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Maintenir une bonne relation avec les soignants

3. LES STRATEGIES POUR OPTIMISER L’OBSERVANCE MEDICAMENTEUSE

3.3. Maintenir une bonne relation avec les soignants

La qualité de la relation patient-soignant ressort comme un déterminant incontournable de l’adhésion au traitement médicamenteux. Ceci pose la question de la formation des soignants en termes de compétences de communication et de relation d’aide. (111)

Le soignant va développer une nouvelle posture en apprenant à se décentrer (« regarder avec les lunettes du patient »), à explorer les multiples facettes de la personne et en créant progressivement une alliance thérapeutique avec le patient, afin de construire sur le long terme un projet de soins, intégrant les médicaments, en cohérence avec son projet de vie.

Des formations et outils d’évaluation des compétences en communication des soignants se développent afin de renforcer la prise en compte de ce type de compétences dans la formation médicale.

Deux actions peuvent être envisagées pour améliorer les interactions patient-soignant concernant leur thérapeutique médicamenteuse :

1- Discuter, débattre avec le patient du choix de la stratégie thérapeutique proposée, lors d’un entretien concernant l’initiation ou la modification d’un traitement médicamenteux et/ou lors d’une première rencontre dans le cadre d’un bilan éducatif partagé.

Le rôle du soignant est d’expliciter son choix. L’écoute empathique de l’avis du patient par rapport à ce choix est primordiale et permet au patient de créer une relation de confiance avec le soignant. Enfin, discuter de ce choix avec le patient en fonction de son mode de vie, ses attentes, besoins, craintes, représentations… peut aboutir à un accord, un désaccord, une négociation, un essai du choix proposé pour une mise à l’épreuve dans la « vraie vie ».

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Cette posture peut permettre au patient de s’engager dans sa prise en charge, de valider un choix thérapeutique réellement partagé avec le soignant et ainsi d’instaurer un véritable dialogue, un climat de confiance pouvant être prédictif d’une adhésion future au traitement médicamenteux. Des outils d’aide à la décision dans le choix des médicaments peuvent être utiles pour faciliter la conversation entre le soignant et le patient à propos des options thérapeutiques possibles.

2- Positionner le patient comme expert d’un savoir expérientiel avec ses médicaments.

Ce positionnement du soignant permet, non seulement de créer une relation de confiance avec le patient, de renforcer le sentiment d’efficacité personnelle de ce dernier, mais aussi de mettre à profit les expériences vécues, les stratégies d’actions mises en place par le patient comme outil d’apprentissage. Ceci permettra au patient de développer sur le long terme des compétences mobilisables au quotidien pour s’adapter aux événements jalonnant sa vie ayant un impact sur son adhésion au traitement médicamenteux. (112)

La difficile équation mettant en présence le « monde soignant » et le « monde des patients » en termes d’adhésion au traitement médicamenteux, semble pouvoir s’appuyer sur un nouvel outil pédagogique « créé par les patients » à l’attention des soignants-éducateurs. Cet outil correspond à des cartes thématiques, représentant des « situations-problèmes », issues de l’expertise des patients, destinées aux équipes soignantes formées en éducation thérapeutique. Cette conception associe l’expertise des patients dans leur activité quotidienne comme principal vecteur de développement de compétences d’autogestion pour d’autres patients et une structuration de ce « matériau » d’une grande richesse réalisée par « le monde soignant » selon une pédagogie basée sur un apprentissage par résolutions de problèmes.

La collaboration patient-soignant à la décision de la stratégie de prise en charge considérant autant l’expertise clinique que les priorités et l’expertise expérientielle du patient semble donc être une clé dans l’adhésion du patient à son traitement médicamenteux.

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• Les compétences à développer par les soignants

Certains pré-requis sont demandés aux soignants afin de faciliter l’adhésion au traitement médicamenteux comme posséder des connaissances (par exemple sur l’utilisation de l’insuline, la surveillance…), acquérir des compétences techniques (démonstration d’utilisation de dispositifs), pédagogiques (utilisation de supports pédagogiques adéquats), relationnelles et multiculturelles (suivi des patients et de l’entourage).

- Développer une attitude empathique

L'empathie désigne le mécanisme par lequel un individu peut comprendre les sentiments et les émotions d'une autre personne (empathie émotionnelle) et ses états mentaux non émotionnels comme ses croyances (empathie cognitive). Une attitude empathique représente un puissant moyen de communication interindividuelle et l’un des éléments clés dans la relation thérapeutique. L’empathie se distingue de la sympathie, la compassion ou la contagion émotionnelle. En effet, la notion d'empathie n'implique pas en elle-même l'idée du partage des mêmes sentiments et émotions, ni d'une position particulière vis-à-vis de ces derniers. Une attitude empathique du soignant désigne sa capacité à partager les émotions avec le patient afin de comprendre ses ressentis sans confusion entre soi et l’autre.

