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Plan

Introduction

4.1 Position épistémologique

4.1.1. Vision de la réalité et statut accordé aux données 4.1.2. Processus de construction de la connaissance 4.2. Description de la méthodologie de recherche

4.2.1. La démarche prospective et la méthode PM 4.3. Validité et fiabilité de la recherche

4.3.1. Validité du construit 4.3.2. Validité interne 4.3.3. Validité externe 4.3.4. Fiabilité des résultats Synthèse

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Introduction

Ce chapitre rend compte de la stratégie de recherche et de la méthodologie d’accès au terrain ainsi qu’à la méthodologie d’analyse des données que nous avons recueillies.

Un design de recherche, une fois l’objet de recherche défini et la problématique posée, nécessite pour le chercheur de présenter son positionnement dans sa propre conception de la réalité et d’indiquer en cohérence l’origine de la connaissance qu’il va produire (Allard-Poesi & Maréchal, 2007, 2011). À cet effet, cette démarche nécessite de pouvoir comparer sa réflexion personnelle au regard des paradigmes épistémologiques afin si possible de pouvoir s’engager idéalement et quasi exclusivement (Condition d’incommensurabilité de chaque paradigme) au sein de l’un d’eux.

Le chapitre IV expose la méthodologie de recherche et en particulier la méthode Prospective Métiers (PM) adaptée au contexte de notre thèse.

Le chapitre V présente le processus de collecte des données issues des entretiens et des deux enquêtes autoadministrées. Dans la deuxième partie de ce chapitre, nous présentons l’analyse de l’ensemble des données recueillies.

Le chapitre VI présente nos résultats et leur discussion.

Nous proposons une synthèse générale du parcours de recherche dans notre conclusion pour tenter de répondre à notre question de recherche.

4.1. Position épistémologique

Dans cette partie, nous présentons premièrement notre vision ou conception de la réalité et le statut accordé des données. Puis nous nous attachons à montrer notre processus de construction de la connaissance et la démarche abductive suivie entre notre référence au travail institutionnel et le terrain.

La communauté des sciences de gestion se réfère traditionnellement à trois paradigmes utilisés dans les sciences humaines et sociales (Perret & Séville, 2007, 2011) et qui vont venir, pour chacun d’entre eux, caractériser le processus de production de connaissance, orienter la stratégie d’enquête et éclairer les procédures déployées [autrement dit : Quelles seront les méthodes de collecte et d’analyse des données qui seront utilisées dans la recherche ? ] (Creswell, 1998 ;

142 2003 ; 2014). Le tableau (Tableau 26 page 144) suivant est adapté des travaux de Perret et Séville (2007, 2011) et de Allard-Poesi et Maréchal (2007, 2011). Il fait la synthèse des trois principaux courants épistémologiques. Patton (2002), Robson (2002), Guba & Lincoln (1994) montrent que des aménagements alternatifs entre les traditions épistémologiques sont possibles. En tout état de cause cette diversité indique la quête du chercheur dans ses travaux (inquiry) à qualifier rigoureusement son approche du « monde réel ». Ce foisonnement des approches alternatives suscite des controverses, en particulier dans les sciences de gestion (Lamy, 2015) (Bryman, 2008).

Nous présentons ci-dessous les trois épistémologies (Allard-Poesi et Perret, (2011) puis, avant que de nous positionner, nous apportons nos éléments de réflexion au regard les critères qui nous ont confortés dans notre choix. Le choix d’un paradigme apparait comme une prise de position et un véritable acte de foi, mais aussi peut-être comparé « à un filet de prémisses enserrant le chercheur » pour reprendre l’expression de Bateson (1972, 2000). Nous proposons de nous référer à la grille de lecture proposée par Mbengue et Vandangeon-Derumez (1999) pour préciser notre prise de position considérant le fait que cette dernière vient caractériser le statut accordé aux données recueillies, la méthodologie de la recherche (mode de collecte des données), la relation entre les théories abordées dans la revue de la littérature initiale et les observations sur le terrain et enfin les critères de scientificité de la recherche.

