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Les métiers agricoles : dépendants, paysans ou gens de métiers?

L’agriculture et l’élevage sont deux secteurs que l’on n’associe généralement pas au monde des métiers. Dans le chapitre II, nous avons établi que ces corps de métiers formaient une catégorie moins valorisée que les métiers de l'artisanat ou de la construction. Leur position inférieure est sans doute due au peu de qualification nécessaire à leur emploi401. Néanmoins, ces activités demeurent des métiers qui nécessitent un certain savoir technique qui doit être transmis, même s'il n'est pas toujours très élaboré ; l’emploi d’outils spécialisés ; et qui tend à dégager un profit402. La ferme peut et doit être considérée comme un lieu de travail. De fait, on y retrouve un ou plusieurs propriétaires travaillant ou non sur l’exploitation. Les terres qui la composent peuvent être louées, mises en tenure ou exploitées sans intermédiaire. Les gens travaillant à la ferme pouvaient être esclaves, affranchis, salariés ou installés en tenure en échange de journées de travail403. Le système d’apprentissage magister/discipulus semble y exister, sans toutefois être très rigide404. À 401 Sur la position inférieure des métiers agricoles voir aussi : Christel Freu, op. cit., 2007, p. 297-373,

particulièrement, p. 339-341 et p. 359-363.

402 Voir la définition du métier que nous avons emprunté à : Nicolas Monteix, op.cit., 2011 b, p. 7-26. 403 Renée Doeheard, op. cit., 1971, p. 184 -201.

404 Un certain Leudaste, fils de vigneron, est employé successivement comme ouvrier en cuisine, en boulangerie, puis comme gardien de chevaux et finalement comme maître d’écurie. Quoiqu’on doive douter de la véracité de ce passage, l’évolution des emplois de Leudaste a probablement des racines dans des situations réelles. DMGH, SS rer. Merov. 1,1. GT. LH, V, 48 p. 257. Gracina Pictavensis

insula vocitatur, in qua fiscalis vinitoris servo Leuchadio nomine nascitur. Exinde ad servitium arcessitus, culinae regiae deputatur. Sed quia lippis erat in adolescentia oculis, quibus fumi acerbitas non congruebat, amotus pistillo, promovitur ad cophinum. Sed dum interfirmentatas massas se delectari consimulat, servitium fugam iniens dereliquit. Cumque bis aut tertio reductus fugat lapsu teneri non possit, auris unius incisione multatur. Dehinc cum notam inflictam corpori occulere nulla auctoritate valeret, ad Marcoveifam reginam, quam Chariberthus rex nimium diligens in loco sororis toro ad sciverat, fugit. Quae libenter eum colligens, provocat equorumque meliorum deputat esse custodem. Hinc iam obsessus vanitate ac superbiae deditus, comitatum ambit stabulorum; « C’est dans une île du Poitou appelée Graecina qu’il [Leudaste] naquit d’un esclave

d’un vigneron du fisc nommé Leuchade. Quand il est appelé à servir on l’affecte la cuisine royale ; mais comme il avait dans son adolescence les yeux chassieux auxquels l’âcreté de la fumée ne convenait pas, on l’éloigne du pilon pour le charger du pétrin. Or tandis qu’il fait semblant de se plaire au milieu des pâtes qui fermentent, il abandonne son service en prenant la fuite. Deux ou trois fois il est ramené au moment où il s’échappait en fuyant, mais comme il n’était pas possible de le tenir, on le punit en lui coupant une oreille. Dès lors la flétrissure infligée à son corps, il s’enfuit

partir de ce constat, il convient donc d’étudier le travail spécialisé au sein des secteurs de la production agricole et de l’élevage. Comme les grandes productions possèdent les conditions favorables à la division du travail et à la spécialisation du travail, le facteur commandant la spécialisation du travail dans ces domaines semble être la taille des exploitations. Tout comme dans un petit atelier, on comprendra que la petite ferme familiale de quelques hectares ne pouvait se permettre d’engager des ouvriers spécialisés pour l’ensemble des tâches qui devaient être effectuées.

