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1 43 - Conséquences des considérations précédentes

a - L'exploitation forestière est une activité, toutes proportions gardées, assez lourde:

les tâches qui lui incombent, et les moyens à mettre en oeuvre pour les exécuter, nécessitent d'autant plus de capitaux que les conditions naturelles sont plus difficiles et l'éloignement plus grand.

L'activité de chaque entreprise doit donc se poursuivre, dans la zone où elle est implantée, pendant un temps suffisant pour amortir ses installations. Cela suppose des permis de taille et de durée adéquate.

b - L'exploitation forestière tropicale est productrice de produits souvent de valeur

relativement élevée. Ils sont chers parce que subissant des frais généraux et des charges de transports élevés. Coût élevé également de l'exploitation parce que pénétration de zones nouvelles (importante infrastructure à la charge de l'exploitant).

Du point de vue de l'acheteur, ils doivent être de choix (par leur bel aspect, par leurs caractéristiques technologiques, par leur bon rendement à la fabrication en usine) pour faire accepter leur prix et pour qu'ils puissent se placer par rapport à la concurrence.

Des produits de choix ne correspondent qu'aux qualités moyennes et supérieures de l'ensemble du contenu de la forêt. Pour les produits bon marché, la forêt tropicale est donc souvent peu compétitive.

Chapitre l - Mensuration des bois, définition des volumes utilisés

Dans les pays où la production ne satisfait pas ou satisfait à peine aux besoins nationaux, des produits de qualité beaucoup plus basse sont acceptés (exemple Nigéria). Dans ces pays, la pénétration de la forêt peut avoir été largement réalisée, au moins dans certaines zones : les coûts en sont diminués.

c - L'exploitation forestière tropicale est sélective

C'est une conséquence de la composition de la forêt puis des débouchés des produits.

La sélection en forêt s'effectue en fonction : des diamètres ; de la conformation des arbres ; des essences ; des défauts du bois (exemple du Fraké "Terminalia superba").

Dans l'état actuel des choses, on extrait en forêt africaine de 0,5 à 3 arbres à l'hectare, quelquefois plus. Le volume commercial de chacun d'eux est élevé : en moyenne 3 à 1 5 m3 par tige, selon les espèces et selon les cas. Il en résulte une production par hectare variant,

pour un passage, de 4 à 25 m3, plus couramment 5 à 1 5. Tablea u 1 44

Nombre d'arbres et volume exploitable à l'hectare (pour u n passage d'exploitation)

Dans l'état actuel des habitudes technologiques et des conditions économiques, l'ordre de grandeur du volume commercial par hectare varie considérablement.

Moyennes possibles sur plusieurs

Essences milliers d'hectares

arbres m3

Okoumé (Gabon) 1 ,5 / 2,5 8 / 1 5

Toutes essences exploitées (Gabon) 2 / 3 1 0 / 20

Limba (Congo) 2 8 / 12

Azobé (Cameroun) 2 / 3 1 5 / 20

Toutes essences exploitées (Côte d'Ivoire) 0,5 / 1 4 / 1 0

Ayous (Centrafrique) 2 / 3 1 5 / 20

Sapelli (Centrafrique) 1 / 2 10 / 1 5

Dipterocarpacées (N.Boméo) 1 0 / 20 1 00 / 1 50

Teck (Birmanie) 2,5 6

d - Progressivité de l'exploitation

La sélection des espèces et des qualités à l'intérieur des espèces évolue avec le temps.

En effet, le marché évolue, ainsi que les facilités d'exploitation (qualité de l'infrastructure, existence d'une activité installée, etc ... ). La commercialisation des produits invendables, il y a quelques années, devient possible aujourd'hui

e - La promotion d'espèces peu commercialisées.

Avant de promouvoir des espèces, il est toujours nécessaire

- d'estimer le prix auquel elles peuvent être achetées par l'utilisateur (ou le prix FOB) ; - de remonter la chaîne d'acheminement des bois, de l'acheteur au chantier, pour

savoir si le prix qui peut être payé départ est rémunérateur. D'une façon générale, les prix consentis par l'utilisateur sont

- les plus élevés dans le cas de bois d'ébénisterie. Le marché peut également alors être intéressé par de faibles quantités ;

- les moins élevés dans le cas du bois de déroulage ( contreplaqué), mais alors les exigences de tonnages à fournir sont souvent élevées. Il s'agit d'une fabrication jouant sur de gros volumes : il n'est pas question d'adapter les fabrications d'une usine importante à de petits lots aux exigences variées ( du point de vue technique de fabrication et nécessitant des efforts de promotion commerciale pour chaque type de bois).

