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Chapitre 3 : Démarche méthodologique

3.2 Méthodes de cueillette

Puisque le processus de recherche n’est pas purement linéaire, nous avons au départ sélectionné, acheté, visionné et annoté plusieurs longs métrages qui ne répondaient pas en tout point aux critères de sélection plus stricts énumérés précédemment, alors embryonnaires. Concrètement, nous avons passé en revue plusieurs longs métrages de fiction qui proposaient plus largement des représentations filmiques de lesbiennes/queers d’origine asiatique, en contexte occidental ou non, mises en œuvre par des cinéastes hommes et femmes, hétérosexuels et non normatifs en matière de sexualités, blancs et de couleur, diasporiques et non diasporique21s. En fait, nous avons alors stratégiquement délaissé partiellement la théorie

20 La sexualité non normative de Shamim Sarif est certes connue, alors que la cinéaste s’est mérité en 2008 le titre de « femme

lesbienne/bisexuelle internationale de l’année » par le cyber-forum Afterellen.com, qui distribue notamment des prix de visibilité (visibility awards).

21 Concrètement, les films suivants, chronologiquement énumérés, ont été consultés: Fire (Deepa Mehta, 1996), Chutney

Popcorn (Nisha Ganatra, 1999), Fish and Elephant (Li Yu, 2001), Happy Birthday (Yen Tan, 2003), Round Trip (Shahar

Rozen, 2003), Under The Tuscan Sun (Audrey Wells, 2003), Butterfly (Yan Yan Mak, 2004), The Journey (Ligy J. Pullappally, 2004), Saving Face (Alice Wu, 2005), Floored by Love (Desiree Lim, 2006), Love My Life (Kôji Kawano, 2006), Red Doors (Georgia Lee, 2006), Shortbus (John Mitchell Cameron, 2006), Nina’s Heavenly Delights (Pratibha Parmar, 2007), The

Gymnast (Ned Farr, 2007), Candy Rain (Chen Hung-I, 2008), Caramel (Nadine Labaki, 2008), I Can’t Think Straight

pour entreprendre la phase préliminaire de notre démarche de terrain et nous imprégner des données filmiques empiriques, conformément aux conseils de Julianne Pidduck, professeure agrégée au département de communication de l’Université de Montréal, rencontrée informellement en 2010. En ce sens, nous avons procédé à la constitution et au premier visionnement actif d’un corpus filmique potentiel plus inclusif, en espérant ultimement, dans un mouvement de balancier, nous en inspirer pour développer plus exhaustivement et orienter l’ensemble de notre projet, de la problématique à la grille d’observation et d’analyse filmique intersectionnelle, en passant par la revue de littérature et le cadre conceptuel. C’est donc à l’issue de cette étape charnière et d’une période de réflexion, antérieurement explicitée, que nous avons décidé d’exclusivement privilégier l’examen des représentations filmiques de lesbiennes/queers d’origine indienne en Occident dans des longs métrages de fiction contemporains (post-1999) de forme narrative conventionnelle réalisés par des cinéastes lesbiennes/queers d’origine indienne en Occident.

Les œuvres consultées ont été dénichées de diverses manières. Tout d’abord, nous avons parcouru les catalogues de films de certains distributeurs, disponibles sur internet. Certains nous ont été suggérés par Julianne Pidduck (ex : Lesbians4Lesbians, Frameline, V-Tape, Frameline Distribution, etc.), et nous en avons identifié d’autres, notamment à travers la littérature consultée22. Nous avons surtout consulté le catalogue en ligne d’un distributeur connu par l’entremise du documentaire Fabulous! The Story of Queer Cinema, réalisé par Lisa Ades et Leslie Klainberg en 2006. Il s’agit de Wolfe Video, plus grand et plus ancien distributeur exclusif de films à contenu sexuellement non normatif, dont beaucoup proviennent du travail de cinéastes homosexuels. Fondée en 1985 par Kathy Wolfe, cette compagnie domine et assure en ce moment la distribution internationale de milliers de films LGBT, notamment grâce aux liens qu’elle a su développer avec les détaillants de DVD, les plateformes de vidéos sur demande, les fournisseurs de téléchargements digitaux, les médias 2009), et Drifting Flowers (Zero Chou, 2009).

