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CHAPITRE 2 ÉTAT DES CONNAISSANCES SUR LES DÉPLACEMENTS

2.4 Méthode de collecte de données sur les déplacements de longue distance

2.4.2 Les méthodes d’enquête

Selon Richardson, Ampt, & Meyburg, (1995), il existe huit types d’enquêtes permettant de collecter des données sur les déplacements :

 Recherches documentaires

 Enquêtes observationnelles

 Enquêtes ménage auto- administrées

 Enquêtes téléphoniques

 Enquêtes par interception

 Enquêtes ménages avec entrevue en personne

 Entrevues de groupe

 Entrevues en profondeur Chaque type permet d’obtenir des données sur des déplacements, qu’ils soient de courte ou de longue distance, mais certains sont beaucoup moins performants que d’autres. Certains types sont plus adaptés à obtenir de l’information sur un mode de transport en particulier, tandis que d’autres peuvent produire des résultats à un niveau plus global. Il faut garder à l’esprit que pour espérer obtenir le plus de données possible, la portée de l’enquête doit être suffisamment grande pour rejoindre le faible pourcentage de gens effectuant ces déplacements. L’échelle à laquelle est menée l’enquête va donc limiter les types d’enquêtes disponibles.

Tout d’abord, les recherches documentaires ne sont pas suffisantes pour établir un portrait complet de la mobilité de longue distance. Les déplacements en véhicule personnels, qui forment la majorité des déplacements de longue distance, ne sont pas aussi bien documentés que certains modes de transport publics ou privés. Les données concernant ces modes sont souvent récoltées par les compagnies en charge de ces réseaux et il est donc possible d’analyser certains modes (un bon exemple serait l’étude des données d’Orléans Express au Chapitre 4), mais ces données

peuvent également être difficiles à obtenir si elles ne sont pas publiées. D’un autre côté, les nouvelles technologies ont amené dans les dernières années d’autres façons de collecter des données, qui peuvent être appliquées autant au niveau des déplacements par véhicule personnel que par transport en commun. Une de ces technologies, le GPS, est de plus en plus utilisé dans la collecte de données sur les déplacements depuis le début des années 2000. Souvent vu comme un complément à des enquêtes traditionnelles, ces données pourraient en elle-même possiblement éliminer les besoins pour une telle enquête (Wolf, Guensler, & Bachman, 2001). Elles ont l’avantage de fournir des données précises, de manière active ou passive. L’avancement de la technologie nous permet aussi de considérer les données issues des cellulaires (ex : signaux Bluetooth) dans l’étude des déplacements. Il reste à savoir par contre quelle est l’efficacité de ces méthodes dans le prélèvement des déplacements de longue distance.

Les enquêtes observationnelles quant à elles peuvent être difficiles à implanter à grande échelle, car les distances parcourues ne sont pas identifiées et il est donc impossible de savoir si le déplacement est de longue distance ou non. Les enquêtes par interception, comme les enquêtes à bord, peuvent être très utiles dans la recherche d’un mode en particulier, mais il est impossible de cette manière d’obtenir un portrait global de la mobilité de longue distance. Une enquête par interception pour capter les déplacements par automobile pourrait par exemple être menée sur les grands axes, mais considérant la longueur de ces routes ainsi que les nombreuses entrées et sorties, la récolte de donnée serrait assurément difficile. Les entrevues de groupes peuvent être intéressantes, mais pas dans le cas où l’on demande simplement de décrire des déplacements. Leur force serait plutôt dans la description du comportement des voyageurs. De plus, elles ne sont pas conseillées pour des cas où le recrutement de l’échantillon est difficile (Richardson, Ampt, & Meyburg, 1995), ce qui est le cas ici. Finalement, l’entrevue en profondeur peut aussi être utile si les gens ciblés produisent une grande quantité de déplacements interurbains (après tout, il est intéressant de conserver le plus longtemps possible la partie de l’échantillon la plus active), mais le nombre de gens ainsi interrogés ne peut pas être trop élevé, car ces entrevues prennent beaucoup de temps et de moyens financiers (Richardson et al., 1995). Cette méthode implique aussi qu’il faudrait faire une pré-sélection de l’échantillon afin de ne sélectionner que les gens ayant fait un nombre suffisant de déplacements.

Si nous excluons les types d’enquêtes mentionnées précédemment, il ne reste que les enquêtes ménages auto-administrées, les enquêtes téléphoniques et les enquêtes ménage avec entrevue en

personne, qui sont toutes plus adaptables à la récolte de données sur les déplacements de longue distance. Les enquêtes sur ce sujet utilisent presque toujours une de ces méthodes, ou encore une combinaison de deux d’entre elles, par exemple une enquête où l’on demande aux répondants de remplir un questionnaire postal (enquête auto-administrée) et qui sera suivi quelques jours plus tard par une entrevue assistée par ordinateur (enquête téléphonique), ce qui est la combinaison préconisée par le National Household Travel Survey aux États-Unis (Federal Highway Association, 2004). Il existe une vaste littérature sur le choix de la méthode d’enquête dans les enquêtes sur les déplacements, mais très peu d’études ont été menées sur le choix de la méthode concernant spécifiquement les déplacements interurbains. La majorité d’entre elles ont été menées depuis la fin des années 90, lors d’initiatives visant à produire une enquête pan- européenne avec le meilleur outil possible. Les recherches effectuées dans le cadre du projet de l’enquête MEST (Methods for European Surveys of Travel Bevaviour) (1999) et ensuite de DATELINE (Design and Application of a Travel Survey for Long-distance Trips Based on an International Network or Expertise) (Brög, Erl, Sammer, & Schulze, 2003) et de KITE (Knowledge Base for Intermodal Passenger Travel in Europe) (Frei & Axhausen, 2009) ont expérimenté avec plusieurs méthodes, une ou plusieurs à la fois. Dans tous les cas, les conclusions qui en sont sorties est qu’une enquête sur les déplacements de longue distance n’est vraiment efficace que si elle emploie plus qu’une méthode pour rejoindre les répondants. Selon Axhausen (2008), chacune de ces trois méthodes permet de rejoindre un type de personne qui peut être difficilement joignable par les deux autres : le téléphone peut être utilisé pour motiver les répondants et de récupérer de l’information de gens ne voulant pas ou étant incapables de lire ou d’écrire ou ayant des difficultés de langages, l’enquête écrite permet de rejoindre les gens qui veulent prendre leur temps pour répondre et ceux qui ne sont pas souvent au domicile ou ne répondent pas au téléphone et l’enquête en personne permet d’assister les gens qui ont besoin de la présence d’un interviewer ou de l’aide pour répondre au questionnaire.

Certaines méthodes de collecte de données apparues dans les dernières années, telles les données GPS, cellulaires et issues de réseaux sociaux ou encore l’enquête web, n’ont pas encore fait leurs preuves concernant l’étude des déplacements de longue distance. Il sera donc intéressant de voir si la recherche dans les prochaines années ira dans cette direction et quels en seront les résultats.