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Maximisation des connaissances techniques et capacités opératoires

2.2 Constitution d’équipes contribuant au pilotage des compétences

2.2.3 Maximisation des connaissances techniques et capacités opératoires

Plusieurs travaux concernant la constitution d’équipes modélisent à la fois les connaissances techniques et les capacités opératoires. En maximisant les connaissances techniques pour constituer une équipe, ces modèles ont également maximisé les capacités opératoires. Nous présentons certains travaux significatifs ci-après.

2.2.3.1 Modèle contribuant à l’évaluation des connaissances techniques et des capacités opératoires.

[Acuna et Juristo, 2004], [Acuna et al., 2006] proposent leur propre évaluation sur des

compétences non techniques pour l’aide à la constitution des équipes de projets de développement informatique. Le modèle évalue successivement les acteurs à travers deux tests de compatibilité de compétences non techniques : le test du profil de personnalités et le test du rôle dans l’équipe. L’affectation des tâches aux ressources est réalisée sous certaines conditions de compatibilité : si la compatibilité est supérieure à 50, on peut affecter la tâche à cette ressource, sinon l’affectation peut avoir lieu mais nécessite la formation supplémentaire. La validation du modèle est effectuée à travers deux cas d’étude (l’un affecte des tâches par le jugement des experts et l’autre utilise le modèle d’évaluation défini ci-dessus). Les deux cas sont évalués par rapport à certains critères tels que la performance des ressources, le temps du développement et les défauts trouvés pendant la phase de contrôle. Ce modèle ne prend pas en compte la collaboration entre acteurs, ni la modélisation des tâches.

2.2.3.2 Modèle contribuant à la maximisation des deux types de compétences en prenant en compte la collaboration dans l’équipe

Dans le contexte de la conception collaborative, [Hadj-Hamou et Caillaud, 2004] ont proposé un modèle de la constitution d’équipes dans le but de maximiser le niveau de compétences en assurant le recouvrement des métiers et des rôles dans l’équipe. Le modèle cherche à construire une équipe de conception ayant une personne qualifiée dans chaque discipline (mécanique, informatique, électronique, etc.) et couvrant chaque rôle. Les rôles dans une équipe sont définis selon la typologie de [Belbin, 1981]. Un problème de programmation linéaire a été formulé pour assurer la diversité des rôles et des disciplines nécessaires dans une équipe.

Un projet comprend plusieurs acteurs i (i=1,…,m), disciplines j (j=1,…,n) et rôles k

(k=1,…p). Chaque acteur i peut maîtriser une ou plusieurs disciplines j et jouer un ou

plusieurs rôles k, les variablesx etij y sont des variables de décision binaires pour la discipline ik

Chapitre 2.Etat de l’art sur la constitution d’équipes

1 si l'acteur est sélectionné pour travailler dans la discipline 0 sinon

1 si l'acteur est sélectionné pour jouer le rôle 0 sinon ij ik i j x i k y ­ = ® ¯ ­ = ® ¯

La fonction objectif (1) est de maximiser le niveau de compétence dans les disciplines et le niveau de coopération des membres d’équipe. La valeur a est un niveau de maîtrise acquis ij

dans la discipline j par l’acteur i ( 0aij ≤ ), la valeur 1 b est un niveau de coopération de i

l’acteur i ( 0≤ ≤ ). Pour trouver un compromis entre le niveau de compétence et celui de bi 1 coopération, le niveau de compétence dans les disciplines est pondéré par

α

et le niveau de coopération est pondéré par (1−α).

1 1 1 1 Maximiser (1 ) (1) m n m n ij ij i ij i j i j a x b x

α

α

= = = = + −

¦¦

¦¦

La contrainte (2) assure qu’il y a seulement un acteur qui est affecté à chaque discipline. La contrainte (3) assure qu’il y a seulement un acteur pour chaque rôle d’équipe.

1 1, 1,..., , (2) m ij i x j n = = ∀ =

¦

1 2, 1,..., , (3) m ik i y k p = < ∀ =

¦

Les contraintes (4), (5) et (6) imposent que l’acteur sélectionné ne maîtrise qu’une seule discipline et ne joue qu’un seul rôle dans l’équipe du projet.