Le paradigme positiviste initié par Auguste Comte (1718-1857) demeure le paradigme « historique » et de référence au sein des sciences sociales (Avenier, 2008; Kremer-Marietti, 2003). Issu des sciences dites « naturelles » il a pour cadre une vision du monde déterministe (Burrell & Morgan, 1979). Le positivisme considère l’objet à observer comme ayant une réalité propre, c’est-à-dire indépendante du sujet. La production de connaissance est générée par l’observation et l’objectif de la recherche est d’expliquer la réalité. La démarche de raisonnement repose sur l’inférence hypothético-déductive et la méthodologie de recherche ainsi que les données recueillies sont de nature quantitative, mesurables et donc reproductibles ou vérifiables. L’hypothèse met la théorie sur l’objet considéré à l’épreuve des faits et de l’expérience. In fine la théorie n’est acceptée par la communauté scientifique que dans la mesure où elle demeure falsifiable ou réfutable.

Le paradigme constructiviste a comme postulat la phénoménologie du réel et en conséquence refuse une ontologie de l’objet (Constructivisme radical) ou avance qu’on ne peut pas atteindre l’essence de l’objet (constructivisme modéré). De fait le constructivisme repose sur une

143 ontologie relativiste « de la notion de vérité ou du réel » (Baumard, 1997). Lincoln et Guba (1985) précisent ainsi que les réalités sont multiples, locales et spécifiquement « construites » (p.193) et qu’elles nécessitent, dans leur compréhension, d’être coconstruites avec le chercheur. Le constructivisme ne conçoit pas le déterminisme mais se fonde sur l’intentionnalité. La démarche de recherche est inductive et nécessite une forme de reconstruction par le chercheur aboutissant à la génération d’une théorie non généralisable.

Le paradigme interprétativiste trouve son origine dans les travaux de Dilthey (1911— 1977) selon lesquels le discours et l’action ne peuvent pas être analysés avec les méthodes des sciences naturelles et physiques et propres au paradigme positiviste appliqué aux sciences sociales (Miles & Huberman, 1994 ; 2003). La connaissance produite se veut objective mais aussi étroitement et fondamentalement dépendante du contexte que le chercheur va chercher à comprendre. Pour le chercheur il s’agit de comprendre l’activité (interaction entre le sujet et l’objet) au travers du discours pénétré de symboles, de représentations et former « une collection de couches de significations ». Selon Schwandt (1994) cité Allard-Poesi & Maréchal (Thiétart, 2007)

« La réalité est essentiellement mentale et perçue “hypothèse phénoménologique”, et le sujet et l’objet étudié sont fondamentalement interdépendants “hypothèse d’interactivité”. De par ces hypothèses l’objectif du chercheur n’est plus de découvrir la réalité et les lois la régissant, mais de développer une compréhension de cette réalité sociale. » (p.42).

144 Tableau 26. Synthèse des positions épistémologiques des paradigmes positiviste, interprétativiste et constructiviste adapté de Perret et Séville (2007, 2011) p.14 et p.15

Les questions épistémologiques Les paradigmes

Vision du Monde Caractérisation de la connaissance produite

Statut de la connaissance Conception du lien entre l’objet et le sujet dans la réalité

Cheminement (Objectif de l’observation) Valeur (Crédibilité) de la connaissance et critères de validité Le positivisme Déterminisme Ontologie du réel Objective et indépendante de tout contexte (acontextuelle)

L’hypothèse est celle du réalisme et de la rationalité (Chalmers, 1990) dans la mesure où l’objet que l’on veut connaitre, possède une essence singulière

Le sujet et l’objet sont indépendants dans la réalité où ils sont étudiés

Explication Réfutabilité (Popper)

L’interprétativisme Intentionnalisme Phénoménologie du réel Objective et dépendante ou spécifique du contexte « interprété »

L’hypothèse est celle du relativisme (Pas de vérité absolue). « Les critères pour juger [] d’une théorie dépendent,… de l’individu ou de la communauté » (Chalmers, 1990) p.170

Interdépendance liée aux interactions entre le sujet et l’objet que le chercheur cherche à comprendre par les significations que l’acteur attribue à ces interactions. Compréhension Empathie du chercheur permet de comprendre la réalité des acteurs (L’expérience qu’ils font avec l’objet « de connaissance »). Le constructivisme. Intentionnalisme

Phénoménologie du réel

Intentionnalisme L’hypothèse est celle du relativisme (Pas de vérité absolue) « L’essence de l’objet ne peut être atteinte (dans le cas du constructivisme modéré) ou n’existe pas (constructivisme radical) « (Perret & Séville, 2007, 2011) p.14