- Développer des compétences en communication

En effet, proposer un traitement médicamenteux représente un acte de communication. Or, 55% des patients n’adhérent pas à leur prescription de façon non intentionnelle en raison d’une communication inadéquate avec les professionnels de santé.

Les principaux obstacles à une communication efficace concernant les médicaments reposent sur un manque de gestion du temps (14 à 20% du temps de consultation dédié aux explications du traitement), l’utilisation d’un vocabulaire trop technique, un style communicationnel dominant de la part du soignant en laissant peu de place à la participation du patient, une différence de perception de l’information adéquate à donner et la difficulté éprouvée par les soignants d’aborder la question du risque.

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Les capacités des soignants à donner des informations claires, leurs habiletés à s’adapter au niveau de langage du patient, le temps accordé à l’explication de la maladie et des traitements auront un impact sur l’adhésion au traitement médicamenteux. De même, la capacité du soignant à donner de la valeur à l’expérience, au vécu du patient avec sa maladie, à valoriser les succès du patient aura un impact sur l’adhésion du patient à son traitement médicamenteux.

- Etre attentif à l’apparition de résistances lors de la relation avec le patient

Des résistances peuvent être créées lors de la relation entre le patient et le soignant par certaines attitudes du soignant comme un essai de persuasion directe frontale, l’utilisation de questions fermées, inquisitrices, une banalisation ou un jugement du récit du patient.

- Développer des compétences multiculturelles

Les compétences multiculturelles des soignants sont définies par leur capacité à évaluer comment les croyances, les valeurs et les attitudes représentent des leviers de compréhension du point de vue des patients.

Cette approche bio-psycho-sociale intégrant des facteurs culturels permet de mieux comprendre et de répondre aux besoins des patients des minorités ethniques et aux patients migrants. Ces compétences multiculturelles des soignants et les croyances du patient dans sa capacité à adhérer à son traitement sont prédictives de l’adhésion au traitement médicamenteux et de la satisfaction des patients.

a) L’engagement du patient

Une étude de 2002 de l’Université de Virginie montre la forte association existante entre le niveau de l’HbA1c et le degré d’observance dans une population indigente et souligne la nécessité pour ces populations, délaissées par le système de soins, d’être prises en compte par les institutions gouvernementales. Dans ce cadre, la Haute autorité de santé (HAS) s’est interrogée sur la notion d’éducation thérapeutique du patient dans le champ des maladies chroniques et notamment le diabète.

Les objectifs de l’éducation thérapeutique ont été largement définis : « Aider les patients à acquérir ou à maintenir les compétences dont ils ont besoin pour gérer au mieux leur vie avec une maladie

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chronique ». Il s’agit donc d’acquérir des compétences d’auto-soins, de les maintenir et de favoriser la mobilisation de compétences d’adaptation. À propos de ces compétences d’adaptation, l’OMS désigne « des compétences personnelles et interpersonnelles, cognitives et physiques qui permettent à des individus de maîtriser et de diriger leur existence, et d’acquérir des capacités à vivre dans leur environnement et à modifier celui-ci ».

b) L’engagement du soignant

La HAS a défini une liste de qualités et de compétences que se doit d’avoir le professionnel de santé : des compétences relationnelles et notamment la reconnaissance des ressources du patient et de ses capacités d’apprentissage, des compétences pédagogiques, organisationnelles et biomédicales. Le soignant se doit de connaître parfaitement la pathologie qui existe chez son patient et doit s’attacher à réévaluer régulièrement ses connaissances.

Lorsque le médecin voit pour la première fois un patient, il doit établir ce que la HAS nomme « diagnostic éducatif ». Il s’agit pour le soignant de connaître les ressources du patient et d’identifier les situations de précarité. Ce diagnostic éducatif ne se conçoit que dans une perspective évolutive, il doit s’adapter aux circonstances de vie du patient afin de rendre son engagement le plus total possible et favoriser ainsi son observance thérapeutique.

Le rôle joué par une simple poignée de main, une présentation au patient en déclinant son nom, son prénom et sa fonction dans le service, et sur l’importance d’appeler le patient par son nom sont à noter. Il existe des différences de représentations existant entre les patients et leurs soignants.

Il est préférable d’utiliser des mots simples, de prendre son temps pendant l’examen physique et l’entretien relatant l’histoire de la maladie, de montrer au patient son désir de communiquer avec lui et de tenir au courant de ses intentions, d’élaborer un projet commun, et donc d’établir un lien de confiance.

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