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CHAPITRE II : LA TEP EN SENOLOGIE

2. Le Fluoro-2-Deoxy-D-Glucose marqué au Fluor 18 ( 18 F-FDG)

2.2. Métabolisme glucidique cellulaire

2.2.1. Métabolisme glucidique des cellules normales

Le glucose est le principal substrat énergétique de l'organisme. Dans la cellule normale, il franchit la membrane cellulaire grâce à un transporteur spécifique dénommé GLUT pour GLUcose Transporter. On dénombre plusieurs transporteurs (Glut 1, 2, 3, ...13). Une fois dans la cellule, les deux principales voies métaboliques du glucose sont la glycolyse et la voie des pentoses phosphate.

2.2.1.1. Voie de la glycolyse

La glycolyse est la voie du métabolisme du glucose en pyruvate et en lactate, via une succession de réactions enzymatiques. Elle est présente dans le cytosol de toutes les cellules. Cette voie a pour particularité de pouvoir fonctionner en présence d’oxygène (glycolyse aérobie), mais également en son absence (glycolyse anaérobie).

En situation aérobie, le pyruvate est le produit final de la succession des réactions enzymatiques de la glycolyse (figure 23). Le pyruvate ne s’accumule pas dans le cytosol mais est transporté dans la mitochondrie par un transporteur spécifique. Il est ensuite transformé en Acétyl-CoA par un complexe multi-enzymatique nommé « pyruvate deshydrogénase ». Lors de cette réaction enzymatique Le nicotinamide adénine dinucléotide (NAD+), une co-enzyme d’oxydoréduction, est réduit en NADH. L’acetyl-CoA fournit l'énergie nécessaire à la production d'ATP via le cycle de Krebs et la phosphorylation oxydative mitochondriale.

En situation anaérobie, le métabolisme du glucose diffère du point de vue de la nature de son produit terminal. Comme l’oxygène vient à manquer, le NADH ne peut être réoxydé par le transfert des équivalents réducteurs via la phosphorylation oxydative mitochondriale. Or, lors de la glycolyse, le NADH est requis dans la réaction catalysée par la glycéraldéhyde-3-phosphate déshydrogénase. Pour que la glycolyse puisse continuer à

74 fonctionner en situation anaérobie, le pyruvate est réduit en lactate à l’aide du NADH, qui est réoxydé en NAD+. Cette réaction est catalysée par la lactate déshydrogénase. L’oxydation du NADH lors de la formation du lactate permet à la glycolyse de se poursuivre en l’absence d’oxygène. Le lactate est donc le produit final de la glycolyse dans des conditions anaérobies (figure 23). Il est expulsé de la cellule par les transporteurs de mono-carboxylate.

Figure 23 : Glycolyse des cellules normales. Le produit final en aérobiose est le pyruvate, mais il s’agit du lactate en anaérobiose

Trois étapes de la glycolyse ne sont pas réversibles et sont donc les sites majeurs de la régulation de la glycolyse. Il s’agit des réactions catalysées par l’hexokinase, la phosphofructokinase et la pyruvate kinase. Au total, l’oxydation d’une molécule de glucose rapporte jusqu’à 38 molécules d’adénosine triphosphate (ATP) en aérobiose contre seulement 2 ATP en anaérobiose.

2.2.1.2. Voie des pentoses phosphate (figure 24)

La voie des pentoses phosphate, présente dans le cytosol, est l’autre voie majeure du métabolisme du glucose. Elle peut également mener à son oxydation complète. Elle ne produit pas d’ATP mais permet de générer le Nicotinamide Adénine Dinucléotide Phosphate (NADPH), nécessaire aux synthèses réductrices comme la biosynthèse des

75 acides gras et des stéroïdes. Elle permet également de fournir le ribose 5 phosphate (ribose-5-P) pour la biosynthèse des nucléotides et des acides nucléiques. Elle peut-être divisée en deux phases : la phase oxydative générant le NADPH et du CO2 (phase irréversible). La phase non-oxydative fournissant le ribose (phase réversible).