La permanence des termes de métiers spécialisés pour ces secteurs joue donc un rôle important pour comprendre la continuité de l’exploitation directe de grande envergure. Car s’il est évident que de grands domaines existent encore pendant tout le haut Moyen Âge, l’importance de la production de grande envergure, c’est-à-dire organisée et gérée par le propriétaire sur des terres non louées, reste matière à débat, tout comme la part de cette production destinée au commerce. Ces aspects sont des indicateurs essentiels pour qualifier la vitalité économique des VIe et VIIe siècles puisque l’agriculture et l’élevage demeurent la base de l’économie et du commerce.

a. La division du travail dans la production animalière : maîtres,

bergers, et gardiens

L’élevage tardo-antique, comme l’élevage romain, se pratique à différentes échelles, de l’exploitation familiale à la grande exploitation domaniale. Cependant, le monde de l’élevage subit tout de même plusieurs transformations durant l’Antiquité tardive. Le pastoralisme gagne en importance et utilise davantage les terres incultes et les forêts. De auprès de la reine Marcofève que le roi Charibert passionnément amoureux avait introduite dans son lit à la place de sa sœur. Elle l’accueille volontiers, le convoque et le charge de la garde de ses meilleurs chevaux. Dès lors Leudaste, bouffi de vanité et plein de superbe, brigue la charge de connétable. » Trad. Latouche, 1963.

plus, une gestion collective des troupeaux s’établit dans plusieurs communautés rurales405. Mais la réduction de la taille des animaux est le changement qui a le plus retenu l’attention des chercheurs. Cette réduction a souvent été associée à une perte du savoir technique dans la sélection des animaux. Cependant, comme l’espèce du cheval n’est pas touchée par cette tendance, cette hypothèse semble maintenant peu probable406. Des transformations dans l’usage et l’augmentation du pastoralisme nomade des animaux sont plus vraisemblables. En effet, pour les vaches dans le nord de la Gaule on note une diminution des blessures liées à la traction animale et une diminution de l’âge moyen d’abattage. Ces changements suggèrent un élevage plutôt centré sur la production de lait et de viande407. Selon les régions, certains animaux gagnent en importance comme le bœuf dans l’Île-de-France, ou les moutons en Flandre, mais, de manière générale, c’est l’élevage porcin qui est en augmentation. Ce dernier se pratique de plus en plus en pâturage extensif en faisant usage des forêts pour le glanage408. L’élevage du cheval, comme animal militaire, de prestige, de travail et de transport, prend une place centrale dans la société tardo-antique409. Cette tendance trouve d’ailleurs ses racines dans la progression de la cavalerie comme unité militaire, depuis le IVe siècle en Gaule410. On comprendra donc pourquoi les métiers de l’élevage équestre sont plus diversifiés que les autres types d’élevages.

405 Chris Wickham, op. cit., 2005, p. 430.

406 Jean Claude Leblay, Sébastien Lepetz, et Jean Hervé Yvinec, « L’élevage dans l’Antiquité tardive en Ile-de-France », Les campagnes de l’Ile-de-France de Constantin à Clovis. Actes de la 2e journée.

Document de travail #3, 1997, p. 54-55.

407 Fabienne Pigière et Quentin Goffette, « Continuity and change in animal exploitation at the transition from Antiquity to the early medieval period in the Belgian and Dutch loess region », Quaternary

Internationnal, 30, (2017), p. 9-10 ; la réduction de l’ossature peut par ailleurs être favorable à la

production de chair, comme on le voit aujourd’hui chez les coqs et les lapins à chair qui ont moins de masse osseuse, mais plus de chair.

408 Sofie Vanpoucke et al., op. cit., (2007), p. 8 ; Jean Claude Leblay, Sébastien Lepetz, et Jean Hervé Yvinec, op. cit., 1997, p. 53.

409 Jean-Pierre Devroey, op. cit., 2003, p. 94-97.

410 Stravos Lazaris, « Essai de mise au point sur la place du cheval dans l’Antiquité tardive », Stravos Lazaris, éd., Le cheval dans les sociétés antiques et médiévales. Actes des journées d’étude

internationales organisées par l’UMR 7044 (Études des civilisations de l’Antiquité) Strasbourg, 6-7 novembre 2009, Turnhout, Brepols, 2009, p. 15-17.

De plus, dans la liste des métiers que nous avons constituée, nous remarquons une grande diversité dans les métiers de l’élevage, ainsi qu’un certain degré de spécialisation. Ceci nous permet de remettre en question la thèse de l’abâtardissement des techniques de l’élevage. De fait, nos sources témoignent de la présence d’un système d’apprentissage, mais aussi d’une importante division des tâches au sein même des exploitations. La quantité de termes liés à l’élevage est impressionnante et il est important de rassembler les synonymes et de différencier les termes généraux des métiers spécialisés. Si les dictionnaires latins, l’analyse du contexte et le croisement entre les différentes mentions d’un même terme peuvent nous aider à effectuer notre travail de traduction, nous ferons aussi appel au comparatisme avec quelques situations mieux connues durant le Moyen Âge. Bien que les techniques agricoles aient subi de profonds changements entre l’Antiquité tardive et le bas Moyen Âge, l’élevage est demeuré assez similaire pour que l’on puisse s’y référer pour certaines précisions411.

