• Aucun résultat trouvé

La définition et la localisation des habitats

À ce stade du projet, on doit disposer des informations et docu- docu-ments nécessaires à la conception d’un plan d’aménagement

1) une approche par les espèces 2) une approche par les habitats

3.3. La définition et la localisation des habitats

Que les objectifs soient exprimés en termes d’espèces, de milieux ou de fonctionnement des écosystèmes, il faut passer en revue tous les habitats à mettre en place ou à favoriser. On n’oubliera pas à ce stade les habitats complé-mentaires des habitats principaux, ni les habi-tats linéaires (fossés, haies, ourlets…) qui sont d’une grande importance dans la cohérence des écosystèmes.

3.3.1. ANALYSER LES OBJECTIFS EN TERMES D’HABITATS

Pour chacun des objectifs retenus pour le site, la liste des habitats souhaitables et possibles (compte tenu des caractéristiques du site, des capacités techniques…) est dressée. Ils sont ensuite hiérarchisés selon leur caractère plus ou moins central vis-à-vis des objectifs. Il ne s’agit pas de parvenir à un classement rigoureux, mais de distinguer les habitats indispensables des habitats moins indispensables, comme habitats supplémentaires, comme habitats complémen-taires, comme habitats linéaires assurant des connexions…

Le site n’étant pas extensible, on indiquera en face de chaque habitat la superficie ou le linéaire souhaitable, compte tenu des objectifs. Un tra-vail un peu plus sophistiqué consiste comme dans le tableau VII à mettre en regard la superfi-cie optimale et la superfisuperfi-cie minimale (= en des-sous de laquelle l’habitat perd son intérêt au regard des objectifs).

Cette étape est essentielle pour la cohérence du projet. C’est en effet à ce stade qu’il faut évi-ter la création d’un trop grand nombre d’habi-tats sous prétexte de diversité. On ne doit pas hésiter à faire des choix et à éliminer certains habitats pour lesquels on ne peut réserver une superficie suffisante.

Inversement, pour les habitats « prioritaires » de l’aménagement, il ne faut pas hésiter à être large dans la superficie souhaitable, du moment qu’il s’agit d’une des caractéristiques dont dépend leur intérêt. Par exemple, le Butor blon-Sinuosité très forte annulant

l’effet de taille du plan d’eau Sinuosité modérée respectant l’effet de taille du plan d’eau

FIG. 25.– La recherche excessive de la sinuosité risque de nuireaux effets positifs de la taille du plan d’eau.

(1)Zones sans gisement exploitable, zones par rapport au niveau moyen de la nappe, tolé-rance autour de ce posi-tionnement moyen.

Caractéristiques de sub-strat: niveau de fertilité (substrat très pauvre, moyennement pauvre, assez riche, riche…), gra-nulométrie (cailloux,

sables, limons, argiles), substrat acide ou basique (en particulier dans le cas des sables), perméabilité / imperméabilité…

Caractéristiques topogra-phiques: gamme de pen-tes, sinuosité des berges (indispensable, indifférente, linéarité préférable…), pla-néité (plat ou chahuté)…

Espèces végétales structu-rantes: pour les cas où une ou plusieurs espèces (ou groupe d’espèces) entrent dans la définition même de l’habitat (phragmitaie, cari-çaies, aulnaie, jonçaie…)

Caractéristiques de loca-lisation interne au site: tel habitat doit absolument être à l’aval hydrogéolo-gique, tel autre exposé Sud à Sud-Ouest, tel autre protégé du batillage, tel habitat insulaire doit impé-rativement être loin des berges…

Connexions avec les habi-tats environnants: dans certains cas, les connexions avec des habitats voisins, étendus ou linéaires font partie des caractéristiques à mentionner.

Chênaie-frênaie alluviale 25 ha 15 ha

Aulnaie-frênaie 25 ha 15 ha

Haies épineuses 3 000 m.l 1 000 m.l

Mégaphorbiaies ? ?

