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3. Caract´eristiques de particules en suspension

3.3. Les particules de rivi`eres

Les particules agr´eg´ees observ´ees dans les lacs ou les zones cˆoti`eres diff`erent de celles observ´ees `a

proximit´e des zones d’´erosion. Les particules semblent donc avoir ´evolu´e au cours de leur transport

au sein du r´eseau hydrographique. Les ´etudes des particules en suspension en rivi`eres sont moins

abondantes qu’en milieu cˆotier. Nous allons toutefois pr´esenter les grandes caract´eristiques

structu-relles qui en ressortent. La figure 2.13 pr´esente une image en microscopie optique d’une particule

repr´esentative de la suspension d’une petite rivi`ere de plaine (Sixteen-Mile Creek Ontario, Canada),

drainant un bassin versant d’environ 350 km

2

[Droppo

&

Ongley, 1992]. La forme g´en´erale de la

particule semble ˆetre plus irr´eguli`ere que celle des agr´egats arrach´es aux sols par l’´erosion, mais moins

que celle des flocs marin ou lacustre. La figure 2.14 pr´esente un zoom en microscopie ´electronique `a

balayage environnemental (ESEM) d’une particule d’une rivi`ere voisine (bassin versant de 372km

2

).

La particule contient des bact´eries et de nombreuses diatom´ees, ce qui atteste que la particule s’est

form´ee au sein de la rivi`ere.

300 µm

Figure2.13 – Observation en microscopie optique d’un floc de la rivi`ere Fourteen-Mile Creek, Ontario,

Ca-nada. D’apr`es Droppo[2001]

B 25µm

Figure2.14 – Observation en microscopie ´electronique `a balayage environnemental (ESEM) d’un floc de la

rivi`ere Sixteen-Mile Creek, Ontario, Canada. La fl`eche montre l’une des nombreuses bact´eries pr´esentes `a la surface du floc. D’apr`esDroppo[2001].

Droppo et al. [2005] et Williams et al. [2008] ont analys´e la variabilit´e des particules dans

des petits bassins versants. Ces ´etudes portent en particulier sur la comparaison des param`etres

morphom´etriques et la vitesse de chute de particules ´erod´ees des sols, de particules en suspension et

de particules provenant de la lamine de fine granulom´etrie pr´esente `a la surface des cours d’eau calmes

(Surfacial fine-grained lamina SFGL). La figure 2.15 pr´esente des images en microscopie optique de

particules issues de l’´erosion de sols, de particules en suspension en p´eriode d’´etiage et en crue, ainsi

que de particules issues de l’´erosion de la SFGL de la rivi`ere Dart (Devon, Angleterre) qui draine un

bassin versant de 46 km

2

.

100 µm

Figure 2.15 – Images en microscopie optique d’aggr´egats de sols apr`es leur ´erosion hydrique (a : sol labour´e

et b : prairie), de flocs de rivi`ere (c : en ´etiage et d : lors d’un maximum de turbidit´e) et de particules ´erod´ees de la surface du lit de la rivi`ere (Surfacial fine-grained lamina SFGL) (e). Tous les ´echantillons proviennent de la rivi`ere Dart (Devon, Angleterre) et de son bassin versant. Les nombres entre parenth`eses repr´esentent respectivement la dimension fractale et la sph´ericit´e des particules. D’apr`esDroppoet al. [2005].

Droppo et al. [2005] proposent de quantifier la forme des particules observ´ees en microscopie `a

partir de la dimension fractale du p´erim`etre ainsi que de la sph´ericit´e du projet´e en 2 dimensions

des particules. La dimension fractale du p´erim`etre D

P

est une mesure de la complexit´e de forme

d´efinie au paragraphe 4.2 (´equation 2.18). La valeur deD

P

varie entre 1 pour une particule de forme

r´eguli`ere, et 2 pour une particule de forme complexe. La sph´ericit´e β d’une particule d’aire A et de

p´erim`etre P correspond au rapport entre l’aireA de la particule et celle d’un disque de p´erim`etre P

(´equation 2.14)

β = 4πA

Figure2.16 – Exemple de dimension fractale et de sph´ericit´e pour diff´erentes formes de particules. D’apr`es

Droppoet al. [2005].

La figure 2.16 pr´esente des exemples de dimension fractale et de sph´ericit´e pour plusieurs

g´eom´e-tries de particules. Ces deux param`etres de forme pour des particules de la rivi`ere Dart sont indiqu´ees

sur la figure 2.15. AinsiDroppo et al. [2005] ont montr´e que ces param`etres morphom´etriques

per-mettent de distinguer les flocs de rivi`ere et les agr´egats ´erod´es des sols. De plus les ´etudes deDroppo

et al. [2005] et Williams et al. [2008] ont montr´e que les particules de sols, de la SFGL et les

s´edi-ments en suspension ont des vitesses de chute et des porosit´es tr`es diff´erentes. La figure 2.17 pr´esente

ainsi la relation entre taille des particules et vitesse de chute pour les agr´egats de sols, les particules

