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Les marques de genre dans les processus de résolution pronominaux

Les pronoms singuliers (il, elle) marquent, en français, le genre sémantique et syntaxique (la table) de l’antécédent. Les marques de genre sont souvent utilisées, dans les tests pour départager plusieurs référents présents dans le contexte. Plusieurs études ont cherché à déterminer le rôle du genre du pronom dans la résolution. Que la compréhension d’une anaphore passe par un niveau sémantico-conceptuel et représentationnel, n’est pas incompatible avec des traitements locaux qui impliquent des informations linguistiques de surface comme le genre. Cependant, si certains résultats montrent que les marques morphosyntaxiques de genre influencent la résolution

124 pronominale, d’autres résultats sont moins clairs et suggèrent que les processus de résolution s’effectueraient uniquement au niveau des modèles mentaux, comme nous allons le voir ci-après. La question concerne l’interaction entre les niveaux de résolution mais aussi les étapes qui jalonnent les processus de résolution et leur automatisation.

Ehrlich et Rayner (1983) ont utilisé les mouvements oculaires pour observer les temps de traitement des reprises de deux référents de genre différent. Ils cherchent à cerner les étapes de résolution des anaphores pronominales et à départager deux hypothèses : la première hypothèse postule que les traitements cognitifs se produiraient plus ou moins automatiquement pendant la phase de fixation du pronom ; la deuxième postule que les traitements cognitifs pourraient comporter des opérations d’appariement complexes et se prolonger au-delà de la phase de fixation du pronom. La différence entre les deux hypothèses porte donc sur la quantité de traitement sémantique qui est réalisée au moment de la lecture du pronom. Leurs items de test font varier la distance entre l’antécédent et le pronom, comme en (163) :

(163) A group of people who shared an interest in photography had recently started writing a newsletter of their activities.

(163a) In fact, in one room, Mark was mailing a copy of the paper to Susan. She was very involved

in photography and spent every weekend taking pictures.

(163b) In fact, in one room, Mark was mailing a copy of the paper to Susan. He was very involved

in photography and spent every weekend taking pictures.

(163c) Mark wrote most of the copy but the other members did a lot of work as well. In fact, in one

room, Cathy was mailing a copy of the paper to Susan. He was very involved in photography and spent every weekend taking pictures.

Dans la prédication (163a), l’antécédent du pronom est juste avant le pronom (condition near). Dans la prédication (163b), l’antécédent du pronom est au milieu de la phrase précédente

(condition intermediate). Dans la prédication (163c), l’antécédent du pronom est séparé du pronom

par une phrase (condition far). Ils examinent les temps de fixation juste avant le pronom, sur la

première lettre du pronom et juste après le pronom qui constituent la zone d’encodage du pronom31.

Il n’y a pas de différence entre conditions dans cette zone32. En revanche, les temps de fixation sont

31 Les pronoms ne sont que rarement fixés dans les expérimentations : comme tous les mots grammaticaux, les lecteurs en prennent connaissance « à la volée ».

32 Les résultats qui rapportés dans la suite de cette section sont les résultats statistiquement significatifs obtenus par les auteurs des tests après analyses.

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plus longs après cette zone dans la condition far que dans les autres conditions. Il y aurait donc un

prolongement des traitements sur les segments qui suivent le pronom lorsque l’antécédent est éloigné. L’identification d’un mot par ses caractéristiques lexicales se produit au cours des fixations dont il fait l’objet. Dans le cas des pronoms, l’identification lexicale consiste en des informations de genre et de nombre à partir desquelles est lancée une procédure de localisation d’un antécédent : les résultats obtenus montrent que la résolution pronominale s’effectue dans la zone d’encodage dans les cas simples mais peut se poursuivre ultérieurement si besoin. Cette étude distingue les traitements immédiats automatisés des traitements plus sémantiques permettant l’intégration des informations concernant l’antécédent à la proposition courante. Dans les cas simples l’ensemble des traitements a lieu dans la phase de fixation du pronom. En cas d’éloignement de l’antécédent les traitements sémantiques se poursuivent après la zone d’encodage du pronom.

