6. Effet de la floculation sur l’estimation des vitesses de chute 121
3.1. Variation de concentration durant la s´edimentation
3.1.2. Entraˆınement des particules fines par floculation diff´erentielle sur des particules rapides 123
Pour une suspension h´et´erog`ene, il peut y avoir un autre type de floculation, qui n’a pas ´et´e
pr´esent´e au chapitre 5. Si on consid`ere une suspension form´ee de deux types de particules coh´esives,
l’une qui chute rapidement et l’autre beaucoup plus lentement, les particules rapides vont rattraper
les lentes et peuvent alors floculer par s´edimentation diff´erentielle. Si la floculation est efficace, une
particule rapide qui traverse la suspension peut agglom´erer et entraˆıner les fines qu’elle rattrape.
Dans le sillage d’une telle particule, il est donc th´eoriquement possible que la suspension ne contienne
plus aucune particule fine.
Temps
Profonde
ur
Figure 6.2 – Sch´ema de l’´evolution de l’absorbance en fonction du temps et de la profondeur pour une
sus-pension de deux types de particules coh´esives. Les lignes noires repr´esentent des courbes d’une mˆeme concentration.
Les particules qui chutent le plus rapidement entraˆınent les fines par floculation diff´erentielle. Apr`es l’export de ces flocs, la concentration en fines d´ecroˆıt avec le profondeur.
La figure 6.2 pr´esente sch´ematiquement la concentration en suspension en fonction du temps et
de la profondeur dans le cas d’une telle floculation due `a l’entraˆınement des fines par des particules
coh´esives rapides. Deux zones sont clairement diff´erenci´ees sur le sch´ema. Dans une premi`ere zone,
les particules rapides et des particules fines sont en suspension. Les particules rapides agglom`erent
des fines qu’elles rattrapent et les entraˆınent `a leur propre vitesse de chute. La quantit´e de fines
agglom´er´ees par chaque particule rapide d´epend donc de sa distance de chute, et donc uniquement
du temps. Le flux de fines entraˆın´e par les particules rapides les plus proches de la surface est donc ´egal
`
a celui qui se d´epose au fond. La concentration totale dans cette premi`ere zone reste donc constante,
´egale `a la concentration initiale. Dans une seconde zone de la figure 6.2, seules des particules fines
sont encore en suspension. Juste sous la surface du liquide, aucune particule rapide n’est pass´ee et la
concentration en fines est donc rest´ee constante. A une profondeurz, toutes les particules rapides qui
´etaient initialement entre la surface et z ont travers´e la suspension. Apr`es s´edimentation de toutes
les particules rapides, le flux de particules rapides qui ont export´e les fines est donc proportionnel `a
la profondeur. Si `a une profondeurz
1, le flux de particules rapides a entraˆın´e la moiti´e des fines, alors
`
a une profondeur z
2= 2·z
1, encore la moiti´e de la concentration en fines aura aussi ´et´e export´ee et
il ne restera plus qu’un quart de la concentration initiale en fines. La concentration en fines devrait
donc diminuer avec la profondeur selon une loi exponentielle d´ecroissante.
0 0.02 0.04 0.06 0.08 0.1 0.12 0.14 0.16 0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 1fond 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16haut
a)
b)
Prof ondeur (m) Temps (h) Absorbance relative ( - ) Absorbance relative ( - )Figure6.3 – Mesure du SCAF pour un s´ediment de la rivi`ere Ells en pr´esence d’antifloculant (voir chapitre
5 section 4.1.3 et 5.1.1).
a) Absorbance mesur´ee en fonction du temps et de la profondeur. b) Absorbance mesur´ee en fonction du temps pour chaque capteur.
Une telle structure de diagramme absorbance-temps-profondeur a ´et´e mesur´ee par le SCAF lors
de la s´edimentation de particules de la rivi`ere Ells en pr´esence d’antifloculant de type
hexa-m´etha-phosphate, (voir chapitre 5 section 4.1.3 et 5.1.1 et figure 5.7). La figure 6.3 reprend ces donn´ees.
