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3. RÉSULTATS

3.1. Première partie : Santé mentale perçue des femmes enceintes - Données de

3.1.2. Méthodes

Ces données proviennent de l’Enquête nationale périnatale de 2010 décrite dans la partie Méthodes (chapitre 2.1). Pour chaque naissance, le questionnaire a été rempli à partir de deux sources : les caractéristiques socio-démographiques des mères, le suivi prénatal, et les consommations de substances psychoactives ont été obtenus par entretien avec les femmes, avant leur sortie de la maternité ; les données relatives aux complications de la grossesse, à l’accouchement et à l’état de l’enfant à la naissance ont été collectées à partir des dossiers médicaux.

3.1.2.1. Mesure de la santé mentale perçue

La santé mentale perçue a été mesurée par la question suivante : « Sur le plan psychologique, comment vous sentiez-vous pendant votre grossesse ? Bien - assez bien - assez mal – mal ». Les réponses ont été regroupées en deux modalités : « assez mal » et « mal » pour définir un mal-être psychologique et « bien » et assez bien » pour définir un bien-être psychologique. On demandait également aux femmes si elles avaient consulté un professionnel de santé pour leurs difficultés psychologiques et, le cas échéant, quel spécialiste elles avaient consulté. Le contexte de début de grossesse était évalué par la réaction des femmes lorsqu’elles ont appris qu’elles étaient enceintes : « heureuse - aurait préféré être enceinte plus tard - aurait préféré ne pas être enceinte ».

3.1.2.2. Caractéristiques socio-démographiques et médicales

Les caractéristiques socio-démographiques prises en compte dans l’analyse ont été : l’âge des femmes, la nationalité, le fait de vivre en couple, le niveau d’études, le statut vis à vis de l’emploi, la catégorie professionnelle du ménage fondée sur la profession la plus qualifiée de la femme ou de son conjoint, les revenus mensuels du ménage, le soutien social, le statut vis à vis du logement et le type d’assurance maladie. Les caractéristiques des femmes comprenaient également la parité, l’indice de masse corporelle (IMC : poids/taille2) avant la grossesse, la consommation de tabac, d’alcool et de cannabis pendant la grossesse et les antécédents obstétricaux pathologiques (mort-né, décès néonatal, prématurité ou faible poids de naissance).

3.1.2.3. Suivi de la grossesse

Le suivi de la grossesse a été décrit par le trimestre de déclaration de grossesse, le nombre de consultations prénatales, le nombre d’échographies et le suivi des séances de préparation à l’accouchement (pour les primipares et les multipares séparément). Les complications suivantes de la grossesse ont également été recueillies : diabète gestationnel, hypertension artérielle (HTA), hémorragie pendant le 2ème ou 3ème trimestre de la grossesse, anomalies de la croissance fœtale (macrosomie ou retard de croissance), hospitalisation pour une menace d’accouchement prématuré ou pour d’autres raisons et durée d’hospitalisation.

3.1.2.4. Mesure des issues de grossesse

Ce travail a porté sur les principales causes de morbidité néonatales que sont la prématurité et le faible poids de naissance [Goldenberg, 2008 ; Lawn, 2005 ; Han, 2012]. La prématurité a été définie comme un accouchement ayant lieu avant la 37ème semaine d’aménorrhée. Une prématurité spontanée a été définie soit par une rupture prématurée des membranes soit par un travail prématuré spontané. Une prématurité induite a été définie par une naissance survenant par déclenchement ou par césarienne en l’absence d’un travail spontané ou d’une rupture prématurée des membranes. Le petit poids de naissance a été défini par un poids inférieur à 2500 grammes ou bien par un poids de naissance inférieur au 10ème percentile théorique par âge gestationnel et par sexe selon les courbes de croissance françaises de l’Association des Utilisateurs de Dossiers Informatisés en Pédiatrie (AUDIPOG) de 2008 [AUDIPOG, 2008]. Ces issues de grossesse ont été choisies sous forme catégorielle pour s’approcher des règles de décisions diagnostiques et thérapeutiques.

3.1.2.5. Analyses statistiques

L’analyse a porté sur l’échantillon des naissances vivantes, issues de grossesse unique, en métropole, soit 14 326 naissances. Elle a débuté par une description de l’échantillon puis une comparaison des caractéristiques socio-démographiques des femmes ayant répondu, ou non, à la question sur la santé mentale perçue. Puis, nous avons estimé la prévalence du mal-être psychologique durant la grossesse dans l’échantillon total, et auprès de 4°sous-groupes de femmes : celles qui ont eu des antécédents obstétricaux pathologiques lors d’une précédente grossesse ; celles qui ont vécu une grossesse à risque en raison de la survenue d’un diabète gestationnel, d’une hypertension artérielle, d’une hémorragie pendant le 2ème ou 3ème trimestre de la grossesse, d’une anomalie de la croissance fœtale ou d’une menace d’accouchement prématuré ; celles qui ont eu des antécédents obstétricaux pathologiques et qui ont vécu une grossesse à risque ; et enfin, celles qui n’ont jamais eu d’antécédents obstétricaux pathologiques et qui n’ont pas vécu une grossesse à risque. Ensuite, nous avons comparé les caractéristiques

socio-caractéristiques de ces femmes. Enfin, nous avons comparé les issues de grossesses entre les femmes qui allaient bien ou mal sur le plan psychologique au cours de leur grossesse.

