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La messe des santonniers de Marseille, du folklore à la ferveur

Dans le document Ethnologue, passionnément. (Page 134-148)

Régis bertrand

La quarantième messe « des santonniers », explicitement présentée comme telle par le clergé, a été célébrée à Marseille le 17 novembre 2013 à l’occasion de l’inauguration de la foire aux santons . Cette cérémonie attire une assistance jugée « considérable » par la presse, qui occupe tous les bancs et remplit les nefs de la vaste église néogothique Saint-Vincent-de-Paul-les-Réformés, à l’extrémité de la Canebière . Elle n’est pas citée dans la bibliographie santonnière ni dans les quelques écrits récents qui traitent des « traditions marseillaises », ce qui d’ailleurs ne saurait surprendre : la séquence liturgique est ordinairement la grande absente de l’étude de la fête provençale. Je suis allé assister assez régulièrement à ces célébrations depuis 1979, avec le souci en particulier d’observer le compromis entre « folklore » félibréen et exigences liturgiques et pastorales, dont je vais rendre compte ici. J’ai pu aussi noter que si l’affluence ne faiblit pas, son évolution telle que j’ai pu la suivre peut paraître inattendue : à la différence d’autres cérémonies religieuses « provençales » et en particulier des messes de minuit les plus courues, qui ont tendu à glisser de la ferveur à une certaine folklorisation, l’inverse ici semble s’être produit.

Du latin au provençal, genèse d’une « tradition »

Le père Pierre Causse (1921-2009), prêtre de la Mission, dont on va voir le rôle, a rédigé à ma demande le 16 juin 2005 un très bref mais précieux historique . Il y signale qu’une messe « des santonniers » existait depuis le début des années 1950 à l’initiative de l’association

marseillaise « ? Prouvènço ! » et de Marcel Carbonel (1911-2003), alors président du Syndicat des santonniers . Elle était comme toutes les messes avant le concile de Vatican II célébrée en latin ; l’homélie et les chants étaient en provençal . C’est pour cette cérémonie que la santonnière Émilie Puccinelli-Meinnier (1905-1974) a composé sa « Preguiero à sant Francès

d’Assiso, patroun di santounié » . Une feuille volante ronéotée qui fournit

son texte porte l’imprimatur du vicaire général Lucien Gros et la date de novembre 19541. Mais cette célébration semble être restée confidentielle. L’association « ? Prouvènço ! » n’ayant pu une année assurer la cérémonie fut dès lors relayée par l’Escolo dei felibre de la Mar .

En 1973, la messe connaît un changement important . Le concile Vatican II a autorisé la célébration en langue vulgaire (autre que latine) . Quelques mois auparavant, le texte de la messo en lango d’o a été diffusé à titre expérimental . Le père Pierre Causse, un de ses principaux auteurs, célèbre cette année-là entièrement en provençal et prêche pour la première fois dans cette langue2 . La messe est mentionnée brièvement pour la première fois en décembre 1976 dans le bulletin religieux du diocèse3 . Le premier compte rendu de quelque ampleur que j’ai pu trouver dans la presse locale a paru dans Le Méridional du 27 novembre 1978 . Il signale qu’une « messe organisée par le Syndicat des santonniers » a d’abord été dite à l’église des Réformés . L’article atteste de la participation de la chorale de l’Escolo de

la Mar « pour la partie chant ». Il confirme surtout le début d’intégration

de la messe au rituel de l’inauguration de la foire :

« […] conduits par les tambourinaires, les santonniers ont descendu une portion de la Canebière pour se rendre aux allées de Meilhan où avait lieu l’inauguration de cette foire » .

La messe semble rester encore à cette date avant tout une commémoration des santonniers disparus. Le feuillet distribué aux fidèles cette année-là est simplement intitulé « messo en lango nostro » . Celui de l’année suivante porte en sous-titre « messo di santounié » . Elle constitue une nouveauté suffisante pour que Michèle Taddei, dans Le Provençal du 26 novembre 1979, lui consacre l’essentiel de son compte rendu :

« Une foule considérable – plusieurs milliers de personnes4 – a assisté hier à la messe solennelle qui marquait l’inauguration de la foire aux santons .

