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Selon le BLS (BLS, consulté le 12/08/09), les personnes aux États-Unis sont classées dans la catégorie des chômeurs si :

- elles n'ont pas un emploi,

- ont activement cherché un emploi durant les 4 semaines précédant l’enquête, - et sont actuellement disponibles pour travailler.

Être en recherche active d’emploi repose sur l’une des activités suivantes : - contacter :

 directement un employeur ou avoir eu un entretien professionnel,  une agence d'emploi privée ou publique,

 des amis ou de la famille,

 un centre d’emploi scolaire ou universitaire,

- l'envoi d’un curriculum vitae ou remplir des dossiers de demande d’emploi, - poser des annonces ou y répondre,

- consulter des registres syndicaux ou professionnels, - d'autres moyens de recherche active d'emploi.

Les méthodes passives de recherche d'emploi ne sont pas susceptibles d'aboutir à une offre d'emploi et, par conséquent, ne sont pas recevables en tant que méthodes de recherche active d'emploi. Les méthodes passives consisteraient par exemple à assister à un programme de formation professionnelle ou bien à lire les offres d’emploi publiées dans les journaux ou sur Internet.

Une telle définition appliquée à la France impliquerait de comprendre dans la population des travailleurs des personnes restées à la recherche d’un emploi sur toute la période d’observation. L’Insee a préféré une définition plus restreinte du travailleur en rajoutant un critère d’emploi minimum. Est considéré comme travailleur au sens de l’Insee toute personne ayant passé au moins 6 mois sur le marché du travail d’une année de référence,

39 dont au moins un mois passé en emploi. Dans cette optique, la population cernée par la définition américaine constitue la population active distinguant les chômeurs qui n’ont été aucun mois en emploi et la population des travailleurs qui comprend aussi bien des personnes en emploi sur toute la période de référence que des personnes ayant passé un seul mois en emploi.

La définition européenne du travailleur est de loin la plus restrictive des trois. Elle repose davantage sur un critère d’emploi que sur un critère d’activité. L’Union européenne définit un travailleur comme une personne dont le statut d’activité le plus fréquent est l’emploi. Elle doit avoir été en emploi plus de la moitié de la période de référence, soit 7 mois au moins sur une année de référence. En outre, seules les personnes en emploi à la date de l’enquête sont susceptibles d’appartenir à la population des travailleurs. Deux critères sont finalement retenus : un critère d’emploi majoritaire sur une période de référence et un critère d’emploi à la date de l’enquête.

Dans le cadre du panel européen des ménages, il est demandé aux personnes interrogées de remplir un calendrier d’activité et il serait possible de reconstituer le calendrier d’activité. Seulement les non-réponses à cette question induiraient une réduction de l’échantillon non négligeable. Dans la mesure où l’on souhaite mettre en œuvre une analyse assez fine, s’appuyer sur la définition de la population active auto-déclarée apparaît comme une solution envisageable.

De plus, si le concept du travailleur rend compte du calendrier d’activité, il repose également sur l’hypothèse sous-jacente d’une certaine homogénéité par rapport à la durée de l’emploi. Or, si une personne occupe un emploi sur toute une période de référence, le fait d’occuper cet emploi à temps plein ou à temps partiel changera considérablement sa situation. Ce point sera un élément central de notre analyse. Il devient primordial de différencier les actifs occupés selon le temps passé sur leur emploi.

Dans notre travail, le travailleur sera appréhendé par la notion de population active occupée, population qui s’est auto-déclarée au moment de l’enquête au sein de laquelle on distinguera les personnes occupant un emploi à temps partiel des personnes occupant un emploi à temps plein, distinction pertinente pour de futures analyses.

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Conclusion

Ainsi, la pauvreté est un phénomène craint par les Français. Elle est en règle générale liée au phénomène du chômage, lorsque le chômage augmente, l’opinion générale s’attend à une augmentation de la pauvreté dans l’avenir. Plus largement, il existerait donc un lien fort entre la pauvreté et le marché du travail. A partir de ce constat, nous nous demanderons par la suite dans quelle mesure l’activité et la pauvreté sont liées, et plus précisément dans quelle mesure le taux de chômage joue un rôle dans l’évolution du taux de pauvreté de la population active.

Afin de définir la population active, nous nous sommes appuyés sur trois définitions de la population active, à savoir la définition du BIT, la définition au sens du recensement et la population active spontanée. La définition du BIT n’étant pas applicable sur les données du Panel européen des ménages, le choix se porte sur la population active au sens du recensement ou sur la population active spontanée.

La principale différence entre ces deux définitions porte sur la sous-population des chômeurs. Au sens du recensement, les personnes doivent se déclarer au chômage et recherchant un emploi. Avec la définition de la population active spontanée, les chômeurs doivent simplement se déclarer au chômage. En étudiant les personnes se déclarant simultanément au chômage sans rechercher un emploi, nous avons constaté qu’il s’agit majoritairement de personnes exclues du marché du travail (à cause de problèmes de santé ou bien à cause de démotivation) ou bien ayant des projets professionnels en cours. Au total, la définition de la population active spontanée est celle que nous avons retenue car il ne semblait pas pertinent d’exclure ces personnes de notre analyse.

