Chapitre 4 : Simulation d’impacts sur un merlon de protection pare-blocs
IV. Simulations d’impact sur structure de protection
IV.1. Mise en place du modèle
IV.1.1. Construction du modèle
Géométrie
L’ouvrage a une largeur de 8 m et est impacté au centre du parement. Les déplacements
engendrés aux bords de l’ouvrage restent limités, et les déformations restent
concentrées dans le voisinage de l’impact. Pour s’affranchir du problème de la
représentativité des conditions limites, la totalité du merlon prototype REMPARe a été
modélisée.
Paramètres macroscopiques E (MPa) 30 ν (-) 0,3 ρ remblai (kg/m3) 1800Chapitre 4 : Simulation d’impacts sur un merlon de protection pare-blocs
Le parement et le noyau sont traités par la méthode aux éléments discrets (PFC
3D) alors
que le remblai aval est lui abordé essentiellement par une approche continue (FLAC
3D).
Pour construire le modèle géométrique de la partie discrète, le caractère cellulaire de
l’ouvrage a été conservé. A partir d’une cellule de référence, définie par une forme de
particule, une granulométrie et un état de compacité donnés, le parement et le noyau
sont construits par duplication de la cellule élémentaire. La méthode de construction
ainsi élaborée présente un avantage double : elle permet de générer un grand nombre
d’éléments à moindre coût, tout en assurant la présence d’une interface naturelle entre
les cellules ce qui représente une certaine réalité physique.
Le parement et le noyau sont composés de 32 cellules (8 suivant la largeur et 4 suivant
la hauteur) d’un mètre cube chacune. Les deux configurations lâche et dense du
squelette utilisées lors de la caractérisation des cellules de gabions « pierre » et « sable
+ pneu » ont également été testées à l’échelle de l’ouvrage.
A l’arrière des couches cellulaires, une partie du remblai technique aval est modélisée
par une couche d’éléments discrets sphériques pour assurer le transfert vers la partie
continue via une méthode de couplage discret-continu.
L’impactant en béton avec une coque acier est supposé très raide devant le matériau
impacté si bien qu’il sera modélisé par une sphère indéformable de diamètre
d
I= 1,60 m et de masse m
I= 6500 kg. Les paramètres d’interaction sont pour la sphère
représentant l’impactant : des raideurs normale k
net tangentielle k
sde k
n= k
s= 10
8N/m
et un coefficient de frottement c
f= 0,1.
1 m 1 m 4 m 8 m Parement Noyau Remblai Cellule élémentaire 1,85 m 7 m 8 m 4 m x y z (a) (b) Figure 4-31 : Modèle d’ouvrage constitué de deux domaines, l’un discret (a) l’autreChapitre 4 : Simulation d’impacts sur un merlon de protection pare-blocs
Comportement des matériaux
Le comportement mécanique des différents matériaux mis en place dans l’ouvrage
d’étude (gabions « pierres » et « sable + pneu », remblai) a déjà été largement abordé
dans les sections précédentes traitant du choix et de la calibration des modèles de
matériaux. Une synthèse des différentes propriétés des modèles est cependant proposée
Tableau 4-9.
Aussi, un faible amortissement numérique λ
a= 0,01 (amortissement local) a été ajouté
dans les domaines discret et continu afin de dissiper une partie de l’énergie et éviter que
les vibrations soient piégées indéfiniment.
Gabion « Pierre » Gabion « Sable +Pneu » Remblai
Paramètres
micro-mécaniques Squelette Dense
Squelette
Lâche
Squelette
Dense
Squelette
Lâche
Squelette
Dense
Remplissage Remplissage Remplissage
k
n/R (MPa)
62 112 59 100 321α (-)
0,3 0,3 0,3 0,3 0,1c
f(-)
0,5 0,9 0,4 0,7 -ρ(kg/m
3)
2650 2900 2650 2900 2965Grillage Grillage
R
inter(m)
0,5 .Rmoy 0,74 .Rmoy 0,5 .Rmoy 0,74 .Rmoy -k
t(N/m
2)
106 106 106 106 -c_K
td(-)
5 5 5 5 -Tableau 4-9 : Récapitulatif des paramètres micromécaniques des différents modèles discrets calibrés.
Conditions aux limites
Au niveau de la base de la structure, les déplacements sont fixés horizontalement et
verticalement dans la partie continue. Dans le domaine discret une plaque rigide est
placée à la base en prenant en compte un coefficient de frottement non nul pour limiter
les déplacements horizontaux par glissement.
Les faces latérales de l’ouvrage sont verticales et laissées libres, ce qui représente une
condition fidèle pour la partie cellulaire, mais revient à négliger l’influence des talus
latéraux sur les flans du remblai.