Commentaires

Ehrlich et Rayner (1983) conçoivent la résolution pronominale comme une procédure comportant plusieurs étapes où le genre est une information qui sert à sélectionner les candidats dans la recherche d’antécédents : c’est d’ailleurs grâce au genre du pronom que l’antécédent est localisé dans leurs items de test. D’autres recherches doutent de ce découpage entre processus automatisés et processus sémantiques dans la résolution pronominale.

Marslen-Wilson et al. (1993) ont trouvé, dans une tâche intermodale de lecture à voix haute d’un

« mot sonde »33 (ou « speeded naming technique »), que les incongruités sont détectées

immédiatement lors de la lecture d’un pronom objet (him ou her), dans les narrations semblables à

(164) :

(164) Since Alice couldn’t read the French words on the menu, she asked the handsome waiter for

help. There were some foods she was allergic to. She didn’t want to get sick on this vacation.

(164a) She gladly translated for… HIM/HER

(164b) He gladly translated for… HIM/HER

33 La technique du « mot-sonde » ou « probe » consiste à faire apparaitre un mot ou un nom après un pronom (la distance entre le sonde et le pronom varie selon les auteurs) : les participants ont la consigne de dire si le mot-sonde qui s’affiche faisait partie du texte. Les tests qui utilisent cette technique partent du principe que la lecture du pronom a réactivé l’antécédent dans la mémoire de travail et que leur réponse seront plus rapides lorsque le mot-sonde est précisément l’antécédent ou toute caractéristique qui lui a été associée.

126 Les participants au test écoutent de courtes histoires dont (164) est un exemple, mettant en scène deux référents de genre différent ; elle se prolonge par un fragment de phrase, (164a) ou (164b), dont le sujet est un pronom reprenant l’un ou l’autre référent de la narration. Le fragment comporte un prédicat dont la sémantique est manipulée pour n’être applicable qu’à l’un des référents de l’histoire (le test comprend aussi des prédicats neutres). (164a) est incompatible avec le contexte narratif au contraire de (164b), par exemple. Puis, en fin de fragment, s’affiche un pronom objet (HIM ou HER) qui doit être lu à voix haute aussi vite que possible par le participant au test. Si l’intégration des pronoms à la représentation discursive est immédiate, cette lecture devrait être ralentie en cas d’incompatibilité sémantique entre le prédicat du fragment et le référent repris désigné par la marque de genre du pronom (164a), même si le genre du pronom objet est

syntaxiquement valide, c’est-à-dire si le fragment (164a) est suivi du mot sonde HIM. C’est bien ce

qui se passe. Le test complet contraste trois variables : le contexte narratif dont un des référents est le personnage principal, la sémantique du verbe du segment testé qui est compatible ou non avec le personnage principal et le genre du pronom sujet du fragment qui reprend ou pas le personnage principal. Une reprise du personnage principal assure une continuité thématique en (164a), mais le prédicat débouche sur une incohérence sémantique. C’est l’inverse en (164b). Marslen-Wilson et al. (1993) trouvent que même si le référent repris n’est pas celui qui est en focus dans le contexte narratif, il suffit qu’il y ait convergence entre sémantique du prédicat du fragment et le rôle, dans la narration, du référent repris pour que la lecture du pronom qui s’affiche en fin de segment soit rapide (c’est-à-dire plus rapide que les conditions moins plausibles) : de plus, lorsque la sémantique verbale du fragment est cohérente avec la reprise du personnage principal, la lecture du pronom qui s’affiche en fin de fragment n’est pas plus rapide qu’elle ne l’est après (164b). Pour Marslen-Wilson et al. (1993), ce résultat signifie que la phrase courante est immédiatement intégrée au contexte précédent et que la résolution pronominale réalise tous les niveaux de traitement, syntaxique, sémantique et pragmatique, en même temps. La marque de genre ne constituerait donc qu’une contribution à la résolution, mais la résolution elle-même passe par des inférences qui testent la plausibilité pour chacun des référents d’être antécédent.