On remarque que pour chaque capteur l’absorbance diminue par paliers successifs et r´e-augmente
l´eg`erement durant le palier.
Chacun de ces paliers semble correspondre `a la disparition d’un type de particules. Ceci
impli-querait que la suspension initiale soit form´ee de populations de particules bien distinctes dont la
distribution des vitesses de chute ne se recoupe pas. Ces particules ont une vitesse de chute de l’ordre
de 1.10
−6m.s
−1qui correspond `a des argiles d´eflocul´ees (voir chapitre 5 section 5.1.1). Ainsi ces
po-pulations de vitesses de chute pourraient correspondre `a des agr´egats de nombres entiers de particules
´el´ementaires.
L’augmentation de l’absorbance au cours de chaque palier peut ˆetre due `a l’entraˆınement des
particules ´el´ementaires par des particules plus rapides qui ont d´ej`a s´ediment´e. Nous avons en effet
montr´e `a la section 5.1.1 du chapitre 5 que, malgr´e la pr´esence d’antifloculant, les populations de
particules correspondant aux absorbances proches de 0,6 (W
s≈ 1.10
−4m.s
−1; figure 5.7) floculent
durant leur s´edimentation. Il pourrait donc s’agir des particules qui ont entraˆın´e les fines.
3.2. Variation de l’absorbance avec la floculation
Jusqu’ici nous n’avons pas expliqu´e les pentes n´egatives observ´ees pour les faibles absorbances sur
la figure 6.1. Nous avons toutefois consid´er´e que l’absorbance induite par une population de particules
reste constante, quel que soit son ´etat de floculation. Or, l’absorbance est proportionnelle `a la surface
optique (≈ surface projet´ee) des particules. Pour des particules de forme identique, l’absorbance est
proportionnelle au carr´e du diam`etre des particules, leur masse est proportionnelle `a leur volume,
c’est-`a-dire au cube du diam`etre. La masse d’une population de particules est conserv´ee lors de la
floculation. Si la forme des flocs est identique `a celle des particules primaires, l’absorbance sp´ecifique
de la suspension est donc proportionnelle `a l’inverse du diam`etre des particules (voir chapitre 4
paragraphe 5 pour plus de d´etails). Dans ce cas, l’absorbance d´ecroˆıt au cours de la floculation. Lors
de la floculation de s´ediments naturels, les propri´et´es de forme des flocs ne sont g´en´eralement pas
conserv´ees, ce qui complique une relation entre absorbance et taille des flocs. En pratique, la variation
d’absorbance au cours de la floculation est g´en´eralement moins importante que si les particules
gardaient leur forme. Dans certains cas, la floculation n’induit pas de variation d’absorbance (voir
chapitre 4 paragraphe 5.4).
Temps
Profonde
ur
Figure 6.4 – Sch´ema de l’´evolution de l’absorbance en fonction du temps et de la profondeur pour une
sus-pension lorsque l’absorbance diminue avec la croissance des flocs. Les lignes rouges en pointill´es repr´esentent des courbes d’iso-absorbance.
Pour une population de particules dont l’absorbance diminue durant la floculation, si on ne
consi-d`ere pas la chute des particules, l’absorbance diminue avec le temps sans d´ependre de la profondeur.
Les courbes d’iso-absorbance sont alors strictement verticales dans un diagramme
absorbance-temps-profondeur (figure 6.4). La mˆeme ´evolution peut avoir lieu lorsque les particules chutent en r´egime
stationnaire en d´ebut d’essai de s´edimentation (voir chapitre 5).
3.3. Superposition des processus
3.3.1. Superposition lin´eaire sans interactions entre types de particules
Temps
Profonde
ur
Figure6.5 – Sch´ema de l’´evolution de l’absorbance en fonction du temps et de la profondeur pour une
sus-pension de particules non coh´esives et de particules fines coh´esives . Les lignes rouges en pointill´es repr´esentent des courbes d’iso-absorbance. Les lignes noires repr´esentent des courbes d’iso concentration.