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Chapitre I : Etat de l’art sur l’influence de la machine et des

2. Présentation de la méthodologie et illustration sur un cas d’étude

2.2 Mise en équation du modèle Billette-Interface-Machine (BIM)

2.2.1 Méthode

Dans cette partie est abordée la méthode d’implémentation sous MATLAB SIMULINK® du modèle considérant le comportement du système {machine + outillages}. La mise en équation du modèle dans un cas général est traitée, puis la méthode de résolution numérique des équations est présentée.

Le modèle représentant l’opération de refoulement d’un lopin sur une machine pilotée en énergie est illustré en Figure II-5. Le comportement de la machine et des outillages est modélisé par un système constitué de m masses, de m-1 ressorts et de m-1 amortisseurs. Le développement du modèle s’appuie sur la mesure de grandeurs expérimentales et non sur la conception de la machine. Ainsi, c’est le comportement du système {machine + outillages} qui est modélisé et non pas la machine à proprement parlé. Ce modèle de l’ensemble {machine + outillages + lopin} peut être décomposé en 3 sous-modèles : la partie mobile du sous ensemble {machine + outillages}, le lopin et la partie fixe du sous ensemble {machine + outillages}. Il est supposé connu à t=0 les vitesses de chacune des masses v0i et les déplacements initiaux sont

fixés à 0.

Figure II-5 Modèle général BIM pour une machine pilotée en énergie

L’application du principe fondamental de la dynamique sur chacune des masses, permet d’obtenir les équations dynamiques du système. Elles sont présentées sous forme matricielle en équation (II-2).

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𝑀. 𝑋̈ + 𝐶. 𝑋̇ + 𝐾. 𝑋 = 𝐹𝑎 (II-2)

avec X le vecteur des déplacements de chacune des masses et M, C, K et Fa définis tels que

dans l’Annexe 1 : M est la matrice d’inertie, C la matrice d’amortissement, K la matrice de rigidité et Fa le vecteur d’action sur les masses. L’effort F appliqué par le lopin sur les masses

mn et mn+1 est une fonction du déplacement de ces masses directement en contact avec le lopin

(Xn et Xn+1) et est défini tel que dans l’équation (II-3)

𝐹 = 𝛾(𝑋𝑛, 𝑋𝑛+1). 𝐹𝐿(𝑋𝑛, 𝑋𝑛+1) (II-3)

Avec FL l’effort de forgeage calculé selon les méthodes qui seront présentées en détail en

chapitre III, considérant le comportement du lopin et de l’interface, et  le coefficient de contact défini tel que dans l’équation (II-4).

𝑆𝑖, 𝑋𝑛− 𝑋𝑛+1= min(𝑋𝑛 − 𝑋𝑛+1) , 𝑎𝑙𝑜𝑟𝑠 𝛾 = 1 𝑆𝑖𝑛𝑜𝑛, 𝛾 = 0

(II-4)

Le coefficient  permet de prendre en compte les phases de perte de contact, dues aux vibrations, et durant lesquelles le lopin n’exerce pas d’action sur les masses mn et mn+1. Selon

la machine considérée, une force extérieure FP peut être appliquée sur m1 pour accélérer la

partie mobile. Cette force, quand elle existe, sera toujours considérée constante dans cette étude, la phase transitoire où cette force pourrait évoluer est supposée terminée à l’instant de l’impact.

On présente ici le modèle générique, cependant, selon la machine étudiée, le modèle peut être différent. Son nombre de degré de liberté correspondant au nombre de masses du modèle est adapté en fonction de l’analyse spectrale du signal d’effort. Ainsi, la méthode de mise en équation du modèle nécessite une certaine agilité pour s’adapter aux différents cas. Pour cette raison, le modèle est implémenté sous MATLAB SIMULINK® à l’aide de la librairie Simscape Mechanical Models et d’autres composants des librairies standards de SIMULINK®. Cette approche permet de créer le modèle par la construction d’un réseau physique, les équations régissant le comportement du système sont alors obtenues en conséquence des blocs utilisés et des liens entre les différents éléments. La construction graphique du modèle, focalise le travail sur l’architecture du système. Ce qui permet d’automatiquement générer les équations mathématiques liées à la physique du problème et réaliser la mise en équations matricielles du modèle. Par ailleurs, la flexibilité de la méthode d’implémentation permet la modification du modèle, pour s’adapter à chaque machine.

