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Les équipements destinés au public

La nécessité d’interpréter le plan d’aménagement plutôt que de le respecter dans le détail apparaîtra immanquablement,

CONSEILS PRATIQUES POUR LA CONSTRUCTION DES DIGUES

4.10. Les équipements destinés au public

Lorsque le site doit être ouvert au public, un certain nombre d’équipements et dispositifs doi-vent être mis en place. On a vu au chapitre pré-cédent, relevant de la conception du site les grands principes à adopter pour concilier la fré-quentation d’un site et sa valeur écologique. On ne traitera ici que d’un certain nombre d’équi-pements qui relèvent de la finition du site plutôt que de sa conception.

4.10.1. LA ZONE D’ACCUEIL

Tout site ouvert au public, même si l’accès est limité, doit comporter un point d’entrée, per-mettant l’accueil du public. Les équipements de base sont les suivants :

• un parking, même rustique ;

• un panneau indiquant qu’il s’agit d’une zone naturelle (avec le nom des promoteurs du projet) ;

• des poubelles (en dehors de la zone d’ac-cueil, les poubelles ne sont pas conseillées sur le site, où elles génèrent un problème de gestion : on préfère des panneaux visant à responsabiliser le public en lui demandant de conserver ses ordures).

Pour un site plus sophistiqué on pourra adjoindre :

• des sanitaires ;

• des bancs et une zone pique-nique, ombra-gés de préférence ;

• un plan du site et plusieurs panneaux explicatifs.

Dans les sites les plus ambitieux, on trouvera même une maison d’accueil. L’arrivée sur le par-king par une porte monumentale (comme on le voit souvent aux États-Unis) est un signal fort, indiquant clairement qu’on entre dans un espace particulier.

4.10.2. LES CHEMINEMENTS

Les cheminements au sein d’un site écolo-gique ouvert au public, même de manière res-treinte, sont essentiels. Ils doivent permettre aux visiteurs d’être satisfaits de leur visite, et d’avoir le sentiment d’avoir vu l’essentiel. Ils doivent par ailleurs organiser les circulations de façon à pré-server les secteurs sensibles. On a vu au chapitre précédent qu’une partie d’organisation des che-minements relevait de la conception. Cependant au moment des travaux, la question concrète

« quel type de chemin ? » se pose.

Photo 67. Exemple de sentier de découverte (Écosphère – M. Pajard).

Photo 66. Le Crapaud calamite (Bufo calamita) (M. Pajard).

Photo 68. Il est souhaitable d’aménager une zone d’accueil dans les sites ouverts au public (Écosphère – M. Pajard).

Photo 69. Aménagement d’un cheminement en zone humide avec pilotis et platelage

(Écosphère – M. Pajard).

Conseils concernant le contenu

1) savoir à qui l’on s’adresse (accès limité à des connaisseurs naturalistes, groupes guidés, scolaires, tout public) ;

2) expliquer brièvement le pourquoi et la genèse du site ; présenter les différents partenaires et insister sur l’intégration locale du site ; 3) répondre à des questions concrètes que les

gens risquent de se poser à l’endroit précis ou est disposé le panneau explicatif ;

4) illustrer et faire des textes concis, sans tomber cependant dans le slogan publicitaire ; 5) éviter les cours théoriques, mais ne pas

tom-ber dans le simplisme : faire passer quelques messages et quelques notions d’écologie par-ticulièrement en rapport avec le site ; 6) éviter les erreurs scientifiques qui seront

immanquablement corrigées par certains et discréditeront les concepteurs.

Conseils concernant le support

On préférera du matériel rustique s’insé-rant bien dans le contexte naturel et robuste, c’est à dire résistant aux intempéries et au van-dalisme. Dans le cas d’un site à ouverture res-treinte au public (entrée payante, visites enca-drées…), on peut s’orienter vers un aménagement très léger avec des repères numérotés ou codés et une brochure d’ac-compagnement.

4.10.4. LES ÉQUIPEMENTS D’OBSERVA-TION

Les lieux d’observation sont bien entendu essentiels. C’est au niveau de la conception qu’on les localisera en fonction du tracé des cheminements, des milieux et de la faune à observer.

