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La mesure de l’inflation et de l’indice des prix à la consommation (IPC)

§2 Indice des prix à la consommation (IPC) et inflation

Encadré 11. La mesure de l’inflation et de l’indice des prix à la consommation (IPC)

Utilisons un exemple chiffré à partir des budgets-types de l’Union nationale des associations familiales43 (Unaf) pour une famille de deux adultes et deux enfants de 6 et 12 ans (Unaf, Budgets-types – Année 2005, Année 2006, Année 2007, Année 2008, consulté le 11/06/09). Les budgets types présentés ci-dessous sont des moyennes annuelles. Ils ont pour objectif d’évaluer le montant des dépenses de subsistances nécessaires pour une famille de référence. Tous les postes de dépenses ont été repris à l’exception de celui de l’amortissement du mobilier qui n’est pas pris en compte dans le calcul de l’indice des prix à la consommation. En effet, seules les ventes de mobilier et les réparations sont comprises dans l’IPC et non l’amortissement. En conséquence, le total du budget-type exposé dans cet exemple ne correspond pas au total établi par l’Unaf44.

43

L’Unaf a été instituée, tout comme les Unions départementales des associations familiales (Udaf), par une ordonnance le 3 mars 1945. (Unaf, Historique, consulté le 11/06/09). Elle est une association française d’utilité publique à qui est confié le monopole de la représentation des familles auprès des pouvoirs publics. Elle a pour mission de « promouvoir, défendre et représenter les intérêts de toutes les familles vivant sur le territoire français, quelles que soient leurs croyances ou leur appartenance politique » (Unaf, L’Unaf, consulté le 11/06/09). L’Unaf anime un réseau de 22 Unions régionales des associations familiales (Uraf) et de 100 Udaf, et les appuie dans leurs missions institutionnelles et de services aux familles.

44 Les budgets-types seront expliqués plus en détail dans le troisième chapitre de cette partie.

2005 2006 2007 2008 2005 2006 2007 2008

Alimentation 633,43 647,39 659,81 690,08 28,8 28,7 28,7 28,8

Logement 588,04 614,34 630,18 674,22 26,7 27,2 27,4 28,1

Loisirs, culture et divers 421,98 430,02 441,17 450,06 19,2 19,1 19,2 18,8

Transports 237,67 243,17 246,62 256,97 10,8 10,8 10,7 10,7

Habillement 225,6 226,42 227,61 229,08 10,3 10,0 9,9 9,6

Entretien 92,03 93,64 95,18 97,09 4,2 4,2 4,1 4,0

Coût du panier représentatif 2 198,75 2 254,98 2 300,57 2 397,50 100,0 100,0 100,0 100,0

Indice des prix 100,00 102,56 104,63 109,04

Sources : Unaf, Budgets-types, Année 2005, Année 2006, Année 2007, Année 2008, consulté le 11/06/09

Dépenses nécessaires (en %) Dépenses nécessaires (en euros)

Budget-type mensuel (sauf amortissement du mobilier) d'une famille de deux adultes et deux enfants de 6 et 12 ans pour les années 2005, 2006, 2007 et 2008

78 Le calcul du coût du panier de subsistances pour une famille de deux adultes et deux enfants de 6 et 12 ans se fait par la somme des dépenses nécessaires dans le mois. Entre 2005 et 2006, le coût moyen mensuel de ce panier est passé de près 2 200 euros à 2 255 euros, soit une augmentation ou un taux d’inflation de 2,56 % en un an. En 2008, le montant s’élève à près de 2 400 euros, soit une hausse de 9,04 % en 3 ans. Ainsi, l’inflation se caractérise par une hausse générale des prix des biens et des services sur une longue période et il est mesuré par le taux d’inflation. Par opposition, la déflation est une situation de baisse générale des prix sur une période prolongée. En l’absence de hausse ou de baisse des prix, on parle de stabilité des prix.

La plupart du temps, pour mesurer l’inflation on recourt à l’IPC. Pour mesurer cet indice, on part d’une période de référence (l’année 2005 dans notre exemple) à laquelle est attribuée la valeur 100 au panier. Le coût du panier représentatif de chaque période (2008 par exemple) est ensuite rapporté au coût du panier de la période de référence (ici 2005) et le résultat est multiplié par 100. Il en résulte l’IPC pour l’année 2008 :

04

,

109

100

75

,

2198

50

,

2397

2008

= × =

IPC

Il est à noter que l’IPC est une mesure de l’évolution d’un ensemble de prix. Il est donc possible d’enregistrer une hausse malgré la baisse de certains prix.