1 J’utilise ici un dossier rassemblant des livrets de la cérémonie et des coupures de presse constitué par mes soins .

2 P . Causse, P . Nougier, 2008 .

3 L’Église aujourd’hui à Marseille, 36, 12 décembre 1976, p . 955 .

4 L’église propose 750 places assises . Si l’on pose en hypothèse que tous les espaces libres ont été occupés, on ne saurait qu’à peine atteindre un millier d’assistants .

L’église Saint-Vincent-de-Paul était trop petite pour contenir les fidèles – les santonniers, une dizaine de groupes folkloriques et aussi de nombreux Marseillais et des Provençaux, venus participer à cette célébration en lengo

nostro que présidait S .E . Monseigneur Etchegaray, cardinau archevesque de Marsiho, entouré du père Causse et du père Vido (sic pour Vidau), qui

officiaient en provençal ».

L’« Agenda du cardinal », publié dans chaque livraison du bulletin diocésain, indique pour la première fois cette année-là : « Dimanche 25 novembre, le matin, messe pour les santonniers à Saint-Vincent-de-Paul » . La livraison suivante consacre une page au compte rendu de la cérémonie et cite des extraits (en français) de la monition d’entrée du père Causse et de l’homélie cardinalice . L’article n’indique nullement que ce « grand concours de peuple », cette « foule recueillie », étaient venus entendre une célébration en provençal5. C’est donc à la fin des années 1970 que se produit ce qui est moins l’invention que la découverte par les médias d’une cérémonie qui devient alors une tradition6 .

À partir des années suivantes et quasiment jusqu’à nos jours, les descriptions de la messe se font brèves ou se réduisent à une mention, tant cette célébration qui a alors moins de dix ans est déjà considérée comme le préalable des cérémonies d’ouverture de la foire . Le Provençal du 29 novembre 1982 signale simplement que « la traditionnelle messe des santonniers » a précédé l’inauguration de la foire . Alain Dupuy écrit dans

le Provençal du 25 novembre 1996 :

« L’église des Réformés est comble et la ferveur s’exhale à fleur de psaume dans les volutes de l’encens . C’est ainsi qu’à Marseille s’ouvre la foire aux santons » .

Une liturgie en provençal

Le texte liturgique est celui de la Commission de la langue d’oc pour l’Église, dont la version définitive en provençal a été éditée en 1976 par un groupement félibréen marseillais, Lou Rode dou Pichot Bousquet . L’inauguration de la foire ayant alors lieu le dimanche qui précède le début

5 L’Église aujourd’hui à Marseille, 37, 18 novembre 1979, p . 759 et 39, 2 décembre 1979, p . 776 .

6 En dépit d’un usage extensif de l’expression issue du titre d’E . Hobsbawm et T . Ranger (1983), l’on ne saurait en user stricto sensu dans le cas de la messe des santonniers, qui n’est pas promue par une autorité publique dans le but d’établir la cohésion sociale ou l’appartenance à des groupes ou d’imposer des codes de conduite .

de l’avent, la liturgie est celle du Christ-Roi de l’univers . La messe du temps ordinaire est intégralement chantée en provençal par le célébrant . Lui répond la chorale félibréenne et apparemment « le peuple » (une partie de l’assistance) . Un « refrin » qui ne figure pas dans le texte liturgique a été intercalé entre les principales parties du Credo, lui-même chanté en provençal : « Cresen, Segnour, siès la sorgo de vido » (Nous croyons, Seigneur [que] tu es la source de vie7) . Ce verset, tour à tour chanté par la chorale et l’assistance, dote la cérémonie d’une formule de chant courte et typée à l’air aisément mémorisable, que l’on entendra ensuite fredonner parmi ceux qui se pressent derrière les autorités et les groupes folkloriques pour l’inauguration de la foire .