La mise en place des équipements d’obser-vation dépend beaucoup du risque de déran-gement. D’une façon générale, il faut éviter les promontoires découverts permettant une vision globale du site car ils font fuire une par-tie de la faune. Les accès aux lieux d’observa-tion, doivent être traités (en ce qui concerne le dérangement) avec autant d’attention que les équipements eux-mêmes.

Les pontons et plates-formes d’observation Ces équipements sont construits comme les chemins en caillebotis ou sur pilotis.

Des rambardes assureront une meilleure sécurité et pourront servir de support à des petits panneaux explicatifs. Ces

équipe-ments sont particulièrement adaptés pour faire découvrir la vie des milieux aquatiques ou marécageux de petite taille où la question du dérangement ne se pose pas : zones d’intérêt floristique par exemple.

Les miradors

Dans des zones palustres où la végétation est assez haute, et si le sol est suffisamment stable, on peut envisager l’installation de miradors.

Les observatoires ornithologiques

Les observatoires ornithologiques sont desti-nés à l’observation au plus près possible de l’avi-faune. Compte tenu qu’ils doivent être cons-truits avec soin (fondations solides entre autres) et particulièrement bien intégrés à l’environne-ment, ces équipements peuvent être assez oné-reux. Quelques conseils pratiques :

1) Afin de préserver la tranquillité des oiseaux, un observatoire doit être positionné de façon discrète, même si cela doit réduire le champ de vision.

2) On doit penser aux effets de contre-jour déplaisants pour les observateurs ; a priori la meilleure exposition relativement à l’éclai-rage est le Nord ; on peut d’ailleurs réaliser des observatoires à multiplans avec des orientations allant du Est au Nord-Ouest ; cependant, on peut également mul-tiplier les observatoires afin de permettre une vision d’un même lieu sous différents angles.

3) Compte tenu de la diversité des âges et des tailles des possibles publics, il est utile de prévoir des fenêtres d’observation à différen-tes hauteurs ; on peut également prévoir un poste d’observation aménagé pour les chai-ses roulantes des handicapés physiques.

4) Le bruit étant un facteur limitant l’observa-tion des oiseaux, il faut insister sur l’intérêt qu’il y a être silencieux dans ces abris. ■ balisé environ tous les 200 m. On pourra

orga-niser une mise en scène : passerelles, points de vue, observatoires…

le sentier difficilement praticable

Ce type de chemin est destiné au personnel d’en-tretien à pied ou à des visiteurs aventuriers qui ne seront en général pas très nombreux. Ce type de sentier est difficile d’accès sans chaussures de marche ou sans bottes.

Les cheminements particuliers

Dans les zones marécageuses instables ou fra-giles, on pourra utiliser :

• des caillebotis posés à même le sol si celui-ci a une portance suffisante ;

• divers types de pontons sur pilotis ou pieux enfoncés dans le sol ; ce dernier sys-tème permet de franchir des secteurs en eau.

les ponts-levis

Des systèmes de pont-levis ont été mis en place sur certains sites afin de limiter l’accès lors de certaines époques sensibles ou à l’occasion de travaux d’entretien.

4.10.3. LES ÉQUIPEMENTS D’INTERPRÉTA-TION DU SITE

Les équipements d’interprétation du site sont essentiellement constitués de panneaux donnant des informations le long d’un sentier balisé, appelé sentier d’interprétation. L’objectif est en même temps d’informer et d’éduquer au respect de l’environnement naturel. On ne peut donner ici de recettes tant il y a de cas différents. On retiendra cependant quelques conseils tirés d’ex-périences concrètes dans ce domaine.

PLANCHE VIII. (M. Courcoux). Aménagement d’un affût ornithologique camouflé dans la végétation.

Mode d’entretien des habitats naturels Quelle que soit la capacité d'un écosystème convenablement conçu à s'autogérer, on cons-tate qu'en pratique, rares sont ceux qui ne nécessitent pas d’interventions sur la végéta-tion. Chaque fois que possible, on prévoira des solutions se rapprochant du rajeunissement naturel des milieux (inondations, crues dyna-miques, brûlage…). Ces solutions n’étant pas toujours faciles à mettre en pratique, surtout sur de petits sites, les solutions plus dirigistes doivent également être présentées : désherba-ge (de préférence non chimique), faucardadésherba-ge, coupes, curages…

Gestion des prairies et boisements

Pour les prairies, qui sont entretenues par défi-nition, on prévoira le mode de gestion le plus favorable : fauche, pâturage semi-intensif, extensif, prairies mixtes. Un mode d’exploitation sylvicole extensif peut faire partie des mesures écologiques et des objectifs à atteindre.