La profession spécialisée la plus évidente dans notre liste est celle de mulomedicus, qui est généralement traduit par vétérinaire. Ce terme apparaît vraisemblablement pendant le Bas-Empire où il est mentionné à la fois dans l’Édit des Prix et dans le Code Theodosien (EP 7,20-7,21 ; CTh XIII, 4, 2). On le retrouve aussi dans un passage de la Vita Eligi (fin VIIe s.), qui montre la pratique de cet art sur un cheval412. Cela est certainement à mettre en lien avec la tradition vétérinaire qui se développe au sein de l’armée romaine, à partir du IVe siècle et qui visait principalement le soin des chevaux de guerre413. Les papyrus de 411 Jean-Pierre Devroey, op. cit., 2003, p. 94 — 124.

412 DMGH, SS rer. Merov. 4, Vita Eligi II, 43. Cum ergo praedictus equus ad ditionem episcopi fuisset

perductus, coepit statim pedibus condolere, ac toto corpore marcescente, tabescens decadere. Tunc episcopus, adhibito mulomedico, iussit ei studium inpendere, quo scilicet sanari potuisset. Sed quamvis ei sedule inpenderetur, nihil prorsus proficere poterat; insuper etiam, cum ad eum aliquis accessisset, veluti fera agrestis in fremitus et calces prosiliens, laniare curatorem suum nitebatur.

« Dès que ledit cheval fut au pouvoir de l'évêque, il se mit aussitôt à souffrir des pieds et tout le corps s'affaiblissant et se desséchant, à dépérir. Alors, l'évêque ayant appelé un vétérinaire lui ordonna de consacrer tout son soin pour pouvoir le guérir. Bien qu'il s'en soit occupé soigneusement, il ne pouvait obtenir de résultats ; bien plus encore, lorsque quelqu'un s'approchait de lui, sautant comme une bête sauvage, hennissant, lançant des ruades, il cherchait à mettre en pièces son soigneur. » trad. Isabelle Westeel, 1963.

l’Antiquité tardive mentionnent d’ailleurs deux métiers spécialisés pour les soins des chevaux et des ânes ( ππιατρόςἱππιατρός SB XIV 12059 & νοιατρόςὀνοιατρός SB XXVI 16446)414. On retrouve aussi une compréhension des bénéfices du croisement entre les races d’équidés, mais aussi pour les autres espèces animales, chez de nombreux auteurs comme Isidore de Séville et Végèce415. La présence de ce terme de métier dans un texte du VIIe siècle suggère une certaine continuité de la pratique hippiatrique depuis le IVe siècle. De plus, il faut rappeler que le cheval échappe à la réduction de la taille des animaux et qu’il gagne une importance sociale militaire, mais aussi économique, au cours de l’Antiquité tardive416. L’absence de mention au VIe siècle dans les textes gaulois ne serait probablement que le fruit du hasard. Cependant, on ne sait pas si la pratique vétérinaire se limitait aux chevaux ou si, comme en Orient, d’autres élevages pouvaient bénéficier d’un tel spécialiste. Cette question se pose particulièrement en ce qui concerne les grandes exploitations ou encore pour des espèces plus proches de l’homme, comme le chien de chasse et le chien de berger qui sont les objets d’une attention particulière dans la Lex Alamannorum et la Lex

Burgundionum (LA. 78 ; LB XCVII).

Les noms de métiers constitués à l’aide de « custos » (custos porcorum, custos

iumentorum fiscalium, custos equorum meliorum) semblent désigner des gardiens, au sens

de protecteur de troupeau417. Dans la Vita Genovefae (milieu VIe siècle), les tâches des

custodes porcorum sont peu décrites, on comprend cependant qu’ils gardent des porcs

proches de la ville et que l’un d’eux est allé dans les bois pour retrouver une bête perdue. Ils sont aussi appelés pastores plus loin dans le passage, il est donc probable que le terme

414 Stravos Lazaris, « Le cheval de guerre dans le haut Moyen Âge : élevage, thérapeutique et équipements hippiques », Elisabeth Lorans, éd., Le cheval au Moyen Âge, Tours, Presses universitaires François-Rabelais, 2017, p. 27.

