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2. Méthode

2.2. Matériel

2.2.1. Echelle d’évaluation des préférences sexuelles

Afin d’évaluer l’orientation sexuelle des participants, nous avons administré l’échelle utilisée par Meier, Robinson, Gaither et Heinert, (2006) que nous avons traduite en français.

Cette échelle consiste en un item ("Je considère mon orientation sexuelle comme") auquel les participants devaient répondre en sélectionnant l'une des possibilités de réponses proposées (1= hétérosexuelle; 2= bisexuelle; 3= homosexuelle; 4= asexuelle). Dans notre étude, seuls les participants avec un score de 1 ont été retenus pour les analyses. De ce fait, les données de 3 participants n'ont pas été traitées.

2.2.2. Échelle d’évaluation du niveau d’homophobie

Dans notre étude, le niveau d’homophobie des participants a été évalué par l’échelle moderne d’homonégativité de Morrison et Morrison (Modern homonegativity scale ; 2002) que nous avons traduite en français (Annexe I). Cette échelle a été conçue pour évaluer, chez les individus hétérosexuels, les attitudes préjudiciables envers les hommes et les femmes homosexuels à l’aide de deux échelles parallèles de 12 items chacune. Seule l’échelle évaluant les attitudes envers les hommes homosexuels a été utilisée dans notre étude. Les participants devaient répondre à chaque item sur une échelle de Likert en 5 points (1=

fortement en désaccord ; 2= en désaccord ; 3= je ne sais pas ; 4= en accord ; 5= fortement en accord). Un score élevé indique une forte homonégativité (Morrison & Morrison, 2002).

Nous avons utilisé cette échelle au vu de ses bonnes qualités psychométriques (α de Cronbach = .91) mais aussi parce qu’elle est considérée comme la mesure la plus adaptée pour les jeunes étudiants universitaires, comparé aux anciennes mesures d’homophobies (Morrison & Morrison, 2002). En effet, elle saisit plus efficacement les attitudes négatives à l’égard de l’homosexualité telle qu’elles se reflètent à notre époque (Rye & Meaney, 2010).

Cette échelle a aussi l’avantage d’être moins influencée par un biais de désirabilité sociale

puisque ses scores ne corrèlent pas significativement avec les échelles qui évaluent ce biais (Morrison & Morrison, 2002).

Pour les données de notre échantillon, la consistance interne de l'échelle moderne d'homonégativité s'est révélée tout à fait satisfaisante (α de Cronbach = .85).

2.2.3. Tâche d’évaluation des tendances automatiques d’approche-évitement

Dans notre étude, nous avons mesuré les tendances automatiques d’approche envers les stimuli de nature homosexuelle à l’aide de la tâche du mannequin (De Houwer, Crombez, Baeyens, & Hermans, 2001). Nous avons utilisé cette tâche car elle dispose d’une bonne validité et fiabilité en tant que mesure des tendances automatiques d’approche-évitement (De Houwer et al., 2001 ; Krieglmeyer & Deutsch, 2010).

Cette tâche s’est effectuée sur un ordinateur muni du logiciel E-prime®. Les participants devaient déplacer un mannequin (i.e., une représentation schématique d’une figure humaine) vers le haut ou vers le bas en appuyant respectivement sur les touches "8" ou

"2" du clavier numérique, avec le majeur de leur main dominante. Chaque essai commençait lorsqu’une croix apparaissait au centre de l’écran. A partir de là, les participants devaient presser la touche "5" du clavier et devaient la maintenir enfoncée jusqu’à ce qu’ils commencent à déplacer le mannequin. Le mannequin apparaissait soit dans la moitié supérieure soit dans la moitié inférieure de l’écran avec la même probabilité. Sept cent cinquante millisecondes après l’apparition du mannequin, une image à caractère hétérosexuel (i.e., représentant un couple hétérosexuel) ou homosexuel (i.e., représentant un couple homosexuel masculin) était présentée au centre de l’écran. Au total, 10 images (5 de nature homosexuelle et 5 de nature hétérosexuelle) qui provenaient de publicités diffusées sur des sites internet ont été présentées aux participants (Annexes II et III). Afin de contrôler les différentes caractéristiques visuelles des images, les photographies étaient présentées en noir et blanc et mise au même format (ie., 200 × 500 pixels). Les images avaient des contenus (i.e.

des scènes) équivalents et ne différaient que quant à leur nature homosexuelle ou hétérosexuelle. Autrement dit, chaque image représentant un couple hétérosexuel avait une image représentant un couple homosexuel masculin équivalente au niveau de son contenu visuel (e.g., pour une image montrant un couple hétérosexuel qui s'embrasse, une image correspondante montrant un couple homosexuel masculin qui s'embrasse était donnée).

En fonction des conditions, il était demandé aux participants de se déplacer "vers"

l’image lorsqu’elle était de nature hétérosexuelle, et "loin" de celle-ci lorsqu’elle était de nature homosexuelle, ou vice versa. Les participants étaient invités à donner leurs réponses aussi rapidement et précisément que possible en appuyant sur les touches appropriées pour déplacer le mannequin à travers l’écran. En cas de réponse incorrecte, un feedback d’erreur apparaissait. Cinq cent millisecondes après la réponse du participant, l’écran était nettoyé pendant une période de 1000 millisecondes avant le début de l’essai suivant. Le temps de réaction entre l’apparition de l’image sur l’écran et la pression sur la touche (i.e., touches "8"

ou "2") a été enregistré. Les participants ont complété deux blocs, chacun consistant en 12 essais d’entraînement et 40 essais de tests (i.e., chacune des 10 images sont apparues deux fois avec le mannequin se situant dans la partie supérieure de l’écran et deux fois avec le mannequin se situant dans la partie inférieure). Dans un des blocs, il était demandé aux participants de s’approcher des images de nature hétérosexuelle et de s’éloigner des images de nature homosexuelle. Dans le second bloc, il leur était demandé de faire le contraire. L’ordre de passation des blocs était contrebalancé entre les participants. La figure 3 illustre les différents essais.