1 44 - Action de l'exploitation sur la forêt

Abattant souvent au plus quelques arbres à l'hectare et traçant les pistes de débardage correspondantes, ouvrant au moins un kilomètre de route pour 1 00 hectares et ne défrichant que pour établir son campement et ses parcs de tronçonnage, l'exploitant africain touche peu la forêt.

Les arbres non-abattus parce que sans valeur commerciale à une époque donnée, restent disponibles pour une coupe future et si le potentiel économique des massifs a été entamé, leur "capital écologique" peut être considéré comme extrêmement peu perturbé.

Chapitre 1 - Mensuration des bois, définition des volumes utilisés

Les différentes atteintes au couvert forestier aux fins de production de bois d'oeuvre peuvent être récapitulées dans le tableau ci-après.

Pourcentage du couvert détruit

Méthode d'exploitation Débardage 1 Débardage 2 phases

phase

Volume commercial prélevé m3/ha 8 - 1 0 1 5 5 - 6 1 0

Création du campement 0,05 0,05 0,05 0,05

Création des réseaux de routes et de pistes 5,1 0 4,95 4,80 5,60 Clairières d'abattage 2,50 3,75 1 ,25 2,50

[ Total 7,65 1 8,75 6,1 0 8, 1 5

L'exploitation forestière de bois d'oeuvre est donc directement responsable de la destruction de 6 à 8,75 % du couvert forestier dominant. Encore ces chiffres ne doivent-ils être considérés que comme maxima en raison de l'ouverture relative et pariielle due à la création des pistes de débardage qui n'atteint pas l'étage dominant.

Il est cependant évident que l'ouverture de la "canopée" sera directement fonction de l'intensité de l'exploitation et qu'un prélèvement de plus de 40 m3 commerciaux par ha, ouvrirait une brèche d'environ l O % dans la couverture forestière dominante.

Or, on a vu qu'en plusieurs passages successifs, le volume prélevé peut atteindre 30 à 50 m3 commercialisables par ha en forêt riche.

Le déforestage dû aux routes et aux pistes de débardage peut être considéré comme constant car la ou les exploitations de reprise utiliseront au maximum l'infrastructure préalablement créée. Seuls des appendices viendront s'ajouter aux pistes de débardage existantes et on peut considérer cette variation comme négligeable. Par contre, les abattages successifs augmenteront proportion­

nellement le nombre et la dimension des trouées. Ainsi, pour un second passage prélevant 1 0

m3 par ha, l'ouverture du couvert correspondante sera de nouveau de 2,5 % en moyenne et i l en sera de même pour un troisième passage éventuel. Le cumul de ces exploitations successives, dans le cas des forêts riches, à une ouverture totale du couvert forestier pouvant atteindre 1 3 à

19 %.

En dehors de cette atteinte au couvert forestier dominant, il faut aussi tenir compte des dégâts au sol causés par l'abattage et le débardage ainsi que de l'impact de l'exploitation sur l'état final du peuplement.

Bien sûr l'impact sur l'écosystème forestier ne peut uniquement se mesurer en termes de pourcentage de couvert et surfaces de trouées. Comme toute activité humaine en milieu naturel, l'exploitation forestière perturbe l'équilibre animal et végétal existant.

Des recherches multidisciplinaires sur l'évolution provoquée de l'écosystème sont encore nécessaires pour réellement cerner l'impact de l'exploitation forestière sur le milieu.

L'urgent et l'essentiel après exploitation restera, dans les zones à forte pression démographique ou dans les pays souhaitant fortement favoriser leur développement agricole, de protéger une partie de la forêt contre les défrichements abusifs.

Pour être rati01melle, l'exploitation devra s'appuyer sur des inventaires préalables bien menés et rester modérée, ce qui signifie que le volume prélevé à chaque rotation doit rester inférieur ou au plus égal à l'accroissement amrnel cumulé entre deux rotations. Enfin, rationaliser l'exploitation, c'est aussi améliorer les méthodes employées, limiter les dégâts grâce à du persom1el d'abattage et de débardage mieux formé. Mais c'est en contrepartie être assuré de travailler pour son propre avenir dans le cadre de concessions attribuées pour de plus longues durées que celles habituellement octroyées par les autorités forestières des différents pays.

Structure générale de