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gestion et entretien ultérieurs qui peuvent avoir pour objet soit de corriger les effets indésirables de la dynamique

PHRAGMITAIES PRAIRIES HUMIDES MARES

4) en zone méditerranéenne des roselières à Canne de Ravenne (Erianthus ravennae) et

5.7. Les mares

Photo 93. Prairie très humide, favorable aux Anatidés, entretenue par des chevaux de race rustique (Écosphère – M. Pajard).

5.7. Les mares

Les mares sont des plans d’eau peu profonds (2 m maximum), de petite taille qui peuvent res-ter en eau toute l’année ou bien s’assécher en été.

Du fait d’une faible masse d’eau, toutes les modifications physiques ou chimiques y sont rapides : réchauffement, refroidissement, chan-gement de pH…

L’augmentation rapide de la température et le fait que la lumière pénètre jusqu’au fond (sauf développement excessif de la végétation aqua-tique), amènent à une production et une accu-mulation rapide de débris organiques. Les mares sont en conséquence des plans d’eau qui se com-blent rapidement.

5.7.1. LES DONNÉES ÉCOLOGIQUES À PREN-DRE EN COMPTE POUR L’AMÉNAGEMENT DES MARES

Les mares constituent des milieux qui ont beaucoup régressé. Nombre d’entre elles ont été comblées. Quant aux mares subsistantes au sein des espaces agricoles, beaucoup ont été eutrophisées.

Or les mares constituent un biotope de grand intérêt en particulier pour deux groupes faunis-tiques, à savoir les Amphibiens et les Invertébrés (Libellules en particulier). La présence de ces deux groupes est entre autre favorisée par l’absence habituelle de poissons dans les mares. Les végétaux aquatiques, les végétaux de grève ou les hélophytes qui sont susceptibles de s’y développer peuvent également comporter des espèces d’intérêt.

5.7.2. L’AMÉNAGEMENT DES MARES SUR CARRIÈRES

Avant d’envisager la création de mares, on peut vérifier si les travaux du chantier d’extrac-tion n’ont pas laissé ici ou là, des dépressions où l’eau stagne naturellement. Il est alors intéres-sant de tirer profit de ce type de situation qui s’est créée spontanément. Ceci n’empêche pas des aménagements mais permet de disposer d’un milieu déjà partiellement étanche.

La superficie des mares

Des mares ou plutôt des flaques de quelques mètres carrés peuvent suffire à la reproduction Photo 94. Mare bien

végétalisée aménagée sur des stériles marneux imperméables.

L’alimentation est uniquement météorique et la mare s’assèche en été. (Écosphère –

M. Pajard).

Photo 95. Mares temporaires minérales peu végétalisées.

Il s’agit du carreau d’une ancienne carrière de schistes (CNC - ENCEM).

d’espèces comme le crapaud commun ; mais on pourra avoir l’ambition de créer des mares plus complexes et végétalisées. L’idéal est d’obtenir des conditions diversifiées sur un petit espace.

On peut considérer que des superficies de 50 à 1 000 m2 sont indispensables pour attirer un nombre intéressant d’Odonates (libellules) ou d’Amphibiens.

Réaliser des « archipels » de mares

La solution la plus intéressante est de consti-tuer un « archipel » de 5 à 10 mares (ou plus) peu éloignées les unes des autres et ayant des caracté-ristiques différentes : taille, profondeur, substrat, permanentes ou temporaires, plus ou moins végétalisées, etc. Ceci permet d’optimiser la capacité d’accueil pour la faune et la flore.

Les travaux de terrassement

Des pentes très douces (maximum 10 :1) sont à prévoir sur au moins une partie des berges. On créera une large gamme de hauteurs particulière-ment quand on ne gère pas les niveaux d’eau. On peut également aménager des berges en gradins successifs.

