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G- La formation actuelle

3. Formations réalisées et formation souhaitée

3.2. Formation souhaitée

Un autre sujet évoqué était celui du manque de formation et du manque d’expérience : « j’avais pas encore assez d’expérience pour mener une consult’ de A à Z toute seule. » (E4). Cependant ce manque de formation n’était pas une excuse suffisante pour ne pas faire de dépistage et ne pas prendre en charge ces femmes : « Maladroitement mais

S’il était un point sur lequel quasiment tous les internes interrogés s’accordaient, il s’agissait de celui de la nécessité d’une formation complémentaire : « c’est un sujet effectivement où on n’est pas formés suffisamment » (E5). Pour certains, il s’agirait d’avoir au moins une sensibilisation sur cette problématique.

Pour ce qui est de la pertinence d’avoir une formation supplémentaire, les sujets mettaient en avant le fait qu’il s’agisse d’un sujet important et difficile pour lequel une formation purement théorique serait insuffisante : « vaut mieux se former à des choses qui sont utiles et insidieux, qu’à des choses qu’on peut apprendre théoriquement » (E6).

Bien que reconnaissant qu’il ne s’agissait pas d’avoir une formation exhaustive sur le sujet, les internes évoquaient au moins une formation de base sur laquelle s’appuyer ensuite dans la pratique de la médecine générale : « que quand on est en difficulté devant une situation, on a besoin de s’en référer à notre théorie » (E3).

Ils étaient nombreux à exprimer leur intérêt pour une formation complémentaire. « ça va me sensibiliser, ça va être un sujet sur lequel je vais aller » (E2). Pour une interne interrogée, l’ intérêt portait sur le fait de, à travers cette formation, gagner en crédibilité auprès des patientes. Un autre interne mettait toutefois en lumière l’investissement et les attentes propres à chacun pour ces formations : « on s’investit dans notre formation mais, je pense, tous à notre manière différente » (E7).

Les internes étaient également interrogés sur la pertinence du module A déjà existant comme outil de formation sur ce sujet. Certains ne souhaitaient pas maintenir cette formation en l’état, la trouvant trop peu adaptée, à l’inverse d’autres internes.

Certains aménagements étaient en revanche suggérés, comme son élargissement aux internes de tous semestres : « Puis proposer aux premières années mais aussi aux deuxièmes et troisièmes années, quitte à faire du rappel après » (E12).

Durant cette formation, les internes souhaitaient « redéfinir le cadre » (E9) des violences conjugales, ainsi que ses mécanismes. Ils souhaitaient également une formation complémentaire sur le dépistage : les signes qui devraient alerter, le moment opportun et l’importance de celui-ci ainsi que « rappeler aussi que poser la question ça c'est un truc hyper important » (E9). Un autre élément à approfondir était celui de la construction de ces consultations une fois le sujet abordé : « de ce que nous on peut proposer comme solutions et de ce qui y a derrière, c’est toujours l’inconnu. » (E6).

Les internes mettaient particulièrement en avant l’importance d’une formation complémentaire sur l’orientation et le réseau. Un interne souhaitait une accentuation sur le réseau au niveau national en évoquant le fait que les internes n’exerçaient parfois pas sur leur lieu de formation :

« on peut donner les structures locales, mais surtout donner les nationales pour qu’ils puissent se faire un relai s’ils partent dans une autre ville. » (E11).

Un autre aspect à approfondir était celui touchant au médico-légal et au judiciaire : les internes souhaitaient connaître davantage les droits des victimes, les mesures de protection, l’intérêt et le moment opportun pour porter plainte : « Est-ce qu'elle peut se barrer ? Elle a droit à quoi (…) à partir de quand est ce que, porter plainte, ça a un intérêt ? » (E9). Il s’agissait également de connaissances supplémentaires à acquérir sur la rédaction des certificats et la pose des ITT.

Venait ensuite la question du moment propice pour cette formation. Les avis étaient extrêmement partagés sur ce sujet. Certains internes évoquaient une formation ou du moins une sensibilisation dès l’externat.