1 1 1 1 1, 1,..., , (4) 1, 1,..., , (5) , 1,..., (6) n ij j p ik k p n ij ik j k x i m y i n x y i m = = = = ≤ ∀ = ≤ ∀ = = ∀ =

¦

¦

¦

¦

[Wi et al., 2009] proposent un modèle d’évaluation des compétences (savoir-faire, savoir- être et savoir-qui) des acteurs permettant de sélectionner les meilleurs acteurs en fonction de mots-clés définissant une mission. Cela permet de distinguer les profils des rôles dans l’équipe (profils manageur/intégrateur, profils spécialiste, etc.). [Fan et al., 2009] proposent également un modèle de sélection des membres d’équipe en tenant compte de leurs connaissances techniques et leurs capacités de collaborer avec d’autres membres.

2.2.3.3 Modèle contribuant à la maximisation des deux types de compétences prenant en compte la modélisation des tâches

Dans le contexte de l’ingénierie concourante, [Chen, 2005] a proposé un modèle relativement complet pour la constitution d’équipes de conception. Ce modèle cherche à

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maximiser le niveau de capacités opératoires tout en assurant le niveau de connaissance technique. Trois sous-modèles ont été proposés : modèle du projet, modèle des membres d’équipe, modèle d’affectation.

Le modèle du projet analyse la séquence et la dépendance des tâches du projet. Le modèle identifie les séquences temporelles des tâches, montre l’indépendance et la dépendance entre tâches et décompose de grands groupes de tâches en des groupes plus petits, dans le but de faciliter la constitution d’équipes ultérieurement. Trois types d’enchaînements des tâches ont été identifiés : indépendant, dépendant, interdépendant.

Le problème de la constitution d’équipes peut être formulé avec ou sans caractérisation des tâches. Néanmoins, la modélisation des taches (et du processus) est l'une des premières étapes dans la constitution d’équipes, visant à s'assurer que les tâches seront réalisées pour répondre à une mission clairement identifiée (par exemple, satisfaire les besoins des clients). Les tâches du processus peuvent être regroupées en modules de tâches interdépendantes, ce qui permet de les affecter à une équipe en limitant les efforts de coordination ou les itérations souvent longues entre équipes.

Le modèle des membres d’équipe est un modèle qui caractérise les compétences d’un membre d’équipe. Les compétences d’un membre d’équipe sont classées en trois catégories: la connaissance technique, la capacité de travailler en équipe (l’expérience dans le travail en équipe, la capacité de communication, la flexibilité) et la capacité relationnelle (profil de personnalité). La capacité de travailler en équipe et la capacité relationnelle sont des capacités opératoires. L’indicateur MBTI (Myers-Briggs Type Indicator) a été utilisé pour évaluer ce dernier type de capacité, la capacité relationnelle.

Le modèle d’affectation est un modèle qui affecte des tâches aux ressources. Les hypothèses utilisées dans ce modèle sont les suivantes : chaque tâche (définie par un type de département) nécessite un seul acteur (on ne fractionne pas la tâche), chaque acteur peut être affecté à plusieurs tâches, tant qu’il ne dépasse pas sa capacité de travail. L'auteur distingue deux types d'affectation selon la dépendance de la tâche : tâches indépendantes et tâches dépendantes (ou interdépendantes).

- Pour l’affectation des tâches indépendantes, l’affectation d’un membre à une tâche considère uniquement les connaissances techniques. La réalisation des tâches indépendantes ne requiert pas la capacité à travailler en équipe puisque le membre choisi est supposé travailler individuellement sur la tâche. On sélectionne donc le membre qui a le niveau de connaissance technique le plus élevé et le niveau de capacité à travailler en équipe le plus bas.

- Pour l’affectation des tâches dépendantes et interdépendantes, l’affectation d’un ensemble de tâches à un ensemble de membres prend en compte les deux types de compétences (connaissances techniques et capacités de travailler en équipe). L’algorithme d’affectation travaille en deux étapes. On sélectionne les membres qui ont le niveau de connaissance technique suffisant, puis on optimise leur capacité de travail en équipe et leur compatibilité selon leur personnalité.