Commentaires

Le test de Marslen-Wilson et al. (1993) est intermodal. Le participant prend connaissance des narrations oralement, au rythme imposé par le narrateur, y compris pour le fragment testé. Il est impossible de savoir, dans ces conditions, comment il traite la reprise pronominale des personnages principal et secondaire en début de fragment : la seule chose que le test permet d’affirmer, c’est qu’en fin de fragment les lectures du pronom objet sont aussi rapides les unes que les autres dans

127 les conditions plausibles. Ce n’est pas suffisant pour en déduire que la reprise du personnage en focus n’est pas traitée plus rapidement que celle du personnage secondaire en début de fragment.

Greene et al. (1992) utilisant une tâche de reconnaissance de « mot sonde » dans huit tests ont trouvé que les marques de genre ne facilitaient la reconnaissance de l’antécédent que dans des conditions très restrictives : à savoir 1) des vitesses de lecture imposées relativement lentes, 2) une focalisation de l’attention des participants sur les personnages de la narration induite par les questions posées en fin de texte et 3) une structure des items de test régulière. Ils en concluent que dans certaines conditions de lecture, le référent antécédent n’est pas activé en mémoire par le pronom, ce qui indiquerait que les indications de genre fournies par le pronom n’ont pas été traitées au moment où le « mot-sonde » s’affiche. Pour expliquer ces résultats, ils font appel à un modèle des traitements cognitifs multi-niveaux où les échanges avec la mémoire de travail ne se font plus sériellement mais en parallèle et proposent un nouveau paradigme : la recherche d’un antécédent selon cette conception ne consiste pas à examiner les référents candidats les uns après les autres mais à considérer le pronom comme un indice représentant un référent de la représentation discursive courante. Les caractéristiques grammaticales et sémantiques de l’anaphore sont comparées, en parallèle, à celles de tous les référents de la représentation: les traits de nombre et de genre des référents sont pris en compte dans la recherche tout comme l’accessibilité des référents. Une fois un antécédent sélectionné, les informations apportées par la proposition où se trouve le pronom, sont rattachées directement à la représentation déjà élaborée sur le référent. Si la recherche automatique d’antécédent reste infructueuse, elle est reportée. Pour Greene et al. (1992) cette conception permet de comprendre la diversité des contextes où le processus anaphorique est utilisé.

Commentaires

Gordon et al. (1999) font observer que la conclusion que tirent Greene et al. (1992) de leurs résultats n’est guère plausible : si les pronoms n’étaient pas du tout traités, les « fausses routes » interprétatives des phrases à « garden path » seraient inexplicables. Les résultats de ces auteurs ont été analysés en relation avec la méthodologie du « mot-sonde » utilisée dans leurs tests (Rigalleau et Caplan, 2000 ; Arnold et al., 2000 ; Gordon et al., 1999 ; voir aussi ci-dessous). La complexité de leurs items expérimentaux qui alternent les reprises des personnages principal et secondaire, comme le montre (165), (165a-b) pourrait aussi les expliquer.

(165) Mary and John were doing the dishes after dinner.

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(165b) Mary accidentally scratches John with a knife

and then she dropped it on the counter.

Test words : Mary, John, dishes

En effet, en (165) les référents Mary et John sont introduits comme un collectif, que l’expression

one of them en (165a) désolidarise. Dès (165a), il y a trois représentions concurrentes des référents en mémoire de travail : le collectif représenté par John and Mary l’individu Mary et l’individu

John. Par ailleurs, le nom de chacun des personnages apparaît le même nombre de fois dans le texte

et même si le prénom Mary est chaque fois en focus, l’évènement qui touche John le propulse sur le

devant de la scène. Enfin, la reprise pronominale de Mary a lieu dans la deuxième proposition de la

prédication (165b), ce qui n’est pas propice à retenir l’attention du lecteur. A ce point de la lecture, il est bien possible que les deux référents soient également proéminents surtout si le rythme d’occurrence des items impose une lecture rapide.