Phragmitaies 10 ha 5 ha

Prairies humides 25 ha 10 ha

Pelouses sur sables

silico-calcaires ? 0,5 ha

Vasières 5 ha 1 ha

Etc.

Habitats Superficie ou linéaire Superficie ou linéaire

optimaux minimaux

TABLEAUVII.– Exemple fictif d’une liste des habitats à créeret de leurs superficies ou linéaires.

La localisation des habitats

La localisation idéale des habitats, qu’on ne pourra pas assurer pour chacun d’entre eux, met en jeu leurs exigences ou leurs préférences à divers égards. Selon les habitats, on pourra être amené à prendre en considération tout ou partie des caractéristiques suivantes.

1) le positionnement par rapport au niveau de la nappe

2) le positionnement à l’amont ou à l’aval hydrique

3) l’exposition par rapport au soleil

4) l’exposition par rapport aux vents dominants 5) la pente des terrains

L’insertion dans la mosaïque des autres milieux du site lui-même ou de ses abords est aussi à pren-dre en considération (voir infra, le chapitre consa-cré à l’insertion dans l’environnement) :

1) le positionnement à proximité de milieux complémentaires

2) la connectivité vis-à-vis d’habitats du même type

3) le respect de gradients trophiques (ex : ne pas mettre en communication un milieu oligo-trophe et un milieu nitraté)

4) la prise en compte du dérangement (éloigner les habitats les plus sensibles des zones habi-tées) et de la prédation

5) la nécessité de disposer de zones dégagées autour des plans d’eau destinés aux oiseaux 6) pour les boisements, leur ombre portée sur

d’autres milieux.

L’agencement interne des habitats du site De nombreux habitats sont complémentaires écologiquement et leur juxtaposition renforce l’in-térêt de chacun. Citons par exemple : les clairières au sein des boisements, les « clairières » et chenaux aquatiques au sein des roselières ou cariçaies, les mares et fossés au sein des prairies humides, les bosquets épineux au sein des zones herbacées…

L’accessibilité des milieux

L’utilisation de la forme, de la localisation et de l’agencement des habitats en fonction de leur caractère plus ou moins pénétrable, plus ou moins attrayant… est une des manières les plus satisfaisantes de contrôler la fréquentation d’un site. Il s’agit d’un thème important qui sera traité un peu plus loin.

3.3.4. DÉCRIRE LES TRAVAUX DE TERRASSE-MENT À RÉALISER

Les travaux à réaliser pour chaque habitat doivent être décrits afin d’orienter le futur

chan-tier. Le type de substrat à constituer est défini sous plusieurs angles.

pente (terrain plat, légèrement en pente pour le drainage, en pente raide avec exposition particulière, talus…)

calage à trouver par rapport au niveau de la nappe afin de respecter les caractéristiques d’humidité recherchées.

substrat monocouche (ex. : une couche de sables) ou multicouche (une couche de gra-viers reposant sur une couche d’argile) : pour chaque couche : épaisseur et type (par-fois origine quand le sol d’un secteur a été conservé séparément)

hétérogénéité : mise en place de dépressions, d’ondulations (destinées à créer des varia-tions de profondeur lors d’inondavaria-tions), de fossés (drainage ou alimentation en eau), d’enrochements (lutte contre l’érosion), etc.

les recommandations sur l’utilisation / non-utilisation de la terre végétale (ou de la cou-che humifère sous-jacente) sont particulière-ment importantes.

dans certains cas il s’agira carrément de remettre en place un sol décapé sélective-ment (ex. sol à gley décapé dans une dépres-sion argileuse, rendzine portant une pelouse calcaire).