Formulation mathématique

Un projet possède n tâches dans une entreprise ayant p départements. On notera un ensemble de tâches x (i =1,…,n ), un ensemble de départements i D (k =1,…,p) et la charge k

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Pour augmenter la performance d’équipe dans l’affectation des tâches dépendantes, la connaissance technique sera d’abord considérée, tous les acteurs utilisés dans le modèle sont qualifiés pour la tâche (par exemple, niveau de compétence >0.8). Après le choix des acteurs qualifiés, on élabore le modèle mathématique.

La procédure d’affectation détaillée, dans un groupe de m tâches dépendantes, est définie ci-dessous :

(1) on détermine les départements correspondant aux m tâches (une tâche est associée à un unique département en considérant les connaissances techniques). Pour chaque groupe de tâches, m départements fonctionnels seront déterminés : {D D1, 2,...,Dm}.

(2) j =1 (on va allouer des ressources pour chaque groupe de tâches)

(3) pour chaque tâche, on sélectionne tous les membres qui peuvent être qualifiés (les membres qui possèdent le niveau de compétence dans le département D supérieur à un j

seuil de compétence R et qui ont une capacité supérieure ou égale à la charge de la m

tâcheW ), ensuite on place ces membres candidats à l'affectation dans un ensemble noté i j

C

(4) si ,j<m j= + , revenir à l’étape (2), sinon aller à l’étape (5). (lorsque j = m, nous j 1 obtenons la liste des membres qualifiés pour chaque tâche { ,C C1 2,...,Cm}).

(5) par la suite, l'algorithme recherche les affectations permettant de maximiser la capacité à travailler en équipe et la capacité relationnelle (fonction objectif dans l'équation 1).

, 1 1 max (1) m m ai bj ai bj a b a i j w x x = = + ∀ ∀

¦ ¦ ¦¦

1 ( 1, 2,..., ) ai i x a n ∀ = =

¦

, 0 ou 1 ai bj x x ∀ =

La fonction objectif est calculée comme la somme de toutes les combinaisons par paires des valeurs wai bj, . La valeur wai bj, est utilisée pour calculer la "capacité de travailler en équipe" et la "capacité relationnelle" entre deux acteurs.

Pour faire la combinaison par paire, on compare un à un les acteurs candidats de différents ensembles { ,C C1 2,...,Cm} (la combinaison par paire est représentée par deux variables a et b), sachant que m est le nombre de tâches dans le module considéré. On prend l’acteur i et l’acteur j appartenant à deux départements différents et on suppose qu’ils doivent travailler ensemble. On peut ainsi calculer la valeur wai bj, par l’équation (2).

, ( ) (1 ) , ;(0 1) (2)

ai bj ai bj ai bj

wT +T + −α R ≤ ≤α

, ai bj

w est une mesure de la capacité de travailler en équipe et de la capacité relationnelle du candidat i dans le groupe a et du candidat j dans le groupe b.

ai

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bj

T est une mesure de la capacité de travailler en équipe du candidat j dans le groupe b. ,

ai bj

R est une mesure de la capacité relationnelle (profil de personnalité) entre le candidat i dans le groupe a et le candidat j dans le groupe b.

ai

x et x sont les variables de décision binaire, bj x (ai x ) vaut 1 si l’acteur i (j) dans le bj

groupe a (b) est choisi et 0 sinon.

α

est une valeur relative d’importance entre deux facteurs (capacité de travailler en équipe et capacité relationnelle), elle est déterminée par des chefs du projet.

En résumé, la méthodologie proposée commence par regrouper les tâches dépendantes qui sont affectés à une équipe, de présélectionner les acteurs candidats à l'affectation dans l'équipe, avant de chercher à maximiser la cohérence interne de l'équipe. Même si ce modèle semble relativement complet, il ne permet pas à des acteurs sous-compétents de se former pour réaliser une tâche et ne prend pas en compte l'évolution des compétences des acteurs. D'autre part, les données manipulées peuvent être difficiles à obtenir ou à estimer.