Mesurer l’évolution d’un seuil de pauvreté à partir de l’IPC suppose que le niveau de vie des personnes se situant en-dessous de ce seuil évolue de la même manière que la série des IPC utilisée. Or, d’une part, le logement est mal évalué dans l’IPC et d’autre part, les personnes dont le niveau de vie est le plus bas sont aussi les personnes qui subissent le plus l’augmentation des prix. Après avoir comparé la série des taux de pauvreté relative à la sérié des taux de pauvreté semi-relative, on tentera de prendre une mesure de l’impact qu’entraîne la sous-estimation de l’augmentation des prix chez les personnes les plus fragiles.

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§3 Comparaison des taux de pauvreté relative et des taux de pauvreté

semi-relative

En prenant comme repère le montant du seuil de pauvreté relative de 2001, le seuil de pauvreté semi-relative est logiquement plus élevé en raison de l’inflation sur toute la période (tableau 11). Néanmoins, si cette mesure « semi-relative » paraît plus adaptée pour mesurer la pauvreté que celle adoptée habituellement, quelques précautions sont à prendre quant à son utilisation. La mesure du seuil dépend de l’année choisie comme base de départ. Deux hypothèses sont envisagées pour mesurer l’impact du choix de l’année de départ :

- Hypothèse 1 : Tous les seuils de pauvreté sont définis à partir du seuil de pauvreté relative de 1994 (base 1994).

- Hypothèse 2 : Tous les seuils de pauvreté sont définis à partir du seuil de pauvreté relative de 2001 (base 2001).

La comparaison de ces deux hypothèses nous informe que le niveau du seuil semi-relatif reste très lié à la répartition des niveaux de vie de l’année choisie comme point de départ, bien qu’il ne dépende plus de l’évolution de la répartition des revenus des ménages sur une période donnée. Avec l’année 1994 comme base, le niveau du seuil de pauvreté serait inférieur de 70 à 80 euros à celui observé en partant de 2001. L’écart entre les deux seuils croît légèrement d’année en année, l’augmentation du seuil relatif base 1994 étant moins importante car son niveau de départ est plus faible. L’augmentation très légère de l’écart entre les deux seuils ne bouleverse pas l’évolution des deux seuils qui est parallèle. Par contre, le choix de l’année de départ sur une très longue période remettrait en cause le parallélisme de l’évolution de ces seuils.

80

Tableau 11. Montant du seuil de pauvreté semi-relative (selon deux hypothèses) et du seuil de pauvreté relative de 1994 à 2001 en France

Les deux modalités de calcul présentent une forte diminution des taux de pauvreté de la population active, avec une augmentation transitoire en 1998 (figure 19 et figure 20). Tout comme le montant du seuil de pauvreté, le niveau de la pauvreté de la population active est différent mais son évolution est la même. A ceci près que par comparaison avec la pauvreté relative, le taux de pauvreté semi-relative base 1994 est inférieur aux taux de pauvreté relative tandis que le taux de pauvreté semi-relative base 2001 atteint un niveau supérieur.

Avec l’année 2001 pour base de calcul, le taux de pauvreté semi-relative de la population active est logiquement plus élevé que le taux de pauvreté relative et connaît une baisse beaucoup plus importante depuis 1994. De près de 17 % en 1994, il diminue à moins de 10 % en 2001 (annexe 17). Seule une augmentation transitoire en 1998 de presque deux points contrarie cette diminution de la pauvreté.

Hypothèse 1 Base 1994 Hypothèse 2 Base 2001 1994 94,50 653 722 653 1995 96,20 665 734 673 1996 98,10 678 749 684 1997 99,30 686 758 698 1998 100,00 691 764 704 1999 100,50 694 767 736 2000 102,20 706 780 754 2001 103,90 718 793 793 2002 105,90 732 809 2003 108,10 747 825 2004 110,40 763 843 2005 112,40 777 858 826 Sources :

- Calculs effectués à partir des données françaises du Panel européen des ménages , 1994-2001, SRCV , 2005, Insee

- Insee, Indice des prix à la consommation - IPC - Indice d'ensemble, consulté le 31/07/09

Seuils de pauvreté semi-relative Seuils de pauvreté relative Indice des prix à

la consommation (IPC) Année

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Figure 19. Effectifs d’actifs pauvres (en milliers) de 1994 à 2005 selon la définition de la pauvreté (semi-relative ou relative)

Figure 20. Taux de pauvreté de la population active de 1994 à 2005 selon la définition de la pauvreté (semi-relative ou relative)

En termes d’effectifs, l’évolution est la même, ce qui signifie que la baisse des effectifs d’actifs pauvres n’est pas liée à l’évolution des effectifs de la population active en France. Selon l’approche semi-relative, on dénombre 1,7 million de personnes actives en situation de pauvreté de moins en France entre 1994 et 2001, les effectifs passant de 4,2 millions à 2,5 millions d’actifs pauvres. Entre 2001 et 2005, la proportion d’actifs pauvres au sens semi-relatif a augmenté de presque 2 points, ce qui correspond à près de 600 000 actifs pauvres supplémentaires.