415 Ibid., p. 25-26.

416 Jean-Pierre Devroey, op. cit., 2003, p. 94 — 97.

417 Plusieurs tâches officielles sont désignées par le terme custos : custos regni « régent », custos

puerorum « maître des enfants confiés à un monastère », custos monasterii « gardien du monastère »

(Blaise Médiévale, « custos ») : « The Database of Latin Dictionaries », 2005, Accès via BREPOLiS http://clt.brepolis.net/dld/Default.aspx.

de pastor soit plutôt un terme général qui engloberait plusieurs tâches spécifiques418. Tant chez Grégoire de Tours419 que chez Isidore de Séville420, l’opilio est dit être un pastor

ovium, ce qui pourrait renforcer l’idée que le terme de pastor est un terme général, qui

engloberait le custos comme l’opilio. Ce dernier est spécifié comme étant celui qui prend soin des brebis dans certains dictionnaires médiévaux421.

Dans Grégoire de Tours, le travail du custos porcorum est mieux décrit : « [...] arriva l’esclave de Théodulf, citoyen de Tours; c’était un gardien de porc qui, tandis qu’ils veillait la nuit autour du troupeau qu’on lui avait confié, de peur qu’il n’en fût ravi quelque chose par une bête sauvage ou emportée par la tromperie d’un voleur [...] »422. Les références aux bêtes sauvages, aux voleurs et à la nuit suggèrent le travail de gardien, au sens de protecteur. Une autre utilisation du terme custos par Grégoire de Tours reprend cette idée de gardien, mais dans ce cas-ci il garde une église423. Quant aux custodes iumentorum

fiscalium, le passage précise que ces custos sont armés. En effet, Pelagus, parce qu’il a sous

ses ordres ces gardiens, se permet de commettre plusieurs exactions sur les citoyens aux alentours424. Les liens entre l’armée et les gardiens de troupeau ou de culture sont d’ailleurs 418 DMGH, SS. rer. Merov. 3, Vita Genovefae I, 18 & 19, p. 222-223. duo custodes porcorum non longe

ab eis stantes, cum inter se sermocinarentur, ait unus ad alterum : ' Dum suis vestigio ob partum vagantes legerem. Inveni furnum calces mire magnitudines'. Alter pastor e contrario respondit [...]

« deux gardiens de porcs se tenaient non loin de là, alors qu'ils discutaient, l'un dit à l'autre : " Lorsque je suivais la piste d'une truie partie mettre bas, je trouvai un four à chaux de taille étonnante." L'autre gardien de porc répondit [...] » Traduction adaptée de McNamara et al., 1992. 419 GT. LH, IV, 26; Habuit et aliam puellam opilionis, id est pastoris ovium, filiam, nomen

Theudogildem, de qua et filium fertur habuisse, qui ut processit ex alvo, protinus delatus est ad sepulchrum. « Puis il prit aussi une autre jeune fille, la fille d’un berger, c’est-à-dire d’un pasteur de

troupeaux, du nom de Theudogilde; on raconte qu’il eut d’elle un fils qui, sitôt sorti du sein, fut porté au tombeau ». Trad. Latouche, 1963.

420 IS. Eth X, « O». Opilio, ovium pastor, ovilio. « Gardien de brebis (opilio), berger de mouton (ovium

pastor), berger (ovilio) » Traduction adaptée de Barney et al., 2006.

421 Voir l’entrée « opilio » dans les dictionnaires médiévaux Le Talleur et Firminus Verris : op. cit., 2005. 422 GT virt. s. Mart., IV, 5. [...] venit servus Theudulfi civis Turonici, custus suillae; dum nocte circa

gregem creditum excubaret, ne quiddam ex eo aut bestia raperet, aut fraus furis auferret [...]

Traduction adaptée de Bordier, 1856.

423 GT Gl. Martyr., VIII. Transmittimus ad custodem, cui tunc erat observandi cura, ut scilicet ostium,

clave exhibita, reseraret « J’envoyai vers le gardien chargé de fermer, pour qu’il cherchât la clef et

qu’il ouvrît. » Trad. Bordier,1856.