Pour un certain nombre, elle devait être proposée dès le début de l’internat et même si possible avant le stage de niveau un au cours duquel l’interne pouvait être confronté à ces situations :

« l’avoir cette formation et commencer dès le stage pat’ à poser la question à se familiariser avec cette question, je pense c’est important. » (E12).

En revanche, une interne en interrogeait la pertinence dès la première année en soulignant le manque d’intérêt que pouvaient parfois présenter certains internes à ce stade-là de formation :

« Est-ce qu’on aurait tous été attentifs ? (…) en premier semestre on n’a pas encore la maturité » (E7). Elle mettait également en avant la quantité de choses à aborder à ce stade avec une formation axée plutôt sur le médical : « Je pense que ça aurait été noyé. » (E7) Un des internes remarquait cependant la difficulté de la mise en place de cette formation chez tous les internes de médecine générale avant leur stage de niveau un : « on n’aurait pas le temps de l’organiser pour tout le monde dès le début du stage » (E11).

Pour d’autres, le moment le plus opportun était l’entre deux stages pratiques donc en milieu d’internat. Ils mettaient en avant l’intérêt d’une formation effectuée pas trop tardivement, afin de permettre à l’interne d’être à l’aise au moment de sa prise de fonction.

Un autre groupe d’internes étaient plutôt favorables à une formation en fin d’internat, par exemple durant le SASPAS ou juste avant. Les arguments développés évoquaient un public cible davantage orienté vers un exercice futur, maîtrisant l’aspect global de la prise en charge, plus à même d’être attentif à une formation sur ce sujet : « l’investissement quand on est en SASPAS il est différent (…) la fin approche et qu’il faut qu’on soit compétents. » (E7).

Le SASPAS était également perçu comme le stage par excellence où l’interne pouvait être confronté à cette problématique. Était proposée une formation pouvant être intégrée aux séances de GEAP en réservant, par exemple, une séance plus spécifiquement à cette thématique : « on peut pas mettre une date en disant : « Voilà ce GEAP-là, ce sera sur les violences conjugales » (E7). Il pouvait également s’agir de faire un groupe d’initiation au Balint sur cette problématique.

Une autre suggestion était de mettre en place des cours en plus des séances de GEAP : « il faudrait qu’on ait nos demi-journées de formation et qu’on en profite pour avoir des cours une fois par semaine » (E9).

Plusieurs limites avaient été soulevée pour une formation faite en fin d’internat, dont le fait que l’interne n’aurait alors pas été sensibilisé ou formé au moment de son stage de niveau un : « alors c’est sûr qu’il y aurait des soucis vis-à-vis du prat’ niveau un parce qu’on se mettrait dans le cas… en difficultés dans le cas où on se retrouverait en situation » (E11). Un interne nuançait cependant en rapportant un accompagnement plus intensif par le MSU durant ce stage-là : « on a le maître de stage qui est beaucoup plus disponible que le… pendant le SASPAS » (E11).

Quant à une formation après l’internat, les internes n’y étaient pas favorables, mettant en avant un manque de temps pour se former, une évolution du rythme de vie avec parfois l’apparition d’une vie familiale : « après on arrive en tant que prat’ professionnel, formé, on arrive sur place (…) on sera pas forcément très à l’aise avec la question donc potentiellement on va sélectionner aussi noter patientèle là-dessus » (E12). Les conséquences pourraient être des médecins peu habitués à ce dépistage et cette prise en charge, ceci les amenant à la délaisser progressivement : « on va moins la poser, la question, peut-être pour pas se mettre en difficulté » (E12).

Un interne expliquait donc considérer les internes comme la cible idéale pour cette formation en précisant qu’il pourrait tout de même être intéressant secondairement de la proposer aux praticiens déjà installés.

Le lieu de formation avait également soulevé durant les entretiens, un interne notant que quasiment toutes les formations étaient proposées sur Angers. Il proposait de les réaliser dans chaque département de la subdivision en faisant alors intervenir les intervenants spécifiques à chaque département : « nous permet aussi de rencontrer, finalement, les acteurs auxquels on va envoyer les gens. (…) nous permet de rencontrer les gens à qui on va envoyer.

