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3 / La mise en scène de l’authenticité

Stéphen Liégeard en son temps appréciait déjà l'authenticité préservée des produits des bons paysans montagnards de Saint-Matin de Vésubie71 qui n'avaient pas encore été

contaminés par les effets déjà redoutés du modernisme de son époque72. Par contre, en ce

qui concerne le patrimoine et les monuments de la ville de Nice, celui-ci émet un avis plutôt sévère : « Et puisqu’aussi bien les tentures sont repliées et les estrades sous la remise, profitons-en pour voir Nice en costume de semaine. Possède-t-elle des monuments ? Au sens propre du mot, non ! »

Il s'agit bien sûr de l'avis du touriste hivernant, inventeur de l'appellation « Côte d'Azur » et de sa conception a-historique du territoire. De ce fait, on admettra volontiers qu'il ne fut peut-être pas enclin à être particulièrement réceptif aux éventuels aspects patrimoniaux de la ville. On objectera également que Liégeard prononce ce jugement au moment où la société française est encore en train d'élaborer les premiers outils destinés à répertorier les éléments du patrimoine national, dans un contexte donc où cette préoccupation est encore embryonnaire. Cependant cet avis représente un intérêt dans la mesure où il s'agit d'un témoignage livré par un des observateurs de la vie locale en cette fin du XIXe siècle. Cette remarque, pour abrupte qu'elle soit, permet de saisir l'ampleur du travail qui devra être entrepris afin d'aboutir à l'élaboration d'un inventaire de ce qui sera répertorié comme appartenant au patrimoine de la ville de Nice. Car le « Nice en costume de semaine » est longtemps resté assigné dans l'ombre du quotidien d'où n'émergeait spontanément aucun élément significatif. C'est avec l'opération de réhabilitation du Vieux Nice et son classement en secteur sauvegardé que le patrimoine local va émerger de l'oubli.

Le Vieux Nice : théâtre de l’authenticité

Situé au pied du flanc ouest de la Colline du Château et délimité par la courbe du Paillon, « Site Phare de l'histoire et de l'identité niçoises73 », comme le qualifie un historien

71 Notons que la préoccupation de la qualité des produits, garantie par l'authenticité de l'origine, n'est pas aussi nouvelle qu'on pourrait le penser et qu'elle est en réalité assez ancienne, consubstantielle en quelque sorte à la démarche d'invention du tourisme lui-même. C'est ce que montre la remarque de Liégeard qui, en 1886 déjà, vantait les mérites des paysans de Saint-Martin de Vésubie qui proposaient des produits « authentiques », frais, contrairement aux commerçants de Nice et du littoral qui, eux, avaient déjà assimilé un certain sens du commerce à l'égard des touristes : « Sol neuf que n'ont point encore gâté les hôteliers cosmopolites, où l'indigène, quoique bon catholique, oublie de baptiser un lait savoureux et ignore l'art de vendre des œufs frais conservés dans la chaux ! Ces améliorations viendront avec le progrès » (Liégeard, 1988, p. 318).

72 Celui-ci considérait d'ailleurs que cette situation était provisoire et que la modernité ne tarderait pas à y faire irruption : « Dans vingt ans, plus tôt peut-être, la compagnie Cook y promènera ses breaks triomphants : hâtez-vous donc, ennemis du profanum vulgus !" (Liégeard, 1886).

local impliqué dans le processus de patrimonialisation de la ville, le Vieux Nice recouvre six siècles de l'histoire de Nice, et bien plus si l'on prend en considération le château au sommet duquel la ville s'est abritée pendant longtemps.