424 GT LH, VIII 40 : Fuit autem et in urbe Thoronica Pelagius quidam, in omni malitia exercitatus,

nullum iudicem metuens, pro eo quod iumentorum fiscalium costodes sub eius potestate consisterent. Ob hoc furta, superventa, pervasiones, caedes diversaque scelera tam in fluminibus quam in terris

attestés maintes fois au Ve siècle425. De plus, en Égypte tardive, certains travailleurs sont assignés spécifiquement à la garde des champs, dans un contrat de travail où se retrouvent aussi des bergers426. La traduction par gardien est donc à privilégier par rapport à celle de berger à chevaux ou de porcher, puisque le custos semble spécifiquement être assigné à la protection des troupeaux et qu’il est probablement armé. Sa tâche principale ne semble être ni les soins aux animaux ni leur déplacement vers les pâturages, mais bien celle de protéger les troupeaux des intrus. Sans être une spécialisation demandant une qualification poussée, la présence de custos indique néanmoins une certaine division du travail au sein des élevages.

On reconnaît aussi cette division de travail au XIIIe siècle dans le traité de Jean de Brie sur la production ovine ; la protection des troupeaux est, en effet, décrite comme une spécialisation en soi, tout comme la tonte, la traite et le déplacement entre les pacages427. Ces autres métiers, à l’exception du déplacement, ne sont cependant pas visibles dans les textes. La seule occurrence de tonsor, dans l’Occident tardo-antique se retrouve chez Isidore de Séville et elle désigne soit le barbier, soit le tondeur (IS. Eth. XX, 13)428. Par contre, dans l’Édit des Prix (EP. 7.23) le tonsor pecorum désigne bel et bien un tondeur de

agere non cessabat. « Il y avait dans la ville de Tours un certain Pélage, rompu à toutes les malices et

qui ne redoutait aucun juge parce que les gardiens des haras du fisc étaient sous ses ordres. Aussi ne cessait-il de commettre des vols, des attaques brusquées, des pillages, des meurtres et toutes sortes de crimes tant sur les fleuves que sur terre. » Trad. Latouche, 1963.

425 Cam Grey, « Concerning Rural Matters», Scott Fitzerald Johnson, éd., The Oxford Handbook of Late

Antiquity, Oxford, Oxford University Press, 2012, p. 636.

426 Voir : P. Cairo Masp. I 67001 : trad. Orsolina Montevecchi, I Contratti di lavoro e di servizio nell’

Egitto greco-romano e bizantino, Milan, 1950, no.15; Christel Freu, « Les salariés de la terre dans

l’Antiquité tardive », Antiquité Tardive, 21, (2013), 295-296.

427 Perrine Mane et Mickael Wilmart, « L’organisation de l’élevage ovin d’après le traité de Jean de Brie et l’iconographie médiévale », Ethnozootechnie, 91 (2011), p. 12.

428 IS. Eth XX, 13. Forfices, secundum etymologiam si a filo dicuntur ponitur, ut forfices, quae sunt

sariorum; si a pilo per, ut forpiceps, quae sunt tonsorum; si ab accipiendo, per, ut forcipes, eo quod formum capiant, quae sunt fabrorum. « Forfices (“pinces”) : selon l’étymologie, si le mot vient de filum (“tissu”), on met un f : forfices (“ciseaux”), instrument des tailleurs; s’il vient de pilus

“cheveu” on met un p : forpices (“ciseaux”), instrument des tondeurs ; s’il vient de prendre (“accipere”), on met un c : forcipes (“tenailles”) — parce qu’elles saisissent ce qui est chaud (formorum capere) —, instrument des forgerons. » Trad. Guillaumin, 2010 ; D’autres traducteurs ont préféré la traduction par barbier, vu la présence du mot pilus, voir : Isidore Seville, The Etymologies

moutons. Toutefois, ce métier n’a probablement pas disparu pendant l’Antiquité tardive, puisque l’élevage du mouton pour la laine a augmenté dans plusieurs régions, notamment en Flandre429. Les grands cheptels, bien que plus rares, étaient toujours présents pendant l’Antiquité tardive, ce qui a probablement maintenu les conditions nécessaires à la pratique de certains métiers spécialisés, comme la tonte.

En ce qui concerne les chevaux, la quantité de termes est impressionnante et, comme trois d’entre eux proviennent d’un même article de PLS X (début VIe), on peut affirmer que ce sont trois spécialisations différentes. Le servus polderum semble faire référence à une personne, en l’occurrence un esclave, qui serait affecté spécifiquement à l’entretien des poulains. Dans le Traité de bergerie de Jean de Brie, on comprend aussi que les soins