique est une question importante à approfondir lors de futures recherches.

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Figure 12-2a 3a : Reconnaissance des mots pour les mots dont la représentation orthographique lexicale n’est pas encore bien spécifiée

La Figure 12-2a 3a décrit les processus de reconnaissance du mot lorsque la représentation orthographique du mot n’est pas encore bien spécifiée. La reconnaissance du mot se fait de manière lexicale. Les deux processus orthographiques « fine-grained » et « coarse-grained » sont fonctionnels. Le processus « fine-grained » est plus efficace car il est plus avancé dans son développement que le processus « coarse-grained » (Ziegler, et al., 2013). En effet, les connexions entre lettres et phonèmes ont été entrainées durant le recodage phonologique. De plus, la fréquence de la réalisation de ces connexions est élevée (pour lire tous les mots en français, il suffit de connecter chacun des 130 graphèmes au phonème qui correspond) et devient rapidement automatique. A ce degré d’acquisition du mot, dans le processus « fine- grained », l’activation rapide et automatique des phonèmes par les lettres pourrait se faire par unités larges (syllabes ou attaque rime). En revanche, le processus « coarse-grained » se développe plus lentement puisque les bigrammes ouverts sont nombreux (il existe 704 bigrammes selon Manulex Infra, Lété et al., 2004) et sont réalisés moins fréquemment. De plus, la carte des positions relatives des lettres est spécifique à chaque mot.

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Figure 12-2b : Processus de reconnaissance des mots chez le lecteur intermédiaire pour les mots dont la représentation orthographique lexicale est bien spécifiée.

La Figure 12-2b décrit les processus de reconnaissance du mot chez le lecteur intermédiaire lorsque la représentation orthographique du mot est bien spécifiée. La reconnaissance du mot se fait de manière lexicale. Le processus « coarse-grained » est fonctionnel. La carte des positions relatives des lettres et la représentation orthographique lexicale sont bien spécifiées. Cependant, l’accès au lexique orthographique par le processus « coarse-grained » est encore relativement peu rapide comparativement au processus « fine- grained » qui est déjà efficace.

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Figure 12-3b : Processus de reconnaissance des mots chez le lecteur avancé pour les mots dont la représentation orthographique lexicale est bien spécifiée

La Figure 12-3b décrit les processus de reconnaissance du mot chez le lecteur avancé lorsque la représentation orthographique du mot est bien spécifiée. La reconnaissance du mot se fait de manière lexicale. Le processus « coarse-grained » a gagné en efficacité. L’accès au lexique orthographique par le processus « coarse-grained » est rapide. Nous avons ici marqué l’influence de l’orthographe sur le traitement du langage oral en remplaçant les flèches simples par des flèches doubles.

La lecture de nouveaux mots lus par recodage phonologique bien que non explicitement représentée dans les Figures 12-2b et 12-3b est toujours fonctionnelle et permet l’installation des nouvelles représentations orthographiques lexicales par le self-teaching (Share, 1995). Cependant, il est possible que pour les lecteurs dont le processus « fine-grained » est bien développé, le recodage phonologique des nouveaux mots se fasse de manière automatique

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(par unités larges) et emprunte le processus orthographique « fine-grained ». La question du passage du recodage phonologique explicite au recodage phonologique automatique pourrait faire l’objet de futures recherches.

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Perspectives

Dans les études à venir, nous souhaitons, d’une part, approfondir la question de l’implication du code phonologique dans la reconnaissance des mots dans le développement normal de la lecture, et d’autre part, aborder la question du lien langage écrit et langage oral dans le développement pathologique chez l’enfant.