Le ribose-5-P est le produit de la voie oxydative du shunt des pentoses phosphates à partir du glucose 6-P, avec production concomitante de NADPH destiné à des processus de biosynthèse (des acides gras notamment), et de glutathion réduit (GSH) pour les processus de détoxification. Le ribose 5-P est en équilibre direct avec le fructose 6-P et le glycéraldéhyde 3-P (tous les deux sont des produits intermédiaires de la glycolyse). La direction du shunt des pentoses est déterminée essentiellement par la vitesse de conversion du glycéraldéhyde 3-P en pyruvate. Lorsque celle-ci est élevée, comme c’est le cas en normoxie dans les cellules normales, le ribose 5-P est rapidement métabolisé en fructose 6-P, glycéraldéhyde 3-P et finalement en pyruvate.

Figure 24 : Voie des pentoses phosphate dans la cellule normale. Le Ribose-5-P est produit à partir du glucose 6-P avec production concomitante de NADPH et de glutathion réduit (GSH). Le Ribose-5-P est en équilibre direct avec le fructose-6-P et le glycéraldéhyde 3-P, deux intermédiaires de la glycolyse. Schéma extrait de l’article de Vuillez et al. [141]

76 2.2.2 Métabolisme glucidique des cellules tumorales

L'augmentation de la glycolyse anaérobie dans la cellule tumorale a été décrite initialement par Warburg en 1924. En effet, le métabolisme glucidique des cellules tumorales est profondément perturbé, menant à une augmentation de la captation cellulaire du glucose, son hyperconsommation et la production de lactates (caractéristique de la glycolyse anaérobie). Cette reprogrammation du métabolisme glucidique n’est pas une propriété spécifique des cellules tumorales, mais reproduit les mécanismes physiologiques d’adaptation métabolique des tissus sains (croissance, cicatrisation, renouvellement cellulaire) dont l’objectif est une augmentation de la synthèse de précurseurs phosphorylés des acides nucléiques par la voie des pentoses [142]. Cependant, ce qui caractérise la cellule tumorale, c’est la dérégulation du métabolisme glucidique par échappement aux mécanismes normaux de rétrocontrôle. Ceci aboutit à la permanence de phénomènes normalement limités dans le temps et conditionnés par l’action de facteurs de croissance. En satisfaisant les besoins énergétiques et les besoins en acides nucléiques élevés des cellules tumorales, la reprogrammation du métabolisme glucidique leur permet une prolifération rapide et permanente.

Cette reprogrammation est la conséquence de modifications quantitatives et qualitatives des enzymes de la glycolyse [143, 144] et d’une augmentation de la synthèse des transporteurs GLUT1 (figure 25) :

- Les modifications qualitatives et quantitatives des enzymes de la voie glycolytique résultent en une inhibition de la voie oxydative, au profit de la production de lactates, et cela, indépendamment de la présence d’oxygène (« effet Warburg ») [145]. En effet, même si la captation cellulaire de glucose est augmentée en situation d’hypoxie [146], celle-ci n’est généralement pas la cause principale de l’activité glycolytique tumorale accrue [147]. Ce dérèglement enzymatique du métabolisme glucidique des cellules tumorales est complexe et dépend de nombreux facteurs intriqués (modifications mitochondriales, modifications de la voie des pentoses, interaction avec les autres métabolismes cellulaires et, en particulier, celui de la glutamine [148], dérégulations génomiques…)

- La captation élevée de glucose par les cellules tumorales est également liée à une augmentation de son transport transmembranaire [149], indépendamment de la phosphorylation et des étapes ultérieures de la glycolyse. La biologie

77 moléculaire a montrée que l’augmentation du nombre de GLUT1 est génétiquement déterminée dans la cellule tumorale. La transformation maligne s’accompagne d’une hyper-expression du gène codant pour GLUT1, se traduisant par une augmentation des ARNm [149]. Cette augmentation de la capacité de transport membranaire de glucose est directement liée à la prolifération cellulaire. Elle est cependant également liée à l’anaérobiose : en situation hypoxique, la tumeur produit le facteur hypoxia-inducible-factor-1 (HIF-1), qui stimule la surexpression du transporteur du glucose GLUT-1 et donc la captation intracellulaire du glucose [150].

Figure 25 :Glycolyse dans les cellules tumorales. Les activités hexokinase, phospho-fructokinase assurent une capacité glycolytique élevée, tandis que la pyruvate kinase est relativement inhibée. Les facteurs de croissance ou la transformation oncogénique (Ras par exemple) induisent la transcription du gène de Glut-1. Schéma extrait de l’article de Vuillez et al. [141].

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