Avec le retour d'une sécurité relative assurée par les Comtes de Provence, la ville commence à descendre sur le flanc ouest du rocher. Le mur d'enceinte de la ville basse a, semble-t-il, été édifié à partir de 1270 et terminé vers 1360. Ainsi, « la ville basse revêt dès le XIVe siècle le caractère que nous lui connaissons aujourd'hui : hautes maisons, rues étroites, peu de places. (...) Elle abritera jusqu'à 8 000 habitants vers 1340 (pour 3 500 environ dans la ville haute), et, après la crise démographique du XIV-XVe siècle, jusqu'à 10 000 à la fin du XVIIe siècle (Barelli, 1997, p. 4). Au milieu du XVIe, le duc de Savoie Emmanuel Philibert décide de dédier la totalité de la colline à la défense, et entreprend d'importants travaux de modernisation des fortifications avec une muraille neuve déplacée vers la mer entourant la ville basse et englobant le Cours Saleya.

La destruction des remparts ordonnée en 1706 par Louis XIV va avoir pour conséquence indirecte de faire sortir la ville basse du périmètre des fortifications. C'est au cours du XVIIIe siècle que sera urbanisée l'embouchure rive gauche du Paillon (jusqu'alors extérieure à la ville et appelée Pré aux oies), que sera ouvert le cours Saleya, et que sera aménagé le nouveau quartier du port suite au creusement à partir de 1749 du bassin Lympia. Au XIXe siècle le Vieux Nice atteint les limites que l'on connaît aujourd'hui, et « dans ces limites, il demeure encore toute la ville, à l'abri de la boucle du Paillon, jusqu'à la seconde moitié du XIXe siècle (Barelli, 1997, p. 5).

« Descendue » du sommet de la colline du Château pour s'installer définitivement au pied du flanc ouest, Nice est restée concentrée pendant plusieurs siècles dans le site de l'actuel Vieux Nice. L'ancienneté des implantations et des bâtiments, témoins privilégiés des faits et légendes qui s'y sont ou seraient déroulés, leur conféraient toutes les qualités et toutes les dispositions pour entrer, le moment venu, dans l'inventaire des lieux et monuments historiques. En effet, comme le souligne la présentation du site internet municipal concernant le patrimoine local « Au cours de son histoire, Nice s'est enrichie de véritables oeuvres artistiques, témoignage d'une architecture riche et variée." (www.ville- nice.fr). On peut lire encore que « c’est la vieille ville qui concentre la plus grande richesse de notre patrimoine au travers de son architecture et de ses décors peints, tels que les frises, les bas-reliefs, les trompe-l'oeil » (www.ville-nice.fr). On peut lire aussi que ces décors ornant les façades de la vieille ville sont anciens : « Les façades peintes dans le Comté de Nice remontent au XVIIe siècle. Elles ont été importées par les peintres italiens aguerris aux artifices du trompe-l'oeil » (www.ville-nice.fr).

Cette richesse picturale et architecturale sera finalement prise en considération et remise au goût du jour par la municipalité comme on peut le lire sur le site municipal :

« Longtemps oubliée du fait des exigences du tourisme, cette tradition chromatique renaît dans les années 80 avec la réhabilitation des quartiers anciens. Depuis, Nice retrouve peu à peu son style et son identité colorée. » (www.ville-nice.fr)

Pendant la période au cours de laquelle Nice a connu l'essor rapide du tourisme estival, les « exigences » de valorisation des loisirs balnéaires avaient en effet conduit à ignorer les potentialités patrimoniales de la ville et en particulier du Vieux Nice, considéré au cours de cette période comme un héritage des temps anciens, en quelque sorte l'arrière boutique peu présentable de la vitrine rutilante de la Promenade des Anglais et ses palaces luxueux. Au recensement de 1968, le Vieux Nice apparaissait comme le quartier dont l'habitat était le plus ancien avec à cette époque 96,3% des logements qui avaient été construits avant

191474, mais aussi le plus vétuste avec un taux de logements inconfortables de 63%, le plus

élevé de la ville, logements qui ne bénéficiaient ni d'une douche, ni d'une baignoire, ni de WC privés, et dans lequel vivait une population plutôt âgées avec plus de 40% des habitants âgés de plus de 60 ans, alors que ce taux était de 27,8% pour l'ensemble de la ville. Il cumulait ainsi les caractéristiques classiques des quartiers anciens dégradés de l'époque, avant que ne soient lancées les opérations de réhabilitation.

