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Mesure de la vitesse de chute des particules individuelles ` a partir du suivi de leurs

5. Mesures de la vitesse de chute des particules en suspension

5.2. Mesures de vitesses de chute hors turbulence

5.2.1. Mesure de la vitesse de chute des particules individuelles ` a partir du suivi de leurs

5.2.1.a. Colonnes ´equip´ees de syst`emes vid´eo

La fa¸con la plus directe de mesurer la vitesse de chute d’une particule est de suivre sa position au

cours du temps lorsqu’elle a atteint sa vitesse de chute en r´egime permanent dans un fluide au repos.

Diff´erents instruments ont ´et´e d´evelopp´es pour r´ealiser une telle mesure. Les plus classiques sont

form´es d’une colonne ou d’une chambre de s´edimentation, au bas de laquelle se trouve une cam´era

`

a haute r´esolution qui filme le mouvement des particules [Van Leussen

&

Cornelisse, 1996]. Une

contrainte majeure de ce type de syst`eme est qu’il ne faut pas que les particules se superposent dans le

champ de vision de la cam´era afin de pouvoir les identifier. En milieu dilu´e, il est possible de placer le

syst`eme vid´eo imm´ediatement en bas d’une colonne de s´edimentation qui emprisonne directement la

suspension `a mesurer. Le syst`eme INSSEV [Manning

&

Dyer, 2002] est une adaptation de la mesure

vid´eoin-situ `a des milieux cˆotiers pour des concentrations allant jusqu’`a 8g.l

−1

[Manning

&

Dyer,

2002]. Ce syst`eme comporte une premi`ere chambre de grande taille, ouvrant de deux cˆot´es dans le

milieu ambiant et dans laquelle environ 3 l de la suspension `a analyser sont isol´es afin de r´eduire la

turbulence. A la base de cette chambre, une trappe coulissante ouvre sur une colonne remplie d’eau

claire en base de laquelle se trouve la cam´era. L’eau de la colonne de mesure est l´eg`erement plus sal´ee

que le milieu ambiant de sorte `a cr´eer un gradient de densit´e et ´eviter toute recirculation du fluide.

La trappe est ouverte durant un temps court - adapt´e en fonction de la concentration en flocs - afin

de laisser entrer dans la colonne de mesure un nombre de flocs qui optimise la mesure. La r´esolution

finale des vid´eos du syst`eme INSSEV est de 20 µm [Manning

&

Dyer, 2002]. Pour des ´etudes de

laboratoire, de nombreux auteurs ont utilis´e des colonnes remplies d’eau claire au sommet desquelles

un petit volume de la suspension `a mesurer est introduit. Les particules en suspension s´edimentent

ainsi au travers de l’eau claire et passent dans le champ d’une cam´era situ´ee `a la base de la colonne

[Droppoet al., 1997 ;Gratiot

&

Manning, 2004]. Une limitation des syst`emes vid´eo pour l’´etude

microscopique des flocs est la faible profondeur du plan focal (1 mm pour INSSEV) [Manning

&

Dyer, 2002].

5.2.1.b. Colonnes ´equip´ees de syst`emes holographiques

Des syst`emes d’imagerie holographique immerg´ee ont ´et´e d´evelopp´es dans l’objectif de s’affranchir

des probl`emes de distance focale et d’am´eliorer la r´esolution des images des particules en suspension.

L’holographie est bas´ee sur l’enregistrement de la phase et de l’amplitude d’un faisceau de lumi`ere

diffract´ee. Cet enregistrement est rendu possible par interaction entre un faisceau de lumi`ere directe

(onde de r´ef´erence) et un faisceau de la mˆeme lumi`ere apr`es diffraction (onde objet). Une surface

d’enregistrement ´eclair´ee par les deux faisceaux est sensible `a l’intensit´e lumineuse, qui est maximale

lorsque les faisceaux directs et diffract´es sont en phase et minimum sinon. En ´eclairant l’enregistrement

holographique avec une lumi`ere similaire `a celle utilis´ee lors de l’enregistrement (onde de r´ef´erence),

celui-ci laisse passer la lumi`ere l`a o`u la phase de l’onde objet ´etait celle de l’onde de r´ef´erence. Les

faisceaux passant au travers de l’enregistrement suivent alors ceux qui formaient l’onde objet et

divergent depuis la position o`u se trouvait l’objet `a l’origine de la diffraction lors de l’enregistrement.

