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8. Biomarqueurs du remodelage ventriculaire post-IDM :

8.1. Marqueurs de la tension mécanique :

Les peptides natriurétiques, BNP (Brain Natriuretic Peptide) et sa fraction terminale NT-proBNP sont les deux biomarqueurs les plus reconnus pour le diagnostic de l’IC et de la dysfonction ventriculaire gauche. Ils sont principalement synthétisés par les cardiomyocytes ventriculaires lorsque la tension exercée sur ces derniers augmente. Le BNP (le peptide actif) et le NT-proBNP (le peptide inactif) sont libérés en quantités équimolaires dans la circulation sanguine.

Rôle du BNP :

La délétion du BNP a généré des souris normotensives présentant une fibrose ventriculaire sans aucun signe d’hypertrophie [179]. Il est intéressant de noter que cette fibrose cardiaque était moins importante chez les femelles comparées aux males [179]. Le BNP représente alors un facteur anti-fibrotique qui régule localement le RVG. Le BNP semble prévenir le développement de la fibrose à travers l’inhibition du TGFβ et de l’enzyme de conversion de l’angiotensine [179]. En revanche, une hypotension a été observée chez les souris sur-exprimant BNP ce qui suggère que le BNP régule la pression artérielle en favorisant la vasodilatation des vaisseaux sanguins lorsqu’il circule en grandes quantités lors des maladies cardiaques [180].

Un variant génétique au niveau du locus NPPA-NPPB codant pour les peptides natriurétiques ANP (pour Atrial Natriuretic Peptide) et BNP, entrainant une augmentation

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dans l’expression de ces peptides, était associé avec moins de susceptibilité à l’hypertrophie cardiaque renforçant le rôle cardioprotecteur de ces derniers [181].

Prédiction du remodelage :

Plusieurs études ont analysé la capacité du BNP et du NT-proBNP à prédire la FV et le RVG après un IDM [2]. La majorité de ces études incluaient moins de 100 patients. De plus, ces peptides ont été mesurés à des temps différents et la FV étaient évaluées par différentes techniques. Aucune de ces études n’a analysé la capacité de ces peptides à prédire le RVG séparément chez les femmes et les hommes.

Malgré que ce peptide semble prédire la FV indépendamment du temps, le moment du dosage avec la meilleure valeur prédictive reste à déterminer [2]. Les taux de NT-proBNP mesurés à l’admission [182], au moment de la revascularisation [183] et à la sortie de l’hôpital étaient associés avec le risque de dysfonction ou du RVG [184]. Dans une étude comparant plusieurs temps de mesure (quelques jours à 6 semaines), le temps optimal était entre le 3ème et le 4ème jour post-IDM [185]. Contrairement, dans la cohorte REVE-2

(Remodelage Ventriculaire–2) la meilleure valeur prédictive du BNP a été observée lors du suivi (1 mois, 3 mois et 1 an) et aucune association n’a été observée pour les mesures précoces (entre le 3ème et le 7ème jour post-IDM). La comparaison de la valeur prédictive des marqueurs cardiaques NT-proBNP, CK et cTnT a montré que le NT-proBNP était le meilleur prédicteur du RVG global et qu’il était le seul à pouvoir prédire le remodelage du myocarde sain [182].

Différence entre les hommes et les femmes:

Le sexe et l’âge représentent deux principaux déterminants de la concentration du BNP et du Nt-proBNP. Plusieurs grandes études de populations ont montré que les concentrations de ces peptides augmentent avec l’âge et que les femmes ont des taux supérieurs par rapport aux hommes [186-188]. De plus, cette différence entre les deux sexes semble persister avec l’âge [189].

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Les taux de BNP ont été comparés chez des femmes saines post-ménopausées avant et après la thérapie de remplacement hormonal [190]. Après 3 mois de thérapie, les taux du BNP et d’ANP ont significativement augmenté chez ces femmes suggérant l’effet stimulateur des estrogènes sur les peptides natriurétiques et leur effet cardioprotecteur chez les femmes. Cette différence pourrait également être attribuée à l’effet inhibiteur des androgènes sur les peptides natriurétiques [191]. Les taux des peptides natriurétiques ont significativement augmenté chez les rats castrés et cette augmentation a été rectifiée après administration de la testostérone [191]. L’influence du sexe et des hormones sur les concentrations plasmatiques des peptides natriurétiques a plus largement été étudiée chez 4056 hommes et femmes [3]. Ces dernières ont été divisées en 4 groupes selon leur statut hormonal : femmes pré-ménopausées sans ou avec contraception et des femmes post-pré-ménopausées recevant ou pas une thérapie de remplacement hormonal. Les concentrations les plus faibles du NT-proBNP ont été mesurées chez les hommes alors que les plus élevées ont été observées chez les femmes pré-ménopausées recevant la contraception hormonale.

Une autre explication des taux de peptides natriurétiques supérieurs chez les femmes serait la différence dans les taux d’hémoglobine entre les deux sexes. Une corrélation négative a été observée entre les taux du BNP, d’ANP et la concentration d’hémoglobine [189]. Les taux inférieurs d’hémoglobine chez les femmes seraient responsables d’une ischémie myocardique et que cette dernière augmenterait l’expression des peptides natriurétiques. L’ischémie myocardique a été montrée capable d’induire l’expression du BNP indépendamment de la tension mécanique [192].

Des mutations au niveau du gène NPPB ont été trouvées associées avec des niveaux élevés de BNP et NT-proBNP, chez des patients présentant des coronaropathies [193]. De plus, ces patients avaient une FV meilleure et étaient protégés contre le remodelage délétère. Particulièrement le génotype rs198389 AA était associé avec un risque élevé de coronaropathies obstructives et une athérosclérose sévère, chez les femmes, mais pas chez les hommes, ce qui pourrait suggérer que le BNP serait plus impliqué dans la pathophysiologie des coronaropathies chez les femmes [194].

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