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4. Propositions de méthodes de conservation à long terme

4.5 Méthodes de conservations dites basiques

Les méthodes 5, 6 et 7 décrites ci-dessous s’inscrivent dans une optique de vouloir proposer des méthodes très abordables d’un point de vue économique et de la mise en œuvre, mais qui présentent un intérêt certain quant à une conservation à long terme du matériau. Le principe général de ces dernières consiste à permettre à l’échantillon de bénéficier d’un emballage protecteur l’isolant au mieux de facteurs de dégradations tels que la lumière, la poussière, les insectes rampants ou encore tout contact direct avec une surface problématique253 (surface au pH basique ou tout simplement insalubre). Ce principe d’emballage protecteur s’inspire des propos tenus par Jean Tétreault dans son ouvrage consacré aux polluants où il stipule que, lorsqu’un objet n’a pas besoin d’être exposé, l’emballer dans un matériau sorbant (tel du papier de soie non-acide) est un moyen pas cher et efficace de le protéger sur le long terme des sources polluantes extérieures. Ou que l’utilisation d’une simple pochette en PE peut ralentir considérablement certains processus de dégradation, notamment l’oxydation254.

Dans le cas de ces méthodes, il est difficile de chiffrer leurs caractéristiques techniques (notamment leur niveau d’étanchéité à l’eau et aux gaz) ceci par manque de données précises fournies par les fournisseurs et fabricants sur certains produits (malgré des demandes répétées). Aussi parce qu’elles se basent en grande partie sur des recommandations et appréciations essentiellement qualitatives issues d’ouvrages spécialisés et qui ont fait l’objet de quelques adaptations.

4.5.1 M éthodes 5 : Sachet Minigrip® avec écran en aluminium

Cette méthode consiste à combiner les propriétés « protectrices » des sachets Minigrip® avec celle du film d’aluminium.

Pour ce faire, l’échantillon est placé dans une première pochette Minigrip®. Comme l’échantillon PUR test et ce type de sachet sont particulièrement sensibles à la photoxydation, le dispositif est emballé avec du film d’aluminium (alimentaire) jouant le rôle de barrière contre les effets néfastes de la lumière255. Par ailleurs, comme le sachet et le film aluminium qui l’entoure se froissent et se percent

251 Bossuat, 2011, p.3

252 Bossuat, 2011, p.6

253 Doyal, 1999, p.28-29

254 a.Tétreault, 2003, p.55

255 Le film d’aluminium protège efficacement le matériau qu’il contient des UV, IR et dans une moindre mesure des polluants atmosphériques et de l’eau (liquide et vapeur). Alufoil, 2014 [en ligne]

facilement, le tout est inséré dans une seconde pochette Minigrip®, ce qui permet d’améliorer de manière générale la résistance physico-chimique du dispositif.

Les niveaux de perméabilités exactes de ces pochettes (PEBD pour une épaisseur de 50 microns) aux polluants atmosphériques et à l’oxygène ne m’ont malheureusement, pas été fournis par les fournisseurs et fabricants. On peut néanmoins assurer qu’elles possèdent des qualités de barrière moindres comparées aux boîtes en PEHD (à épaisseur égale) si

l’on se réfère au tableau 2, p.63. La perméabilité aux gaz azotés tel N2 (COV susceptibles d’être dégazés par la mousse PUR), n’est pas un paramètre négatif dans le cas d’un conditionnement fermé dépourvu d’adsorbeur de polluants (comme c’est le cas pour cette méthode). Ceci évite une stagnation de ce gaz laissant place à une concentration élevée en polluant dans le milieu où est contenu l’échantillon256.

Tableau 3 Comparatif entre la perméabilité à la vapeur d’eau des sachets Minigrip® et les boîtes PEHD à épaisseur égale

(50 µm)257.

Matériaux

(épaisseur 50 µm) Minigrip® PEBD Boîte PEHD PA (6)

Perméabilité à la vapeur d’eau

(g.50µm/m2/jour) 40°C à 90% HR 5 3 85

Par ailleurs, les principaux fournisseurs m’ont également informé de l’existence de pochettes (PEBD) avec une paroi en aluminium laminé ou encore avec du cuivre activé intégré jouant le rôle d’anti-oxydant permettant de limiter plus efficacement contre l’oxydation de l’échantillon258.

