Chapitre 1 : Etat de l’art : impact sur géomatériaux. Cas des ouvrages de
III. Impact sur géomatériaux
III.2. Essais d’impact sur géomatériaux
(
)
(
)
(t + v t +k u t =
a
m
I Iη
sol I sol I(1-13)
Où a
I(t)
,v
I(t)
,u
I(t)et m
Isont respectivement l’accélération, la vitesse, le déplacement, et
la masse du bloc. k
solet η
solétant la raideur et l’amortissement visqueux du sol.
Les méthodes proposées ont pour mérite d’être faciles à mettre en place et applicables à
des problèmes d’ingénierie. Cependant, si la contrainte maximale semble pouvoir être
estimée avec cette approche, à condition de caractériser correctement la raideur du
matériau, le calcul de la pénétration par des considérations statiques semble pouvoir
engendrer des écarts importants.
III.2. Essais d’impact sur géomatériaux
III.2.1. Essais en vraie grandeur
Travaux de Pichler et al.
Pichler [Pichler et al. 2005] étudie les dispositifs de protection de conduites par
enfouissement dans le sol. La couche de matériau protectrice a pour fonction d’absorber
une part de l’énergie et de diffuser les efforts engendrés par l’impact.
Les essais expérimentaux mettent en œuvre des lâchers de blocs rocheux sur un matelas
de 2 m d’épaisseur constitué d’un matériau granulaire de type gravier, en l’absence de
conduite. Les impactants de 4000 à 18000 kg sont de forme cubique, et impactent le sol
après une chute verticale pouvant atteindre 20 m [Figure 1-22].
La pénétration et la force d’impact peuvent être évaluées par la mesure
accélérométrique de l’impactant et l’enregistrement vidéo de l’essai.
Chapitre 1 : Etat de l’art : impact sur géomatériaux. Cas des ouvrages de
protection
Figure 1-22 : Image du dispositif de lâcher de blocs rocheux en granite depuis une grue.
A partir d’un modèle analytique, reposant sur une analyse adimensionnelle de l’impact
d’un projectile conique sur un sol, Pichler [Pichler et al. 2005] exprime la pénétration e
Ide l’impactant en fonction de sa masse m
I, sa vitesse V
I, sa forme, sa taille
caractéristique d
Iainsi que la résistance à l’indentation R
soldu matériau impacté
[éq. (1-14)].
385
,
2
1
263
,
2
* *I
I
e
I+
= avec
3 2 * Id
R
V
m
I
sol I I= (1-14)
Les résultats d’essais ont permis d’estimer, par analyse inverse, la valeur de la
résistance à l’indentation R
solde la couche de gravier, difficilement estimable par des
essais simples.
A partir des hypothèses fortes sur l’allure de la décélération du bloc (forme de la
fonction sinus) lors de la pénétration dans le remblai, la durée d’impact Δt [éq. (1-15)]
et la force d’impact maximale F
I[éq. (1-16) et (1-15)] peuvent être estimées facilement.
I I
V
e
t = 2
Δ (1-15)
I I Ie
E
F = 2 (1-16)
L’ensemble des grandeurs d’impact (force, durée et pénétration durant l’impact) a pu
alors être exprimé, sous forme d’abaques, en fonction de la résistance à l’indentation
R
sol, estimée expérimentalement.
Dans un second temps, la présence d’une conduite en acier, placée sous un mètre de
matériau granulaire, a été prise en compte [Pichler et al. 2006]. Au cours de l’essai, la
déformée de la conduite et les contraintes dans l’acier sont estimées au moyen de
jauges de déformations.
Parallèlement, l’effet de l’impact sur le pipeline est évalué via un modèle numérique
3D aux éléments finis mené en quasi statique [Figure 1-23]. L’impact n’est pas
directement simulé mais appliqué au modèle sous forme d’efforts calculés par
l’approche analytique.
Chapitre 1 : Etat de l’art : impact sur géomatériaux. Cas des ouvrages de
protection
Figure 1-23 : Modèle éléments finis utilisé pour la modélisation de l’expérimentation avec la présence d’une conduite sous le sol impacté [Pichler et al. 2006].
Dans ce modèle, le matériau granulaire est représenté par un modèle élasto-plastique du
type Cap-Model, dans lequel la limite d’élasticité du matériau peut être atteinte par
rupture en cisaillement et en traction ou par durcissement du matériau en compaction.
Le modèle a été validé en comparant les contraintes obtenues numériquement à celles
issues des mesures expérimentales, et a permis de prouver l’efficacité de la couche
granulaire pour dissiper et diffuser des énergies allant jusqu’à 3500 kJ. Au-delà, un
matelas fortement déstructuré par l’impact ne resterait pas suffisamment raide pour
permettre de redistribuer la charge.
Travaux de Calvetti et al.
Calvetti [Calvetti et al. 2005] a mis en place un dispositif d’expérimentation permettant
de réaliser des lâchers de blocs de 850 kg jusqu’à 20 m de hauteur (soit une énergie
maximale de 200 kJ), sur un matelas granulaire de 2 m d’épaisseur, reposant sur une
dalle rigide [Figure 1-24 a].
