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Chapitre 9 Discussion

9.1. Consommation de substances psychoactives chez les jeunes présentant un

distinguent pas des jeunes ne présentant pas de TDAH sur le plan de leur consommation de substances psychoactives. Ce résultat ne va pas dans le sens des études recensées précédemment. En effet, ces études ont permis d’établir une relation positive entre la présence de symptômes de TDAH et la consommation de substances psychoactives chez les adolescents (sédatifs sans prescriptions; hashish; marijuana; amphétamines; LSD, ecstasy, cocaïne, champignons magiques; substances inhalées) (Gudjonsson et al. 2012 ; Upadhyaya, et al., 2005). Cette contradiction entre les résultats de notre étude et ceux des études recensées peut éventuellement s’expliquer par la provenance de nos sujets. Ces derniers ont été recrutés au moment de leur entrée à l’application des mesures des Centres jeunesse participants. Or, ces jeunes se caractérisent par de nombreux problèmes personnels et familiaux qui pourraient être associés à une consommation plus importante de substances psychoactives. Comme le constatent Pauzé et al. (2004), en général, les familles de ces jeunes se caractérisent par un certain dysfonctionnement familial. De même, un parent sur trois présenterait des problèmes relationnels avec leur adolescent. Or, il appert que le lien significatif avec la cellule familiale contribue à protéger l’enfant de l’usage abusif d’une

65 substance psychoactive (Choquet et al. 2002 dans Richard, 2009). Donc, considérant que la famille joue un rôle pivot dans la consommation des jeunes (Richard, 2009), les dysfonctions familiales rencontrées chez les jeunes référés à la prise en charge des Centres jeunesse peuvent avoir un impact considérable sur la consommation des adolescents de notre échantillon. De plus, une proportion importante des jeunes de l’échantillon de Pauzé et al. (2004) auraient aussi des retards scolaires (62,6%), des comportements délinquants (51,3%) et des comportements agressifs (34,1%). Ce qui aurait aussi une influence sur le risque de consommer des substances psychoactives (Realmuto et al. 2009 ; Winters et al. 2011).

À cet égard, quand on compare les jeunes de notre échantillon à des jeunes provenant de la population générale, on note que 76,3% des adolescents de notre étude consommeraient ou auraient consommé du cannabis au cours de la dernière année. Ce chiffre s’élève à 92,4% pour l’alcool. Or, concernant la consommation des jeunes provenant de la population générale, les données de l’Institut de la statistique du Québec (2014) indiquent que 23% des élèves du secondaire (12 à 17 ans) auraient consommé du cannabis au cours de la dernière année et 57% auraient consommé de l’alcool.

9.2 Consommation de substances psychoactives chez les adolescents présentant un TDAH selon le sexe, la présence ou non d’un trouble des conduites et le fait que celui- ci soit apparu au cours de l’enfance ou de l’adolescence.

9.2.1 Différences selon le sexe des jeunes

Les résultats de notre étude indiquent qu’il n’y a pas de différences entre les garçons et les filles présentant un TDAH sur le plan de leur consommation de substances psychoactives. Ce résultat diffère de ceux des études recensées précédemment (Dalsgaard et al., 2014; Sihvola et al., 2011; Wilens et al.,2011). Deux hypothèses peuvent être invoquées pour expliquer cette contradiction entre les résultats de notre étude et ceux des études recensées. En premier lieu, cette contradiction peut être expliquée par la provenance de notre échantillon, soit les jeunes référés à l’application des mesures des Centres jeunesse du Québec. À cet égard, l’étude de Pauzé et al. (2004) révèlent que les profils cliniques des garçons et des filles référés à l’application des mesures des Centres jeunesse sont très

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comparables. Les seules dimensions qui permettent de distinguer ces deux sous-groupes sont les suivantes: davantage de garçons présentent un fonctionnement général problématique et un trouble des conduites précoce comparativement aux filles alors que davantage de filles ont été agressées sexuellement au cours de leur vie. La sévérité des profils cliniques des garçons et des filles bénéficiant de services des Centres jeunesse peuvent expliquer le fait que tant les garçons que les filles ont une consommation de substances psychoactives plus élevée que ceux provenant de la population générale.

En second lieu, cette contradiction peut s’expliquer par le faite que nous n’avons pas tenu compte de la nature des symptômes du TDAH selon le sexe des sujets. Or, selon plusieurs auteurs, la différence entre les garçons et les filles ayant un TDAH s’expliquerait surtout par la présence des différents symptômes du TDAH (Malmberg et al. 2011; Sihvola et al. 2011). En effet, il appert que les symptômes d’inattention seraient un facteur de risque pour la consommation chez les filles TDAH et l’impulsivité et les troubles perturbateurs le seraient davantage pour les garçons (Malmberg et al. 2011; Sihvola et al. 2011). Puisque la symptomatologie des jeunes TDAH n’a pas été considérée, il est possible que l’échantillon de la présente étude était composé de plus de filles avec des symptômes d’hyperactivité et d’impulsivité ou des garçons avec des symptômes d’inattention. Ce qui expliquerait la divergence entre la littérature et les résultats de la présente étude.

9.2.2 Présence ou non du trouble des conduites

Les résultats de notre étude concernant la consommation plus élevée de substances psychoactives chez les jeunes TDAH présentant un trouble des conduites comparativement aux jeunes TDAH ne présentant pas de trouble des conduites vont dans le sens des études recensées plus haut (August et al., 2006; Dalsgaard et al., 2014 ; Elkins et al.,2007 ; Realmuto et al., 2009; Winters et al., 2011). L’hypothèse que la comorbidité entre les deux troubles serait un facteur de risque d’une consommation problématique émis par certains auteurs (Flory & Lynam, 2003 ; Knop et al. 2009) est donc confirmée par nos résultats. 9.2.3 La précocité du trouble des conduites

En réponse à une limite soulevée dans la littérature, la précocité du trouble des conduites a été prise en considération dans les analyses. Comme prévu, les résultats de

67 notre étude révèlent que les jeunes présentant un TDAH et un trouble des conduites limité l’adolescence sont plus nombreux à consommer à l’adolescence. Selon notre cadre théorique (Moffit, 2006;1993), les jeunes avec un TC limité à l’adolescence seraient plus enclins à vouloir satisfaire leur besoin de reconnaissance à l’aide de privilèges considérés comme « adultes ». La consommation chez les jeunes qui ont un TC limité à l’adolescence répondrait donc à ce besoin d’actualisation.

9.3 Les variables les plus fortement associées à la consommation de substances

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