22 Par exemple, nous avons identifié et consulté les catalogues de Wolfe Video, TLA Releasing, First Run Features, Video Out (courts métrages), Video Pool (courts métrages), New Day Films (documentaires), Asiangayfilms et “Queer Women of Color

Media Arts Project” (courts métrages). Nous avons également écrit à certains de ces distributeurs pour savoir s’ils

commercialisaient des longs métrages (idéalement réalisés par des femmes aux sexualités non normatives d’origine asiatique) dans lesquels étaient représentées des femmes aux sexualités non normatives d’origine asiatique (idéalement diasporiques et en Occident).

de niche et traditionnels, les festivals de film, les diffuseurs, les distributeurs internationaux, les organisations LGBT, les librairies, les magasins spécialisés et les consommateurs (Wolfe Video, 2010). Plusieurs titres sont disponibles sur Netflix, Amazon.com, Hollywood Video, Comcast, Time Warner, Itunes et Movielink, chez Blockbuster, BestBuy, Wal-Mart et Target, ainsi que sur les vols d’Air Canada (Wolfe Video, 2010).

Des recherches ont également été menées sur certaines boutiques en ligne (ex : Amazon) et certains services de diffusion en ligne (ex : Netflix) populaires. Nous avons aussi consulté les programmations de certains festivals qui présentent des films à thématique LGBT23. La poursuite de nos recherches nous a aussi menés à une liste de films LGBT catégorisés par pays de production, publiée sur Wikipédia. Pour trouver les films ponctués de représentations de lesbiennes/queers d’origine asiatique, nous avons d’abord mené, lorsque possible, des recherches systématiques par mots-clés thématiques24, par cinéastes25 et/ou par format (long métrage de fiction). Autrement, nous avons mis en œuvre d’autres tactiques, soient l’observation attentive des images sur la pochette, la lecture des synopsis, de même que le visionnement des bandes-annonces de certaines productions sur le site officiel de la production, ou autres, etc.

Bref, nous avons procédé à une recherche plus ou moins extensive, sans néanmoins contrevenir à la nécessaire accessibilité des œuvres, souhaitée pour notre entreprise scientifique sur la base de postulats théoriques. Conformément à notre volonté initiale, nous devions uniquement cibler, parmi les longs métrages trouvés, ceux de cinéastes d’origine asiatique nées ou établies en Occident qui revendiquent explicitement une sexualité non normative. Pour se faire, nous avons notamment lu et visionné certaines entrevues publiées sur internet, consulté les pages internet officielles des films et les biographies des cinéastes, et visionné les bonus inclus sur les DVD achetés, etc. Une fois sauvegardées les sources des 23 Parmi ceux-ci, notons le festival Image+Nation (programmation archivée de 2003 à 2010; nous n’avons pas trouvé les programmations précédentes), Fusion (Los Angeles LGBT People of Colour Festival; programmation de janvier 2004, novembre 2004, 2005, 2006 (non fonctionnel), 2007, 2009 et 2010, et inscription à la liste de diffusion), Vancouver Queer Film Festival, CinemAsia Film Festival, Tokyo International Lesbian and Gay Festival, Asian Queer Film Festival, etc.

24 Par exemple: “sexuality”, “homosexuality”, “queer”, “gay and lesbian”, “women”, “women of colour”, “ Asian”, etc.

25

 Conseillés par Julianne Pidduck ou identifiés à travers la littérature, dont Zero Chou, Nisha Ganatra, Desiree Lim, Pratibha

documents, nous avons effectué la triangulation de leur contenu. Les filmographies respectives des cinéastes identifiées (Zero Chou, Nisha Ganatra, Desiree Lim, Pratibha Parmar, Shamam Sarif, et Alice Wu) ont ensuite été consultées, à la recherche d’autres films au moins partiellement empreints de représentations de lesbiennes/queers d’origine asiatique.