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443 - Méthodes de manutention actuelles en forêt Trois matériels sont les plus fréquemment utilisés

- le monte-grumes mécanique, - le bulldozer,

- le chargeur frontal.

Ils ont éliminé les procédés dont il a été question au paragraphe précédent. Parmi les méthodes ci-dessus, le chargeur frontal prend de plus en plus d'importance, car c'est lui qui donne la meilleure productivité.

Chapitre 4 - L'exploitation forestière proprement dite

443. 1 - Monte-grumes mécanique

Il s'agit de l'adaptation aux conditions tropicales du monte-grumes mécanique qui a été très utilisé en Europe, en France en particulier.

Un treuil à deux tambours, à entraînement et à freinage indépendants, est situé derrière la cabine du camion. L'énergie est fournie par le moteur du camion, via la prise de force sur boîte de vitesse. Chaque tambour entraîne un câble, qui, par des poulies de renvoi, aboutit au sommet d'un rancher. On a donc deux corn-mandes de levage indépendantes, pour la traverse à grumes du tracteur routier et pour la remorque : on obtient le meilleur guidage de la grume à charger.

a - Avantages

- Faible investissement par camion.

- Indépendance du camion qui se charge lui-même où et quand il veut. Facilite la récupération de billes isolées.

- Le chargement étant effectué par roulage de grumes demande (théoriquement) peu d'efforts.

- Les câbles servent au brêlage du chargement.

- Le monte-grumes permet au camion de se décharger lui-même. b - Inconvénients

- Procédé relativement lent car il faut mettre en place les câbles pour chaque bille. D'autre part, les billes ne se placent pas toujours bien : des manoeuvres supplémentaires s'imposent alors. Sur de gros porteurs, le temps de chargement devient très long.

- Les billes ne sont généralement pas placées sur le parc de façon idéale. Le camion doit se déplacer en cours de chargement ... à moins d'être servi par un tracteur qui positionne les bois.

- Le procédé convient mal aux grosses billes, car les efforts à fournir deviennent excessifs. - Si un chantier dispose d'une flotte de camions importante, effectuant peu de rotations (grande

distance de roulage), l'investissement, sous la forme d'un monte-grumes par véhicule devient important. Chaque monte-grumes sert peu.

- Le poids mort de l'équipement monte-grumes n'est pas négligeable : plus de 1 tonne sur un gros grumier si on compte treuil, faux châssis, prise de force, câble, poulie, renforcement de ranchers, etc ....

- La préparation des billes à charger et leur disposition sur le terrain exige l'emploi d'un "tracteur de service" qui assure les manutentions, mais cette préparation peut être exécutée quand le camion n'est pas là.

c - Encombrement des ranchers

Cet aspect est important.

Les camions équipés de monte-grumes sont souvent munis de ranchers d'un seul côté. En effet, ceux-ci occupent de l'ordre de 1 5 cm, à l'intérieur du gabarit du camion : les grumes étant grosses, cette perte de largeur utile gêne la constitution du chargement. On limite donc les inconvénients en n'ayant des ranchers que d'un côté et en utilisant des cales de l'autre ( ces cales permettent même de laisser des grumes déborder hors du gabarit).

L'encombrement d'un rancher n'est pas gênant sur des camions dont la largeur dépasse 2,50 m (jusqu'à 3,50 m au Gabon). Sinon la présence de ranchers devient un inconvénient grave au point d'empêcher le chargement normal des véhicules, si on a de grosses grumes.

Les ranchers doivent être fixes (soudés aux traverses) pour être d'une solidité suffisante : ceci impose aussi de n'en avoir que d'un côté.

d - Domaine d'emploi du monte-grumes Il est pratiquement inconnu dans les pays où

- les distances de transport sont grandes et les poids roulant limités,

- le gabarit de 2,50 m doit être utilisé dans toute sa largeur (sinon au delà), Le monte-grumes s'est répandu au Gabon, parce que :

- les grumes sont relativement légères (Okoumé),

- le gabarit en largeur atteint couramment 3,50 rn,

- les distances de transport par route ont été longtemps limitées,

- mais l'accroissement des distances, des productions unitaires, de la taille des grurniers, ont rendu le chargeur frontal préférable,

- sur des véhicules portant 30 t (soit 50 rn3 en Okoumé), il est courant que le chargement au monte-grumes demande plus de 2 heures.

Chapitre 4 - L'exploitation forestière proprement dite

Le meilleur domaine d'emploi du monte-grumes est le chantier petit ou moyen, le camions de taille petite ou moyenne, de gabarit élargi, utilisé sur courte distance de roulage, avec des grwnes légères.

443.2 - Chargement au bulldozer

Le principe est simple : le camion à charger se trouvant au bord d'un quai ou dans une "fosse", un bulldozer, avec sa pelle, pousse les grumes à charger, une par une sur les traverses.

Pour les 2 et 3ème rangées de grumes, des rampes en rondins sont utilisées.

Un procédé beaucoup moins fréquent (Indonésie) consiste à pousser sur le grumier (dans le sens de la longueur de ce dernier) des grumes préalablement disposées par le tracteur sur une rampe constituée de terre et de billes en corps mort.

a - Avantages

- Moyen de chargement puissant : peut charger n'importe quelle bille.

- Emploi d'un matériel existant : mais seuls les tracteurs à chenilles sont utilisables, les engins à pneus sont trop faibles ou ne "poussent" pas assez loin.

b - Inconvénients

- Présence indispensable d'un bulldozer en même temps que le camion pour chaque chargement : consomme beaucoup d'heures de tracteur.

- Procédé lent si les billes à charger sont nombreuses. La mise en place ne se fait souvent pas immédiatement comme on le veut : les manoeuvres nécessaires sont nombreuses.