Les santonniers morts pendant l’année sont énumérés au moment de la prière universelle . Michèle Taddei précise qu’en 1979, les santonniers ont lu ensuite la Preguiero à sant Francès d’Assisi, patroun di Santounié d’Émilie Puccinelli-Meinnier . Pendant la communion, particulièrement longue à cause de la difficulté des prêtres à se frayer chemin à travers la foule, les tambourins et la chorale interprètent des noëls. Le chant final est, en 1978-1979 et 1980, le Prouvencau et Catouli, composé par Malachie Frizet au début de la IIIe République, sans doute considéré comme le cantique provençal le plus connu d’un très large public .

On va ensuite modifier ces deux séquences assez discutables, puisque l’on chantait Noël avant l’entrée dans l’avent et que le chant de Malachie Frizet reste très connoté politiquement comme le chant de la « Provence blanche8 » . Le feuillet distribué à l’entrée de l’église en 1995 indique ce qui est alors le rituel de la principale messe célébrée à Marseille dans le dialecte occitan régional : pendant la communion, les tambourins alternent avec l’orgue . Ce dernier est désormais tenu par le docteur Jean-Robert Cain, petit-neveu de David Dellepiane (1866-1932), l’artiste qui a magnifié les santons dans ses œuvres picturales9 . Les deux instruments jouent des airs de noëls et de pastorales sans que la chorale intervienne . Le Prouvençau

et Catouli a été remplacé par le chant final de la Pastorale d’Antoine

Maurel (1842), le choral O rei de glori, dont l’incipit est particulièrement adapté à la fête du Christ-Roi. À la fin de la messe, les tambourinaires précèdent les autorités civiles et religieuses en jouant La marche de la

procession de Notre-Dame-de-la-Garde . La traduction du Pater proposée

par la commission pour la langue d’oc a été remplacée par celle de Frédéric Mistral, plus poétique mais non approuvée canoniquement .

7 Il est mentionné par A . Detaille dans un très court article de la livraison de novembre 1980 des Nouvelles affiches de Marseille alors que le feuillet distribué aux fidèles en 1979 ne le mentionne pas .

8 P . Pasquini, 1997 . 9 F .-A . Beudon, 1999 .

La messe est alors exceptionnelle à Marseille par l’usage du provençal dont témoignent les livrets mis à la disposition des fidèles. Si la présence des tambourinaires, des mainteneurs en costume dit traditionnel, le chant des cantiques en provençal par une chorale la rapprochent des messes de minuit célébrées en certaines paroisses qui bénéficient de la présence d’une maintenance félibréenne, la liturgie de ces dernières et leur sermon sont ordinairement en français . Au cours des années 1990, le père Joseph Rey, curé et félibre de Graveson, au coeur de la Provence mistralienne, vient depuis le diocèse d’Aix célébrer la messe en provençal, ordinairement sous la présidence de l’archevêque, en présence du maire ou de son représentant10 et du maire de secteur . À défaut, c’est le vicaire général du diocèse d’Aix chargé du « pays d’Arles », ce qui suggère l’incapacité du clergé marseillais de la fin du xxe siècle à s’exprimer en provençal .

En revanche, ne s’est nullement imposé un rituel d’offrande des biens de la terre (ou de la mer à Marseille) analogue à celui mis au point par les félibres marseillais au début du xxe siècle dans l’église des Baux11 . On en trouve une seule attestation dans le Méridional du 2 décembre 1985 qui, rendant compte de la « traditionnelle (sic) fête des santonniers célébrée [...] en l’église des Réformés », signale qu’elle s’est terminée « par l’offrande des santonniers » . L’on ignore cependant s’il s’agit de santons pour la crèche paroissiale ou – plus vraisemblablement – du fruit d’une collecte pour l’église qui était alors très délabrée . Il n’a été à aucun moment question d’implanter dans la messe des santonniers une séquence cérémonielle, sans doute perçue comme spécifique de la messe de minuit et de celle du jour de Noël . Le père Causse observait en 2005 :

« Les santonniers ne se sont jamais beaucoup investis dans cette messe . Les baraques ouvrent dès le samedi et le dimanche bien avant l’inauguration officielle ».

Il notait aussi :

« Avec la participation des élus, cette messe a connu un engouement . Certaines sociétés de tourisme allant jusqu’à demander que leur soient réservées des places assises à l’église . Ce qui dépasse l’entendement et n’a jamais été réalisé » .