Les essais instrumentés (accéléromètre dans l’impactant, capteurs de force au niveau de
la dalle) ont été simulés au moyen d’un code aux éléments discrets en trois dimensions
(PFC
3D, Itasca) [Figure 1-24 b]. La forme des grains est sphérique, et la loi de contact
entre les éléments est donnée par des raideurs élastiques normale et tangentielle et un
frottement Coulombien. La rotation des particules est bloquée pour simuler des angles
de frottement importants dans le milieu granulaire. L’auteur fournit des éléments pour
déterminer les paramètres micro-mécaniques en fonction des caractéristiques
macro-mécaniques du sol. Une des particularités du modèle réside en la prise en compte d’un
module d’Young évolutif avec la contrainte effective verticale. Le modèle a permis de
reproduire, au moins qualitativement, les forces d’impact et les efforts transmis mesurés
expérimentalement. Il est regrettable toutefois que les résultats numériques présentés ne
traitent que des efforts et non de la pénétration de l’impactant.
Chapitre 1 : Etat de l’art : impact sur géomatériaux. Cas des ouvrages de
protection
(a) (b)
Figure 1-24 : Modèles (a) physique et (b) numérique de l’impact d’une sphère sur un matériau granulaire, d’après [Calvetti et al. 2005].
(a) (b)
Figure 1-25 : Influence de l’énergie d’impact sur la force d’impact pour différentes combinaisons de masses et de hauteurs de chute [Calvetti et al. 2005].
(a) (b)
Figure 1-26 : Forces d’impact pour de grandes vitesses d’impact (a) ou de faibles épaisseurs de remblais (b). Réponses marquant l’apparition de réflexions d’ondes de
Chapitre 1 : Etat de l’art : impact sur géomatériaux. Cas des ouvrages de
protection
Une extension des modélisations vers de plus grandes énergies, a permis de dégager des
tendances du comportement d’impact sur milieux granulaires reposant sur un support
rigide :
- Le pic de la force d’impact peut être directement corrélé à l’énergie d’impact,
indépendamment de la vitesse et de la masse de l’impactant [Figure 1-25].
- Mise en évidence du phénomène de réflexion des ondes de compression pour
des fortes vitesses, ou faibles épaisseurs de remblais [Figure 1-26].
III.2.2. Essais à l’échelle du laboratoire
Essais d’impact de l’EPFL
Déjà présentés succinctement, les essais d’impact réalisés sur des couches de matériau
granulaire reposant sur un support quasi-rigide [Labiouse et al. 1994] [Montani 1998],
représentent une base de données intéressante pour le développement et le calage de
modèles numériques notamment. Nous présentons ici, les modèles numériques élaborés
plus que les résultats de simulation étant donné que les grandeurs mesurées peuvent être
fortement influencées par le support rigide pour de faibles épaisseurs de matériau
granulaire.
Un des premiers modèles de ce banc d’essais, a été mené par Calvetti [Calvetti 1998],
en recourant à une approche discrète en 2D (code UDEC) pour modéliser les grands
déplacements et réarrangement granulaire, engendrant de la dissipation d’énergie lors
de l’impact. L’utilisation d’un code dynamique discret favorise la simulation du contact
entre l’impactant et le géomatériau. La couche de sol est modélisée par des grains
polyédriques en interaction les uns avec les autres. La loi de contact est de type linéaire
élastique avec frottement Coulombien, et les paramètres micromécaniques sont calés à
partir des essais d’impact.
Di Prisco et Vecchiotti [Di Prisco et Vecchiotti 2006] s’intéressent eux, au
développement d’une loi de comportement permettant la prise en compte des
phénomènes mécaniques complexes lors d’un impact. Le modèle de comportement peut
être schématiquement représenté par l’association d’un ressort élastique, d’un
amortisseur visqueux, d’un palier de glissement plastique et viscoplastique et d’une
masse [Figure 1-27]. Le ressort élastique et l’amortisseur visqueux représentent alors la
réponse mécanique de la couche la plus lointaine du matériau granulaire, l’amortisseur
permettant de modéliser l’énergie dissipée par radiation des ondes élastiques à travers
un espace élastique semi-infini. Le palier de glissement viscoplastique simule la
pénétration du bloc par poinçonnement ou par rupture globale tandis que le palier de
glissement plastique simule un éventuel glissement superficiel.
La loi de comportement est implémentée dans un code aux différences finies en 2D. La
plupart des paramètres sont estimés à partir des données géotechniques des matériaux
en place, seul un paramètre est calé à partir d’un essai d’impact. La comparaison des
résultats, obtenus par cette approche, avec ceux issus de l’expérimentation
[Labiouse et al 1994] semble assez prometteuse.
Chapitre 1 : Etat de l’art : impact sur géomatériaux. Cas des ouvrages de
protection
Figure 1-27 : Représentation schématique du modèle élasto-visco-plastique pour l’étude d’impact sur milieux granulaires [Di Prisco et Vecchiotti 2006].