Figure 3. Illustration des différents essais de la tâche du mannequin. A. représentation d'un essai où le participant a pour consigne d'approcher les stimuli de nature hétérosexuelle. B.

représentation d'un essai où le participant a pour consigne d'éviter les stimuli de nature homosexuelle. C. représentation d'un essai où le participant a pour consigne d'éviter les stimuli de nature hétérosexuelle. D. représentation d'un essai où le participant a pour consigne d'approcher les stimuli de nature homosexuelle. Les flèches orientées vers le haut ou vers le bas indiquent la touche du clavier sur laquelle le participant devait appuyer pour avoir une bonne réponse. Adapté de Cheval, Sarrazin, & Pelletier (2014).

Les tendances impulsives à approcher les images de nature homosexuelle ont été calculées en soustrayant le temps de réaction médian pour "approcher" du temps de réaction médian pour "éviter" les images de nature homosexuelle (i.e., temps de réaction pour éviter moins le temps de réaction pour approcher). Un score positif indique toujours une tendance à approcher plutôt qu’à éviter le stimulus ; un score négatif, indique le contraire. Dans notre étude, la tendance à approcher les stimuli homosexuels a été nommée "IAH".

Dans nos analyses, nous avons exclu les réponses incorrectes ainsi que les temps de réponse inférieurs à 150 millisecondes et supérieurs à 1500 millisecondes conformément aux recommandations de Krieglmeyer & Deutsch (2010).

2.2.4. Tâche de visualisation d'images

Afin de mesurer l'évaluation explicite et le temps de regard, les participants ont réalisé une tâche de visualisation d'images. Cette tâche se déroulait sur un ordinateur doté d'un eye-tracker2 où les participants devaient évaluer 25 photographies (10 photographies de couples hétérosexuels, 10 photographies de couples homosexuels masculins et 5 photographies

"neutres") sur une échelle allant de 1 ("Très désagréable") à 9 ("Très agréable"). Afin de masquer le véritable but de cette tâche, les participants étaient informés que leurs avis sur les images nous aideraient à choisir des stimuli pour une étude future.

La moitié des photographies des couples homosexuels et hétérosexuels avaient déjà été présentées dans la tâche du mannequin. Les nouvelles images (Annexe IV) provenaient d'autres publicités diffusées sur des sites internet et avaient pour objectif de tester la généralisation des résultats. Les photographies "neutres" (Annexe V) étaient issues du International Affective Picture System (Lang, Bradley, & Cuthbert, 2005) mais n’ont pas été traitées dans nos analyses3. Tout comme la tâche du mannequin, les photographies étaient présentées en noir et blanc et mise au même format (ie., 200 × 500 pixels). Les images ont été présentées dans un ordre aléatoire.

Dans un premier temps, l’image apparaissait au centre de l’écran. Les participants étaient informés qu’ils pouvaient regarder les images aussi longtemps qu’ils le souhaitaient.

Une fois qu’ils estimaient avoir regardé l’image assez longtemps pour l’évaluer, ils devaient appuyer sur la barre d’espace du clavier numérique pour que l’échelle d’évaluation apparaisse (Annexe VI). Ensuite ils devaient taper le chiffre correspondant à leur évaluation sur le clavier puis un écran blanc apparaissait pendant 500 millisecondes avant que la prochaine image ne soit présentée. Le chiffre tapé par le participant pour chaque photographie de nature homosexuelle ou hétérosexuelle était enregistré et permettait d’obtenir la variable dépendante

2 Le choix d'utiliser un ordinateur doté d'un eye-tracker est dû au fait que Boris Cheval avait une troisième hypothèse concernant le fait que l'IAH allait augmenter la dilatation de la pupille chez les participants homophobes. En effet, la dilatation de la pupille est une mesure parfaitement valide de l'intérêt sexuel (Rieger, Cash, Merrill, Jones-Rounds, Dharmavaram, & Savin-Williams, 2015). Cependant, cette hypothèse n'entre pas dans le cadre de ce mémoire en raison de la complexité des analyses statistiques nécessaire à l'interprétation des données pupillométriques (i.e., modèle mixte non linéaire).

3 Ces images ont été introduites pour le traitement des données concernant la dilatation de la pupille.

correspondant à l’évaluation explicite. Le temps de regard de chaque image était enregistré à l'insu des participants entre l’apparition de l’image au centre de l’écran et le moment où le participant appuie sur la barre d’espace. Ce temps de regard a été utilisé comme variable dépendante dans nos analyses.

Durant toute la durée de cette tâche, le participant était seul afin de ne pas influencer ses scores sur les deux variables dépendantes. En effet, selon Brow, Amoroso, Ware, Pruesse, et Pilkey (1973, cité par Friese & Hofmann, 2012), le fait de se sentir observé lors de visionnage de matériel érotique peut contribuer à rendre les temps de regard plus courts et moins variables.

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