SIMULINK® propose plusieurs méthodes pour résoudre les équations du modèle, la méthode utilisée est sélectionnée selon le raisonnement qui suit. En premier lieu, les équations différentielles du modèle sont couplées. Pour un modèle avec un degré de liberté supérieur à deux, les équations ne peuvent plus être résolues systématiquement de manière analytique, ainsi la résolution numérique des équations est indispensable. Afin de fournir une méthode de résolution universelle, les équations du modèle sont résolues numériquement, quel que soit le nombre de degré de liberté.

Il est donc nécessaire de faire un choix sur le type de solveur à utiliser. La considération des pertes de contact entre les masses et le lopin conduit à des discontinuités du signal d’effort, avec des passages instantanés de l’effort à zéro (cf. équation (II-3)). Dans ces conditions, il est conseillé d’utiliser un solveur à pas fixe (Mathworks 2020 : chap. Choose a Solver) : la méthode ODE8 implémentée sous MATLAB® est alors choisie. Cette méthode numérique correspond

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à la méthode de Dormand-Prince d’ordre 8, c’est la méthode à pas fixe d’ordre le plus élevé disponible sous MATLAB® qui fournit ainsi, à pas de calcul égal, les résultats de simulation les plus justes (Mathworks 2020 : chap. Fixed Step Solvers in Simulink).

L’expression de l’effort F permet au modèle de considérer le comportement de la billette et les phénomènes de frottement à l’interface, tandis que le système masse-ressort-amortisseur modélise le comportement de la machine et des outillages. Par la suite, le modèle sera appelé modèle BIM (Billette-Interface-Machine).

2.2.2 Mise en œuvre

2.2.2.1 Définition du modèle BIM

La machine de forgeage étudiée est un marteau pilon simple-effet. Le piston de la machine ne travaille pas durant l’accélération de la masse, sa fonction est limitée à la remontée du marteau. Un schéma annoté de la machine est présenté en Figure II-6 a).

L’ensemble {piston + masse-tombante + outil supérieur} est la partie mobile de la machine. Cet ensemble est modélisé par la masse m dans le modèle du comportement de la machine en Figure II-6 b). Le modèle est applicable durant la frappe, il ne considère pas la phase d’accélération de la masse. Ainsi, au début du forgeage, la vitesse d’impact v0 est attribuée à la

masse m, elle est ensuite repérée par rapport à sa position initiale selon X. Durant la mise en forme, la masse est supposée uniquement soumise à l’effort F appliqué par le lopin, qui décélère la masse jusqu’à la fin du forgeage. Le poids de la masse est alors négligé. Entre-temps, par réaction, le lopin applique une force sur l’outil inférieur qui transmet cet effort au bâti de la machine. Cet effort cause des déformations élastiques dans la structure, la position de référence de la partie inférieure du lopin n’est alors pas la même durant la déformation. Le comportement de l’outil, de la table et du bâti est modélisé par un ressort et un amortisseur visqueux. Le ressort traduit la capacité de ces différents éléments à se déformer élastiquement du fait de l’effort appliqué par le lopin. Par ailleurs, l’amortisseur traduit la propriété de la structure à dissiper l’énergie introduite en frottement visqueux. Le déplacement de la partie inférieure du lopin à l’interface avec le modèle décrivant le comportement de la machine est repéré par XFixed. Le

modèle ne comporte qu’une seule masse et satisfait donc la condition d’un degré de liberté imposée par l’analyse spectrale.