Amenées à répondre à l'évolution des attentes de la clientèle de plus en plus exigeante en matière culturelle au sens large, prenant conscience de l'intérêt qu'il y avait à valoriser cet héritage, les autorités municipales ont mené à partir des années 80 une politique de sauvegarde et de valorisation, avec le classement du Vieux Nice en secteur sauvegardé, suivi d'une opération de réhabilitation. C'est dans ce mouvement, finalement assez récent, que s'est inscrite la valorisation du Vieux Nice en tant que produit touristique marquant l’intérêt nouveau des autorités municipales pour le patrimoine. Cette stratégie est basée sur la valorisation/production des lieux et bâtiments en autant de témoins du passé. Le processus de production de l’authenticité va donc être mis en œuvre, appuyé sur l'histoire locale garante de l’authenticité des bâtiments et des lieux.

C'est également dans cette démarche que s'inscrit la publication récente d'un « Guide historique et architectural du Vieux Nice » (Barelli, 1997) dans lequel sont répertoriés les lieux et monuments constitutif de cet ensemble « remarquable » à « l’architecture riche et variée ». Il ne s'agit d'ailleurs pas d'un simple guide touristique, mais d'un document qui se veut plus noble, un guide d’histoire et d’architecture, en phase avec l’ambition de valorisation du lieu. Ce guide (qui ne concerne que le Vieux Nice), propose de distinguer diverses périodes ou « âges » architecturaux. La première est celle de « l'empreinte médiévale », dont l'auteur situe les vestiges dans l'ancienne ville basse sur le flanc du Château, mais dont les traces ont quasiment disparu du fait des reconstructions du XVIIe siècle qui ont utilisé en partie comme matériaux la plupart des restes de cette époque. La seconde période est celle de la « marque baroque », qui comprend elle-même deux périodes : l'influence génoise au XVIIe siècle avec notamment le Palais Lascaris, et la cathédrale Sainte Réparate ; et l'influence turinoise au XVIIIe siècle avec l'église Saint François de Paule, et la place Victor devenue ensuite place Garibaldi. Enfin la « marque néo-classique » avec des édifices périphériques du XIXe siècle comme l'Église du Vœu.

L'ensemble constitué par la vieille ville est ainsi institué en théâtre des faits et gloires passées, grâce à l'histoire locale qui permet de désigner les bâtiments, vestiges et monuments « témoins » des récits et légendes (comme par exemple le boulet du siège de 1543 exposé au carrefour de la rue de la Loge et de la rue Droite). Le Vieux Nice devient alors le lieu de conservation du patrimoine et ses habitants peuvent alors être désignés comme les dépositaires d'une identité niçoise qui s'est transmise par delà les aléas nombreux de l'histoire :

« Derrière la discrétion des portes, la modestie des façades, dans la pénombre des autels, un monde se révèle à nous, découvrant un peu de cette âme niçoise que d’aucuns disaient déjà enterrée. Marcher dans le Vieux Nice, cette perle baroque, c’est entrer dans le cœur d’une ville et d’une population qui se livre peu, et qui pourtant, au-delà des clichés, a tant de sagesse et de beauté à offrir. » (Barelli, 1997, p. 5)

C'est en tant que creuset dans lequel s'est forgé le « petit peuple » qui, depuis Catherine Ségurane au moins, cultivant et préservant ses particularismes, a assuré la transmission d'une identité niçoise toujours vivace, que le Vieux Nice a été élevé au rang d'ensemble

74 Données tirées de G. Beaugé, P. Cuturello et C. Forest, Le maintien à domicile des personnes âges dans les Alpes-Maritimes, Laboratoire de Sociologie, Université de Nice, Nice 1976.

patrimonial : « Cœur battant de l’identité niçoise, souvent entrevu, à peine effleuré, le Vieux Nice est un trésor historique, architectural et patrimonial » (ibid).