Garrod et al. (1994) utilisent les mouvements oculaires pour étudier les processus de résolution des reprises pronominales et leur déroulement. Ces auteurs conçoivent deux niveaux de traitements : l’identification de l’antécédent et de son contexte, d’une part, et l’intégration de ces informations contextuelles à la phrase courante, d’autre part. Ils introduisent une incongruence verbale dans une narration mettant en scène deux référents soit de même genre, soit de genre différent pour comprendre à quel moment les lecteurs vont détecter l’anomalie (166 et 166a-f) :

(166) Elizabeth1/Alexander2 was an inexperienced swimmer and wouldn’t have gone in if the male

lifeguard3 hadn’t been standing by the pool. But as soon as she got out of her depth she started to

panic and wave her hands about in a frenzy.

(166a) Within seconds she1 sank into the pool. (+F+G+C)

(166b) Within seconds she1 jumped into the pool. (+F+G-C)

(166c) Within seconds he2 sank into the pool. (+F-G+C)

(166d) Within seconds he2 jumped into the pool. (+F-G-C)

(166e) Within seconds he3 sank into the pool. (-F+G-C)

(166f) Within seconds he3 jumped into the pool. (-F+G-C)

Le personnage principal de (166) est soit Elizabeth (+F), soit Alexander (+F). Un personnage secondaire, « the lifeguard » (-F) est soit de genre différent du personnage en focus si c’est Elizabeth (+G), soit de genre différent si c’est Alexander le personnage principal (-G). Le prédicat de (166a) est congruent avec Elizabeth (+C), le prédicat de (166b) incongruent (-C) ; le prédicat de

129 (166c) dont le genre est similaire à celui du lifeguard est congruent avec Alexander , le prédicat (166d), incongruent ; le prédicat de (166e) est incongruent (he3 = « the lifeguard » et le prédicat (166f) congruent. Le codage entre parenthèses qui suit chaque proposition correspond à ces différentes conditions. Pour comparer anaphores pronominales et anaphores nominales, une version des mêmes items est testée où les pronoms sont remplacées par les nominaux associés She1 par

Elizabeth, he2 par Alexander et he3 par the lifeguard. L’incongruité est détectée dès la première passe sur le verbe même, mais uniquement dans les propositions (166a) et (166b) avec reprises pronominales, c’est-à-dire dans les cas où le pronom reprend le personnage en focus et où la différence de genre est marquée. A la deuxième passe, néanmoins, l’incongruité est détectée dans toutes les conditions au niveau du verbe et des segments suivants, y compris les reprises nominales. Les auteurs en concluent qu’il y a bien identification immédiate de l’antécédent du pronom et intégration de données contextuelles dans la phrase courante, quand cet antécédent est en focus et qu’il est repérable par son genre. Les autres cas donnent lieu à des traitements plus tardifs. Ils s’expliquent par la mise en concurrence de deux référents de même genre en (166c) et en (166d) et par un référent hors champ attentionnel en (166e) et (166f). Les retards de traitement des anaphores nominales révèlent que ces dernières sont appréhendées sous leur forme de surface et traitées comme telle avant d’être identifiées à leur antécédent.

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Les résultats de Garrod et al. (1994) vont dans le même sens que ceux obtenus par Gordon et al

(1993)avec la technique de l’Auto Présentation Segmentée (APS)34.

Gordon et al (1993) ont testé les reprises nominales et pronominales de référents occupant diverses fonctions dans leur phrase d’introduction, sujets ou objets, tous repérables par leur genre. Ils ont trouvé que les prédications dont l’argument externe reprend un référent topical, sont lues plus rapidement lorsque la reprise est pronominale plutôt que nominale. Cet effet nommé par les auteurs le « la pénaltie du nom répété » (« Repeated Name Penalty ») ne se produit que lorsque le pronom de reprise est sujet de sa prédication. Par exemple, la prédication (167a) sera lue plus rapidement

avec le pronom she qu’avec le nom Susan après la prédication (167), mais ce ne sera pas le cas de

(167b) ou de (167c) : en (167b) parce que l’anaphore pronominale n’occupe pas la fonction de sujet et en (167c) parce que le référent repris n’est pas le sujet de (167).

34 Les participants lisent de courtes narrations sur ordinateur : ils sont informés que les phrases vont s’afficher les unes après les autres et qu’ils devront appuyer sur la barre d’espace, à leur rythme, pour progresser dans le texte : c’est la technique expérimentale utilisée dans le cadre de cette étude.