4.5.2 M éthode 6 : Pochette en Tyvek®

Cette méthode se base sur les propos de Mme Sherry Doyals qui présente les bienfaits d’un simple emballage en Tyvek® pour la préservation des matériaux

modernes problématiques, dont les « plastiques » font figure de mauvais élève259. Dans le cas présent, l’échantillon est placé dans une pochette en Tyvek® cousue selon les dimensions de la mousse et dont l’ouverture est refermée par un clip (PP). Ce système permet une ventilation naturelle sans laisser pénétrer de poussières et présente des qualités d’imperméabilité à l’eau et

256 Bossuat, 2011, p.1

257 Kanaan, 2006, p.36

258 Par ailleurs, ces pochettes sont plus chères mais également moins facilement disponibles. Cenpac, 2014 [en ligne].

259 Doyal, 1999, p.28

Figure 41 Méthode 5 : résultat final

aux polluants atmosphériques. De plus, ce type de pochette protège en partie le matériau des rayons lumineux.

Tyvek ®

Le Tyvek®, comme la plupart des produits dérivés de fibre pure, haute densité (HDPE) est très stable et inerte sur le plan physico-chimique et est également largement utilisé en conservation-restauration pour la confection de housse de protection ou comme matériau intercalaire. C’est un matériau léger (41g/m2), non abrasif, facilement mis en forme (se thermosoude, s’agrafe ou se coud), extrêmement résistant à la déchirure (extensible jusqu’à 130%) et aux températures extrêmes (utilisable de -70 °C à + 100°C)260. Dun point de vue de ses qualités de barrières, le Tyvek® présente une très bonne imperméabilité à la vapeur d’eau et aux polluants environnementaux (CO2 ; composés azotés,…). Sa structure micro-perforé allie aération naturelle (évitant toute concentration élevée en polluants du milieu comprenant l’échantillon) et protection contre la poussière. Le Tyvek® se trouve facilement sur les sites spécialisés et coûte environ 35 euros/m2261.

Les méthodes 5 et 6, qui utilisent un matériau de même nature (PE), permettront de comparer l’efficacité entre un système dit « fermé » (Minigrip®) et un système partiellement ouvert (sachet micro-perforé).

4.5.3 M éthode 7 : Papier de soie

Toujours dans les propositions les plus abordables, l’efficacité de cette dernière méthode se base sur les propos de Jean Tétreault qui stipulent les bénéfices apportées par le simple emballage d’un objet dans du papier de soie. Outre l’adsorption de polluants262, ses

qualités de matériau tampon lui permettent également d’avoir un effet régulateur sur l’hygrométrie.

Par ailleurs, en double ou triple épaisseur, le papier de soie préserve l’échantillon d’une exposition directe à la lumière, aux poussières mais également aux insectes. Deux lanières, constituées également à partir de papier de soie, permettent de maintenir l’emballage en place263.

260 a.Stouls, 2015 [en ligne]

261 b. Atlantis, 2015 [en ligne].

262 a.Tétreault, p.55 et Reilly, 1991 [en ligne]

263 Les lanières en papier de soie présentent deux avantages : elles sont de la même nature que l’emballage principal, ce qui évite toutes interactions fâcheuses et leur résistance mécanique limitée empêche d’induire des contraintes mécaniques dues à un serrage trop important (cèdent avant, ce qui est un bon indicateur).

Tableau 4 Comparatif des qualités tampon de différents matériaux

Capacité tampon (M) de différents matériaux (g kg-1 %RH-1) 264

Matériau 30-50% 50-60 60-80

Gel de silice ordinaire 4 2 1

Bois 2 2 2.5

Cotton (papier) 1 1 1.5

Papier de soie non-acide

Papier de couleur blanche d’une grande pureté, composé uniquement de pâte chimique sans acide (exempte de lignine), qui lui confère une grande stabilité et inertie physico-chimique. Son utilisation dans le domaine de la conservation-restauration est très répandue et sert à de nombreuses applications : emballage, conditionnement, matériau de rembourrage pour le transport mais aussi comme matériau intercalaire ou tampon265. Comme pour le carton, il est préférable, dans la situation présente, de choisir un papier sans réserve alcaline, qui peut être à l’origine de réactions acido-basiques. Ce matériau est disponible sous forme de rouleau ou de feuilles prédécoupées. Son prix est de 0.3 euros/m2266.

