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Méthodologie de la présente étude

7.1-Choix de l’échantillon

L’échantillon sur lequel porte la présente étude provient du sous-groupe de jeunes pris en charge en vertu de la Loi sur la protection de la jeunesse (n= 195) et du sous-groupe de jeunes pris en charge sous le couvert de la Loi sur les jeunes contrevenants (n= 213) dans l’étude de Pauzé et al. (2004). Ces jeunes sont âgés entre 12 et 17 ans. Sur les 408 sujets composant ces deux sous-groupes, une analyse statistique nous a permis de sélectionner seulement les jeunes présentant un diagnostic de TDAH selon le point de vue du parent (n=68). Notre échantillon est composé de 16 filles et de 52 garçons présentant un diagnostic de TDAH. L’âge moyen de ces adolescents est de 15 ans. Il n’y a pas de différence significative entre les TDAH et les non-TDAH sur la base du sexe (Chi-carré= 1,057, p= 0,304) et de l'âge des jeunes (t= 1,125, p= 0,289).

L’échantillon des adolescents présentant un TDAH est composé de 16 filles et 52 garçons. Parmi ces adolescents, 33 présentent un trouble des conduites et 35 ne présentent pas ce trouble selon le point de vue de leur parent répondant. Enfin, parmi ceux qui présentent un trouble des conduites, 19 ont commencé à présenter leurs premiers symptômes avant l’âge de 10 ans (trouble des conduites précoce) et 14 ont commencé à présenter leurs premiers symptômes de trouble des conduites après 10 ans (trouble des conduites limité à l’adolescence).

L’échantillon de jeunes non TDAH est composé de 68 jeunes (16 filles et 52 garçons) appariés aux jeunes TDAH selon l’âge (plus ou moins deux mois) et le sexe. 7.2- Instruments de mesure utilisés

Deux questionnaires parmi les nombreux questionnaires utilisés par l’étude de Pauzé et al. (2004) sont utilisés pour la présente étude. Tout d’abord, la présence du trouble des conduites est établie à l’aide de la version parent du Diagnostic Interview Schedule for Children (DISC) de Shaffer et al. (1993). Ensuite, le niveau de consommation de

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substances psychoactives du jeune est évalué à l’aide de l’indice de gravité (IGT) de toxicomanie construit par le RISQ.

7.2.1- Diagnostic Interview Schedule for Children (DISC)

Seules les sections permettant d’établir la présence ou non du trouble des conduites et du TDAH ont été retenues pour la présente étude. Le Diagnostic Interview Schedule for Children (DISC) de Shaffer et al. (1993) a été conçu dans le but de dépister les désordres mentaux de l’axe I des classifications multiaxiales du DSM-III-R chez des jeunes de 9 à 17 ans. Il comporte 231 questions de base et 1186 questions complémentaires (qui ne sont posées que lorsque la réponse précédente est positive). La version que nous avons utilisée dans la présente étude est celle complétée par les parents.

La version française du DISC-2.25 a été établie par l’équipe du service de recherche de l’Hôpital Rivière-des-Prairies, puis révisée par deux chercheurs bilingues et un traducteur chevronné. Sa fidélité a été étudiée par Breton et al. (1998) dans le cadre de l’enquête de Santé-Québec auprès d’un échantillon de 260 jeunes de 6 à 14 ans.

Breton et al. (1998) observent une cohérence interne variant entre 0,70 et 0,90 selon la pathologie observée par les parents. La cohérence interne observée chez les enfants et les adolescents est moins constante, puisqu’elle varie de 0,27 pour les troubles des conduites à 0,90 pour la phobie simple et la dépression. La stabilité telle qu’évaluée par le coefficient kappa s’échelonne entre 0,32 pour la dépression et 0,69 pour les désordres anxieux et se situe souvent autour de 0,60. Les coefficients kappa sont plus faibles dans le cas des descriptions faites par les enfants et les adolescents puisqu’ils varient de 0,37 pour les désordres perturbateurs à 0,59 pour l’anxiété de séparation, se situant le plus souvent entre 0,50 et 0,60. Ces résultats vont dans le même sens que ceux obtenus par Schwab-Stone et al. (1993) pour la version anglaise.