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(167) Susan gave Fred a pet hamster.

(167a) She/Susan assumed that anyone would love a hamster.

(167b) To her/Lisa’s surprise, he/Fred didn’t seem very grateful.

(167c) He/Fred doesn’t have anywhere to put a hamster cage.

On reconnaît dans les conditions de reprises qui donnent lieu à un effet de Pénaltie du nom répété, celles qui ont conduit à une détection immédiate de l’incongruité dans les items de test de Garrod et al. (1994). Cependant, Gordon et al. (1993) trouve un autre cas où un pronom est traité plus rapidement qu’une reprise nominale : il s’agit de la reprise de l’argument oblique d’un circonstant placé en tête de prédication comme en (168a) :

(168) Susan gave Fred a pet hamster.

(168a) In his opinion, she shouldn’t have done that.

(168b) She/Susan just assumed that anyone would love a hamster.

(168c) He/Fred doesn’t have anywhere to put a hamster cage.

Après les deux prédications, (168) et (168a), la prédication (168b) est lue plus rapidement lorsque la reprise est pronominale ; la prédication (168c) qui reprend l’argument du circonstant (cadratif, ici) est également lue plus rapidement. Gordon et al. (1993) en concluent que la position en tête de phrase est un facteur de proéminence. Ils font remarquer que ce dernier résultat est conforme aux recherches ayant mis en évidence que les entités en tête de prédication sont mieux mémorisées que les entités qui suivantes.

Gernsbacher et al. (1988) ont montré avec la technique du « mot-sonde » que l’ordre d’introduction des référents dans une phrase a des répercussions sur leur accessibilité. Les items testés comportent deux référents désignés par leurs noms, comme (169) : 150 ms après la fin de l’item apparaît le « mot-sonde » qui est, soit le nom du premier référent, soit le nom du deuxième. Les participants au test indiquent si oui ou non le « mot-sonde » est celui d’un protagoniste de la prédication qu’ils viennent de lire.

(169) Tina beat Lisa in the state tennis match. {150 ms} « mot-sonde »

Après (169) par exemple, les participants répondent que Tina était bien dans la phrase plus vite qu’ils ne répondent que Lisa était bien dans la phrase (en fait, le « mot-sonde » était toujours Tina, étant donné le contre-balancement des prénoms). Cette facilité d’accès au premier nommé de la phrase se vérifie dans plusieurs constructions syntaxiques : construction passive comme en (170),

131 construction où un adverbial précède la proposition principale comme en (171), construction dont le sujet est une coordination comme en (172), ou construction dont les arguments sont en relation de symétrie comme (en 173).

(170) Tina/Lisa was beaten by Lisa/Tina in the state tennis match.

(171) (Two weeks ago,) Tina/Lisa mailed Lisa/Tina a box full of clothes (, two weeks ago).

(172) Tina and Lisa/Lisa and Tina argue during the week-end.

(173) Tina/Lisa argue with Lisa/Tina during the week-end.

Le fait que l’avantage au premier nommé se vérifie en (170), (171), (172), (173) :

(170) montre que ce n’est pas une question de rôle thématique (agent/patient),

(171) montre qu’il dépend de l’ordre d’occurrence des référents et n’a rien à voir avec le fait

d’appartenir au segment initial,

(172) montre que l’effet existe même quand les référents partagent la même fonction

grammaticale,

(173) montre que l’effet n’est pas atténué en cas de symétrie verbale.

Gernsbacher et al. (1988) suggèrent que l’avantage au premier nommé correspond à un processus cognitif de transformation des informations linguistiques sérielles de surface en informations structurées et hiérarchisées. Les premiers nommés serviraient de base à la représentation en cours d’élaboration en mémoire de travail. Si l’information linguistique n’est plus en continuité avec cette base, une nouvelle sous-structure est élaborée sur une autre base : le début d’une nouvelle phrase peut donner le signal d’une nouvelle sous-structure, par exemple. Dans ce modèle, l’unité linguistique qu’est la coordination est une sous-sous-structure à part entière qui s’intègre à une