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C

HAPITRE

2L

ES MESURES DE LA PAUVRETÉ MONÉTAIRE EN

F

RANCE

La pauvreté monétaire résulte d’une insuffisance de ressources financières engendrant une consommation insuffisante. Les personnes appartenant à un ménage se situant au-dessous de cette limite, appelée seuil de pauvreté, sont considérées comme pauvres. Le niveau de ce seuil de pauvreté porte à discussion. Dans l’esprit des Français, il est supérieur à celui mesuré par les statistiques.

Selon le baromètre Ipsos 2008 commandité par le Secours populaire français, les personnes interrogées estimaient le seuil de pauvreté pour une personne vivant seule à 1 006 euros nets par mois. Ce seuil correspond exactement au montant net mensuel du salaire minimum en France avant sa réévaluation des mois de mai et juillet 2008, soit 1 005,36 euros (Insee, Salaires – Salaire minimum, consulté le 18/05/09). Le salaire minimum reste donc dans l’esprit des personnes vivant en France la limite en dessous de laquelle ils considèrent qu’une personne vit dans la pauvreté (Ipsos, consulté le 18/05/09).

Ce seuil de pauvreté est plus élevé pour les Franciliens, qui le situent à un peu moins de 1 200 euros (1 197 euros en moyenne), que pour les provinciaux qui l’établissent à 963 euros (figure 7). Le coût de la vie plus élevé en l’Île-de-France semble expliquer cette différence de plus de 230 euros (Ipsos, consulté le 17/05/09). Or, le seuil officiel en France est de 880 euros pour une personne vivant seule. Le niveau de pauvreté dans les statistiques officielles ne correspond donc pas à la perception qu’ont les Français de ce seuil, puisqu’ils le surestiment en moyenne de 126 euros.

La perception de la pauvreté que l’on se fait en France se démarque des statistiques officielles. Il en est de même pour les différentes définitions de la pauvreté. A ce stade, se pose la question de la définition de la pauvreté monétaire. Deux approches de la pauvreté existent en France : l’approche relative, largement répandue, et l’approche semi-relative, moins répandue mais récemment mise en avant dans les débats publics actuels.

Dans une première section, nous définirons la pauvreté relative, définition retenue

par l’Insee et au niveau européen.

Dans une deuxième section, nous présenterons la pauvreté semi-relative, appelée

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Figure 7. Seuils de pauvreté perçus en France en 2008 selon la région d’appartenance (Île-de-France, Province)

I- Mesure de la pauvreté monétaire relative

Que ce soit en France ou dans l’Union européenne, la pauvreté est définie non seulement sous sa forme monétaire, mais aussi dans une approche relative. Dans cette optique, est pauvre toute personne dont le revenu est en dessous d’un certain montant défini, appelé seuil relatif, ce seuil étant fixé en fonction du niveau de vie des personnes résidant dans le même pays.

La définition de la pauvreté servant de référence au niveau européen apparaît officiellement pour la première fois dans une décision du Conseil des Communautés européennes du 19 décembre 1984 concernant une action communautaire spécifique de lutte contre la pauvreté : « on entend par personnes pauvres les individus, les familles et les groupes de personnes dont les ressources (matérielles, culturelles et sociales) sont si faibles qu’ils sont exclus des modes de vie minimaux acceptables dans l’État membre dans lequel ils vivent » (Eur-Lex, consulté le 24/06/09).

0 200 400 600 800 1 000 1 200 1 400 Seuil officiel

Seuil perçu Province Ile-de-France S e u il s d e p a u v re

43 On relève trois points dans cette définition :

- la pauvreté peut concerner des personnes mais aussi des groupes de personnes, - la pauvreté admet plusieurs dimensions des types de ressources insuffisantes :

elles peuvent être matérielles, culturelles et sociales,

- la pauvreté est ici un concept relatif dans l’espace, car elle dépend de l’État dans lequel vivent les personnes ou les groupes de personnes, mais aussi dans le temps puisqu’elle est fonction des « modes de vie minimaux acceptables » susceptibles de se modifier au fil des années.

Eurostat (l’Office statistique des Communautés européennes) a rendu opérationnelle cette définition en utilisant la notion de revenu comme seuil de référence, ce qui repose sur l’hypothèse sous-jacente qu’un faible revenu ne permet pas l’accès aux ressources matérielles, culturelles et sociales suffisantes.

Ainsi en Europe, on entend généralement par pauvreté monétaire la pauvreté relative qui traduit l’état dans lequel on se trouve par rapport à un niveau de ressources. En France, le seuil était fixé jusque récemment à 50 % du revenu médian par unité de consommation (UC)23 du ménage. En revanche, dans la plupart des pays européens la tendance était de fixer ce seuil à 60 % du revenu médian ; seuil repris par la France depuis 2008 dans le but d’une harmonisation des statistiques sociales européennes dans le cadre de la méthode ouverte de coordination (MOC) (encadré 8). Est pauvre, toute personne vivant dans un ménage dont le revenu par UC est inférieur à ce seuil de pauvreté. La proportion de personnes pauvres

dans l’ensemble de la population désigne ce qui est malencontreusement appelé le taux de pauvreté. Ce taux de pauvreté peut être également établi pour différentes sous-populations, telles que la population active. Il s’agira dans ce cas de la proportion d’actifs

pauvres dans l’ensemble de la population active.

23 Est retenue ici l’échelle de l’OCDE se définissant par la pondération suivante : - 1 UC pour le premier adulte du ménage,

- 0,5 UC pour les autres personnes de 14 ans ou plus, - 0,3 UC pour les enfants de moins de 14 ans.

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