(…) à eux aussi de savoir qui on est, qui envoie » (E5). Cet interne pensait que cette délocalisation renforcerait l’adhérence et l’intérêt pour cette formation : « c’était bien beau de connaître le CLIC des Mauges, (…) moi je suis à plus de cent cinquante kilomètres des Mauges » (E5).

Venait ensuite la question de la durée de formation, elle-même assez débattue. Pour certains il s’agissait de proposer une formation complémentaire plutôt de courte durée mais permettant de délivrer les messages principaux.

D’autres évoquaient plutôt une formation sur une journée ou sur une soirée. Ils mettaient notamment en avant le manque d’attention pouvant résulter d’une intervention trop prolongée.

Rares étaient ceux souhaitant une formation plus prolongée, sous forme de séminaire d’environ deux jours : « ça fait peut-être dense une journée » (E3). Ils reconnaissaient cependant que deux jours sur le sujet représentait la durée maximale à y consacrer.

Il est à noter qu’un interne proposait même quelque chose d’un peu plus précis : une sensibilisation durant l’externat puis un cours intégré dans le module B et enfin une formation plus approfondie à travers le module A afin de bénéficier d’une formation continue.

Ceux en faveur d’une formation unique soulignaient le peu d’évolution attendue dans ce domaine et jugeaient des formations multiples inutiles.

Durant les entretiens s’était également posée la question de rendre cette formation obligatoire ou non. Un certain nombre n’y étaient pas favorables, soulignant qu’un interne, à la base non motivé ou intéressé par le sujet mais qu’on aurait obligé à se rendre à une formation, pourrait, non content n’en rien retirer, ralentir ou rendre moins intéressants les différents échanges : « Le rendre obligatoire, j’ai peur que ça soit contreproductif » (E12).

Une autre partie des interrogés s’interrogeait sur l’intérêt voire prônait l’instauration d’une obligation de formation sur cette thématique, soulignant notamment l’importance d’avoir au moins les connaissances de base. Un interne nuançait en proposant une formation obligatoire au moins pour les internes ayant un projet d’installation en libéral.

A de nombreuses reprises a été évoquée la possibilité de faire intervenir des témoignages de victimes lors de cette formation. Certains n’en voyaient pas la nécessité pour plusieurs raisons. L’une d’entre elle était que ces témoignages se récoltaient durant les consultations, avec l’expérience ou grâce aux médias.

D’autres interrogeaient la plus-value d’un témoignage en présentiel et évoquaient plutôt un témoignage « sous la forme d’une bande audio par exemple, d’un entretien » (E11).

Un autre groupe en revanche désirait pouvoir accès à des témoignages en direct, notamment pour le côté interactif et les échanges possibles : « Et c’est plus interactif, les questions sont plus facilement posées. Et puis généralement quand c’est du récit de témoignage c’est toujours mieux en live. » (E4).

Cependant certains notaient l’importance que la personne venant témoigner ne soit actuellement plus victime de ces violences et que son cheminement personnel soit déjà bien avancé pour qu’elle ne soit pas mise en difficulté par ce témoignage et par les éventuelles questions posées : « à moins que ça soit une témoin qui soit… qui soit parfaitement stable psychologiquement (…) pas quelqu’un qui est actuellement encore un peu suivi » (E11).

Les apports attendus de ces témoignages étaient notamment d’apprendre ce que ces femmes attendent de leur médecin, de comprendre un peu mieux les ressorts des violences conjugales.

Il avait été aussi évoqué le fait de faire intervenir les victimes mais aussi les médecins qui les avaient accompagnées afin d’avoir le retour d’expérience de ces praticiens et un regard sur le parcours effectué conjointement avec la patiente.

De très nombreux intervenants ont été évoqués pour cette formation et la majorité des interrogés reconnaissaient l’intérêt d’avoir des intervenants de différents milieux dont ceux du social, du médical, du judiciaire et de l’associatif.