3.3.5. PRÉVOIR LES TRAVAUX DE VÉGÉTALI-SATION

C’est aussi à ce stade qu’il faut envisager la végétalisation des terrains(voir infra, le chapitre spécial consacré à ce thème important). Il s’agit surtout d’indiquer le résultat souhaité. On pré-cisera si on peut laisser l’habitat à une colonisa-tion spontanée ou si une végétalisacolonisa-tion initiale est nécessaire pour canaliser l’évolution natu-relle, pour éviter l’érosion, pour introduire les végétaux structurant le milieu (roseaux, arb-res…). Il faut essayer de prévoir ce qui sera fait et définir les végétaux utilisés, les options d’im-plantation choisies (techniques classiques ou techniques plus expérimentales par exemple) et les substrats nécessaires.

A ce niveau, il faut cependant éviter de rent-rer excessivement dans les détails. C’est au moment de la phase de travaux que seront actualisées et déterminées précisément les tech-niques à mettre en œuvre (les choses évoluent rapidement dans ce domaine et il se peut qu’il existe au moment des travaux des techniques non disponibles lors de la conception), l’origine des espèces semées ou plantées, la densité, le nombre de plants…

humides des berges, lisière chaude d’un bois, etc.), ce qui aura une répercussion sur la forme des différents habitats concernés.

Enfin, certains habitats jouent un rôle de connexion des milieux entre eux et les formes complexes avec diverticules sont les bienvenues.

Par exemple, des chenaux peu profonds et rami-fiés au sein d’habitats humides non aquatiques assurent la circulation de l’eau et maintiennent un taux élevé d’humidité dans les sols qu’ils bor-dent. Les réseaux de haies maintiennent des liens entre les boisements et constituent une voie de transit pour de nombreuses espèces.

cas n° 1 : forme compacte pour maximiser le noyau

dur de l'habitat

cas n° 2 : forme contournée pour maximiser la zone à effet de lisière

(écotone)

zone à effet de lisière

40,5 38 32

40

41

,5

40 40

42

36 40

41 41 41 40,5

40,5

40,5 40,5

40,5 39,5

40

0 m 100 m 500 m

Eau profonde (> 2 mètres) Hauts-fonds et mares (< 2 mètres) Végétation des grèves et roselières Ilots sablo-graveleux Prairie hygrophile Prairie mésophile Pelouse calcicole Aulnaie-frênaie

FIG. 26.– La forme des habitats et l’effet “lisière”.

FIG. 27.– Exemple de carte des habitats à créer dans le cadre de l’aménagement.

Celui-ci pourra être précisé empiriquement au cours des travaux d’extraction.

L’intervalle entre les courbes de niveau peut être de 0,5 m ou 1 m. Pour plus de lisibilité, il est souhaitable :

1) de colorier chaque niveau topographique (par exemple 50 m à 50,5 m) en utilisant des teintes bleues pour les zones immergées, ver-tes ou violetver-tes pour les zones humides et jaunes ou rouges pour les zones toujours émergées.

2) d’indiquer par un figuré approprié, les déni-velés abrupts : talus, microfalaises.

Pour améliorer la compréhension et l’utilisa-tion lors des travaux, cette carte de référence pourra être complétée par des coupes réalisées au niveau de différents types de berges.

La carte des substrats

Cette carte est indispensable et doit être uti-lisable en pratique lors des phases de travaux.

Elle indique selon les zones, les types de sub-Le type de gestion et d’entretien destiné à

maintenir la végétation souhaitée doit déjà être envisagé à ce stade : faisabilité, coûts…

3.3.6. LA CARTE TOPOGRAPHIQUE ET LA CARTE DES SUBSTRATS

Les informations liées à l’emplacement et à la nature des remblais doivent être synthétisées sous forme de deux documents cartographiques.

En réalité, ces cartes ne peuvent être dressées qu’en fonction du choix des habitats, abordé

plus loin. Cependant, pour des raisons de clarté, elles sont présentées dès maintenant.