Ce parti du peuple dépositaire de l’identité qui décerne les labels d'authenticité, est tout à fait remarquable. Ainsi, le Vieux Nice berceau où se niche « l'âme niçoise », devient le décor restauré du théâtre touristique, sorte de théâtre de l'authentique, où sont mis en scène les lieux et les monuments garantis par le livre de l'histoire locale qui fournit les références et légendes fondatrices de l'identité.

Mais comme cela a été observé à l'occasion des opérations de réhabilitation des quartiers centraux anciens similaires, l'opération de réhabilitation du secteur sauvegardé du Vieux Nice s'est également accompagnée d'un processus de gentrification classique.75 Comme

dans de nombreuses villes d’Europe, les vieux quartiers populaires de centre-ville, à l'habitat vétuste et parfois insalubre, souvent habités par des populations modestes ou immigrées avant de faire l’objet d’opérations de réhabilitation, sont devenus des lieux de centralité touristique et culturelle. Souvent, comme c'est le cas pour le Vieux Nice, ils ont été transformés en zones piétonnes, réservés aux touristes et à la clientèle des commerces de luxe, et sont le théâtre d’une mise en scène de la résurgence actuelle de la « valeur d’ancienneté » (Amirou, 2000, p. 68-76). Le Vieux Nice représente donc un des exemples de cette manière de faire rentrer les espaces urbains dans la catégorie « patrimoine », à l'instar des vieilles villes françaises qui souvent se construisent et se reconnaissent à la fois comme des lieux de résidence et comme des zones de fréquentation ou de consommation, comme des secteurs d’habitation et comme des sites que l’on visite, comme des endroits où l’on dort et des places où l’on sort, des carrefours de ralliement et des lieux de promenades estivales. C’est ce chevauchement des pratiques et des définitions qui leur confère une identité particulière.

Le quartier du Vieux Nice se présente ainsi comme un lieu de centralité à la fois touristique et culturelle. Situé à deux pas de la mer, il fait aujourd’hui l’objet d’une attention particulière dans les guides touristiques. On y célèbre son cachet, ses façades en trompe l’œil et, par-dessus tout, son « authenticité ». Les touristes sont invités à visiter ses églises, ses « typiques » marchés aux fleurs, aux poissons et aux légumes, ses terrasses de café ensoleillées et ses petits commerces « traditionnels » qui sentent bon la Provence : le marchand d’huile d’olive locale, de socca, de pissaladière, de stockfish… Depuis sa réhabilitation, celui-ci ne cesse également de se définir comme le lieu de toutes les activités festives et culturelles de la ville. Galeries d’art, restaurants exotiques, pubs nocturnes, boutiques de mode ont fleuri dans ses ruelles étroites et le long du cours piétonnier qui le traverse. Et si ce phénomène a sans doute eu pour effet de renforcer l'activité touristique, il a également contribué à séduire une population composée d’étudiants et de jeunes artistes de la région qui en ont fait, comme on dit, un quartier très « branché ».

Ainsi, avec le Vieux Nice, « plus vieux quartier niçois », on assiste à un exemple d'inversion du rôle joué par l'identité locale depuis les débuts du développement de l'industrie touristique à Nice et sur la Côte d'Azur. Alors qu'elle était brandie au début du XXe siècle comme l'arme privilégiée symbolisant la nécessaire résistance face aux dangers du cosmopolitisme engendré par le tourisme d'hiver avec ses colonies d'hivernants venus de toute l'Europe, elle a été convoquée au cours des années 80 par les officines de promotion de l'industrie touristique et les autorités municipales comme label de qualité garantissant l'authenticité des produits destinés à satisfaire les besoins nouveaux du tourisme de masse. Ainsi, de symbole de la résistance au tourisme à ses débuts, récupérée par l'industrie

touristique, l'identité va être transformée en outil privilégié de promotion des produits proposés sur le marché.

Le Carnaval de Nice, « tradition touristique »

Manifestation emblématique qui aujourd'hui encore alimente les sources d'inspiration à partir desquelles est définie l'image de la ville, le carnaval est aussi présenté comme une « tradition » originale dans la mesure où son authenticité revendiquée puise ses origines du tourisme lui-même, en tant que manifestation phare de l'ancienne saison d'hiver.