Qui va entretenir et gérer ?

Le réalisme dans l’entretien et la gestion préco-nisés doit être la règle. On aborde là une des questions-clefs de la réussite du projet. Les expé-riences accumulées dans la création ou la res-tauration de zones humides, qu’il s’agisse on non de carrière, montrent que le défaut d’entre-tien adéquat est une des causes majeures d’é-chec. Il faut donc envisager les personnes qui peuvent entretenir le site. Si l’initiative en ce domaine reste totalement aux mains de proprié-taires privés, on se retrouve face à l’impossibili-té de garantir l’avenir. Mieux vaut dans ces conditions en rester à des considérations géné-rales sur l’entretien souhaitable.

Cependant des solutions plus aptes à permettre un entretien adapté peuvent être proposées en faisant appel par exemple : au personnel com-munal ayant reçu quelques jours de formation afin de s’imprégner des objectifs du site, aux conservatoires régionaux des espaces naturels (CREN), aux associations locales, à des ONG, à des fondations…

Le suivi scientifique

Un suivi de la zone humide est souvent souhai-table. D'abord c'est la seule façon de statuer sur la réussite du projet en fonction des critères rete-nus à l'origine. Ensuite c'est une source de connaissance pour l'ingénierie écologique qui manque de résultats scientifiques.

Les réorientations en cours de route

L’ingénierie écologique est une science appliquée récente, qui de surcroît s'appuie sur une science jeune, l'écologie. En conséquence, malgré toutes les précautions prises, la marge d'erreur y est importante. De ce fait, il est utile de pouvoir réorienter la zone humide en cours de route : il va par exemple s'agir de modifier en partie le bilan hydrique ou la qualité des eaux en supprimant certains écoulements, de limiter la croissance de végétaux trop envahissants, de reprofiler certains substrats, etc. Si la nature des interventions ne peut par définition être définie à l'avance (enco-re qu'on puisse anticiper la probabilité de cer-tains défauts), il faut prévoir si cela sera possible.

Les critères d’évaluation du projet

Qui dit “objectif” dit capacité à évaluer la réussite ultérieure. Ce point apparaît de plus en plus important à mesure que l’expérience progresse en matière de création de zones humides. D’une part, le monde naturaliste et scientifique a besoin de points de repère pour éclairer le débat sur le rôle et l’utilité de la création des zones humides. D’autre part, les techniques d’ingénierie écologique, depuis la conception jusqu’aux travaux, a besoin de valider, de critiquer ou de corriger le travail qu’elle met en œuvre, ce qui ne peut se faire que sur des bases d’évaluation des résultats.

Donc, il est conseillé de fixer à l'avance des critères d'évaluation du projet. Bien sûr, une certaine souplesse est requise et il ne faut pas raisonner en termes manichéens, échec ou réussite. Les succès partiels (qui sont fréquents) doivent être envisagés. Dans l’idéal, il faudrait se fixer des critères de réussite à court, moyen et long terme, car on connaît de nombreux exemples de succès éphémères mis à mal par la colonisation végétale, l'eutrophisation des eaux, les perturbations inattendues, etc. Les critères d’évaluation du projet ne sont pas à confondre avec les objectifs eux-mêmes.

Quelle que soit la nature de l’objectif final, qu’il soit exprimé en termes d’espèces, d’habi-tats ou de fonctionnement, les critères d’éva-luation devront prendre en compte ces trois aspects. Si par exemple l’objectif est la nidifi-cation de la Sterne pierregarin, les critères d’é-valuation prendront en compte : (1) l’aspect spécifique : nombre de couples nichant, évolu-tion des effectifs, etc., (2) l’aspect habitat : les îlots sont-ils convenables ? (3) l’aspect fonc-tionnel : les îlots sont-ils durables ?

E N V I S A G E R L’ A P R E S - C A R R I E R E

Aménagement et