§4 La sous-estimation de l’IPC chez les personnes les plus pauvres

Le choix de l’année de départ n’est pas le seul facteur susceptible de modifier le niveau de la pauvreté semi-relative. Un autre facteur intervient : l’IPC chez les personnes se situant en-dessous du seuil de pauvreté est sous-estimé.

0 1 000 2 000 3 000 4 000 5 000 6 000 1 9 9 4 1 9 9 5 1 9 9 6 1 9 9 7 1 9 9 8 1 9 9 9 2 0 0 0 2 0 0 1 2 0 0 2 2 0 0 3 2 0 0 4 2 0 0 5 Seuil relatif Semi-relatif Base 1994

Sources : Calculs effectués à partir des données françaises du Panel européen des ménages, 1994-2001, SRCV, 2005, Insee

Semi-relatif Base 2001 E ff e c ti fs d 'a c ti fs p a u v r e s (e n m il li e r s) 0 4 8 12 16 20 24 1 9 9 4 1 9 9 5 1 9 9 6 1 9 9 7 1 9 9 8 1 9 9 9 2 0 0 0 2 0 0 1 2 0 0 2 2 0 0 3 2 0 0 4 2 0 0 5 Seuil relatif Semi-relatif Base 1994

Sources : Calculs effectués à partir des données françaises du Panel européen des ménages, 1994-2001, SRCV, 2005, Insee

Semi-relatif Base 2001 T a u x d e p a u v r e ( e n % )

82 En raison de structures de consommation différentes, les ménages à faibles revenus et à revenus élevés ne sont pas identiquement soumis à une même hausse des prix à la consommation. L’exemple le plus probant est peut-être celui du logement. En effet, l’IPC ne permet pas d’appréhender l’évolution du coût du logement. L’IPC englobe la consommation des ménages et l’Insee s’appuie sur la notion de la consommation finale au sens de la comptabilité nationale45. Mais certaines dépenses, telles que les achats de logement46, ne sont pas comprises dans l’indice car elles ne sont pas entendues comme des dépenses de consommation au sens de la comptabilité nationale. Lorsqu’un logement est destiné à être occupé par son propriétaire, quel que soit l’effort qu’il ait à fournir pour le remboursement du crédit, l’achat ou la construction d’un logement est considéré comme un placement et non comme une consommation car il apporte à son propriétaire le fait d’être logé (Caillaud, 1998). En conséquence, les loyers ne représentent que 6 % du budget des ménages parce que seuls les loyers des locataires sont rapportés à la population totale (propriétaires et locataires). Or, le poids du logement dans les dépenses de ces derniers est de l’ordre de 20 à 25 % (Chavagneux, 2006) et la moitié des personnes pauvres en 2001 sont locataires47. Le coût du logement ayant fortement augmenté depuis 1997 (Chauvain, Le Bayon, 2005), la hausse des prix subie par les ménages les plus pauvres est sous-estimée par l’IPC et le montant du seuil de la pauvreté semi-relative peut également l’être.

L’Insee a donc réalisé une série d’IPC spécifique qui prend en compte non seulement les loyers des locataires comme la précédente série, mais surtout les loyers imputés, c’est-à-dire les loyers que les propriétaires devraient verser s’ils étaient locataires (Insee, Indice des prix à la consommation – Ensemble y compris loyers fictifs, consulté le 03/08/09). Cette nouvelle série est disponible pour les années 1998 à 2008 et considère que les loyers pèsent non pas 6 % du budget mais 18,4 % du budget. Le montant du seuil de pauvreté semi-relative base 2001 est recalculé en tenant compte des loyers fictifs (tableau 12).

Si les prix ont augmenté de 12,4 % entre 1998 et 2005 avec l’IPC habituellement utilisé, ils augmentent de 12,6 % en tenant compte des loyers fictifs. L’écart entre les deux

45 « La dépense de consommation finale couvre uniquement la part des achats de biens et services à la charge des ménages, l’autoconsommation de biens et services et les avantages en nature » (Caillaud, 1998, p.46)

46 Sont exclus de l’indice également les impôts directs, les cotisations sociales, pour les ménages possédant une entreprise individuelle les achats effectués pour leur entreprise ne sont pas comptabilisés, les constructions d’immeubles, les achats de valeurs mobilières…

47 Proportion calculée sur les données françaises du Panel européen des ménages à partir des approches relative et semi-relative de la pauvreté.

