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Le martinet à ventre blanc

Dans le document BANQUE D'ÉPARGNE ET DE PRÊTS (Page 124-130)

(C^pselus alpinus)

L'arrivée dans nos contrées de ce voilier incompa-rable qu'est le grand martinet à ventre blanc marque pour nous l'entrée triomphale du printemps et, gériéra-lement, son intronisation définitive. Aussi est-ce avec grand plaisir que nous le voyons chaque année prendre possession de ses demeures traditionnelles à la Grand'rue et au Lycée de notre ville et sillonner les airs de ses rapides et gracieuses évolutions en lançant dans l'espace ses appels stridents.

Le grand martinet offre cette particularité, nous disent les naturalistes, de nous venir tout d'une traite des régions nord afi'icaines sans arrêts intermédiaires, ce qui n'est pas le cas pour les autres hirondelles qui accomplissent leurs migrations par étapes successives.

Les martinets nichent dans bien des localités de la Suisse centrale et méridionale ; le Valais semble cependant le canton qui en possède le plus. Berne et Fribourg sont aussi deux de leurs stations privilégiées. Ils séjournent volon-tiers partout où ils trouvent des parois de rochers ver-ticales et inabordables. Ils s'établissent aussi bien près du fond des vallées que très haut, sur les flancs des montagnes escarpées. La cathédrale de Berne est un excel-lent poste d'observation pour y noter les faits et gestes de ces oiseaux.

Le martinet des Alpes (Alpensegler comme l'appellent les Allemands) arrive en général à Fribourg et à Berne vers la fin d'avril ou quelquefois seulement au commen-cement de mai. D'après les observations faites de l'année

1902 à l'année 1918 l'arrivée des grands martinets a varié entre le 6 et le 30. avril.

En i9i8un seul exemplaire a'fait une rapide apparition le 6 avril ; mais cet avant-coureur trop pressé n'a fait que passer comme un trait pour disparaître à l'instant. Un autre encore s'est montré le 24 avril et s'est éclipsé de la même manière. La colonie entière n'est arrivée que le 29 avril au soir.

Dans le courant de la seconde semaine de mai, les martinets commencent la construction de leurs nids ou la restauration de ceux qu'ils avaient occupés autrefois.

Ils préfèrent le plus souvent, par paresse ou par attache-ment à de précieux souvenirs, rentrer, comme les hiron-delles, à leurs anciennes demeures, et retrouver, comme elles, tant de choses aimées et abandonnées pour un temps.

Vers la fin du mois, ou dans les premiers jours de juin nos oiseaux commencent à pondre, faisant d'ordinaire un œuf tous les deux jours. Quelquefois le nid n'est pas encore terminé que déjà les oepfs sont déposés sur la pierre ou sur le bois pour être entourés petit à petit de matériaux entassés journellement.

Un nid parfait présente des formes un peu variables, suivant qu'il est posé dans une anfractuosité de rocher ou sur quelque poutrelle d'un . bâtiment élevé ; il affecte cependant, en général, la forme d'une coupa évasée peu profonde, et comparativement trop petite pour l'oiseau.

Les matériaux de construction sont assez variés ; tou-tefois ils se composent le plus souvent : premièrement et comme base du nid, d'un tissu de petites bûchettes;

, secondement d'un peu de paille ou d'herbe sèche par dessus ; troisièmement de débris. de laine et de plumes dans le centre; le tout uni et collé à la":poutre ou à la pierre par un mastic épais et abondant composé de salive, de fiente et de poussière balayée et ramassée aux alentours.

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La terre paraît n'entrer pour rien dans la construc-tion de ce petit édifice ; et cela se comprend aisément, puisque les martinets, posés sur' le sol, ne peuvent pas, comme les hirondelles, reprendre facilement leur vol, à cause de leurs pattes singulièrement courtes et de la

lon-gueur extraordinaire de leurs ailes. Tout objet doit être pris dans les airs ou ramassé au vol à la surface de l'eau ou du terrain.

Le martinet est plus aérien qu'aucun autre oiseau ; il est pour ainsi dire condamné à ne jamais toucher la

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-terre ; il doit s'accrocher à quelque paroi et ne se .poser que dans les endroits d'où il pourra se précipiter sur ses ailes dans les airs. En fait le martinet, lorsqu'il se trouve contre son gré placé sur une surface unie, est à à peu près dans les mêmes conditions, quant à la pos-sibilité de prendre son vol, que l'oiseau dont les pattes sont brisées ou réunis par un lien. En effet, ses membres inférieurs, aussi mal faits que ridiculement disproportion-nés, ne lui permettent pas plus de se percher que de marcher ; tout au plus lui servent-ils pour se traîner, et. encore sur un parcours très restreint et c'est ce qui explique pourquoi, lorsqu'il regagne le trou qui lui sert de refuge, il ne s'arrête pas à l'entrée où il pourrait cependant se cramponner à l'aide de ses ongles, mais s'y engouffre comme une flèche, les ailes repliées à temps, en conservant toute l'mipulsion qui le porte directement jusqu'à son nid. Ce n'est donc que pour en sortir qu'il est obligé d'utiliser les faibles moyens de locomotion • dont il dispose, afin d'atteindre le bord du trou d'où, en' se laissant tomber, dans le vide il prend le vol puis-sant que lui confèrent ses ailes, d'une longueur exception-nelle.

