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a. Un rôle primordial : le dépistage

Ce rôle primordial est mis en lumière dans le « Rapport Henrion » publié en 2001 et faisant suite à l’Enquête nationale de l’ENVEFF. Ainsi sont rapportés les éléments suivants : « En l’absence de signes évocateurs, la seule possibilité de découvrir les violences est le dépistage systématique, (…) très peu fait par les médecins français. Mais la plupart des femmes n’osent pas ou ne souhaitent pas parler de ce qu’elles subissent. D’après les études canadiennes, 25

% seulement en parleraient spontanément à leur médecin. Il est évident que de nombreuses femmes ne sont pas repérées. ». (31)

Malgré l’importance de ce dépistage systématique, celui-ci est encore très et trop peu pratiqué.

Une thèse de 2016, étudiant la pratique du dépistage des violences conjugales par des médecins généralistes, rapportait que seulement 2% des médecins pratiquaient ce dépistage de façon systématique, la grande majorité le pratiquent sur points d’appel et 9% n’en pratiquaient pas. (32)

b. Soigner et accompagner

Même si cela parait évident, l’un des rôles du médecin généraliste est de soigner et accompagner les victimes. Il peut être amené à traiter directement les séquelles physiques notamment par des traitements médicamenteux comme des antalgiques.

L’accompagnement doit aussi se faire sur le plan psychologique avec une disponibilité et une écoute attentive. Il peut également être amené à s’occuper des conséquences psychologiques de ces violences, par exemple à prescrire, avec prudence, des traitements à visée psychotrope (anxiolytiques, somnifères, anti dépresseurs…).

Même si la victime ne semble pas encore prête à quitter son conjoint, certains conseils peuvent lui être délivrés, notamment pour faire face aux situations d’urgence ou pour préparer son départ comme préparer un sac, photocopier les documents administratifs ou encore trouver une personne ressource à contacter.

c. Réorienter : l’importance du réseau

Le médecin généraliste doit également savoir réorienter la patiente. Il doit pour cela avoir une bonne connaissance du réseau national mais aussi et surtout local, propre au lieu de son exercice.

Il peut s’agir de la réorienter vers d’autres médecins en fonction des conséquences de ces violences.

Un gynécologue pourra être contacté dans le cadre des grossesses, de douleurs d’origine gynécologique… Selon la gravité des blessures infligées, d’autres spécialistes peuvent être sollicités : chirurgiens orthopédiques, viscéraux, ophtalmologues etc ...

Les conséquences psychologiques doivent aussi être prises en compte et le médecin généraliste peut orienter ses patientes vers un psychologue ou un psychiatre. Cet accompagnement s’avère en effet nécessaire dans toutes les phases de la prise en charge, y compris après avoir quitté le conjoint violent.

Pour l’aider dans sa pratique, notamment pour l’aspect médico-judiciaire, il peut aussi faire appel aux médecins légistes. Cette aide peut concerner la rédaction d’un certificat descriptif ou la pose d’une ITT (Incapacité Totale de Travail). Le médecin généraliste peut également y orienter la victime dans le cas de de situations complexes, de procédures judiciaires en cours.

D’autres éléments majeurs du réseau d’aide pour ces victimes sont les associations et les numéros d’écoute. Ces associations peuvent être nationales comme « SOS femmes battues » ou des associations plus locales. Il en existe de tous types avec une aide parfois plus appuyée dans un domaine en particulier comme le relogement ou l’aide judiciaire.

Sans brusquer ni obliger les victimes, le médecin doit aussi les diriger vers les forces de l’ordre et les encourager à porter plainte. Pour cela il doit rédiger un certificat médical descriptif.

On note donc l’importance de se constituer un réseau de professionnels et d’associations.

Celui-ci sera utile aussi bien à la victime qu’au médecin généraliste notamment dans ces situations complexes où il peut se sentir isolé et démuni.

d. Le certificat descriptif et l’ITT

Un des rôles essentiels du médecin généraliste est de constater les violences et de rédiger un certificat les décrivant ainsi que de poser une incapacité Temporaire de Travail (ITT). Un exemple de certificat descriptif est joint en annexe (Annexe 2).

Ce certificat se compose d’une première partie rapportant au conditionnel ou entre guillemets les faits comme ils se seraient déroulés selon la victime. Aucune interprétation ni aucun jugement sur la véracité des propos tenus ne doit être noté par le médecin généraliste.

Une seconde partie comporte la description de l’état de la victime. Il peut s’agir de l’état physique (ecchymoses, dermabrasions, fractures…) avec une description précise de ces signes visibles sans présupposer de leur origine.

Enfin la rédaction du certificat se termine par la détermination de l’ITT qui permettra de qualifier juridiquement les faits comme détaillé précédemment. Celle-ci est déterminée par la durée de la gêne à réaliser les gestes de la vie courante occasionnée par les coups et blessures volontaires dont elle a été victime.

e. Sensibiliser

Le médecin généraliste peut également avoir un rôle de sensibilisation, notamment auprès des adolescents et jeunes adultes. Il s’agira de leur parler de ces violences pour qu’ils connaissent leur existence et sachent mettre fin à une relation ou une situation à risque avant qu’une emprise ne s’installe.

Un exemple d’outil de sensibilisation est le violentomètre (Annexe 3), conçu fin 2018 par les Observatoires des violences faites aux femmes de Seine-Saint-Denis et de Paris, l’association En Avant Toute(s) et la Mairie de Paris. Il a ensuite été adapté par le Centre Hubertine Auclert à la demande du Conseil Régional d'Île-de-France.

L’objectif est de sensibiliser les jeunes femmes aux violences conjugales à travers une diffusion massive de l'outil lors d'événements et dans les lycées franciliens dès septembre 2019.