10 Celle de Gaston Defferre n’est pas assurée . L’est en revanche celle de son successeur, Robert Vigouroux . La présence de Jean-Claude Gaudin semble ensuite systématique à partir de 1995 .

Du provençal au français…

Dans les années 1980 et 1990, la messe remplit paradoxalement une église qui n’a plus de curé résident, est ordinairement fermée et dont le sort semble incertain . Un candidat aux élections a proposé sa démolition afin de construire un local universitaire. Il a suscité parmi les habitants du quartier la création d’une association de défense de l’édifice. Quelques années plus tard, alors que l’archevêque de l’époque a donné son accord pour la démolition, le président de cette association va mettre à profit le bref moment où la parole est donnée aux organisateurs de la messe des santonniers, à la fin de celle-ci, pour interpeller publiquement le maire Robert Vigouroux, placé au premier rang de l’assistance, au sujet du sort prévu pour l’église, susceptible selon lui de nourrir le vote extrémiste12 . La municipalité allait peu après décider de réhabiliter l’édifice et l’archevêché de reconstituer une paroisse . Les informations télévisées régionales et la presse ont certes montré l’église pleine de fidèles à cette occasion mais il n’est pas certain que la messe des santonniers ait eu les effets décisifs qu’a

posteriori certains sembleraient aujourd’hui lui attribuer dans le sauvetage

de l’édifice. Essentielle fut sans doute l’action de l’association et surtout l’échec du candidat aux élections, qui lui fit abandonner la vie politique.

Au début du xxie siècle, à plusieurs reprises, l’archevêque ou un des vicaires généraux ont tenu à célébrer eux-mêmes la messe. Le problème est qu’ils ne connaissent pas le provençal . Le père Causse a vécu assez longtemps pour constater :

« Depuis que la messe est présidée ou célébrée par Mgr Panafieu, la liturgie est en grande partie en français » .

Le nouveau curé installé à demeure à l’église des Réformés en 2004, dont la forte personnalité et le rayonnement dépassent largement le cadre paroissial13, a également tenu à officier lui-même. Il ne semble pas considérer la crèche et les santons comme un élément de sa pastorale14 . La liturgie de la messe des santonniers a été, au cours de ces dernières années, de plus en plus en français . Il est vrai que l’on peut percevoir cette francisation comme

12 Aurait alors couru la rumeur que la reconversion universitaire était un prétexte pour livrer cet emplacement à l’extrémité de la Canebière à la construction d’une mosquée . J’ai été témoin de cette scène .

13 Il est l’auteur de plusieurs ouvrages dont une autobiographie : M .-M . Zanotti-Sorkine, 2011 . Voir également La Croix du 5 janvier 2012, p . 25 et le courrier des lecteurs du 11-12 février 2012 .

14 Son site internet précise au sujet de celle de son église : « Crèche à caractère touristique (sic) » . Elle n’est visiblement pas faite de dons des santonniers marseillais : les figurines semblent de fabrication italienne.

un aboutissement . Au cours des années 1990, les efforts du célébrant pour rendre la messe audible par des commentaires ou de courtes traductions en français ont été nets. Du temps où le père Rey officiait, il lui est arrivé une année d’oublier d’apporter son missel provençal : il a donc improvisé une traduction simultanée mais très francisée du missel de l’autel . Lorsque le père Michel Desplanches, curé de Salon et majoral du félibrige, est venu célébrer ou du moins donner le sermon, dans les premières années du xxie siècle, il a prêché dans une langue nettement plus idiomatique mais a prononcé des sermons bilingues, traduisant chaque paragraphe en français . Il convient également de tenir compte de l’affaiblissement des connaissances linguistiques des associations félibréennes présentes à la cérémonie . Il est apparemment plus facile de se costumer en santon que de pratiquer couramment la langue vernaculaire, comme le suggère la façon dont ont été prononcés au cours des dernières années les textes scripturaires de la célébration lus par certains membres de ces associations15 .