83 séries d’IPC est donc très faible. Il s’ensuit que l’impact sur les seuils de pauvreté semi-relative établis est négligeable. La différence relevée la plus forte est de 3 euros en 2001. Compte tenu de l’impact dérisoire de la prise en compte des loyers fictifs sur les seuils établis, il est inutile de calculer de nouvelles séries de taux de pauvreté et d’effectifs de personnes pauvres. On sait d’avance que la conséquence sur le niveau de pauvreté relevé est quasiment nulle.

Tableau 12. Montant du seuil de pauvreté semi-relative selon la prise en compte des loyers fictifs

Au final, l’approche semi-relative permet une meilleure appréhension de l’évolution de la pauvreté que l’approche relative. En ignorant l’évolution de la répartition des ménages en dessous de la médiane, elle met en avant une diminution plus rapide de la pauvreté. Néanmoins, si la prise en compte des loyers fictifs n’a guère de conséquence sur la mesure obtenue, elle met en avant un impact non négligeable de l’année de départ choisie sur le niveau de la pauvreté.

Observé Y compris

loyers fictifs Base 2001

Y compris loyers fictifs 1994 94,50 721 1995 96,20 734 1996 98,10 749 1997 99,30 758 1998 100,00 100,0 763 765 1999 100,50 100,7 767 770 2000 102,20 102,2 780 782 2001 103,90 103,7 793 793 2002 105,90 105,7 808 808 2003 108,10 108,0 825 826 2004 110,40 110,4 843 844 2005 112,40 112,6 858 861

IPC (base 100 = 1998) Seuils de pauvreté

semi-relative

Sources :

- Calculs effectués à partir des données françaises du Panel européen des ménages , 2001, Insee

- Insee, Indice des prix à la consommation - IPC - Indice d'ensemble, consulté le 31/07/09

- Insee, Indice des prix à la consommation - IPC - Ensemble y compris

loyers fictifs, consulté le 03/08/09

84 La décision récente d’utiliser un tel indicateur pour mesurer les progrès réalisés ou non par un gouvernement suppose un certain nombre de précautions méthodologiques. Dans sa lettre de mission (Sarkozy, consulté le 06/08/09), Nicolas Sarkozy fait le constat suivant de l’évolution de la pauvreté : « Depuis plus de 20 ans, la proportion de personnes pauvres dans la population n’a quasiment pas diminué et les enfants pauvres deviennent trop souvent, à leur tour, des adultes en situation de pauvreté. » Ce constat de la faible diminution de la pauvreté en 20 ans est établi à partir du taux de pauvreté relative, indicateur le plus fréquemment utilisé en France. Souhaitant remédier à cette situation, il donne comme objectif de réduire en cinq ans la pauvreté. Pour ce faire, l’indicateur central qui mesurera la diminution du nombre de personnes pauvres sera désormais le taux de pauvreté semi-relative, nommé taux de pauvreté ancré dans le temps.

Nous avons démontré qu’avec ce nouvel indicateur le taux de pauvreté diminue plus fortement qu’avec le taux de pauvreté relative. L’objectif est donc plus facilement atteignable. En outre, pour une meilleure communication des résultats et pour plus de clarté dans les statistiques, il est primordial que lors de la future présentation des résultats de comparer l’évolution des taux de pauvreté semi-relative au-delà de 2007 (année d’élection de Nicolas Sarkozy), mais aussi avant cette année de référence. Cela permettrait de vérifier si une diminution éventuelle de la pauvreté des cinq années les plus récentes serait effectivement plus forte que la diminution de la pauvreté observée avec ce même indicateur sur les cinq années précédant l’élection présidentielle de 200748.

Enfin, cette mesure atteint ses limites lorsqu’il s’agit de prendre la mesure du niveau de la pauvreté. Compte tenu des critiques formulées (positives ou négatives) à l’égard des approches relative et semi-relative, il est tentant d’essayer une approche absolue de la pauvreté, sur le modèle de ce qui existe déjà aux États-Unis, même si ce n’est pas l’approche privilégiée en France.

48 Rappelons que la diminution très lente de la pauvreté au cours des vingt dernières années constatée par Nicolas Sarkozy est mesurée à partir de taux de pauvreté relative et non à partir du taux de pauvreté semi-relative.