Il est difficile, dit M. Fatio, de compter tous les nids déposés, par ces oiseaux, dans les combles de la cathédrale de Berne, et il est impossible de découvrir aussi tous ceux qu'abritent quelques corniches extérieures ; mais je crois cependant que cette cathédrale doit héberger annuellement pour le moins quarante à cinquante paires.

Les martinets alpins ne font ordinairement qu'une ponte et quatre œufs seulement ; toutefois si le gardien de la tour leur en prend deux ils en repondent deux autres encore. Après vingt et un jour d'incubation les œufs éclosent et donnent naissance à des petits qui doivent

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rester très longtemps dans le nid qui les protège. Ce n'est guère que six à sept semaines plus tard, dans le com-mencement d'août à peu près, que ces jeunes oiseaux s'élancent pour la première fois hors de leur demeure ; mais il n'y reviennent plus quand ils l'ont une.fois quit-té ; passant ainsi d'un bond du berceau dans la sociéquit-té des adultes.

Souvent, quand il tait beau, ces curieux oiseaux disparaissent pendant des jours entiers. Ils sont à de grandes hauteurs à exécuter par compagnies des exer-cices aériens, ou bien ils cherchent les petits insectes que la chaleur de la terre a élevés dans les airs. Si le mauvais temps revient, que l'orage gronde dans la mon-tagne, l'on voit reparaître aussitôt les martinets qui sem-blaient avoir abandonné la contrée ; ils reviennent à la suite des petits êtres que les intempéries de l'atmosphère font redescendre aussi.

Ils rasent les prairies, suivant plus volontiers les cours d'eau, non pas tant pour y boire, car ils boivent peu, que parce qu'ils y trouvent plus d'insectes. Ils se montrent peu pendant que la pluie tombe ; mais si le soleil reparaît un instant au milieu des nuages, les voilà de nouveau qui chassent dans tous les sens.

Ils engloutissent tout imprudent moucheron qui se

•rencontre sur leur passage; celui-ci se colle à leur palais et ne sera d'ordinaire avalé que lorsque plusieurs autres viendront composer un bol assez volumineux pour offrir plus facilement prise à ce large gosier.

Pendant l'éducation des petits les parents chassent avec plus de frénésie encore. Ils forment à ce moment dans leur bec de très fortes boules d'insectes agglutinés par leur salive, et semblent préférer alors des grosses mouches vertes, comme on l'a remarqué plusieurs fois.

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C'est principalement aux deux extrémités du jour que les martinets alpins sortent de leur retraite pour la chasse. Ils semblent craindre,un peu l'excès de la chaleur.

Cependant c'est surtout le soir qu'ils s'animent le plus; très tard encore il parcourent en tous sens et en criant à, tue-tête les environs de leur demeure. La nuit ils sont très agités ; il est probable qu'ils ne dorment pas beaucoup, car ils ne cessent, pour ainsi de se quereller et de crier jusqu'au matin.

A l'approche„_de l'automne, et à une époque variant suivant les années et les localités, du milieu d'août au milieu de septembre, tous les martinets à ventre blanc de la contrée se réunissent depuis leurs divers quartiers sur un point unique et, après avoir exécuté tous ensemble, quelquefois pendant deux ou trois jours, des exercices de tous genres et des concerts peu harmonieux, ils partent pour le Midi dont il nous reviennent avec un nouveau printemps.

jLe c h i e n p e p d n

Le banquier Klângli a perdu son chien. Il attend jusqu'au len-demain, mais le ciiien ne rapplique pas. Le banquier s'en va à la rédaction de VAn^eiger pour remettre un avis dans lequel il annonce qu'il promet 300 francs de récompense à celui qui lui ramènera son toutou. Deux jours après, il passe au bureau de X'An^eiger et demande à voir le rédacteur en chef. Le garçon de bureau lui répond que le rédacteur est sorti.

Le banquier. — Et le sous-rédacteur ? Le garçon. — Il est sorti aussi.

Le banquier. — Et l'employé ? Le garçon. —' Sorti aussi.

' Le banquier. — Mais où diable sont-ils tous allés ? Le garçon. — Ils sont allés courir après le chien.

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