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Dix-sept auditeurs burkinabè vivant à Ouagadougou (capitale) ont pris part à l’expérience. A l’exception d’une participante, étudiant dans une université privée de la capitale, tous les auditeurs sont étudiants à l’université de Ouagadougou. Aucun n’avait de connaissance particulière en linguistique. Tous ont vécu la majeure partie de leur vie au Burkina Faso, dans différentes régions du pays. Les participants (huit femmes et neuf hommes) étaient âgés de 20 à 31 ans. Seule une participante était bilingue (français – dioula), alors que tous les autres participants étaient plurilingues, parlant le français et d’autres langues africaines. Une seule participante mentionnait le français et le dioula comme langues premières (la première question du questionnaire sociolinguistique concernait les langues que les participants parlaient, pour plus de détails voir la section 4.3.1). Un tableau présentant ces participants figure en annexe de ce travail (Annexe 1).

3.2.2 Matériel

Les stimuli ont été extraits de la base de données du projet PFC. Il s’agissait d’une phrase provenant de la lecture du texte : « La côte escarpée du Mont Saint-Pierre, qui mène au village, connaît des barrages chaque fois que les opposants de tous les bords manifestent leur colère ».

Cette phrase a été sélectionnée non seulement car elle contenait certains éléments susceptibles de varier au niveau diatopique, tels que la réalisation du /R/ et le degré d’ouverture du schwa et des voyelles médianes notamment, mais également car c’était la phrase utilisée dans l’étude menée en Suisse romande (Racine et al., 2013), ce qui permettait une certaine comparabilité avec les résultats de l’étude suisse.

La phrase choisie a été produite par 14 locuteurs (sept hommes et sept femmes, tous âgés de 18 à 43 ans) provenant de sept régions différentes : pour la France, deux locuteurs (un homme et une femme) de la région parisienne, pour la Suisse, deux locuteurs de Genève, pour l’Afrique, deux locuteurs du Burkina Faso, deux locuteurs du Cameroun, deux locuteurs de Côte d’Ivoire, deux locuteurs du Mali et deux locuteurs du Sénégal41. Un tableau récapitulatif concernant les locuteurs africains figure en annexe de ce travail (Annexe 2).

Les extraits sonores ont été sélectionnés, extraits et édités (pour supprimer d’éventuelles pauses ou répétitions à l’intérieur de la phrase) à l’aide du logiciel libre Audacity. Ils ont également été amplifiés, toujours à l’aide de ce même logiciel.

3.2.3 Procédure

L’expérience devait être effectuée par le biais d’une plateforme internet (www.labguistic.net), mais les aléas du terrain africain ne l’ont pas permis. L’expérience a donc finalement été effectuée avec un programme lecteur audio (Winamp), permettant de faire écouter les stimuli dans un ordre aléatoire. Un silence de sept secondes a été ajouté après chaque stimulus, via le logiciel Audacity, afin de garantir le même temps de réponse après chaque stimulus et pour chaque question, tandis que les participants ont remplis des tableaux sur des feuilles de papier.

Après avoir rempli un bref questionnaire biographique, les participants devaient écouter les 14 stimuli et, après chaque stimulus, répondre à la question suivante : « Sur une échelle de 1 (=Absolument pas) à 5 (=Absolument), cette prononciation est-elle identique à votre propre prononciation ? ». Dans la deuxième partie, ils devaient à nouveau écouter les 14 stimuli et répondre à la question suivante : « Sur une échelle de 1 (=Absolument pas) à 5 (=Absolument), cette prononciation convient-elle pour un-e présentateur/présentatrice du Journal Monde sur RFI (= Radio France Internationale) ? ». Dans la troisième partie, les participants écoutaient une nouvelle fois les 14 stimuli et devaient répondre à la question suivante : « Sur une échelle de 1 (=Absolument pas) à 5 (=Absolument), cette prononciation convient-elle pour un-e

41 Pour plus d’informations concernant les sept points d’enquêtes utilisés dans cette étude, voir le site du projet PFC : www.projet-pfc-net.

présentateur/présentatrice des informations sur RTB (= Radiodiffusion Télévision du Burkina) ? ». Enfin, dans la quatrième partie, les stimuli étaient présentés une quatrième fois et les participants devaient répondre à la question suivante : « Sur une échelle de 1 (=Absolument pas) à 5 (=Absolument), cette prononciation convient-elle pour un-e enseignant-e dans un collège au Burkina Faso ? ». Pour chaque partie, les 14 stimuli étaient distribués de manière aléatoire. Les participants disposaient de sept secondes pour répondre à chaque question en mettant une croix dans la colonne correspondante (entre 1 et 5) dans un tableau. Chaque partie était précédée d’un entrainement composé de sept éléments pour la première partie, puis de quatre éléments pour les parties suivantes. L’expérience durait une trentaine de minutes.

De peur que les termes « standard » ou « français de référence » ne soient trop éloignés de la réalité quotidienne des auditeurs non-experts burkinabè, les questions concernant ces notions ont été quelque peu modifiées par rapport aux questions posées dans les études de Detey et Le Gac (2008) et Racine et al. (2013). Ainsi, la norme de prononciation étant souvent véhiculée par les médias (voir section 1.4.2.1), la question concernant le français standard international et celle le français standard local ont été formulées en fonction de la prononciation d’un présentateur ou d’une présentatrice sur une chaine de radio internationale dans le premier cas et locale dans le second cas. La radio a été préférée à la télévision, en raison de sa popularité et de son accessibilité : posséder une télévision est encore un luxe au Burkina Faso, alors que presque tout le monde possède un poste de radio ou la possibilité d’écouter la radio depuis son téléphone portable. Enfin, la norme de prononciation pouvant également être véhiculée par les enseignants (voir section 1.4.2.1), peut-être plus encore en Afrique subsaharienne, une quatrième question, concernant à nouveau le français de référence local, a été ajoutée mais en associant cette fois la notion de standard régional à la prononciation d’un ou d’une enseignant/e du secondaire.

3.2.4 Analyse des données

Le degré moyen de proximité avec sa propre prononciation (question 1), le degré moyen de proximité avec la prononciation d’un présentateur ou d’une présentatrice du Journal Monde sur RFI (question 2), ainsi que le degré moyen de proximité avec la prononciation d’un présentateur ou d’une présentatrice des informations sur RTB (question 3) et le degré moyen de proximité avec la prononciation d’un enseignant ou d’une enseignante dans un collège au Burkina Faso (question 4) ont été calculés en fonction de la région des locuteurs (PA = Paris, GE = Genève,

BF = Burkina Faso, CM = Cameroun, CI = Côte d’Ivoire, MA = Mali et SN = Sénégal) et en fonction du sexe des locuteurs.