La profondeur de la mare doit être au maxi-mum de 2 m à l’époque des plus hautes eaux. Les berges doivent être douces avec des niveaux variant à l’étiage, entre l’exondation totale (qui stimule la production d’invertébrés et peut être favorable à des espèces végétales de grèves) et une profondeur de 10 à 50 cm. Ceci est favorable à la végétation aquatique et semi-aquatique qui est indispensable dans le cycle de vie des Amphi-biens et des Odonates, mais aussi de divers invertébrés qui affectionnent les mares, telles que les différentes punaises d’eau (Nèpes, Noto-nectes, Gerris, Ranatres…), certaines Araignées de zones humides, différents Gastéropodes aquatiques… D’autre part, les têtards affection-nent particulièrement des eaux peu profondes qui se réchauffent rapidement.

ESPÈCES AQUATIQUES

Hydra vulgaris Hydre commune Cnidaire x x x

Cholorohydra viridissimus Hydre verte Cnidaire x x x

Spongilla lacustris Eponge lacustre Spongiaire x x x

“Turbellariés” Verts plats - Planaires Plathelminthes x x x x x

“Rotateurs” Rotifères Némathelminthes x x x

Planorbis planorbis Planorbe commun Gastéropodes x x x

Sphaerium corneum Cyclade cornée Bivalves x x x

“Hirudinés” Sangsues Achètes x x x

“Hydracariens” Hydracariens Acariens x x x

“Cladocères” autres Daphnées Crustacés x x x

“Copépodes” Cyclops & co Crustacés x x x

Asellus aquaticus Aselle aquatique Crustacés x x x

“Isopodes” Isopodes Crustacés x x x

Ephemeroptères Ephemeroptères Insectes x x x x

Phryganes Phryganes Insectes x x x

Gerris sp. Gerris Hétéroptères x x x x x

Notonecta sp. Notonecte Hétéroptères x x x

“Naucoridés” Naucores Hétéroptères x x x

Nepa cinerea Nèpe cendrée Hétéroptères x x x

Chironomidés larves Chironomides Diptères x x x

Valvata pulchella Valvée jolie Gastéropodes x x x

Bithynia tentaculata Bithynie tentaculaire Gastéropodes x x x

Triops cancriformis Triops Crustacés x x x

Daphnia pulex Daphnée Crustacés x x x

Hydrometra stagnorum Hydromètre Hétéroptères x x x

Lymnaea stagnalis Limnée des eaux stagnantes Gastéropodes x x

Physa acuta Physe aïgue Gastéropodes x x

Stagnicola palustris Limnée des marais Gastéropodes x x

Radix auricularia Limnée auriculaire Gastéropodes x x

Radix peregra Limnée voyageuse Gastéropodes x x

Planorbarius corneus Planorbe rouge Gastéropodes x x

Naïs variabilis Naiade Oligochètes x

Tubifex tubifex Tubifex Oligochètes x x

Argyroneta aquatica Argyronète Arachnides x x

Astacus astacus Ecrevisse à pieds rouges Crustacés x x

Gammarus pulex Gammare Crustacés x x

Trichoptères Insectes x x

Ranatra linearis Ranâtre Hétéroptères x x

Gyrinidés Gyrins Coléoptères x x

Hydrophilidés Hydrophiles Coléoptères x x

Lépidoptères larves Papillons Lépidoptères x x

ESPÈCES DES BERGES

Clubiona phragmitis Clubione des roseaux Arachnides x x x

Dolomedes Dolomède Arachnides x x

Tetragnatha extensa Tetragnathe allongée Arachnides x x x

Pirata piraticus Pirate pirate Arachnides x x x

Pirata piscatorius Pirate pêcheuse Arachnides x x x

Podura aquatica Podure Collemboles x x x

Orthoptères Sauterelles Orthoptères x x x

TABLEAUXXVIII.– Exemples de macro-invertébrés des mares.

NOM SCIENTIFIQUE NOM FRANÇAIS CLASSIFICATION f m EUD HYP MED OLI Légendes du tableau

EUD= eaux eutrophes alcalines HYP= eaux

hypereutrophes alcalines MED= eaux mésotrophes

neutres

OLI= eaux oligotrophes, acides

f: mares s'assèchant l'été m: mares permanentes

Ecologie

Photo 96. Des petites mares, telle cette ornière laissée par un engin de chantier, sont exploitées par les Amphibiens pour la reproduction

(Écosphère – M. Pajard).