Ainsi il appariait une ”image 3D” de l’objet initial.

L’enregistrement holographique d´evelopp´e pour l’´etude des s´ediments est bas´e sur ce principe.

Une nappe de rayons laser parall`eles est cr´e´ee par un syst`eme de lentilles, et ´eclaire une surface

photosensible au travers de la suspension `a analyser [Costello et al., 1989 ; Graham

&

Smith,

2010] (figure 2.30). Certains faisceaux de la nappe vont ˆetre diffract´es par les mati`eres en suspension

alors que les autres serviront de faisceau de r´ef´erence. Les surfaces photosensibles ´etaient des films

analogiques lors des premiers d´eveloppements de la technique [Costelloet al., 1989]. Les syst`emes

actuels utilisent des cam´eras holographiques num´eriques (Charge-Coupled Device CCD) permettant

d’acqu´erir des images `a haute fr´equence [Graham

&

Smith, 2010]. En th´eorie l’holographie permet

d’obtenir une image 3D des particules ´etudi´ees. Toutefois les probl`emes de bruit de mesure rencontr´es

dans l’´etude de suspensions naturelles limitent aujourd’hui les r´esultats `a une tomographie d’images

2D [Graham

&

Smith, 2010]. Le syst`eme pr´esent´e parGrahamet al. [2012] mesure `a une fr´equence

de 2 Hz des images espac´ees de 0.6 mm sur lesquelles la taille des plus petits objets visibles est

estim´ee entre 4 et 20µmen fonction de leur forme. Une version de ce syst`eme est commercialis´ee par

Sequoia Scientific sous le nom de LISST-Holo. Il est sensible aux particules de taille comprise entre 25

et 2500µm et peut ˆetre utilis´e pour des suspensions de concentration maximum de l’ordre 50mg.l

−1

(tr`es variable en fonction de la granulom´etrie)

1

. L’analyse des hologrammes se fait aujourd’hui en

calculant num´eriquement les positions des sources de diffractions `a partir des enregistrements des

CCD [Graham

&

Smith, 2010].

Figure 2.30 – (a) Photo et (b) sch´ema optique du syst`eme de vid´eo holographique submerstible developp´e

parGraham &Smith[2010]. D’apr`esGraham&Smith[2010].

5.2.1.c. Avantages et inconv´enients de la mesure par suivi des particules

Le suivi de la trajectoire des particules est la seule technique de mesure qui donne acc`es `a la vitesse

de chute de chaque particule. On obtient pour chaque particule observ´ee la vitesse de chute, des tailles

caract´eristiques et ´eventuellement des indicateurs de forme en fonction de l’algorithme de traitement

d’image utilis´e. La mesure de ces param`etres pour une grande population de particules permet de

calculer des statistiques de vitesse de chute, de taille ou de forme. Il est ´egalement possible d’estimer

des covariances entre param`etres, ce qui n’est pas possible lors de la mesure directe de param`etres

int´egrateurs.

L’utilisation de syst`emes vid´eo ou holographiques n´ecessite de distinguer les particules. Ainsi la

limite de d´etection est g´en´eralement situ´ee entre 20 et 100 µm pour les cam´eras [Mantovanelli

&

Ridd, 2006] et peut descendre jusqu’`a 4µmpour certaines formes de particules pour les syst`emes

holographiques. La limitation majeure de l’utilisation de ces syst`emes en rivi`ere est la faible

concen-tration en particules requise pour distinguer clairement les particules individuelles. Ces syst`emes ne

sont pas utilisables pour des eaux troubles tr`es concentr´ees en mati`eres fines. La dilution de

tillon dans une colonne d’eau claire permet de contourner ce probl`eme, mais donne alors la vitesse de

chute en r´egime de s´edimentation libre, qui peut ˆetre tr`es diff´erente de la vitesse en milieu concentr´e.

5.2.2. Mesures de vitesses de chute `a partir du temps de r´esidence dans une colonne de