Les analyses descriptives ont utilisé les pourcentages et leurs intervalles de confiance à 95% (IC 95%) ou bien les moyennes et leurs écarts types (m ± et). Pour analyser les facteurs socio-démographiques et médicaux associés à un mal-être psychologique au cours de la grossesse, nous avons utilisé des tests de comparaison de pourcentages (test du chi-2) et des modèles de régression logistique non ajustés et ajustés. Ces modèles ont été choisis pour relier le mal-être psychologique (variable binaire) à un ensemble de facteurs de risque, en caractérisant le poids spécifique de chaque facteur de risque. Les facteurs d’ajustement ont comporté des variables socio-démographiques associées au mal-être psychologique des femmes dans la littérature et dans notre analyse bivariée (p≤0.20) ; par ailleurs, une seule des variables sociales parmi le niveau d’éducation, la catégorie professionnelle et les revenus mensuels du ménage a été considérée à la fois pour éviter le risque d’une multicolinéarité. Les analyses ont été réalisées avec chacune de ces variables séparément (modèles 1 à 3). Les facteurs d’ajustement ont donc été les suivants : l’âge des mères, la nationalité des mères, la vie en couple, le niveau d’études des mères (ou la catégorie professionnelle des ménages ou le revenu des ménages), l’emploi des mères en début de grossesse, le soutien social, la présence d’un logement personnel et le type d’assurance maladie.

Les associations entre un mal-être psychologique d’une part, et le suivi de grossesse et les complications maternelles en cours de grossesse d’autre part, ont été réalisées à l’aide de tests de comparaison de pourcentages ou de moyennes (test du chi-2 ou test de Student). Les analyses n’ont pas inclus de modèles multivariés en raison de la temporalité incertaine de survenue du mal-être psychologique et de ces événements.

Pour analyser les caractéristiques associées à la consultation d’un professionnel de santé en cas de mal-être psychologique, des modèles de régression logistique non ajustés et ajustés ont été réalisés. De façon similaire, les facteurs d’ajustement ont comporté des variables socio-démographiques connues pour être associées à un mal-être psychologique et au recours à un professionnel de santé en cas de difficultés psychologiques ; des variables associées à la consultation d’un professionnel de santé sur nos données en analyse bivariée (p≤0.20), et une seule des variables sociales parmi le niveau d’éducation, la catégorie professionnelle et les revenus mensuels du ménage (modèles 1 à 3). Les

facteurs d’ajustement ont ainsi été les suivants : l’âge des mères, la nationalité des mères, la vie en couple, le type d’assurance maladie, le niveau d’études des mères (ou la catégorie professionnelle des ménages ou le revenu des ménages) et l’emploi des mères en début de grossesse.

Enfin, les associations entre un mal-être psychologique et les issues de grossesse ont été étudiées à l’aide de tests de comparaison de pourcentages (test du chi-2) et des modèles de régression logistique ajustés et non ajustés. Les facteurs d’ajustement ont comporté des variables socio-démographiques et médicales associées au mal-être psychologique des femmes et aux issues de grossesse dans la littérature et dans nos analyses bivariées (p≤0.20). Trois modèles d’ajustement ont été proposés : un premier modèle comportant les facteurs suivants : l’âge des mères, la nationalité, la vie en couple, le niveau d’études, la parité, l’usage du tabac pendant la grossesse et le sexe de l’enfant (modèle A). La variable « prématurité» a également été pris en compte dans l’association entre la santé mentale perçue et le « poids de naissance<2500 grammes». Les variables « sexe de l’enfant » et « prématurité » n’ont pas été incluses dans l’association entre la santé mentale perçue et le « poids de naissance inférieur au 10ème percentile» car celles-ci sont déjà prises en compte dans la modélisation des courbes AUDIPOG ; un deuxième modèle incluant en plus la survenue de complications pendant la grossesse (hypertension artérielle, diabète gestationnel, hémorragie pendant le 2ème ou 3ème trimestre de la grossesse, anomalies de la croissance fœtale) (modèle B) et un troisième modèle incluant en plus la présence d’antécédents obstétricaux pathologiques (modèle C). Ceci a été réalisé afin de mieux identifier les effets propres de chaque type de facteurs de risque et afin d’explorer les antécédents obstétricaux pathologiques comme éventuelles variables intermédiaires dans la relation entre la santé mentale perçue et les issues de grossesse défavorables actuelles.

La validité des estimations des mesures de position et de dispersion a été vérifiée par la taille de l’échantillon suffisamment grand (n≥30). Pour les tests de comparaison des moyennes, l’homogénéité des variances dans chaque groupe a été vérifiée par le test de Levene. Les tests de comparaison de pourcentages ont été vérifiés par les « effectifs

statistiques ont été réalisées à l’aide du logiciel SAS version 9.2 (SAS Institute, 2009). Pour ces analyses, l’erreur de type 1 a été fixée à 0.05.