Photo 97. Aménagement d’une mare sur substrat tourbeux. Les mares tourbeuses peuvent abriter une flore particulièrement rare (Écosphère –

M. Pajard).

Les mares alimentées uniquement par les eaux de pluie auront généralement un pH plus acide que celles alimentées par des eaux de ruissellement ou par des débordements d’un plan d’eau. Les mares peu productives (alimentation par des eaux de pluie, substrat très pauvre en matières orga-niques) ont un intérêt pour certains Amphibiens spécialisés (Crapaud accoucheur, Crapaud cala-mite…) ou pour des végétaux aquatiques des eaux oligotrophes ou des végétaux de milieux tempo-rairement exondés sur sables, sur argiles…

Les mares aux eaux plus riches (alimentation par des fossés, régalage de terre végétale, etc.) ont une grande diversité en invertébrés. On y trouve aussi des Amphibiens d’intérêt (tritons, sala-mandres, rainettes…).

Si c’est possible, il sera intéressant de créer différents types de mares, permanentes et tem-poraires, alimentées par les eaux de pluie seule-ment ou par des eaux plus riches…

L’imperméabilisation du fond des mares Dans le cas de mares permanentes, il faut s’as-surer d’un minimum d’étanchéité.

Les fonds de graviers et gravillons sont donc peu indiqués pour des mares (sauf alimentation par la nappe phréatique) : il s’y forme fréquem-ment des trous par lesquels l’eau fuit (= renards).

Les calcaires sont particulièrement peu étanches car ils sont le plus souvent fissurés. En revanche, les fonds sableux, perméables au départ, s’imper-méabilisent progressivement en bloquant les particules fines ; on estime qu’ils sont d’une étanchéité acceptable après 2 à 3 ans. Cepen-dant, les matériaux naturels les plus adaptés sont bien sûr les argiles.

Il existe différentes techniques permettant d’améliorer l’étanchéité d’un plan d’eau. La plu-part de ces méthodes supposent que l’on puisse travailler le fond à sec.

le compactage du fond

Le fond est préalablement scarifié si les éléments fins manquent, puis compacté avec des rouleaux (grandes mares) ou le godet de la pelle (petites mares). La technique n’est efficace que si le sol contient au moins 5 % d’éléments fins (sables fins, limons, argiles).

l’épandage d’argiles

L’épandage d’argiles ou de fines de décantation est recommandée lorsqu’il n’y a pas suffisam-ment d’élésuffisam-ments fins (affleuresuffisam-ments de sables grossiers, de graviers, de calcaires…). Une cou-che de 1 m est l’optimum pour assurer une bonne étanchéité.

Les habitats complémentaires des mares Compte tenu de la biologie des Amphibiens, il faut penser à leurs habitats complémentaires : prairies, boisements clairs (lieux de gagnage et d’hibernation). Si ceux-ci sont éloignés, l’amé-nagement de corridors de haies, fossés ou hautes herbes permettront aux Amphibiens de les rejoindre en sécurité.

Autant qu’il est possible, les contours doivent être sinueux et formés de petites anses. Ceci est particulièrement important pour multiplier les territoires des mâles de libellules.

Comme dans tous les milieux, on n’utilisera de la terre végétale que si l’on souhaite stimuler la productivité. Dans tous les cas, il faudra le faire avec parcimonie (10 cm d’épaisseur suffi-sent) surtout si les terres décapées étaient précé-demment cultivées.

Afin d’éviter la colonisation du centre de la mare par les végétaux des berges, on peut conce-voir la mare en prévoyant un fossé périphérique de 2 m de profondeur sur 1,5 m de largeur. Il est conseillé de consolider les berges du fossé (voir le

chapitre consacré à la tenue des berges) : clayon-nage, ouvrages de maçonnerie…

L’alimentation en eau des mares

Les mares sont par définition des petits plans d’eau, dont le volume d’eau est faible comparé à celui d’un étang. Toute dégradation de la qualité des eaux est donc immédiatement ressentie par les « habitants » d’une mare. Veiller à la prove-nance des eaux d’alimentation d’une mare est donc essentiel. Ceci est d’autant plus vrai que les Amphibiens sont particulièrement sensibles à la pollution.