85

Conclusion

Deux définitions de la pauvreté monétaire sont utilisées en France, la pauvreté relative et la pauvreté semi-relative. Le seuil de pauvreté relative correspond à 60 % du revenu par UC médian des ménages. Un ménage dont le niveau de vie (revenu rapporté au nombre d’UC du ménage) est inférieur à ce seuil est considéré pauvre ainsi que tous les membres de ce ménage. Cette définition est celle retenue par l’Insee et par l’Union européenne.

A partir de celle-ci, nous avons fait le choix d’utiliser la variable revenu correspondant à la somme des revenus perçus au cours de l’année par les individus constitutifs du ménage et non à la définition du revenu déclaré spontanément au moment de l’enquête, cette dernière conduisant à une légère sous-estimation du seuil de pauvreté relative.

Selon l’Insee, le revenu disponible du ménage correspond au revenu disponible après déduction des impôts. Mais compte tenu des données du Panel européen des ménages, la variable revenu retenue correspond au revenu avant déduction des impôts. Ce choix conduit, malgré un niveau de vie général supérieur au niveau de vie lorsque le revenu est calculé avant déduction des impôts, à une légère sur-estimation du taux de pauvreté. Cela s’explique par la forte concentration des personnes dans le bas de la distribution des niveaux de vie des personnes. Cette différence est modeste pour le niveau du taux de pauvreté, mais est plus importante en termes d’effectifs (700 000 personnes pauvres de plus avec les revenus avant déduction des impôts).

Notre source de données étant le Panel européen des ménages entre 1994 et 2001 et le dispositif SRCV en 2005, nous avons souhaité comparer la mesure des taux de pauvreté de ces sources par rapport aux taux de pauvreté de référence issus de des enquêtes Revenus fiscaux (ERF) et des enquêtes Revenus fiscaux et sociaux (ERFS). Il en ressort que les taux de pauvreté du Panel européen des ménages et du SRCV sont supérieurs aux taux de pauvreté observés dans les enquêtes sur les Revenus fiscaux, essentiellement en raison d’une population de référence différente pour les deux sources. En corrigeant ce point, la différence est négligeable (0,6 point de différence pour l’année 2005 du SRCV), et l’évolution du taux de pauvreté reste la même.

Le seuil de pauvreté relative repose sur le choix de prendre 60 % du revenu par UC médian des ménages. Mais jusque récemment, l’Insee préférait un seuil correspondant à 50 % du revenu médian. Ce choix, s’il ne modifie pas l’évolution constatée de la proportion d’actifs

86 pauvres, implique un quasi-doublement du taux de pauvreté de la population active se traduisant par une différence de 1,3 million d’actifs pauvres supplémentaires.

En outre, le mode de calcul du seuil de pauvreté relative, s’il est réalisé à partir de la médiane peut également être réalisé à partir du revenu par UC moyen. L’effet de ce choix est important. Le taux de pauvreté de la population active est plus élevé avec le calcul sur le revenu moyen (entre 5,5 points et 8,7 points selon l’année) et surtout fluctue plus en raison des propriétés de la moyenne plus sensible aux valeurs extrêmes, d’où la préférence de l’Insee et de l’Union européenne pour le mode de calcul du seuil de pauvreté relative à partir de la médiane.

Le dernier point méthodologique porte sur le choix de l’échelle d’équivalence. Pour comparer deux ménages dont la composition est différente, le revenu du ménage est rapporté non pas au nombre de membres du ménage, mais au nombre d’UC du ménage tenant compte des économies d’échelle réalisées. L’échelle OCDE modifiée est la plus courante. Le niveau du taux de pauvreté de la population active est supérieur de 3 points environ par rapport à l’échelle d’Oxford (échelle anciennement utilisée) mais l’évolution est la même entre 1994 et 2005.

Au total, nous avons démontré que la pauvreté relative est plus une mesure d’inégalités qu’une mesure de la pauvreté elle-même. Elle dépend :

- de l’évolution du niveau du revenu par UC médian,

- de la répartition des ménages dont le niveau de vie est inférieur à la médiane. Un bon exemple est celui de la comparaison des taux de pauvreté de la Slovénie et de la France. Malgré un seuil de pauvreté relative inférieur en Slovénie qu’en France, la Slovénie enregistre un taux de pauvreté inférieur en raison de la forte concentration des ménages entre le seuil de pauvreté et la médiane. Or ce sont justement ces personnes qui ne sont pas comptabilisées dans la pauvreté.

Au regard de ces conclusions, mesurer une entrée dans la pauvreté ou une sortie de la