Autres mesures

Par recommandation de Sylvie Ramel, un segment de papier blanc traditionnel acide267 d’environ 2 cm est placé dans chacun des conditionnements. Le papier réagit avec les COV du milieu et aura tendance à jaunir en cas de concentrations élevées, ce qui peut signifier une mauvaise ventilation ou adsorption des polluants. Bien que très simple, ce dispositif s’avère être un critère d’évaluation visuel qualitatif pertinent pour juger de l’efficacité des conditionnements sur le long terme268. Pour des raisons pratiques, l’ensemble des conditionnements crées (excepté celui surgelé) seront contenus dans une boîte commune suffisamment grande pour éviter qu’ils ne se chevauchent. Par ailleurs, pour juger de l’efficacité des méthodes mises en œuvre, cette dernière ne doit pas avoir d’influence particulière sur l’environnement des échantillons. C’est pourquoi j’ai opté pour une boîte transparente en PE (stable et inerte d’un point de vue physico-chimique) comportant plusieurs ouvertures, de manière à ne pas offrir une protection supplémentaire pouvant interférer sur l’efficacité des méthodes des divers conditionnements réalisés.

264 Thomson, 1986, p.236

265 b. Préserv’Art, 2010 [en ligne]

266 c. Atlantis, 2015 [en ligne]

267 Tous les papiers ordinaires que l’on retrouve en bloc peuvent être utilisés à cet effet, pour autant qu’ils ne comprennent pas d’imprimés/encre et qu’ils ne soient pas recyclés (perturbe l’appréciation visuelle).

Un échantillon de référence (contenu dans aucun conditionnement) est placé dans les mêmes conditions environnementales et permettra, par comparaison, de constater également l’efficacité ou non des méthodes de conservation proposées.

Tableau 5 Tableau récapitulatif et comparatif des caractéristiques des différentes méthodes.

Méthode P . UV R ég ul at io n HR P.02 P . g az po llu an ts (C 0 2 ; N 2, ) P . T ° él ev ée s P . P ou ssiè re s P . ca ni qu e P . I n sect es et M O . Fa ci lit é d e mi se en œ u vr e Pr ix 269 1 55 2 X270 3 10 4 20 5 1 6 4 7 2 Légende

Très bon Bon Moyen Médiocre

Le tableau ci-dessus donne une première appréciation qualitative globale des différentes méthodes proposées, réalisé sur la base des informations recueillies auprès des fournisseurs/fabricants spécialisés et de professionnels de la conservation-restauration. Ce dernier ne se veut pas exhaustif ni d’un degré de précision absolu (faute d’informations parfois lacunaires sur certains produits et du suivi des différentes méthodes sur le long terme), mais suffisant pour avoir un premier aperçu des qualités et limites de chacune d’elles.

Comme le lieu de stockage définitif des échantillons tests n’a pas encore été défini par le musée, on ne peut être en mesure de connaître les conditions environnementales qui leur seront offertes. Raison pour laquelle le calcul des doses des différents produits s’est basé sur des paramètres standards. Outre les différents conditionnements ou emballages, les conditions offertes par le lieu de stockage et la manipulation des échantillons sont également des paramètres essentiels pour la conservation à long terme.

Une liste de recommandation pour le stockage et la manipulation des échantillons tests est à consulter en annexe 29, p.117.

269 Prix estimé en euros pour un échantillon de mousse de 10 cm3, sans compter la main d’œuvre ni d’éventuels frais de ports.

270 Le coût du matériel pour la mise en surgélation est négligeable (10 centimes, soit l’achat d’un sachet Minigrip®), seule l’acquisition du surgélateur est plus conséquente (occasion pour 100 euros)