Interfaces entre cellules
Lors de la duplication des cellules élémentaires, les cellules de gabions sont juxtaposées
les unes à côté des autres. Une loi d’interface est introduite entre les différentes cellules
pour représenter l’effet des liaisons entre cellules d’un même gabion ou entre deux
gabions contigus. Elle est définie par une loi de traction qui est ajoutée au niveau des
contacts mettant en œuvre des particules de cellules différentes de rayon R. Le
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Elle est caractérisée par un module de traction E
tiet une résistance de traction R
ti. La
raideur de traction K
tides contacts est définie telle que :
R
E
K
ti=
ti× (4-9)
Au niveau des interfaces, les raideurs de traction K
tisont calibrées à partir de la raideur
apparente k
grillaged’une nappe de grillage [Figure 4-10] et ramenées à l’échelle d’un
contact via le nombre de contacts par unité de surface et le nombre de particules par
unité de volume.
Par ailleurs, la résistance en traction entre deux cellules de gabion contigües a été
estimée à R
grillages= 120 kN, en considérant qu’elles sont reliées par quatre nappes de
grillage d’un mètre de largeur ou bien par dix agrafes sur chaque arrête.
Kn
Fn
Un
Kti
Rupture
ductile Rupture fragile
Compression
Traction
Kn
Rti
Kti
Figure 4-32 : Représentation schématique des lois de traction implémentées pour la modélisation des interfaces entre les différentes cellules de gabion.
Les résistances de traction R
tiau niveau des contacts des interfaces sont déterminées à
partir de la résistance macroscopique R
grillages, et en fonction du nombre de contacts
présents au niveau des interfaces.
L’ouverture d’une agrafe correspond à une rupture qualifiée de ductile tandis que la
rupture du grillage dans les essais de traction a mis en évidence un caractère plutôt
fragile de la rupture des nappes grillagées. Dans un premier temps, les calculs ont été
menés en faisant l’hypothèse que le contact était perdu au niveau des interfaces lorsque
l’effort de traction R
tiétait atteint (rupture fragile) [Figure 4-32].
Méthodes de couplage
Les deux approches couplées avec et sans recouvrement ont été abordées parallèlement.
La frontière entre les deux domaines est localisée dans la partie remblai de l’ouvrage en
x = -2,15 m pour l’approche sans recouvrement. Nous rappelons que la position x = 0 m
correspond à la position de la face impactée du parement. Pour la méthode avec
recouvrement, la zone de superposition est localisée sur deux zones continues entre
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IV.1.2. Mise sous poids propre
Une fois la géométrie et l’ensemble des paramètres mécaniques définis, la première
étape de calcul repose sur la mise en équilibre statique de l’ouvrage sous son poids
propre. Les domaines discret et continu sont en premier lieu traités séparément. Au
niveau de la frontière entre les deux approches, les déplacements sont bloqués suivant
la direction x.
Dans un second temps, les déplacements sont libérés au niveau de la zone de jonction,
et les nœuds continus et éléments discrets de la frontière sont reliés par des relations de
couplage garantissant la continuité cinématique entre les deux approches. Un nouveau
cycle de calcul est alors conduit pour atteindre l’état d’équilibre statique final
[Figure 4-33]. Les forces de contact de compression dans le parement et le noyau ainsi
que les contraintes verticales dans le remblai sont données Figure 4-34.
Figure 4-33 : Déformée du parement après application du poids propre de l’ouvrage et silhouette initiale de l’assemblage de cellules (en pointillés).
Contraintes σzz(Pa)
(a) (b) Figure 4-34 : Forces de contact (en compression) dans le parement et noyau (a) et
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IV.1.3. Représentation de la procédure de largage
La sphère a été positionnée en limite de contact avec le parement et son vecteur vitesse
initialisé juste avant impact. Les composantes de sa vitesse sont expérimentalement
assez bien définies grâce à l’enregistrement vidéo par caméra rapide [Tableau 4-2].
Pour reproduire fidèlement le mécanisme de guidage de l’impactant, il serait nécessaire
de représenter l’ensemble des éléments le constituant (câble porteur, poulie, élingue et
impactant). Cependant, ce système ne correspondant pas à la réalité d’une chute et d’un
impact de bloc rocheux, et il n’a pas été jugé opportun de développer davantage le
modèle pour simuler la procédure de « largage ».
Par conséquent un certain nombre d’hypothèses simplificatrices ont été avancées. Tout
d’abord la trajectoire du bloc est imposée suivant la direction de son vecteur vitesse
juste avant impact. Dans ce but, la vitesse horizontale est laissée libre tandis que celle
verticale est corrigée à chaque pas de calcul. Cette correction peut alors être vue comme
l’effet de l’attache sur l’impactant.
La seconde approximation consiste à prendre en compte la force motrice exercée par la
poulie lorsque cette dernière dépasse l’impactant. Cette force qui évolue
dynamiquement avec la position entre le bloc et la poulie est difficilement quantifiable.
Un effort horizontal T
H= 25 kN appliqué au centre d’inertie de l’impactant a été retenu
sur la base de la valeur obtenue à l’équilibre sous poids propre et estimée à partir de
considérations géométriques [Figure 4-35 b].
Δ H ≈ 5, 2 m Trajectoire imposée Câble porteur Poids Tension T Δl ≈2 m Poulie TH (a) (b) Figure 4-35 : Photographie du système de largage après impact (a). Schéma de principe