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Figure II-6 a) Schéma annoté du pilon simple-effet avec système de remontée par piston b) Modèle mécanique associé au pilon simple-effet

L’application du principe fondamental de la dynamique à la masse m permet d’obtenir l’équation dynamique du modèle comme présenté en équation (II-5). Par ailleurs, le ressort k et l’amortisseur c sont en parallèle et constituent un système de Kelvin-Voigt en série avec le lopin, ce qui conduit à l’égalité de l’équation (II-6).

𝑚. 𝑋̈ = 𝐹 (II-5)

𝐹 = −𝑘. 𝑋𝐹𝑖𝑥𝑒𝑑− 𝑐. 𝑋̇𝐹𝑖𝑥𝑒𝑑 (II-6)

avec X le déplacement de la masse, XFixed le déplacement du point supérieur du ressort k par

rapport à leurs positions respectives à t=0. 2.2.2.2 Expression des efforts de forgeage

L’effort imposé par le lopin est obtenu grâce à la méthode des tranches pour un lopin cylindrique (Lange 1985). Cette méthode permet de calculer analytiquement les efforts de forgeage en considérant la rhéologie du matériau et les phénomènes de friction à l’interface outils-lopin grâce au modèle de Coulomb. La méthode fait l’hypothèse que le lopin conserve sa géométrie cylindrique lors de la déformation, afin de fournir l’expression de l’effort de forgeage telle que présentée en équation (II-7).

𝐹 =𝜋. 𝑟𝑒. ℎ µ 𝜎0(

𝑒𝐴− 1

𝐴 − 1)

(II-7)

avec re le rayon courant du lopin, h la hauteur courante du lopin, µ le coefficient de

frottement de Coulomb (cf. section 0), 0 la contrainte d’écoulement du matériau et A=2.µ.re/h.

Le chapitre III reviendra sur la démarche permettant d’obtenir l’expression de l’équation (II-7).

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A partir de la mesure expérimentale de la contrainte normale et de la contrainte tangentielle, il est possible de calculer le coefficient de frottement µ selon la loi de Coulomb. La Figure II-7 montre le coefficient de frottement en fonction du déplacement de la masse tombante.

Figure II-7 Coefficient de frottement en fonction du déplacement de la masse tombante durant la frappe sur le lopin A (Yoneyama et al. 2018)

Le coefficient de frottement évolue durant la frappe. Dans notre étude, ce coefficient sera approximé par la valeur moyenne de µ pendant la mise en forme. L’intégrale de µ sur l’intervalle de déplacement de 0 à 71,7 mm est évaluée numériquement grâce à la méthode des trapèzes. Une valeur moyenne égale à 0,2 est alors obtenue.

Estimation de la contrainte d’écoulement

La contrainte d’écoulement est modélisée par la loi de Voce (Voce 1948). Elle traduit la propriété saturante de la contrainte d’écoulement qui croit avec l’augmentation de la déformation jusqu’à devenir constante du fait des phénomènes de restauration et d’annihilation des dislocations dans le matériau (Venet et al. 2019). La contrainte d’écoulement s’exprime avec la loi de Voce telle que dans l’équation (II-8).

𝜎0 = 𝜎𝑆𝑎𝑡. (1 − 𝑒−𝑏.𝜀) (II-8)

avec 0 la contrainte d’écoulement, Sat la contrainte à saturation, b le coefficient

d’écrouissage et  la déformation réelle. Les coefficients choisis pour représenter le comportement rhéologique du matériau sont présentés dans le Tableau II-1.

Tableau II-1 Coefficient de la loi de Voce pour le lopin en acier

Sat (MPa) 70

b 14

La loi de Voce est choisie pour décrire le comportement du matériau car elle est définie pour toute déformation, =0 compris, de plus elle est suffisamment prédictive pour expliquer les phénomènes d’écrouissage en début de forgeage dans le cadre de notre étude.

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2.3 Identification des paramètres du modèle du comportement de la machine et