L’objet n’existe pas en soi (vision radicale). La connaissance produite demeure fondamentalement subjective et contextuelle. Construction Adéquation et enseignabilité (Perret & Séville, 2007, 2011) (p.15)

145 4.1.1. Vision de la réalité et statut accordé aux données

Le sujet de la recherche porte sur le comportement des acteurs face à un métier naissant dans le champ de la santé. À cet effet nous choisissons d’aborder l’objet de recherche en le considérant en tant que phénomène dont on peut se faire (en tant que chercheur) une interprétation ou représentation la plus proche possible en rencontrant les acteurs en exercice de coordination. Les interactions observées et décrites, au sein de notre recherche, se situent au niveau du « micro monde » des acteurs appartenant au « macro monde » (Kaghan & Lounsbury, 2011 ; Lawrence et al., 2011) de l’institution socialement construite de la santé (Felder et al., 2018). Les données recueillies auront pour origine les représentations multiples que se « font » les acteurs interrogés de leurs propres réalités, y compris par le chercheur (Lincoln & Guba, 1985). Notre travail de thèse se fonde sur une vision de la réalité où le micro monde des acteurs recouvre une grande variété de réalités subjectives conduisant à des comportements individuels assimilés dans la littérature soit à l’individualisme méthodologique soit aux théories du choix rationnel. En nous rattachant à la théorie du travail institutionnel, nous considérons que toutes ces réalités ont comme dénominateur commun et objectif le déterminisme de l’action publique et ses changements prescrits au sein de l’institution de la santé (Nouvelles règles, nouveaux concepts de prise en charge, nouveaux dispositifs expérimentaux). Ces changements prescrits forment une réalité objective qui transforme la notion de travail et les pratiques sociales qui l’environnent.

4.1.2. Processus de construction de la connaissance et démarche abductive

Selon Drucker-Godard, Ehlinger et Grenier (2007, 2011), il faut aussi pouvoir rendre compte et tenir du « paradigme personnel du chercheur » (Passeron, 2006). Selon Passeron (2006), l’interprétation peut se définir comme une « reformulation du sens d’une relation entre des concepts descriptifs qui pour transformer ce sens[…] doit faire intervenir la comparaison de cette relation avec des descriptions empiriques qui ne supposent pas exactement le même « univers de discours » que la relation ainsi interprétée. » (p.401). Passeron (2006) soutient ainsi qu’il y a un espace de raisonnement et de production de connaissance non réductible à la logique de scientificité de Popper (Popper & Rosat, 1998, 2009).

La pratique abductive est issue de la théorie de l’abduction de Charles S. Peirce. Elle permet de faire émerger la connaissance en se nourrissant à la fois des apports théoriques et des observations faites sur le terrain. Elle suppose la mise en évidence d’une situation ou d’un fait

146 « surprenant ou étonnant » pouvant être expliqué ou compris dans une démarche interprétative. Catellin (2004) rappelle que l’abduction en épistémologie est une forme de raisonnement et aussi une pratique permettant d’aborder la problématique de construction de la connaissance par la compréhension ou l’interprétation d’un phénomène. Catellin (2004) considère que la pratique abductive constitue même un savoir pratique nécessaire pour « appréhender la singularité d’une situation » en « combinant de l’expérience et de l’information ». Il s’agit concrètement « d’adopter des hypothèses plausibles susceptibles d’être vérifiées ultérieurement ». En ce sens il n’y a donc pas d’opposition mais plutôt une possibilité d’adduction associant le raisonnement inductif et le raisonnement déductif (1980; Blaug, 1980; 1982).

Le concept de « pratique » s’applique, à notre sens, à notre recherche et nous permet de combiner le concept théorique de la coordination avec les pratiques développées par les acteurs. Les situations ou contextes de coordination sont par définition singuliers, peu ou pas sujets à une simple résolution par l’application d’un traitement procédural ou routinier et devant être résolues par l’acteur coordinateur l’expose à devoir mobiliser des ressources relationnelles intenses ou solutions multiples, intuitives et/ou souvent acquises par l’expérience (erreur, succès), parfois bricolées au sens « de l’inventivité face à une réalité où la contingence domine » (Catellin, 2004).