La carte topographique

La carte topographique indique les cotes des différentes parties du site après travaux de terras-sement, depuis les terres émergées jusqu’à 2 m de profondeur sous l’eau. Si les données hydrogéo-logiques sont précises, on peut indiquer les cotes en m N.G.F. Mais s’il y a des doutes sur le niveau moyen réel de la nappe, il est préférable d’expri-mer les cotes par rapport à ce niveau moyen.

FIG. 28.– Exemple de carte

topographique correspondant à la carte des

groupements végétaux de la Fig.

27. Si les données hydrologiques sont insuffisantes, il est préférable

d’exprimer les cotes par rapport au niveau moyen de la nappe (qui pourra être déterminé au cours du chantier d’extraction).

40,5 38 32

40

41

,5

40 40

36 40

41 41 41 40,5

40,5

40,5 40,5

40,5 39,5

40

42

0 m 100 m 500 m

Courbe de niveau Entre 32 et 38 m NGF Entre 38 et 41 m NGF Entre 41 et 41,5 m NGF Entre 41,5 et 42 m NGF

> à 42 m NGF

40,5 38 32

40

41

,5

40 40

36 40

41 41 41 40,5

40,5

40,5 40,5

40,5 39,5

40

42

0 m 100 m 500 m

Sable et graviers Sable calcaire (sans terre végétale) Découverte argilo-sableuse (sans terre végétale) Découverte argilo-sableuse + 30 cm de terre végétale Découverte

très argileuse + couche paratourbeuse

FIG. 29.– Exemple de carte des substrats correspondant aux groupements végétaux de la FIG. 27.

îlots + hauts-fonds, vasières, grèves alluviales…

etc.

On trouvera, dans les chapitres consacrés à l’aménagement d’habitats précis sur des carriè-res, des idées de synergie entre milieux.

3.4.4. LA CONNECTIVITÉ DES HABITATS La connectivité des habitats de même type est assurée par des habitats linéaires. Elle permet alors à certaines espèces de circuler ou de se pro-pager le long de ces habitats linéaires.

Le cas bien connu est celui des boisements reliés par des haies : deux bois séparés de plu-sieurs centaines de mètres mais connectés par une haie (ou mieux un réseau de haies) ont une richesse biologique (insectes, araignées, micro-mammifères, oiseaux…) supérieure aux deux même bois isolés.

Ces liens ou corridorsne jouent pas identi-quement pour tous les groupes écologiques. Par exemple, les espèces végétales strictement fores-tières ne se propagent que peu le long des haies.

L’autre cas classique de connectivité à laquelle il faut veiller est celui assuré par les habitats linéaires aquatiques : fossés, che-naux… (voir infra, le chapitre consacré à l’inté-gration hydraulique). Toutes les bandes her-beuses jouent aussi un rôle de corridor entre les prairies.

3.4.5. LA PERMÉABILITÉ DES FRONTIÈRES DU SITE

Un aspect complémentaire de la connectivité est la plus ou moins grande perméabilité des

« frontières du site » vis-à-vis de tel ou tel groupe d’espèces. La perméabilité peut être souhaitée, par exemple dans le cas où il y aurait un marais adjacent ; inversement, on peut vouloir isoler le site vis-à-vis de prédateurs ou de colonisateurs indésirables (par exemple en creusant un fossé suffisamment large et profond).

3.4.6. LA PROTECTION CONTRE CERTAINS EFFETS INDÉSIRABLES DES HABITATS VOISINS

Certains habitats situés dans l’environnement immédiat peuvent avoir des caractéristiques indésirables vis-à-vis de milieux créés sur le site.

On citera deux cas classiques :

les habitats eutrophisés(cultures par exem-ple) dont la proximité avec des habitats volontairement oligotrophes (pelouses sableu-ses, prairies maigres…) est défavorable.

strat (découverte banale ou substrat particulier) et l’utilisation on non de terre végétale. Pour cette dernière on distinguera l’épaisseur de terre végétale à régaler.

3.4. L’intégration du site à son