Alimentant d'une certaine façon la thèse de la tradition, les historiens et les folkloristes locaux situent généralement les origines du Carnaval de Nice dans un passé immémorial. Ainsi, C.-A. Fighiera (1985) note que la mention la plus ancienne remonte à l’année 1294, lorsque Charles II d’Anjou, Comte de Provence, se rendit à Nice « pour y passer les jours joyeux de Carnaval ». Pendant la longue période du Moyen-Âge, puis de la Renaissance et jusqu'au XVIIIe siècle, il semble que le carnaval ait consisté avant tout en un ensemble de spectacles de rue, de bals et autres divertissements populaires. Ces festivités d'origine païenne fournissaient autant d'occasions de transgressions des normes sociales, ce dont l'église s'émeut régulièrement : « l’église n’arrive pas à canaliser les aspects les plus brutaux et les plus obscènes » (Sidro, 1979). Au XVIIIe siècle, avec l’influence du carnaval de Venise, les bals masqués privés se généralisent au détriment des fêtes de rue, les festivités deviennent plus mondaines avec les bals fastueux des notables d’un côté, et les festins champêtres populaires de l’autre. Ces repères placent le carnaval de Nice dans la continuité d’une longue histoire dont les origines se perdraient dans la nuit des temps. Ce n’est qu’en 1830 qu’il change encore une fois d’aspect pour prendre la forme de défilé et de corso tel que nous le connaissons aujourd'hui. Ce changement intervint en l'honneur de la venue à Nice du souverain Savoyard Charles Félix, le défilé des chars alors tirés par des chevaux se déroulait sur le cours Saleya.

Après la crise politique et économique consécutive à la guerre de 1870, et la période d'instabilité qui suivit, le carnaval reprend en 1873. La municipalité, soucieuse de relancer l'activité touristique, crée le Comité des Fêtes à qui elle confie l'organisation du carnaval. Cette festivité devient alors le moment culminant de la saison d’hiver à Nice et sur la Côte d’Azur. Sa Majesté Carnaval est alors montée sur des chars de plus en plus imposants et devient un personnage géant. Il s’agit alors de la manifestation phare de la saison hivernale, comme en témoigne Liégeard :

« Mais, place aux chars ! Un, deux, trois, cinq, sept, dix... A renforts de coursiers carapaçonnés ils s'avancent, aussi larges que la rue, plus élevés que les maisons. Tel le cheval de Troie, leur flanc cache une légion. Le caprice les inventa, la fantaisie les entraîne. (...) Est-ce quelque échappé du potager de Gargantua, ce Chou haut monté sur sa tige, dont une feuille couvrirait un arpent ? O surprise ! Le noble crucifère, à la majestueuse allure, n'est qu'un légume flatteur; car, de lui-même, il s'entrouvre devant la tribune officielle, et de son cœur s'échappe une nuée d'insectes multipliant les mines au pied du Sénat qui va décider de la sauce. Puis, c'est lui en personne, Gargantua, le mangeur infatigable, par les mandibules de qui fillettes ou garçons plus prestement passent que les petits pâtés de Rumpel dans la bouche d'un friand. Et le défilé continue entre les exclamations des uns, les lazzis des autres » (Liégeard, 1988, p. 278)

La renaissance du carnaval sous sa forme moderne de corso est alors conçue comme le lancement d'un produit de divertissement destiné à relancer la saison touristique d’hiver qui s’était essoufflée, mais aussi comme un support publicitaire privilégié chargé d’attirer la clientèle de la saison d’hiver. Bien que conçu comme la grande attraction de la saison d’hiver destinée à divertir les riches hivernants, à cette époque le carnaval garde encore

malgré tout un caractère populaire. Sa représentation évolue au fil du temps, du personnage gargantuesque malicieux et fêtard, habillé en tenue de paysan ou de pêcheur, vers celle d’un Roi-Soleil majestueux donnant une image « d’éclat et de lumière » plus flatteuse pour la ville et pour ses qualités « touristiques » (Sidro, 1979), tout en gardant