Piacentini et al. (1993) observent une validité de construit plus ou moins satisfaisante puisque les corrélations entre les diagnostics posés à l’aide du DISC-R et des cliniciens varient entre 0,21 pour les désordres des conduites tels que décrits par les enfants et 0,60 pour les désordres des conduites tels que décrits par les parents. Les auteurs

51 remarquent que : 1) les diagnostics posés par les cliniciens sont moins fidèles que ceux posés à l’aide du DISC-R, 2) les descriptions faites par les enfants comportent un certain nombre de faux positifs, contrairement à celles des parents, pour la plupart des diagnostics et 3) les faux positifs sont présents tant avec les parents qu’avec les enfants pour l’hyperactivité avec désordre d’attention et les désordres des conduites. Selon Shaffer et al. (1993), le DISC est néanmoins un instrument acceptable dans la mesure où il permet de dépister un bon nombre de désordres mentaux chez les enfants et les adolescents à moindre coût et de façon relativement rapide et pratique.

7.2.2- L’indice de gravité de toxicomanie pour adolescents (IGT-ADO)

La consommation de substances psychoactives a été établie à partir de la section «alcool et drogue» de l’Indice de gravité d’une toxicomanie pour adolescents (IGT-ADO, Germain et al., 1998). Cette section du questionnaire porte sur les principaux indicateurs reconnus pour évaluer la gravité de la consommation. Elle est divisée en 25 points portant sur : la régularité de la consommation (occasionnelle, hebdomadaire, quotidienne); la nature des substances psychoactives consommées (alcool, cannabis, hallucinogènes, autres drogues); le mode d’administration; l’endroit généralement associé à la consommation; le nombre de substances psychoactives différents consommés au cours de la dernière année; l’âge d’initiation à la première consommation de chacune des substances psychoactives; l’âge de la consommation régulière (au moins une fois par semaine pendant au moins un mois pour chacun des substances psychoactives expérimentées); les raisons de la consommation (les raisons sont précisées dans une liste et notées comme étant récréatives ou problématiques); les conséquences négatives de la consommation (le «balck out», le «bad trip», surdose ou la présence de dettes); l’intensité des difficultés éprouvées par rapport à la consommation (nombre de jours); l’estimation de la perturbation associée à la consommation (échelle allant de 0 à 4); et l’estimation du besoin d’aide (échelle de 0 à 4). Les propriétés psychométriques de l’IGT-ADO ont été vérifiées par les études de Landry et al. (2002).

Dans la présente étude, pour répondre aux deux premiers objectifs, le terme prévalence réfère à la présence ou non de consommation de substances psychoactives au cours des 12 derniers mois précédant l’administration de l’IGT pour chacune des

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substances psychoactives à l’étude (alcool, cannabis, hallucinogènes, amphétamines, cocaïne). La fréquence, quant à elle, a été divisée en cinq catégories : l’absence de consommation, la consommation exploratoire (quelques fois), occasionnelle (à l’occasion), hebdomadaire (une fois et + par semaine) et quotidienne (tous les jours). L’âge d’initiation est calculé à partir de la première fois où le jeune a essayé chacune des substances. Concernant les conséquences négatives pouvant être associées à la consommation le Blackout et le Bad trip ont été étudiés. Le Blackout est caractérisé dans l’IGT comme un trou de mémoire qui survient lors d’une intoxication importante à l’alcool ou à certains hallucinogènes. Le Bad trip, pour sa part, est décrit comme étant l’apparition d’effets négatifs suscités par l’usage d’une substance psychoactive. Pour les deux dernières variables, soit 1- la préoccupation du jeune concernant sa consommation d’alcool et de drogues et 2- l’importance de recevoir de l’aide pour sa consommation d’alcool et de drogues, les variables alcool et drogues ont été regroupés pour avoir un score global de préoccupation à la consommation et du besoin d’aide.

La section «alcool et drogue» du questionnaire permet, également, de quantifier la gravité de la consommation à l’aide de deux scores composés, l'un pour l'alcool, l'autre pour les autres drogues (héroïne/opiacés, barbituriques, sédatifs, hypnotique, tranquillisants, cannabis, amphétamine, hallucinogène, cocaïne, colle/ solvant) (Landry, Guyon, Bergeron & Provost, 2002). Ces scores qui peuvent aller de 0 à 1 (incluant toute la gamme des décimales) sont élaborés à partir d’une pondération des réponses relatives à la nature, à la fréquence et au nombre de substances psychoactives consommées au cours des 30 derniers jours, ainsi qu'à l’intensité des problèmes et du besoin d'aide en lien avec la consommation. Les substances psychoactives utilisées dans la présente étude sont l’alcool, le cannabis, les hallucinogènes, les amphétamines et la cocaïne. Ce score sera utilisé pour répondre au troisième objectif de la présente étude.