´erod´ees de la SFGL et les s´ediments en suspension de la rivi`ere Dart et d’un bassin versant voisin

(rivi`ere Chilforme, bassin versant de 36km

2

). Pour des particules de tailles comparables, les vitesses

de chute des s´ediments en suspension sont statistiquement largement inf´erieures `a celle des agr´egats

de sols, alors que les particules ´erod´ees de la SFGL ont un comportement interm´ediaire. Pour les

deux rivi`eres ´etudi´ees par ces auteurs, il semble donc que la variabilit´e des particules entre bassins

versants est moindre que celle entre compartiments au sein d’un mˆeme bassin. La figure 2.17 pr´esente

´egalement les vitesses de chute apr`es d´esagr´egation des mat´eriaux aux ultrasons. Une fois d´esagr´eg´ees

toutes les particules ont des tailles et des vitesses de chute similaires et largement inf´erieures `a celles

des particules dans leur ´etat naturel.

1 10 100 1000 10-5 10-4 10-3 10-2 10-1 diamètre (µm) vi te sse de c hut e ( m .s -1) A dA c SFGL c SS c SFGL d SS d désagrégées

Figure2.17 – Tendances des relations entre vitesse de chute et diam`etre des particules. A : agr´egats de

sols. SS : s´ediments en suspension, SFGL : s´ediment de surface du lit. Les suffixes c et d renvoient respectivement aux bassins versants de la rivi`ere Chilforme et de la rivi`ere Dart. Les courbes en rouge correspondent aux mˆemes mat´eriaux apr`es d´esagr´egation aux ultrasons. D’apr`esWilliamset al. [2008].

Par rapport aux flocs pr´esents en suspension dans les petits bassins de plaines ou collines, les

particules ´erod´ees des sols sont donc beaucoup moins poreuses, plus denses et pr´esentent des vitesses

de chute plus ´elev´ees. Toutefois, en analysant les particules en suspension dans la rivi`ere Dart pour

une large gamme de conditions hydrologiques, Droppo et al. [2005] n’ont identifi´e qu’extrˆemement

peu de particules similaires `a des agr´egats de sols. Ces auteurs ´emettent plusieurs hypoth`eses pour

expliquer une telle observation. Soit les agr´egats de sols sont fournis `a la rivi`ere par le ruissellement

mais y s´edimentent rapidement et sont incorpor´es dans la SFGL, ou interagissent avec les particules

en suspension pour former des particules hybrides entre flocs et agr´egats. Soit les agr´egats de sols

ca-ract´eris´es pr´ec`edemment n’existent qu’imm´ediatement apr`es arrachement et floculent imm´ediatement

avec des particules plus fines ´egalement g´en´er´ees par l’´erosion, de sorte que les particules arrivant au

r´eseau hydrographique soient d´ej`a des particules hybrides. Finalement Droppo et al. [2005]

consi-d`erent ´egalement qu’il est possible que les particules ´erod´ees n’atteignent jamais la rivi`ere ni sous

forme d’aggr´egats ni sous forme de particules hybrides si elle sont longuement stock´ees `a la base des

versants ou dans d’autres zones de d´epˆot avant d’atteindre le r´eseau hydrographique. Grangeon

et al. [2014] ont ´etudi´e en laboratoire l’´evolution `a l’´echelle de la crue de particules de sols au sein

d’un ´ecoulement. Ils ont montr´e que ces particules y sont dynamiques et se d´esagr`egent lorsque la

contrainte cisaillante augmente puis peuvent refloculer lors de sa diminution.

Les phases de d´epˆot des s´ediments fins jouent un rˆole important dans l’´evolution des

caract´e-ristiques des MES. En effet la formation de biofilms g´en´erant une grande quantit´e de substances

polym´eriques extracellulaires (EPS) fait varier les propri´et´es des s´ediments apr`es leur ´erosion. Ainsi

Garcia-Aragonet al. [2011a] ont montr´e en laboratoire qu’un mˆeme s´ediment commence `a s’´eroder

pour des contraintes cisaillantes plus fortes et g´en`ere des particules de plus grande taille lorsque le

temps de biostabilisation augmente. Sous la SFGL biostabilis´ee, le s´ediment peut ˆetre plus ´erodable,

et ˆetre tr`es rapidement mobilis´e suite `a l’arrachement de la SFGL. La biostabilisation de la SFGL

peut donc avoir un effet comparable au pavage des rivi`eres `a galets. La figure 2.18 pr´esente la vision

sch´ematique du lit d’une rivi`ere propos´ee par Grabowskiet al. [2011]. La SFGL y est repr´esent´ee

par une couche de quelques dizaines deµmriche en mati`eres tr`es fines, en EPS et en microorganismes.

Figure 2.18 – Repr´esentation sch´ematique du lit de s´ediment coh´esif, repr´esentant la matrice de structures

or-ganiques et inoror-ganiques. Les biofilms sont principalement pr´esents `a la surface du lit, alors que les substances polym´eriques extracellulaires existent plus en profondeur. D’apr`esGrabowski

4. Concepts et mod`eles d´ecrivant les particules coh´esives en