Selon Mbengue et Vandangeon-Derumez (1999), « l’essence de la réalité […] influence directement le mode de collecte des données ». La question qui va se poser sera donc, en conséquence : Quelle reconnaissance de l’existence ou de l’inexistence de lien le chercheur fera-t-il entre la donnée et lui-même. Autrement dit, si le chercheur attribue à la donnée un caractère autonome, indépendant c’est à dire objectif alors elle ne nécessitera pas « Que faut-il entendre par « pratiques » et pourquoi parler de pratiques plutôt que d’activités, d’actions, de conduites ? Ce mot sert à différencier l’action de la théorie, cependant ici les pratiques en question ne renvoient pas directement au faire et aux actes, mais aux procédés pour faire. Selon Louis Quéré, les pratiques ne sont pas seulement des habitudes de faire ; elles incorporent de la pensée, des représentations, des savoirs qui nous permettent de les comprendre et de les pratiquer. Elles nous servent à nous adapter ou à nous ajuster à des situations et à des circonstances particulières. Elles sont orientées vers une finalité et ont une temporalité. » Catellin, 2004, p.179

147 d’interprétation de la part du chercheur. À l’opposé l’interdépendance entre la donnée et le chercheur va se définir dans un processus de compréhension plus ou moins « élaboré » des représentations subjectives des acteurs et in fine du propre processus d’interprétation et/ou de compréhension qu’en aura le chercheur.

Notre position suit en cela ce choix d’interdépendance entre le chercheur et la donnée produite. La subjectivité de notre méthodologie de recueil et du traitement des données suppose, pour être crédible, une description la plus complète possible du déroulement de la phase de recueil et des éventuels aménagements générés au décours.

En partant de la revue de la littérature établissant l’état des lieux, il s’agit de mener la recherche en allant à la rencontre des acteurs concernés par l’activité de coordination pour tenter de : (en paraphrasant les auteurs) « d’appréhender leurs problématiques, leurs motivations et les significations ou représentations ». Nous faisons le choix d’étudier notre objet de recherche selon une approche interprétative. Les données que nous obtenons sont traitées par une analyse qualitative.

Allard-Poesi et Maréchal (2007, 2011) soulignent que ce type de recherche suppose l’immersion dans le phénomène et son observation plus ou moins participante. Il s’agit donc pour nous d’investir ou de pénétrer cette réalité sociale et de comprendre le phénomène de l’intérieur en nous appliquant à identifier et à reconnaitre les différents traductions et arrangements possibles que les acteurs rencontrés ont dû mettre en œuvre pour vivre et rendre acceptable ce que nous appelons le « flou » qui entoure la fonction de coordination.

Allard-Poesi et Maréchal (2007, 2011) avancent que l’approche interprétativiste repose sur une démarche progressive de compréhension du phénomène. Elle est étroitement liée à l’attitude d’empathie et à l’investissement du chercheur (Dilthey cité par Miles et Huberman, 1999, 2005,

148 p. 22). Le chercheur doit montrer sa capacité à s’adapter s’il veut acquérir une connaissance fine de son objet de recherche (Figure 28).

L’approche méthodologique et le design de recherche que nous proposons doivent permettre de comprendre la coordination à la fois en tant que phénomène et parallèlement doivent explorer à notre sens le ou les processus permettant l’interactivité inhérente à la coordination (recherche de processus). Cette démarche de recherche combine à la fois contenu et processus (Barley, 1990) et s’appuie d’une part sur une revue de la littérature dressant un état des lieux et permettant de façon synthétique de faire le constat (problématique) du manque de connaissance ce qui constitue une activité de coordination (Peut-on les identifier ou établir une taxonomie des activités de coordination ? En quoi sont-elles spécifiques ? Existe-t-il des invariants ou dénominateurs communs à toute activité de coordination ?).

La compréhension du phénomène à l’aide du travail institutionnel va se réaliser concomitamment dans une démarche déductive puis inductive. Il s’agit bien de comprendre et d’interpréter ce que le phénomène génère comme effets dans le micro-monde des acteurs concernés.

Notre recherche nécessite de prendre en compte le contexte des mutations externes elles-mêmes actrices des mutations plus ou moins profondes du système de santé français. Les mutations internes affectent l’ensemble de l’institution au sens de Giddens (1984). On doit ainsi considérer les changements plus subis que choisis de l’organisation même du système (C’est-à-dire sa propre structuration, son système d’organisations multiples, ses pratiques sociales, son système de règles et formes d’habilitations, puis, enfin, et non des moindres, la part des interactions

Interaction entre le chercheur et les sujets

étudiés

Objet

Développement d’une compréhension de la réalité des sujets étudiés

Figure 28. Construction de l’objet de recherche dans l'approche interprétativiste (Allard-Poesi et Maréchal in Thiétart, 2007, 3ème édition, p.43).