Aucun seuil n'est proposé dans l'IGT-ADO pour établir à partir de quels scores la consommation de drogue peut être considérée comme problématique. Pour l’analyse de la gravité dans la présente étude, nous avons donc fixé ces seuils à 0,033 pour l'alcool et à 0,067 pour les autres drogues à partir de l'examen des scores obtenus dans l'échantillon clinique de Pauzé et al. (2004) et dans l'échantillon "populationnel" de Toupin et al (2004).

53 Ces deux scores se situent au 75e percentile (quartile supérieur) des distributions obtenues dans l'échantillon clinique et sont supérieurs ou égaux au 90e percentile des distributions observées dans l'échantillon populationnel. Il s'agit donc de seuils assez sévères.

Les données de l’IGT-ADO ont été recueillies par Pauzé et al. (2004) auprès du jeune seulement. Bien que des limites peuvent être soulevées par cette façon de faire, une évaluation de la consommation de substances psychoactives réalisée par les parents peut avoir pour effet de surévaluer l’âge de la première consommation (Groenman et al., 2013). De plus, selon l’étude de Malmberg et al. (2011), les parents ne sont généralement pas au courant en ce qui concerne la consommation des substances psychoactives de leur enfant. Les informations recherchées sur la consommation concernent des données très précises notamment sur la fréquence et la quantité de substances consommées, il aurait donc été difficile de recueillir de telles informations auprès des parents. Les données collectées auprès des jeunes sont fiables et ont démontré une bonne validité dans les études antérieures (Realmuto et al., 2009).

7.3- Analyses statistiques

Les analyses sont réalisées à l'aide du logiciel SPSS version 20. Nous avons procédé d’abord à une analyse descriptive ensuite à une régression multiple hiérarchique.

Concernant l’objectif 1 qui vise à décrire et comparer la consommation de substances psychoactives chez un sous-groupe d’adolescents recevant des services des Centres jeunesse selon qu’ils présentent ou non un TDAH, des analyses descriptives et comparatives ont permis de tracer le portrait de la consommation de substances psychoactives des jeunes ayant un TDAH. Diverses statistiques descriptives et inférentielles (fréquence, moyenne, écart-type, Chi-carré et test-t) ont été utilisées pour rendre compte puis comparer les différents indicateurs de la consommation chez les jeunes TDAH (n=68) et les jeunes non TDAH (n=68).

Concernant l’objectif 2 qui vise à décrire et comparer la consommation de substances psychoactives chez un sous-groupe d’adolescents recevant des services des Centres jeunesse et présentant un TDAH selon qu’ils soient un garçon ou une fille, qu’ils

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aient ou non un trouble des conduites et que celui-ci soit précoce ou non, les analyses descriptives ont été réalisées en trois étapes. Dans l’ordre nous avons décrit la consommation de substances psychoactives des jeunes TDAH 1- selon le sexe des jeunes (filles= 16, garçons= 52), 2- selon qu’ils présentent ou non un trouble des conduites (avec TC=33, sans TC= 35) et 3- selon que le trouble des conduites soit précoce ou non (précoce=19, tardif= 14). Des analyses descriptives et comparatives ont permis de tracer le portrait de la consommation de substances psychoactives des jeunes ayant un TDAH en tenant compte de ces trois catégories de variables. Diverses statistiques descriptives et inférentielles (fréquence, moyenne, écart-type, Chi-carré et test-t) ont été utilisées pour rendre compte puis comparer les différents indicateurs de la consommation chez ces différents sous-groupes d’adolescents présentant un TDAH.

Concernant l’objectif 3 qui vise à identifier parmi les variables sexe, présence de trouble des conduites ou non et précocité ou non du trouble des conduites celles qui sont les plus fortement associées à la gravité de la consommation de substances psychoactives chez un sous-groupe d’adolescents recevant des services des Centres jeunesse et présentant un TDAH, une analyse de régression linéaire multiple a été réalisée. Le sexe, la présence d’un trouble des conduites (oui/non) et la précocité ou non du trouble des conduites (précoce ou non) ont été utilisés comme covariables lors de ces analyses.

7.4- Considérations éthiques

L’étude de Pauzé et al. (2004) a reçu l’attestation du comité de déontologie de l’Université de Sherbrooke en 1999 et en 2001. Pour notre part, nous avons déposé notre demande au comité d’éthique le 30 avril 2015. Nous avons reçu l’approbation en date du 8 mai 2015.

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Chapitre 8

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