- Chargement assez agressif pour le camion. c - Domaine d'emploi

- Le chargement au bull convient aux petites cadences de production avec billes lourdes, puisqu'il met en oeuvre le matériel déjà existant.

- Pour des grumes de plus de 1 5 t (à moins de disposer d'un chargeur frontal très puissant) le chargement à la fosse est le seul praticable. Un bull (ou chargeur) pousse la bille.

d - Productivité

Toutes les manutentions sont effectuées par le bulldozer (ou le treuil) d'un engin type 07, en général. L'ensemble des opérations de tri, de stockage, de chargement proprement dit et de nettoyage du parc nécessite un nombre d'heures important. Un engin peut être affecté à plein temps, si la production est importante (pourquoi alors ne pas le remplacer par un changeur frontal).

Pour l'ensemble, la productivité à l'heure horomètre se situe aux environs de 20 m3/heure (soit 1 5 à 1 7 tonnes).

Ce résultat s'entend pour le chargement de grumes de l'ordre de 5 1113 en moyenne. Le chargement au bull coûte donc le prix d'un débardage court.

443.3 - Chargeur frontal

C'est le procédé de manutention le plus moderne.

Les chargeurs frontaux employés en forêt sont tous des machines de travaux publics adaptées au travail forestier. Sur pneus, ils ont tous un châssis articulé.

Ils sont équipés d'une fourche à grumes éventuellement avec bras supérieur ("top clamp"), utile si on doit prendre plusieurs grumes à la fois, ou pour tenir la grume comme avec une main.

Des contrepoids sont placés à l'arrière pour obtenir la capacité de levage maximale.

Les premiers chargeurs frontaux introduits en forêt étaient sur chenilles (type 977 Caterpillar), car on estimait indispensable l'adhérence de ces dernières.

Puis les engins à pneus ont démontré leur capacité d'évoluer sur parcs bord route dans la majorité

des cas. Ils présentent l 'énorme avantage de la mobilité : achetés pour les manutentions de

grumes, ils servent accessoirement à de nombreuses tâches :

- manutentions de matériaux routiers (avec le godet), - manutentions de grumes ailleurs que sur parc en forêt,

Chapitre 4 - L'exploitation forestière proprement dite

On n'hésite pas à faire parcourir à ces engins plusieurs dizaines de km si besoin est.

S'il le faut, ils peuvent servir plusieurs parcs en même temps, en passant de l'un à l'autre à la demande.

a - Modèles utilisés : en se référant à la gamme Caterpillar, ce sont les suivants :

Train roulement Puissance Poids engin nu Capacité opérationnelle

avec contrepoids5

966 D roues 200 ch 2 1 t 1 0 t

980 C roues 270 ch 3 1 t 1 6 t

973 chenilles 2 1 0 ch 24 t 1 4,5 t

L'engin le plus répandu est le type 966 qui correspond aux conditions de beaucoup de chantiers (de même pour le type 973). Le 980 est une machine lourde correspondant aux besoins de l'exploitation de bois particulièrement pesants (exemple : Moabi, Azobé).

b -Capacité o pérationnelle

Bien souvent la charge limite du chargeur est celle qui amène ses roues arrière à décoller du sol. Dans des conditions limites, il se déplace à vitesse rampante avec la grume à peine levée du sol, par mesure de sécurité.

La phase de chargement a lieu avec l'engin quasi immobile, ce qui améliore la stabilité.

Pour un levage entre 2 et 4 m de hauteur, la puissance des verins peut être le facteur limitant.

La capacité d'un chargeur dépend de beaucoup des facteurs - équipement (contrepoids - lestage des pneus à l'eau),

- diamètre des grumes (plus elles sont grosses, plus le centre de gravité de la charge est éloigné), - hauteur de levage en cours de transport,

- position des fourches : horizontales ou basculées vers l'arrière, - état du sol.

5Sol horizontal dur 70 % de la charge de basculement avec fourches redressées vers l'arrière et braquage maximum du demi-châssis arrière par rapport; au demi-châssis avant (position défavorable) ..

Ce dernier facteur influe beaucoup. Toute pente en direction de l'avant de l'engin diminue sa capacité de levage. En mauvais terrain, l'engin a tendance à s'enfoncer de l'avant, ce qui revient au même.

c - Avantages du chargeur frontal - Mobilité.

- Rapidité de travail : les chargements sont non seulement plus rapides mais mieux faits (grumes mieux placées et éventuellement charges élevées),

- Effectue toutes les opérations sur parc mieux que les tracteurs : 11 est conçu pour cela.

- C'est le procédé de chargement convenant aux chantiers importants. Il permet de charger sur grwniers un grand nombre de billes en un temps acceptable (par exemple 1 0 billes d'Okoumé pour obtenir un chargement de 35 t).

d - Inconvénients

- Nécessite de la place pour évoluer en charge.

- Puissance limitée : on n'achète jamais un chargeur frontal en fonction des quelques très

grosses billes, mais en fonction d'un maximum moyen. Pour les billes exceptionnelles, on peut recourir au quai, en roulant la bille, ou encore au levage en deux manoeuvres (avec un chauffeur adroit !).

Il n'y a donc pas là d'inconvénient réel.

- Investissement : les chargeurs sont des machines coûteuses. Si on compare au prix d'un D7 (avec équipement forestier) .

. Un 966 C vaut environ 80 % du prix d'un D7 .

. Un 980 B vaut environ 1 20 % du prix d'un D7.

e - Choix du chargement au chargeur frontal Les choses se présentent de la façon suivante : - Choix par rapport au chargement au bulldozer

Le chargement au bull nécessite environ 1 h de D7 pour 20 m3 de production. Sur un chantier produisant 35 000 m3/an, 1 750 h de D7 seront nécessaires sur parc, soit l'équivalent d'un