Méthodologie

Deux types d'outils sont utilisés pour cette étude : d'une part, des épreuves étalonnées permettant de situer les performances et l'efficience cognitive des

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enfants par rapport aux enfants de leur âge, le WISC IV et l'EPOCY, d'autre part les médiations utilisées lors des suivis, l'ETA et le CA.

Les prénoms que nous donnons dans cette étude sont tous fictifs afin de préserver l’anonymat des enfants.

2.4.1. Mesures objectives

a) EPOCY 2-3

L'EPOCY est une épreuve de positionnement permettant de définir les acquis des élèves en mathématiques, orthographe et lecture en fonction du niveau de leur classe d’âge.

b) WISC IV

Le WISC IV est un bilan psychologique permettant d’établir l’efficience cognitive d’un enfant d'âge scolaire. C'est celui qui est le plus communément utilisé par les psychologues scolaires.

Ces outils sont proposés aux enfants des différents groupes en début et en fin d’étude. Ils permettent d’établir le constat d’échec au départ, d’effectuer des comparaisons entre les groupes et à l’intérieur des groupes en début et en fin de prise en charge pour chacun des enfants.

2.4.2. Approche phénoménologique

a) L’Épreuve des Trois Arbres

L’Épreuve des Trois Arbres (cf. annexe 2 p. II) invite des enfants en échec dans les apprentissages à effectuer sur un mode analogique et indirect un bilan de

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leur situation définie selon leur point de vue. Ce bilan permet de déceler une problématique qui sera travaillée ultérieurement lors d’un accompagnement par l’intermédiaire du Cahier de l’Arbre (Vigneron, 2013, 2014a, 2014b, 2015a). « En exposant dans des dessins et des textes sa rêverie, l’enfant lui donne corps et cette forme est reflet d’un espace intérieur vécu » (Vigneron, 2015, p.546). L’épreuve se déroule en deux séances de 45 minutes environ. Chaque séance commence par une mise en situation de quelques minutes. Des exercices respiratoires, des étirements sont proposés. Une histoire sur la thématique de l'arbre est racontée tout en amenant l'enfant à s'ouvrir à différentes sensations : vue, ouïe, toucher, odorat.

Ensuite, un crayon à papier, des crayons de couleur, des feutres ainsi que la feuille du protocole sont mis à sa disposition (Fromage, 2012). La phase I de l’Épreuve occupe la première séance. Lors de la seconde, la phase II et la phase III sont effectuées.

Dans la première phase, l'enfant dessine trois arbres puis il choisit celui qu'il préfère et celui qu'il aime le moins. Ainsi, il est invité une première fois à exprimer sous forme analogique les antagonismes qui l'habitent. Il peut écrire ou dicter au psychologue à côté de chaque dessin les mots ou expressions qui lui viennent à l'esprit. Le passage du mode iconique au mode symbolique (Bruner) est initié. Il associe ensuite à chaque arbre un récit. Puis, les questions sur le principe de l'entretien d'explicitation (Vermersch, 2014) l'amènent à explorer plus précisément et en profondeur les arbres opposés. Un récit les mettant en relation est sollicité. Un autre récit associant les trois arbres conclut la séance. En mettant en scène les mouvements contraires qui l'habitent par l'intermédiaire des arbres, l'enfant peut faire émerger non seulement ce qui l'anime mais aussi ce qui le bloque dans son développement. Selon Erik Erikson, un défi développemental est situé entre deux pôles, l'un positif, l'autre négatif. De la résolution du conflit, résulte une force adaptative qui amène

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l'enfant à évoluer. Cette première étape du suivi met en place tous les éléments nécessaires.

Illustration 7 : L’Arbre de base d’Elina

La deuxième phase poursuit sur un mode onirique les thématiques de la phase précédente. Pour Freud (Freud, 1936/2001), le rêve est l'expression de la vie psychique inconsciente. Le rêve éveillé (Desoille, 1961) permet de créer et mettre en mots un espace imaginaire où des scenarii se forment. C'est l'occasion pour la personne d'inventer des situations diverses, d'exprimer des affects et d'adopter sans risque de nouveaux comportements. C'est ouvrir un espace transitionnel (Winnicott, 1975) permettant aux enfants de se réapproprier leur monde intérieur, de mieux se connaître, de découvrir leurs ressources et de développer leurs potentialités. L'enfant est invité à dessiner un Arbre de Rêve, à dire ou écrire les mots et expressions qui lui viennent à l'esprit, à répondre aux mêmes questions que dans la phase précédente. Il est ensuite amené à suivre les mêmes procédures pour un Arbre de Cauchemar. A l'étape suivante, il associe les deux arbres. C'est l'occasion d'approfondir la confrontation des contradictions initiée à la fin de la première phase. Le mode onirique favorise le recours à l'imaginaire. L'Epreuve des Trois Arbres se

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termine par la confrontation biographique. L'enfant est invité à ordonner chronologiquement les trois premiers arbres dessinés. Cela l'amène à les envisager comme trois étapes d'un cheminement personnel et à se situer par rapport à celui-ci.