Il s’agissait également de faire intervenir différents types de professionnels comme les thérapeutes conjugaux, les psychologues, les sages-femmes, les assistantes sociales et les personnes travaillant au sein du planning familial.

Un type d’intervenant particulier a également été très souvent cité : il s’agissait des médecins légistes. Ces interventions étaient souhaitées pour plusieurs raisons.

La première, citée par un interne, était celle que les médecins généralistes lui paraissaient trop peu experts du sujet pour pouvoir répondre aux interrogations des sujets à former : « je ne suis pas sûre que nos enseignants ici soient capables de le dire, donc faire venir quelqu’un de l’extérieur » (E9).

Ensuite, le médecin légiste était perçu comme un trait d’union entre le milieu médical et judiciaire : « le médecin légiste qui, de par son côté légiste, a un accès au milieu judicaire serait plus capable de donner des éléments » (E11). Enfin les internes avaient des attentes bien spécifiques sur cette intervention comme des précisions sur la pose d’ITT ou les démarches judiciaires à entreprendre.

Un interne interrogeait la formation des autres spécialités sur ce sujet, en remarquant qu’il pourrait être intéressant, pour eux qui pouvaient y être confrontés, d’acquérir des connaissances minimales pour prendre en charge ces femmes. « je sais pas si les autres spécialistes en entendent parler aussi alors qu’ils peuvent parfois aussi y être confrontés » Cependant certains doutaient qu’il en soit de même pour l‘ensemble des sujets à former. « Je dirais pas que je le ferais. »

Concernant plus spécifiquement le déroulement de cette formation, les internes ont été interrogés sur leur adhérence à la demande de pré requis pour cette formation comme par exemple le visionnage d’un film. Ils étaient plusieurs à se dire favorables à ce pré requis, en mettant notamment en avant le peu de ressources dont ils disposaient et donc leur intérêt pour ce support.

Plusieurs internes découpaient ensuite la formation en plusieurs étapes. Ils s’accordaient sur l’importance d’une partie d’avantage théorique en début de formation donnant les informations perçues comme étant la base : « quand même qu’il y ait des cours magistral (…) faut nous apporter des informations qu’on n’a pas » (E6).

Ils évoquaient ensuite une seconde partie plus pratique et sur cette partie les propositions divergeaient. Certains proposaient des temps en petits groupes en mettant l’accent sur l’importance de l’interactivité : « quand les groupes sont dynamiques, y a toujours un partage (…) on peut toujours apprendre des uns et des autres. » (E6).

Une autre partie axait plus la partie pratique sur les intervenants extérieurs : témoignages de victimes ou intervention de personnes de différents milieux : « un retour d’expérience sur la fin de la journée » (E6).

D’autres encore évoquaient la réalisation de jeux de rôle. Certains en avaient eu un aperçu lors d’autres modules A. L’intérêt principal perçu était celui de la mise en situation réelle : « on se rendait compte aussi de la difficulté de mener un entretien, vis-à-vis d’une femme qui est souvent démunie, qui a du mal à s’ouvrir » (E10).

A l’inverse certains ne souhaitaient pas de jeux de rôle, mettant en avant la gêne parfois occasionnée avec une parole se libérant plus difficilement, à moins d’un groupe avec des personnes se connaissant bien.

Pour ce qui est des supports de formation une interne rapportait trouver les vidéos et spots de prévention trop violents et choquants et ne souhaitait pas leur utilisation « sont un peu brutaux parfois. » (E4).

Nombreux étaient ceux évoquant un support papier, notamment sous la forme de flyers et pouvant contenir, entre autres, les contacts et réseaux locaux : « avec des fiches un peu administratives. Pour savoir par réseau » (E4).

Enfin, comme support de cours ou d’intervention, un interne évoquait la plateforme SIDES. Il mettait en avant sa sous-utilisation en médecine générale et l’intérêt qu’il pourrait y avoir à retrouver des cours validés et fiables.