2.3 Intégration des capteurs de pression sur le gant
2.3.1 Mise en œuvre des capteurs FSR
Les capteurs FSR ont déjà fait l’objet de plusieurs études de
caractérisation. Burdea [Burdea 96] montre qu’ils sont sensibles à
rigide et plane est préférable. Dans le cas de notre application, la surface d’appui n’est ni
rigide, ni plane. L’influence de ces paramètres doit donc être étudiée.
Nous avons réalisé une étude expérimentale sur la réponse des FSR par rapport à la
compliance du contact. Pour un même capteur FSR nous avons effectué plusieurs séries
d’essais en utilisant des contacts différents (cf. Tableau 2.5). Des masses sont appliquées
successivement par charges croissantes directement sur la surface active du capteur. La
réponse du signal de sortie du capteur a été comparée pour les différents supports utilisés.
La Figure 2.12 montre l’influence du matériau du support sur la réponse du capteur.
Tableau 2.5:Propriétés des matériaux testés comme support.
Matériau E [MPa] Dureté Shore
Acier XC38 206 000
-Aluminium 69 000
-Téflon 400 55D
PVC 0,16 85A
Silicone 0,4 70A
Figure 2.12:Réponse du capteur en fonction du support
Sans avoir pu établir une relation, nous avons constaté que la réponse du capteur varie
avec le module d’Young ou la dureté Shore des matériaux élastiques.
Pour s’affranchir de cette variation, Fernandes [Fernandes 03] insère le capteur entre
deux fines plaques métalliques ; de même pour Castro [Castro 97] qui utilise des disques
rigides de 1 mm d’épaisseur. D’autres auteurs [Vecchi 00] cherchent à créer un capteur qui
réponde à la force plutôt qu’à la pression en insérant le capteur entre un dôme et un disque
en époxy pour diriger toute la force appliquée sur la surface active.
Dans les études citées ci dessus, le capteur est utilisé pour connaître la force développée
par la main humaine lors de la préhension d’objets. Le contact se fait donc entre entre une
surface rigide (l’objet) et des tissus humains (la main). De plus, ces méthodes ne sont pas
utilisables dans notre cas, car les deux surfaces de contact (la main du kinésithérapeute
et le corps du nourrisson) ne sont pas rigides et l’addition de support rigide sur les deux
surfaces du FSR blesserait indéniablement le nourrisson lors du geste d’AFE.
Nous avons alors testé plusieurs configurations de fixation de FSR sur le gant afin
d’obtenir un réponse d’amplitude exploitable et reproductible : en insérant le capteur entre
deux couches de supports souples, ou en le noyant dans un gel en silicone comme réalisé
par Beebe [Beebe 95], [Beebe 98] (cf. Figure 2.13).
Figure 2.13:1) Les deux supports de PVC sont collés avec un adhésif silicone souple Loctite
Silicomet AS 310. 2) deux gels ont été testés : le Loctite Silicomet AS 310 et le
Pattex Hot Sticks.
Dans le premier cas, la réponse du capteur est modifiée car les plaques de PVC gardent
une courbure trop importante sur le bord cubital de la main, induisant une
précon-trainte élevée sur le capteur. Ce phénomène avait déjà été observé par Fergusson-Pell
[Fergusson-Pell 00]. De plus, le kinésithérapeute a une perte de sensation tactile pendant
l’exécution du geste.
Dans le deuxième cas, la réponse du capteur est trop faible (Figure 2.14) pour être
exploitable. Par ailleurs, il est difficile de réaliser une couche de gel d’épaisseur uniforme
et identique pour chaque capteur.
Figure 2.14: Réponse du capteur après intégration dans un gel silicone.
Nous avons donc décidé de fixer les capteurs uniquement à l’aide d’un collage sur le
tissu en coton. Plusieurs types de collage ont été testés :
• Les colles cyanoacrylates (du type cyanolit
®) sont à proscrire car elles durcissent et
provoquent une rigidité au niveau du capteur, ce qui le casse lors de son utilisation
et pourrait blesser le patient.
• Des films adhésifs double face de 3M
®[3M 00] ont été testés. Ils sont fins (entre
0,005 et 0,13 mm) et faciles à mettre en œuvre. Cependant, la fixation à long terme
sur le coton n’est pas convenable.
• Les colles contacts à base de Néoprene (Pattex
®) permettent une excellente tenue
sur les deux matériaux (couche polymère du capteur et coton). Elles existent sous
forme liquide mais leur mise en œuvre reste difficile à effectuer car il faut appliquer
une couche uniforme d’épaisseur fine et constante.
• Un adhésif Polyuréthane applicable sous forme d’aérosol (3M Scotch-weld
®) permet
de réaliser un collage uniforme et précis avec une excellente tenue mécanique. Nous
avons retenu cette solution. En outre, nous avons vérifié que le collage ne modifie pas
la réponse des capteurs.
Les positions des capteurs sur les gants ont été choisies de telle sorte que les niveaux
des pressions caractéristiques du geste puissent être mesurées au mieux pendant la séance
de soins.
Pour connaître la surface d’application des pressions des mains du kinésithérapeute
sur le torse du nourrisson pendant l’exécution du geste, nous avons mesuré la surface
de contact de la main thoracique sur le thorax du bébé et la surface de contact de la
main abdominale sur l’abdomen. Lors d’une séance habituelle de kinésithérapie respiratoire
concernant une patiente représentative de la moyenne des nourrissons pris en charge au
cabinet de kinésithérapie, les mains du praticien ont été encrées. Une feuille de tissu ayant
été placée sur le torse du nourrisson, les surfaces de contact ont été imprimées sur la feuille.
La méthode de calcul des surfaces de contact est présentée en annexe (Annexe A). Les
surfaces de contact sont de 83,8 et 81,6 cm
2respectivement pour la main abdominale et la
main thoracique.
Les capteurs ont été collés sur les gants à des positions judicieusement déterminées sur
les zones de pression des mains (Figure 2.15) déterminées précédemment, et en accord avec
le kinésithérapeute référent, d’après l’observation de la pratique.
Figure 2.15:Zones de pression sur les mains du praticien.
Par conséquent, les positions des capteurs sont différentes et adaptées pour les deux
gants instrumentés. Neuf FSR sont placés sur la partie cubitale de la main pour le « gant
thoracique », et six sont répartis uniformément sur la paume de la main pour le « gant
abdominal »(cf. Figure 2.16). Nous avons cherché a éviter au mieux les « points durs » des
mains pour avoir une bonne reproductibilité entre les différentes zones servant de support
aux capteurs.
La courbure de la main n’est pas non plus un facteur qui influe significativement sur la
mesure des pressions. En effet, les capteurs FSR mesurent la pression c’est à dire en tenant
compte de la surface active la composante normale de la force (rapportée sur la surface)
à la surface de contact, or un angle d’environ 6 ° avec la normale (cf. paragraphe 2.2.2)
n’induit pas une erreur significative sur la mesure de la valeur réelle de la force.
Figure 2.16:Intégration des capteurs FSR sur les gants. En pointillé : les zones de pression
définies auparavant.
2.3.2 Conditionnement des capteurs FSR
Dans le document
Conception d'un simulateur pour l'apprentissage du geste de kinésithérapie respiratoire
(Page 59-63)