Autre évolution : la foire aux santons a quitté en 2005 la Canebière pour être établie à proximité du port16 . Après quelques hésitations sur son emplacement, elle se tient désormais place Charles-de-Gaulle, près du bas de la Canebière, où elle est englobée dans un marché de Noël sur le modèle alsacien . Le lien entre la messe et l’inauguration est devenu beaucoup moins évident puisqu’il y a solution de continuité spatiale entre l’église et la foire . La Canebière est interdite à la circulation au moment de la sortie de la messe . Prennent alors place plusieurs carreto ramado (charrettes festives, décorées de verdure et tirées par plusieurs paires de mulets ou chevaux), venues de l’ouest du département et garées jusqu’alors sur le cours Joseph-Thierry proche de l’église des Réformés . Les groupes folkloriques et les tambourinaires qui ont animé la messe les suivent et l’ensemble descend la Canebière jusqu’à atteindre la foire aux santons . Les autorités civiles quant à elles prennent une rame de tramway arrêtée devant le parvis de l’église qui leur est exclusivement réservée et qui roule au ralenti, parallèlement au défilé. Les autorités religieuses ne participent plus à l’inauguration.

En 2013, la messe n’a été signalée par aucun des médias marseillais qui ont annoncé l’inauguration de la foire . Elle était en revanche indiquée sur le site Internet des santonniers17 . Elle ne fera l’objet d’aucun compte rendu dans la presse locale . La Provence, principal quotidien marseillais, se bornera à la mentionner incidemment à deux reprises dans un article

15 Je dois cette expertise à un professeur de provençal-langue d’oc .

16 À la suite des travaux d’installation des rails du tramway . En novembre 2005, la messe fut par exception célébrée dans l’église Saint-Cannat-les Prêcheurs et en novembre 2006, dans celle de Saint-Ferréol-les Augustins, sur le port . Dès 2007, la célébration eut lieu à nouveau dans l’église des Réformés .

17 [www .foire-aux-santons-de-marseille .fr/programmefoireauxsantons .html], consulté le 15 novembre 2013 ; encore sur le site le 7 avril 2014 .

sur l’inauguration de la foire en affirmant qu’elle a eu lieu… à la Major, la cathédrale . En revanche la présence simultanée du maire et de son futur adversaire aux prochaines élections (qui est alors maire de secteur) a été relevée par un organe national, le Parisien, qui signale :

« Dimanche, à 10 h 30, Jean-Claude Gaudin et Patrick Mennucci ont assisté à la traditionnelle messe des Santonniers dans l’église pleine à craquer des Réformés, en haut de la Canebière. Un office célébré en provençal18 » .

Cette dernière affirmation est inexacte. La 40e messe, le 17 novembre 2013, a été concélébrée par Mgr Jean-Marc Aveline, vicaire général, qui allait être nommé trois semaines plus tard évêque auxiliaire et par Michel-Marie Zanotti-Sorkine, curé de la paroisse . L’utilisation du français a été bien plus forte que ce que peut laisser penser le feuillet mis à la disposition de l’assistance à l’entrée de l’église, qui n’a pas été modifié depuis plusieurs années et procure en regard les textes français et provençaux des prières et cantiques, excepté pour le Credo et le Sanctus, donnés en latin et français (alors qu’ils figuraient en provençal sur le feuillet des années 1980, qui était exclusivement rédigé en cette langue, sans traduction19) . Après un chant d’entrée en provençal interprété par la chorale félibréenne, la prière pénitentielle prononcée par Mgr Aveline l’a été en français, le Kyrie a été chanté dans sa langue originelle, le grec, le Gloria à nouveau en français, la première lecture vétérotestamentaire a été faite en provençal puis en français par une jeune femme en « costume », le psaume a été chanté en provençal par des membres d’un groupe folklorique ; l’épître (lettre de saint Paul) a été lue uniquement en français par une jeune femme qui n’était pas « en provençale » ; après l’Alleluia (latin), Mgr Aveline a lu l’évangile uniquement en français et a prononcé également un sermon en français dont le seul mot provençal était « santon » . Il n’a pas fait d’autre allusion au provençal sinon cette remarque discrète : « Ce passage du prophète Malachie que vous nous avez lu, madame, avec votre bel accent » .

Le Credo a ensuite été chanté en latin . La prière universelle a été dite en

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