On peut imaginer différents types d’alimen-tation en eau des mares.

FIG. 95.– Plan et coupe d’une mare avec des pentes raides à une extrémité et des pentes très douces à l’autre extrémité.

0 m Terrain naturel Terre végétale

Terre végétale Substrat argileux

Terrain naturel - 1m

- 3 m - 2m

- 1,50m

Pente raide A' A

Coupe A/A'

Niveau moyen Niveau haut

Niveau bas

TABLEAU XXIX.– Conditions hydriques défavorables à la création d’une prairie humide.

Source Particularités

Eaux de pluie

Fossé

Débordement d’un plan d’eau voisin, crues

Nappe phréatique

bonne qualité des eaux pH acide (5 à 6)

niveaux d’eau très variable avec probables périodes d’assèchement

possibilité de gérer le niveau des eaux

fossés = liens entre différentes mares ou mares et plans d’eau (connectivité)

risque de colonisation par les poissons risque d’un brusque apport d’eaux polluées renouvellement des eaux

comblement plus lent de la mare colonisation par les poissons en général bonne qualité des eaux pH neutre à alcalin

niveaux d’eau variables suivant ceux de la nappe

TABLEAU XXX.– Ordre de grandeur des vitesses de filtration des différents matériaux.

Matériaux Vitesse de filtration (millimètres/heure) graviers

gravillons sables grossiers

sables sables fins

argiles béton

1 000 mm/h 100 mm/h

10 mm/h 1 mm/h 0,1 mm/h 0,01 mm/h 0,001 mm/h

5.7.3. LA VÉGÉTALISATION DES MARES Hormis le cas des mares minérales à Crapaud accoucheur, Crapaud calamite, etc., il est préféra-ble d’avoir des mares végétalisées. Comme il s’a-git d’un biotope de taille réduite où l’on cherche à créer des conditions de vie variées, la végétalisa-tion dirigée est recommandée, afin d’éviter la colonisation par une seule espèce envahissante.

Un certain degré de recouvrement par des végétaux aquatiques flottants (enracinés ou non) du type lentilles d’eau, potamots, nénu-phars… est souhaitable. Les mares à l’ombre se révèlent nettement moins riches biologique-ment. C’est pourquoi, on évitera de planter des arbres à proximité ou de les localiser à l’ombre de boisements. La végétation de berges est indispensable, cependant, son recouvrement ne doit pas être excessif, ne dépassant pas la moi-tié du pourtour. Ceci permet de profiter des avantages des hélophytes, tout en conservant des zones découvertes plus ensoleillées, qu’elles soient aquatiques ou exondées

5.7.4. LES INTRODUCTIONS ANIMALES DANS LES MARES CRÉÉES

Il ne faut surtout pas introduire de poissons qui sont prédateurs de têtards et de larves aqua-tiques d’insectes et qui diminuent très fortement l’intérêt écologique des mares.

La colonisation spontanée des Amphibiens se faisant difficilement dans un rayon de plus d’un ou deux kilomètres, particulièrement s’il y a des obstacles difficiles à franchir (routes, voies fer-rées, murs, grande plaine cultivée…) on peut introduire des œufs, des têtards ou dans le cas des Tritons, des adultes. Ceci ne doit pas concerner les espèces rares. Attention cependant, car hormis les grenouilles rousse et verte, tous les Amphi-biens sont intégralement protégés en France. Il faudra donc obtenir une autorisation des autori-tés de l’environnement pour peupler une mare.

5.7.5. LA GESTION ET L’ENTRETIEN DES MARES

Si l’on peut contrôler les niveaux d’eau des mares, il est conseillé de maintenir de l’eau entre le mois de mars (arrivée des Amphibiens sur les lieux de ponte) et la fin août (période où tous les têtards ont terminé leur croissance).

Un assèchement automnal tous les 3 à 5 ans détruit les poissons arrivés spontanément. Un curage des mares tous les 20 à 30 ans est a priori suffisant, mais une intervention sur la végétation aquatique est nécessaire en cas de colonisation exagérée ne laissant plus d’espace aquatique libre.