149 entre les acteurs et les métiers historiques dont ces acteurs sont les représentants. C’est à ce niveau que nous situons l’approche théorique du travail institutionnel et la nécessité de l’explorer.

Lawrence et Suddaby (2006) ont observé que le travail institutionnel se révèle au sein des discours des acteurs (oral et/ou écrit). Son étude peut se réaliser en fonction du contexte au travers de l’analyse de contenu dans les discours organisationnels (formes de la rhétorique utilisée, formes de narration ou récit et du dialogue ou conversation entre plusieurs acteurs). D’autres approches sont possibles comme le recours à la théorie de l’acteur-réseau (Callon 1986 ; Latour, 1987, 1995) ou à la sémiotique selon Lawrence et Suddaby (2006). La mise en évidence du travail institutionnel ne relève pas d’une méthode unique ou exclusive mais doit permettre la compréhension en épaisseur du phénomène étudié.

4.2. Description de la méthodologie de recherche

Dans cette partie nous présentons la démarche prospective et la méthode mise au point par Boyer et Scouarnec (2009).

4.2.1. Démarche prospective et méthode « Prospective des Métiers » (PM)

D’un point de vue ontologique et épistémologique, l’ancrage revendiqué de la prospective repose sur une compréhension fine de la réalité des acteurs. Nous relevons que la PM ne constitue pas en elle-même une théorie mais offre, à la fois un cadre et une démarche rationnels permettant de comprendre par l’observation un phénomène centré initialement sur les métiers et leurs évolutions possibles. Non exclusive, elle autorise une grande flexibilité dans les méthodologies d’observation et de recueil des données utilisées (Boyer & Scouarnec, 2009) (p.104).

150 La prospective

La prospective est un courant théorique qui en pensant les futurs possibles vient donner aux acteurs d’aujourd’hui les clés de compréhension et in fine de décision pour préparer leur adaptabilité (choisie) plutôt que leur adaptation (subie). Elle se différencie des méthodes prévisionnelles (Tableau 27).

Tableau 27. Comparatif de la prévision classique et de la prospective selon Godet (1977)

Définition de la prospective des métiers

La méthode « Prospective Métier » (PM) a été mise au point par Boyer et Scouarnec (Boyer & Scouarnec, 2002, 2009). C’est une méthode d’investigation dynamique inspirée des méthodologies de recherche de consensus d’experts (Méthode « Prodin », Méthode « Delphi »). Boyer et Scouarnec (Boyer & Scouarnec, 2009) proposent la définition suivante de la prospective des métiers :

« La Prospective des Métiers est une démarche d’anticipation des futurs possibles en termes de compétences, d’activités, de responsabilités d’un métier. Elle permet ainsi d’imaginer les possibles savoirs et qualifications, expertises ou savoir-faire professionnel, comportements et savoir-être, qui seront demain les plus à même de servir l’individu et l’organisation. Elle nécessite pour cela une co-construction par les acteurs-experts du ou des métiers analysés du devenir possible de ce ou ces métiers. Elle englobe ainsi une réflexion sur le métier individuel et sur l’organisation du travail. », La Prospective des Métiers, (p.118) (Boyer & Scouarnec, 2009).

Prévision classique Prospective

Vision Parcellaire « toutes choses égales par

ailleurs » Globale « rien n’est égal par ailleurs » Variables Quantitatives, objectives et connues Qualitatives, quantifiables ou non,

subjectives, connues ou cachées Relations Statiques, structures constantes Dynamiques, structures évolutives Explication Le passé explique l’avenir L’avenir est la raison d’être du présent

Avenir Unique et certain Multiple et incertain

Méthode Modèles déterministes et quantitatifs

(économétriques) (mathématiques) Analyse intentionnelle. Modèles qualitatifs (analyse structurelle) et stochastiques (impacts croisés)

Attitude face à

151 Utilisée dans de nombreuses recherches, elle a pu être adaptée en fonction du terrain de recherche (Scouarnec, 2004). La méthode « Prospective Métiers » (PM) a été mise au point par Boyer et Scouarnec (Boyer & Scouarnec, 2002).

Nous proposons dans le cadre de notre recherche d’adapter la méthode PM en y introduisant