Illustration 8 :L’Arbre mythique de Brandon

b) Le Cahier de l'Arbre

Le Cahier de l’Arbre (cf. annexe 3, p. V) permet de remobiliser l’enfant, d’entamer une démarche dans laquelle il est acteur de son développement. En utilisant le cadre botanique, il revisite le passé, se positionne dans le présent et envisage les perspectives futures. Il s’agit d’observer et de décrire comment l’approche phénoménologique enclenche une nouvelle dynamique chez l’enfant lui permettant de modifier son rapport à l’école et aux apprentissages. Six séances de 45 minutes sont prévues. Comme au début de chaque séance de l'ETA, une mise en situation est proposée à l'enfant au début de chaque séance du CA. Cinq séances sont prévues pour la construction d'un récit dont un arbre est le héros. Chacune correspond à une étape s'appuyant sur le structure du conte établie par Brémond (1973), lui-même s'inspirant des fonctions définies par Propp (1970). Des feuilles blanches, des feutres, des crayons sont mis à la

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disposition de l'enfant. Des histoires sous forme d'albums et des documentaires sont également proposées. Les dessins et récits alternent. L'enfant peut être scripteur ou dicter à l'adulte son histoire. Des observations d'arbres dans la cour de récréation ou aux abords de l'école peuvent à l'occasion survenir. Les enfants ont la possibilité d'apporter les éléments dont ils veulent se servir.

Lors de la première étape, nous commençons par une lecture partagée du protocole de l’Épreuve des Trois Arbres. Il s'agit de reprendre avec l'enfant l'ensemble du protocole en l'invitant à préciser certaines situations, éventuellement en modifier d'autres ou reprendre des dessins s'il le souhaite afin de coordonner l'ensemble de ce travail. Puis, nous installons la situation initiale de l'histoire. Le personnage principal est défini, son lieu de vie et la période envisagée sont précisés.

Illustration 9 : Dessin de la 1ère étape du CA de Brandon

Lors de la deuxième étape, les problèmes rencontrés par le héros sont imaginés et les personnages à l'origine de ses difficultés sont présentés.

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Illustration 10 : Dessin de la 2ème étape du CA de Brandon

Lors de la troisième étape, les actions entreprises par le héros pour résoudre ses difficultés sont inventoriées.

Illustration 11 : Dessin de la 3ème _{étape du CA de Brandon}

Lors de la quatrième étape, apparaissent les personnages qui viennent aider le héros.

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Illustration 12 : Dessin de la 4ème étape du CA de Brandon

La cinquième étape correspond au dénouement.

Illustration 13 : Dessin du dénouement du CA de Brandon

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La sixième séance permet de relire dans une lecture partagée l'ensemble de l'histoire et de préparer éventuellement un album que l'enfant pourra emporter et présenter soit aux autres élèves de sa classe soit à sa famille. C'est à la demande des premiers enfants suivis que la confection d'un album a été prévue pour ceux qui désirent donner à voir leur travail. Ils choisissent ce qu'ils veulent transmettre. Certains dessins sont écartés, certaines parties de l'histoire sont transformées à cette occasion. Néanmoins, toutes les réalisations du suivi sont gardées dans un dossier confidentiel. Certains enfants ont demandé l'année suivante à les consulter.

Ce canevas général peut être bousculé. Il sert de guide au cheminement de l'enfant afin de lui permettre de développer sa pensée. Il arrive que les problèmes surviennent seulement lors de la troisième séance ou que personne ne vienne au secours du héros. Parfois, il disparaît. C'est un autre qui survient alors. La réalité fait parfois irruption et l'enfant profite du cadre qui lui est proposé pour parler des problèmes qu'il rencontre dans la réalité.

2.5. Conclusion

Ces bilans nous permettent d'évaluer les progrès des enfants dans les apprentissages suite au suivi proposé. L'observation des dessins et des récits de l'ETA et du CA nous permet d'avoir des indicateurs des problématiques qui se posent aux enfants, des solutions qu'ils envisagent pour y remédier. Il ne s'agit pas d'interpréter en fonction de théories préétablies les productions mais de dégager les thématiques qui apparaissent et de saisir les évolutions en comparant les différents protocoles et les différents récits.

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TROISIEME PARTIE : RESULTATS

Les résultats sont d'une part quantitatifs. Ils montrent l'évolution des enfants dans l'efficience cognitive et les apprentissages scolaires sur une période de six mois. Ils sont d'autre part qualitatifs. Ils permettent de saisir des éléments du cheminement des enfants. Nous compléterons cette étude par des vignettes cliniques illustrant l'évolution de leur pensée.